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L'Internationale communiste
et la question de la tactique
Notices historiques

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Écrit: mars 2015

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L'IC et la question de la tactique ‑ Sommaire

 

 

 

 

 

 

Gouvernements ouvriers" en Sachsen et Thüringen

Partito Comunista d'Italia

Labour Party

 

"Gouvernements ouvriers" en Sachsen et Thüringen

Dans la province [Land] de Saxe, le 14 septembre 1922, l'assemblée régionale se dissout, contre les voix du SPD et de l'USPD. Des élections se tiennent le 5 novembre, le SPD obtient 41,78 % des voix. Le 10 novembre, l'organe local du KPD Volksblatt publie une déclaration qui dit notamment: "En s'appuyant sur la volonté de lutte exprimée par les élections et par le congrès des conseils d'entreprises, la formation d'un gouvernement ouvrier est possible." En fait le premier ministre Wilhelm Buck (SPD) est reconduit dans son poste à la tête d'un gouvernement SPD minoritaire.

Le 26 décembre les Puissances alliées vainqueurs de la Première guerre mondiale constatent, contre la voix du représentant de la Grande Bretagne, un non-accomplissement intentionnel des livraisons de bois ‑ dues à titre de réparations ‑ de la part de l'Allemagne, et notifient cette position aux gouvernements concernés. En se référant à ce constat, les gouvernements français et belge annoncent, le 10 janvier 1923, leur intention d'occuper la région de la Ruhr. Le 11, des troupes françaises et belges entrent dans Essen et Gelsenkirchen, dans les jours suivants l'occupation est étendue jusqu'à Bochum et Dortmund.

En Saxe, le 30 janvier 1923, une motion de censure introduite par le KPD obtient une majorité. Le gouvernement régional démissionne mais reste en place à titre provisoire.

Du 28 janvier au 1er février se tient le 8e Congrès du KPD. Il adopte des Thèses au sujet du front uni et du gouvernement ouvrier. (Cf. des extraits: .)

Le 19 mars en Saxe le SPD et le KPD se mettent d'accord sur un programme d'action commun. Le 21, le gouvernement régional dirigé par Wilhelm Buck (SPD) est remplacé par un gouvernement dirigé par Erich Zeigner (SPD), composé uniquement de membres SPD, minoritaire dans l'assemblée régionale mais soutenu par le KPD.

En mars, dans la province [Land] de Thüringen où est en place un gouvernement SPD, sont créées des unités d'intervention prolétariennes [proletarische Hundertschaften]. Par la suite de tels organes d'autodéfense se développent aussi en Saxe, à Berlin, dans la région de la Ruhr. Le 12 mai, le ministre de l'intérieur de Prusse Carl Severing (SPD) décrète leur interdiction pour la Prusse.

En aout, en réaction à la situation dans le pays et à la politique du gouvernement, les conseils d'entreprise de Berlin déclenchent une grève générale. Le KPD appelle à l'extension de la grève à l'échelle nationale. (Cf. le texte en allemand: .)

Le 13 aout est constitué au niveau du Reich un gouvernement de coalition entre Deutsche Volkspartei (Parti populaire allemand, DVP), SPD, Deutsche Demokratische Partei (Parti démocratique allemande, DDP) et Zentrumspartei (Parti du centre, Zentrum) avec Gustav Stresemann (DVP) comme chancelier. Le SPD occupe les postes de ministre de l'Intérieur (Wilhelm Sollmann), ministre des Finances (Rudolf Hilferding), ministre de la Justice (Gustav Radbruch), ministre de la Reconstruction (Robert Schmidt). Ce gouvernement sera remanié le 6 octobre, toujours avec Stresemann comme chancelier, les ministres du SPD restant en place à l'exception de Hilferding qui démissionne.

Le 26 septembre le gouvernement régionale de Bavière, agitant le spectre d'un renforcement des forces de la gauche radicale au niveau national, et pouvant s'appuyer sur le développement des organisations d'extrême droite dans la province, instaure l'état d'exception. Le pouvoir exécutif est conféré à Gustav von Kahr, du Bayerische Volkspartei (Parti populaire bavarois, BVP), qui est premier ministre depuis le 29 février 1920, nommé maintenant commissaire général d'état. Le gouvernement du Reich craint alors un putsch bavarois dirigé contre Berlin et le président du Reich instaure l'état d'exception dans tout le Reich par un décret "concernant les mesures nécessaires pour le rétablissement de la sécurité et de l'ordre publiques". Le pouvoir exécutif est conféré au ministre de la défense Otto Geßler. Celui-ci charge des commandants militaires de l'application du pouvoir exécutif dans les différents Districts militaires. Le gouvernement de Bavière considère que l'état d'exception qu'il a instauré prime sur celui décrété par le président du Reich. Il interdit notamment l'application en Bavière de la loi pour la protection de la république de juin 1922.

Le 28 septembre en Thüringen, le commandant militaire lieutenant général Walther Reinhardt demande que soient interdits les réunions, rassemblements, manifestations en plein air et que les réunions en salle soient soumises à autorisation. Il demande également qu'il y ait intervention immédiate contre toute action appelant à la grève générale ou à la guerre civile.

Le 29 septembre la direction régional en Saxe du KPD formule un programme pour la formation d'un gouvernement social-démocrate-communiste en Saxe. (Cf. des extraits: ) Le 10 octobre deux représentants du KPD entrent au gouvernement: Fritz Heckert comme ministre de l'Économie et Paul Böttcher comme ministre des Finances. En outre Heinrich Brandler est nommé à un poste de direction dans la chancellerie régionale. Le 13 octobre le commandant militaire lieutenant général Alfred Müller décrète la dissolution des “unités d'intervention prolétariennes” en tant que "minorité violente".

Le 13 octobre est édictée dans le Reich une loi d'habilitation. Elle stipule notamment:

Le gouvernement du Reich est habilité à prendre les mesures qu'il juge requises et urgentes dans le domaine financier, économique et social. En cela, des écarts par rapport aux droits fondamentaux de la constitution du Reich sont admis.

En Thüringen, le 16 octobre, l'assemblée régionale élit August Frölich (SPD) comme premier ministre.

Le 16 octobre en Saxe, sur demande du gouvernement du Reich, le commandant militaire A. Müller soumet la police à son commandement. Le 17 le commandant compétant du District militaire adresse au premier ministre régional E. Zeigner une lettre exigeant du gouvernement qu'il prenne position au sujet de la position des ministres communistes.

Le 20 octobre à Hambourg démarre un mouvement de grève parmi les travailleurs des chantiers navals. Dans les jours suivants, il s'étend sur un certain nombre d'entreprises. Des manifestations de chômeurs se déroulent également. Le 21 à Chemnitz (Saxe) se tient une conférence de conseils d'entreprise. Le 23 à Brême, les travailleurs portuaires débutent une grève (elle se terminera le 29).

Le 23 octobre à Hambourg, le KPD déclenche une opération d'insurrection armée qui devait être coordonnée avec des actions du même type ailleurs dans le pays. La tentative sera abandonnée le 26. Selon les rapports de police, elle sera considérée comme terminée le 29, et aura causé 61 morts parmi les insurgés ainsi que 17 parmi la police.

En Thüringen, le 11 septembre, le KPD avait formulé un programme pour la formation d'un gouvernement ouvrier et petit-paysan. (Cf. des extraits: .) Le 25 octobre A. Frölich (SPD) forme un nouveau gouvernement comprenant deux ministres membres du KPD: Karl Korsch comme ministre de la justice, Albin Tenner comme ministre de l'économie. En outre, Theodor Neubauer, également membre du KPD, est nommé comme membre de l'organe de représentation des provinces [Staatsrat] dans le cadre de l'état de Prusse.

Le 26 octobre en Saxe, des affrontements se produisent entre des manifestants et des unités de l'armée. En réaction à des arrestations, les mineurs démarrent une grève qui vise à bloquer les centrales électriques. Le 27 le chancelier du Reich G. Stresemann adresse au premier ministre de Saxe, E. Zeigner, une lettre exigeant la démission du gouvernement. Le 28, Zeigner répond à la lettre du chancelier:

[...] Le gouvernement de Sachsen rejette résolument l'exigence de démissionner. Il n'y a pas de motif politique pour votre exigence et juridiquement la demande du gouvernement du Reich est inadmissible. [...] Cependant il [le gouvernement de Sachsen] fera en sorte dans les délais les plus brefs qu'au Landtag soit pris une résolution au sujet de cette question de confiance.

Le 29 octobre le président du Reich Friedrich Ebert (SPD) applique à la Saxe une “Reichsexekution”, terme par lequel on désigne communément un dispositif prévu par la constitution (article 48), qui autorise le président à suspendre temporairement certains droits fondamentaux et à utiliser la force armée. Ebert édicte notamment un décret destituant le gouvernement régional. Rudolf Heinze (DVP) est nommé commissaire du Reich pour Saxe. Il reçoit des instructions concernant sa mission. Le décret dit:

[...] Au chancelier du Reich est accordé le pouvoir, pour la durée de vigueur de ce décret, de relever de leur poste des membres du gouvernement de Sachsen et des administrations de Sachsen au niveau du pays et des communes, et de confier la conduite des affaires courantes à d'autres personnes. [...] Pour le reste, le décret concernant les mesures nécessaires au rétablissement de la sécurité et de l'ordre publics pour le territoire du Reich, du 26 septembre 1923, n'est pas touché.

Et les instructions données au commissaire du Reich pour Saxe stipulent:

1. Le but du décret du président du Reich édicté, est le rétablissement d'une situation conforme à la constitution en Sachsen.

2. La participation au gouvernement de ministres communistes, dont le parti en Sachsen a appelé à des actes violents, est incompatible avec une situation conforme à la constitution.

3. Pour le rétablissement d'une situation conforme à la constitution, est donc requise la formation d'un nouveau gouvernement derrière lequel se trouve la majorité du pays et auquel n'appartiennent pas de communistes.

Face à la position du gouvernement du Reich, les partis de la coalition gouvernementale en Saxe décident, le 29 octobre, de procéder à la démission du gouvernement régional. Le premier ministre E. Zeigner, le 30, notifie la décision à l'assemblée régionale. Les partis de la coalition gouvernementale et les syndicats décident d'appeler à une grève générale jusqu'au 1er novembre. Le premier ministre de Thüringen A. Frölich adresse au chancelier du Reich un courrier de protestation contre la déposition du gouvernement de Saxe qui, selon lui, reste le gouvernement régional constitutionnel. Le 31, l'assemblée régionale de Saxe élit Alfred Fellisch (SPD) comme premier ministre. Un gouvernement composé uniquement de membres du SPD est constitué. Le 1er novembre, le décret du 29 octobre concernant Saxe est abrogé, ce qui met notamment fin aux pouvoirs du commissaire du Reich.

Le 2 novembre les ministres du SPD quittent le gouvernement du Reich, qui démissionne le 23. De ce fait la loi d'habilitation édictée le 13 octobre cesse d'être en vigueur.

Le 3 novembre, à Brême une grève a lieu parmi les travailleurs de manutention portuaire.

Début novembre à Meuselwitz (Thüringen) se déroule une grève dans les mines de charbon, malgré l'interdiction prononcée le 30 septembre à ce sujet pour les entreprises vitales, dont les mines. Le gouvernement de Thüringen conjointement avec les communes agit en prêtant une aide matérielle aux grévistes. Des unités de l'armée interviennent sur demande des employeurs, sans même que le gouvernement régional en soit informé. La grève se termine le 5 novembre. Encore après la reprise du travail, des arrestations sont effectuées. Environ 30 % des travailleurs ne sont pas réintégrés par les employeurs. Le 6 novembre, le commandant militaire lieutenant général Walther Reinhardt soumet le colonel de police Hermann Müller-Brandenburg et la police au niveau régional aux ordres du commandant de la 3e division de cavalerie, le général Paul Hasse, et charge celui-ci de faire intervenir les troupes de l'armée pour assurer la dissolution et le désarmement des “unités d'intervention prolétariennes”.

W. Reinhardt adresse une lettre au gouvernement de Thüringen, 6 novembre 1923:

La situation en Thüringen et dans les alentours est menaçante et exige un renforcement de la Reichswehr. [...] Malgré la transmission de mon ordre de dissolution par le gouvernement de Thüringen, ces unités d'intervention [Hundertschaften] n'ont effectivement pas été dissoutes ou elles ont été transformées en gardes d'urgence républicaines, sans que soit modifié leur composition et la nature de leur activité publique. [...]

Le 8 novembre en Bavière, le commissaire général d'état G. v. Kahr, le lieutenant général Otto von Lossow et le colonel Hans von Seißer, chef de l'office de police régional, constituent un groupe oeuvrant en vue d'un coup d'état contre le gouvernement du Reich. Ils entretiennent des rapports de coopération et de rivalité avec le NSDAP. Dans la mesure où l'adoption de la loi d'habilitation du 13 octobre va dans le sens de leurs objectifs, ils temporisent dans la mise en pratique de leur projet. Ce 8 novembre se tient une réunion en présence de Kahr, Lossow, Seißer et plusieurs ministres de Bavière, dans une brasserie à Munich. Adolf Hitler tente de précipiter les évènements en faisant irruption avec un groupe armé de l'“Union de combat” [“Kampfbund”]. Hitler obtient en apparence l'accord de Kahr, Lossow et Seißer, ainsi que celui d'Ernst Ludendorff qu'il fait venir, pour la participation à un gouvernement dirigé par lui-même. Mais terminée la réunion, Kahr, Lossow et Seißer retireront leur consentement.

Le même jour, un décret du président confère au major général Hans von Seeckt le pouvoir exécutif et le commandement suprême de l'armée. Des troupes de l'armée entrent dans Weimar (Thüringen).

Le 9 novembre à Munich les putschistes autour d'A. Hitler organisent une manifestation. Elle est dispersée par un affrontement avec la police, qui cause 20 morts. Durant la nuit, G. v. Kahr décrète la dissolution du NSDAP, de la Sturm-Abteilung (Section d'assaut, SA), des organisations Reichskriegsflagge et Bund Oberland. Le journal du NSDAP Völkischer Beobachter est interdit (il le restera jusqu'au 26 février 1925). Le 11, Kahr décrète la dissolution du KPD, Hitler est arrêté. La plupart des autres dirigeants putschistes sont arrêtés dans les jours qui suivent.

Le 12 novembre en Thüringen, le KPD publie un appel dirigé contre le gouvernement du Reich. Au motif que les ministres du gouvernement régional membres du SPD refusent de signer le texte, les ministres membres du KPD démissionnent de leur poste.

Le 23 novembre des décrets émis le 20 novembre par H. v. Seeckt sont publiés, interdisant et dissolvant toutes les organisations du KPD, du NSDAP et du Deutschvölkische Freiheitspartei (Parti de la liberté allemand-populaire[1], DVFP) au niveau du Reich. Sur la base de ces décrets, sera interdite par les commandants militaires l'activité de ces partis à l'occasion des élections proches aux assemblées régionales en Thüringen, Mecklenburg et Sachsen. Le KPD proteste à ce sujet auprès du chancelier, et finalement le gouvernement, pour des raisons constitutionnelles, adopte la position selon laquelle malgré l'interdiction des partis en tant que tels, leurs membres et partisans ont le droit de constituer des associations électorales, de présenter des candidats et d'organiser des assemblées électorales. Au niveau national, la mesure restera en vigueur jusqu'à la levée de l'état d'exception, le 28 février 1924. En Bavière l'interdiction non seulement du NSDAP mais aussi celle du KPD avaient été décrétées, respectivement le 9 et le 11 novembre par G. v. Kahr en sa qualité de commissaire général d'état. Ces mesures cesseront d'être en vigueur lorsque le gouvernement bavarois lèvera l'état d'exception le 14 février 1925.

Le 28 novembre un gouvernement du Reich est constitué par Wilhelm Marx (Zentrum), minoritaire formé de Zentrum, DVP, DDP.

Le 7 décembre en Thüringen, le gouvernement d'A. Frölich démissionne, mais reste en place à titre provisoire jusqu'à la constitution d'un nouveau gouvernement le 21 février 1924, après les élections à l'assemblée régionale du 10 février.

À la suite de ces évènements, au sein du KPD et de l'Internationale ont lieu des discussions pour les analyser et en tirer les leçons. Notamment, le 19 janvier 1924, le Présidium du Comité exécutif de l'IC adopte une résolution à ce sujet. (Cf. le texte en allemand: .)

Partito Comunista d'Italia

En 1892 est fondé le Partito dei Lavatori Italiani (Parti des travailleurs italiens). Parmi les fondateurs se trouve Filippo Turati. En 1893 le parti change son nom en Partito socialista dei Lavatori Italiani, puis en 1895 se nomme Partito socialista italiano.

En novembre 1919 l'assemblée de la FIOM de Turin adopte une résolution posant le principe de la constitution de conseils de fabrique. La section de Turin du PSI, où Gramsci est secrétaire de la commission exécutive, forme une commission dirigée par Togliatti, chargé d'étudier la question des conseils. Un congrès extraordinaire de la Chambre du travail [Camera del lavoro] de Turin se prononce également en faveur des conseils de fabrique.

À son 16e Congrès tenu en octobre 1919, le PSI approuve l’adhésion à l’Internationale Communiste. En juillet 1920 se tient le 2e Congrès de l'IC, qui adopte notamment les 21 conditions d'admission de partis à l'Internationale. En octobre les partisans de la fondation d’un parti communiste en Italie se réunissent à Milan en fraction communiste au sein du PSI, ils publient un Manifeste-programme qui prévoit le changement de nom du parti, l’expulsion des réformistes, comme Turati, et la scission-fondation du parti communiste lors du prochain Congrès du PSI, au cas où ils seraient en minorité. Se constitue un Comité provisoire de la Fraction communiste, formée par Nicola Bombacci, Amedeo Bordiga, Bruno Fortichiari, Antonio Gramsci, Francesco Misiano, Luigi Polano (pour la Fédération des jeunesses), Luigi Repossi, Umberto Terracini. Un Comité exécutif est formé de Bombacci, Bordiga, Fortichiari. Les 28-29 novembre la Fraction communiste tient une réunion à Imola, lors de laquelle est adopté le Manifeste-programme.

En janvier 1921 se tient le 22e Congrès du PSI à Livorno. Le PSI ratifie son adhésion à la 3e Internationale, mais le centre dirigé par Giacinto Menotti Serrati refuse d’exclure l’aile réformiste. Se produit alors la scission et la constitution du Partito comunista d'Italia (PCd'I). Le comité central du PCd'I comprend Ambrogio Belloni, Nicola Bombacci, Amadeo Bordiga, Bruno Fortichiari, Egidio Gennari, Antonio Gramsci, Ruggero Grieco, Anselmo Marabini, Francesco Misiano, Giovanni Parodi, Luigi Polano, Luigi Repossi, Cesare Sessa, Antonino Tarsia, Umberto Terracini. Le Comité exécutif est formé de Bordiga, Fortichiari, Repossi, Terracini, Grieco.

En mars 1922, se tient le 2e Congrès du PCd'I. Le Comité central est réduit à 14 membres. Ne sont pas réélus Ambrogio Belloni, Nicola Bombacci, Francesco Misiano, Giovanni Parodi, Luigi Polano, Antonino Tarsia (Misiano et Parodi sont contraints à s'exilier pour échapper àla persécution policière). Les nouveaux élus sont Isidoro Azzario, Vittorio Flecchia, Leopoldo Gasperini, Ennio Gnudi, Palmiro Togliatti. Le comité exécutif reste inchangé. Gramsci est désigné pour représenter le Parti au Comité exécutif de l'IC. Il se rend en Russie en mai, en juin il participe au 2e plénum du Comité exécutif de l'IC.

En octobre 1922 se tient le 18e Congrès du PSI. G. Serrati accepte finalement les positions de l'IC. Est adopte la résolution soumise par Serrati: "Le bloc réformiste-centriste étant éliminé de son sein, le PSI renouvèle son adhésion à la Troisième Internationale[2]." La direction est composée de Serrati, Domenico Fioritto, Angelo Corsi, Domenico Marzi, Francesco Lo Sardo, Vicenzo Pagella, Ezio Riboldi, Gavino Garruccio. Les réformistes se réunissent de leur côté et constituent le Partito Socialista Unitario (Parti socialiste unitaire, PSU).

En novembre 1922 se tient le 4e Congrès de l'IC. Le PSI participe avec une délégation composée de G. Serrati, Fabrizio Maffi, Giovanni Tonetti, Gavino Garruccio et Giuseppe Romita. Après de débats prolongés, le PCI se déclare d'accord avec l'idée de la fusion entre PCI et PSI. Les conditions de la fusion sont fixées en une résolution de 14 points, parmi lesquels: "Étant donné que selon les statuts de l'Internationale communiste il ne peut y avoir dans un pays qu'une seule Section de l'Internationale communiste, le 4e Congrès décide la fusion immédiate du Parti communiste et du Parti socialiste d'Italie. Le Parti unifié portera le nom de Parti communiste unifié d'Italie, Section de l'Internationale communiste[3]."

En février 1923 A. Bordiga, R. Grieco et d'autres dirigeants communistes sont arrêtés, U. Terracini le remplace à la direction du PCI, puis coopte de nouveaux membres à l’exécutif pour remplacer les membres détenus: P. Togliatti, Angelo Tasca, Mauro Scoccimarro, Camilla Ravera, Antonio Graziadei. Ruggero Grieco est arrêté. Le 5 mars se tient une réunion du Comité exécutif du PCd'I. Sont cooptés au Comité central: Scoccimarro, Tasca, Graziadei e Ravera; au Comté exécutif: Togliatti e Scoccimarro.

G. Serrati aussi est arrêté, en mars. Un congrès extraordinaire du PSI se tient à Milan en avril; il rejette la fusion avec le PCd'I.

En juin se tient le 3e Plénum du Comité exécutif de l'IC. La direction du PCI est critiquée pour ne pas mener à bien la fusion avec le PSI. La direction est remaniée, composée maintenant de trois membres de la majorité: B. Fortichiari, P. Togliatti, M. Scoccimarro et deux de la minorité: A. Tasca, Giuseppe Vota. Fortichiari refuse et est remplacé par E. Gennari. Par la suite il est décidé que Terracini reste à Moscou, Gramsci se rend à Vienne en décembre. Scoccimarro se rend à Berlin, il est arrêté en aout, il rentre en Italie en octobre.

En octobre se déroule le procès contre les communistes arrêtés en février, il aboutit à l'acquittement général des accusés. Mais la répression policière se renforce contre les communistes.

Au sein du PSI, les partisans de la fusion avec le PCd'I renforcent leur structure de fraction et créent une revue Pagine rosse. Le 3 aout la direction radient les partisans de l'IC, notamment Serrati, ceux-ci se constituent en groupe autonome, rejoignent la liste du PCd'I aux élections d'avril 1924 et finalement en aout sont absorbés par le PCd'I. Gramsci, de Vienne, rentre en Italie en mai de cette même année.

En mars 1925 Gramsci participe au 2e plénum du Comité exécutif de l'IC.

En 1926 se tient en exil à Lyon le 3e Congrès du PCI. Le Comité central comprend maintenant 21 membres: Luigi Allegato, Luigi Bagnolati, Amadeo Bordiga, Luigi Ceriana, Vittorio Flecchia, Ennio Gnudi, Antonio Gramsci, Ruggero Grieco, Egidio Gennari, Alfonso Leonetti, Fabrizio Maffi, Antonio Oberti, Camilla Ravera, Paolo Ravazzoli, Mauro Scocci- marro, Angelo Tasca, Umberto Terracini, Giacinto Menotti Serrati, Palmiro Togliatti, Carlo Venegoni, plus "un ouvrier de Trieste" dont le nom n'est pas spécifié dans les documents du Parti. À cela s'ajoutent quatre candidats: Isidoro Azzario, Teresa Recchia, Pietro Tresso, Giovanni Roveda. A. Bordiga perd toute influence, il est exclu du PCd'I en 1930.

Gramsci est arrêté en novembre 1926, en juin 1928 il est condamné à plus de 20 ans de réclusion.

En 1929 Tasca est exclu du PCd'I, puis Leonetti, Tresso et Ravazzoli le sont en 1930.

En avril 1937, Gramsci est libéré, mais il décède deux jours après.

Labour Party

Dans l'histoire de la monarchie britannique, les deux courants politiques traditionnels sont connus sous les termes Tories et Whigs. Au 17 siècle, Tories désignait les monarchistes au House of Commons (Chambre des Communes). Par la suite les Tories représentaient les positions politiques favorables à l'autorité royale, l'église établi, et opposées aux réformes parlementaires. Les Whigs s'opposaient aux Tories en rapport avec la succession de la Reine Anne en 1714. Ils réussirent à persuader la Reine de désigner comme roi le Prince Georg de Hannover. Ayant accédé au trône, George dépendait fortement des Whigs. Robert Walpole devint la personne la plus influente du gouvernement, au point qu'il était considéré comme "premier ministre", titre en usage à partir de cette époque. À partir du milieu du 19e siècle, d'une part le groupe des Tories préférait utiliser le terme Conservateurs, tandis que d'autre part les Whigs se présentaient comme Libéraux.

Au cours des années 1880, des représentants politiques de la classe ouvrière participent aux élections parlementaires en tant que candidats libéraux-travaillistes. À l'issue des élections de 1885, il y a 11 parlementaires de ce type. En 1881 à l'initiative de Henry Hyndman, est formée la Social Democratic Federation (Fédération social-démocrate, SDF). En 1893, sous l'impulsion de James Keir Hardie, est formé le Independent Labour Party (Parti travailliste indépendant), avec comme objectif "d'assurer la propriété collective des moyens de production, distribution et échange". Outre Hardie figurent parmi les principaux dirigeants George Bernard Shaw et Ramsay Macdonald. Y participe entre autres John R. Clynes. En février 1900, des représentants des groupes socialistes existants en Grande Bretagne (Independent Labour Party, Social Democratic Federation, Fabian Society) se réunissent avec des dirigeants syndicaux, et il est décidé de constituer un groupe travailliste distinct au sein du parlement. Un Labour Representation Committee (Comité de représentation des travailleurs, LRC) est créé, qui comprend: deux membres de l'Independent Labour Party, deux de la Social Democratic Federation, un de la Fabian Society, ainsi que sept syndicalistes. MacDonald est désigné comme secrétaire du LRC.

Aux élections de 1900, le LRC obtient deux élus à la Chambre des communes, dont Keir Hardie. En 1903 est pour la première fois élu Arthur Henderson. En 1906, le nombre d'élus s'élève à 29, dont Hardie, Ramsay MacDonald, Arthur Henderson, John R. Clynes. En février de la même année, le LRC décide de se transformer en Labour Party (Parti travailliste), Hardie devient président et MacDonald secrétaire. En 1908 Hardie est remplacé par Henderson; celui-ci démissionne en 1910, finalement en 1911 MacDonald devient président, avec Henderson comme secrétaire.

Après la démission du gouvernement conservateur d'Arthur Balfour en 1905, des élections ont lieu en 1906, qui donnent la majorité aux libéraux. En 1908 Herbert Asquith est nommé premier ministre d'un gouvernement libéral, qui inclut notamment David Lloyd George. Winston Churchill, à cette époque affilié aux libéraux, est Ministre du Commerce (1908), puis ministre de l'Intérieur (1910-1911). En 1911 est introduit le National Insurance Act qui instaure un système d'assurance maladie et de chômage financé par des cotisations provenant des travailleurs et des employeurs. Au sein du Parti travailliste, Ramsay MacDonald défend la position selon laquelle il faut renégocier les termes de ces mesures en un sens plus favorable aux travailleurs. Un certain nombre de dirigeants travaillistes dont Keir Hardie appellent au rejet du projet gouvernemental, mais MacDonald poursuit les tractations et obtient quelques concessions.

Ramsay MacDonald et Keir Hardie sont opposés à la participation de la Grande Bretagne à la guerre. D'autres, dont Arthur Henderson et John R. Clynes adoptent la position inverse. Lorsque le 5 aout 1914 le Parti travailliste au parlement vote les crédits de guerre, MacDonald démissionne de son poste de président du parti. Il est remplacé par Henderson. En mai 1915, Herbert Asquith forme un gouvernement de coalition avec les conservateurs et aussi des travaillistes, notamment Henderson, et ultérieurement aussi Clynes. En décembre 1916, David Lloyd George, libéral, remplace Asquith. Après la chute du tsar Nicolas II, une conférence internationale de négociations de paix est convoquée à Stockholm pour juillet 1917. Dans un premier temps Henderson est mandaté pour rencontrer Alexandre Kerensky, le chef du gouvernement provisoire de Russie, mais sous la pression du président US Woodrow Wilson, le gouvernement britannique renonce finalement à participer à la conférence. Henderson démissionne du gouvernement.

En octobre 1917, Arthur Henderson est remplacé à son poste de président du Parti travailliste.

Aux élections de 1918, un grand nombre de dirigeants travaillistes perdent leurs mandats, parmi eux Henderson, Ramsay MacDonald. Lloyd George forme un nouveau gouvernement de coalition, sans le Parti travailliste. Winston Churchill occupe de 1917 à 1922 les fonctions de ministre des Munitions et de secrétaire à la Guerre.

En 1921 John R. Clynes devient président du Parti travailliste. Il s'oppose à l'éventualité d'une coopération avec le Parti communiste de Grande Bretagne.

En octobre 1922, David Lloyd George démissionne. Aux élections, le Parti travailliste obtient 142 sièges et devient ainsi le deuxième groupe à la Chambre des Communes, derrière le Parti conservateur (347). Un gouvernement conservateur est formé. En novembre 1922 Ramsay MacDonald est désigné comme président du Parti travailliste. Depuis ses origines, le Parti travailliste a considérablement changé de composition. Encore en 1918, 48 députés étaient promu par des syndicats et seulement trois par le ILP. En 1922, environ 100 députés sont membres de l'ILP, à quoi s'ajoutent 32 qui sont promus par le parti, contre 85 promus par les syndicats.

Aux élections de 1923, le Parti travailliste obtient 191 sièges. Le Parti conservateur obtient 258 sièges, mais Herbert Asquith déclare que le Parti libéral ne maintiendra pas les Tories en poste, en janvier 1924 Ramsay MacDonald est désigné comme Premier ministre d'un gouvernement minoritaire, qui comprend entre autres Arthur Henderson et John R. Clynes. En octobre 1924 le gouvernement est confronté à une motion de censure qui obtient une majorité de voix. Le gouvernement démissionne, des élections ont lieu, les conservateurs obtiennent 412 sièges, le Labour 151.

En 1926 MacDonald refuse de soutenir la grève générale, argüant que les grèves ne devraient pas être utilisées comme arme politique et que le meilleur moyen d'obtenir des réformes sociales était la voie électorale.

Pendant la campagne électorale de 1929, David Lloyd George (ayant succédé en 1926 comme dirigeant du Parti libéral) publie un pamphlet proposant un programme de travaux publics pour résorber le chômage, proposition soutenue par John Maynard Keynes. Les travaillistes obtiennent 287 sièges, les conservateurs 261 et les libéraux 59. Ramsay MacDonald devient premier ministre, appuyé par les libéraux. Le gouvernement comprend entre autres Arthur Henderson et John R. Clynes. En mars 1930 MacDonald a recours à une commission incluant John Maynard Keynes (président du Economic Advisory Council) pour examiner le problème du chômage. Au sein du gouvernement, les avis concernant une éventuelle réduction des dépenses touchant notamment les allocations chômage, sont divergents. Henderson est parmi les principaux opposants à de telles mesures, et aussi Clynes. Néanmoins MacDonald est suivi par certains ministres lorsqu'au lieu d'une démission du gouvernement il annonce la formation d'un "gouvernement national" qui procède à la mise en oeuvre du plan de réduction des dépenses. Lors du vote à la Chambre des Communes en septembre 1931, le gouvernement obtient une majorité de 309 voix contre 249, mais seulement 12 députés du Parti travailliste votent pour. La direction nationale du Parti travailliste décide aussitôt l'exclusion du parti des membres travaillistes du gouvernement, dont MacDonald, Philip Snowden, Jimmy Thomas et John Sankey. Le Parti travailliste, maintenant dirigé par Arthur Henderson, passe dans l'opposition.

Aux élections d'octobre 1931 Ramsay MacDonald est à la tête d'une alliance anti-travailliste entre conservateurs et national-libéraux. Le Parti travailliste obtient seulement 46 sièges ce à quoi on peut ajouter les 6 sièges obtenus par l'ILP qui se présente séparément. Un certain nombre de dirigeants du Parti travailliste perdent leurs mandats, dont Arthur Henderson, John R. Clynes. MacDonald est à nouveau premier ministre.

 

 

 

 

 



[1]. La traduction des noms des partis pose quelques problèmes sémantiques. Syntaxiquement, “Volkspartei” correspond à “Parti du peuple” et “Völkische Partei” à “Parti populaire”. Cependant, en allemand, “völkisch” en tant qu'adjectif ne correspondant pas simplement  à “Volk”, mais comporte une nuance rattachée à “Volkstum”, qui signifie "caractéristiques d'une nation".

[2]"Il P.S.I., eliminato dal suo seno il blocco riformista centrista, rinnova la sua adesione alla Terza Internazionale."

[Giulio Trevisani: Storia del Movimento operaio italiano - vol. 3 - Dalla Svolta liberale allo Scioglimento della C.G.L, Milano, Edizioni Avanti, 1965, p. 292.]

[3] "Dato che secondo gli statuti della Internazionale comunista non può esserci in un paese che una Sezione dell'Internazionale comunista, il IV Congresso mondiale decide la fusione immediata del Partito comunista e del Partito socialista d'Italia. Il Partito unificato porterà il nome di Partito comunista unificato d'Italia, Sezione dell'Internazionale comunista."

[Giulio Trevisani, op. cit., p. 296.]