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8e Congrès du Parti communiste d'Allemagne
(28 janvier - 1er février 1923)

Thèses relatives au front uni et au gouvernement ouvrier
(Extraits)

 

 

Source:

Zentrale der KPD (Éd.): Bericht über den 3. (8.) Parteitages der Kommunistischen Partei Deutschlands (Sektion der Kommunistischen Internationale), Berlin, 1923, pp. 415‑434 [1] [2] [3].

 

 

 

 

 

 

 

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L'IC et la question de la tactique ‑ Sommaire

 

 

 

 

 

 

[...]

III. La lutte pour les gouvernements ouvriers

Face à la politique des dirigeants du VSPD[4], de coalition avec la bourgeoisie, sa politique des communautés de travail avec le patronat, le mot d'ordre du gouvernement ouvrier constitue le mot d'ordre du mouvement de front uni prolétarien qui relie les différentes phases des luttes.

Le gouvernement ouvrier ne peut se former qu'au cours des luttes des larges masses contre la bourgeoisie en tant que concession des dirigeants réformistes envers la volonté de lutte des travailleurs. Aussi le gouvernement ouvrier ne se formera à un moment de luttes prolétariennes de masse, à un moment quand les positions de la bourgeoisie, suite à son incapacité de résoudre la crise de l'économie mondiale, sont fortement ébranlées par les luttes de la classe ouvrière.

Le gouvernement n'est ni la dictature du prolétariat ni une ascension parlementaire pacifique vers celle-ci. Il est une tentative de la classe ouvrière, dans le cadre et dans un premier temps avec les moyens de la démocratie bourgeoisie, appuyée sur des organes prolétariens et des mouvements de masse prolétariens, de mener une politique ouvrière, tandis que la dictature prolétarienne fait éclater consciemment le cadre de la démocratie, brise l'appareil d'état démocratique, afin de le remplacer intégralement par des organes de classe prolétariens.

Le gouvernement ouvrier est un gouvernement des partis ouvriers, qui appliquent la tentative de mener à l'encontre de la bourgeoisie une politique prolétarienne en répercutant toutes les charges sur la classe possédante, tandis que la politique de coalition qui a été jusqu'ici celle du SPD a conduit à répercuter toutes les charges sur la classe ouvrière. Or un tel gouvernement ouvrier ne peut mener une politique prolétarienne et réaliser le programme du front uni prolétarien, uniquement s'il s'appuie sur les larges masses des travailleurs et leurs organes, qui se forment à partir du mouvement de front uni (conseils d'entreprise, comités de contrôle, conseils d'ouvriers etc.), ainsi que sur l'ensemble des travailleurs armés.

Y compris une victoire électorale parlementaire des partis ouvriers peut donner l'occasion pour la formation d'un gouvernement ouvrier, si du fait de l'accentuation de la contradiction entre classe ouvrière et bourgeoisie des puissants mouvements de masse sont en cours. Une majorité parlementaire en faveur des travailleurs n'est pas une force décisive pour assurer un gouvernement ouvrier, puisque le prérequis à cet égard est dans tous le cas le front uni prolétarien prêt pour la lutte. L'existence du gouvernement ouvrier exige de mettre en échec la contre-révolution, le sabotage de la production ainsi que la résistance sous toutes les formes de la bourgeoisie à l'encontre du gouvernement ouvrier et de son programme. C'est pourquoi le gouvernement ouvrier n'est pas une "révolution simplifiée" ou un "substitut de dictature", qui atténue la résistance de la bourgeoisie et par conséquent est acceptable pour les réformistes, mais une période de lutte virulent du prolétariat contre la bourgeoisie, qui ne cédera pas le moindre pouce de terrain de bon gré.

Dans ces luttes pour venir à bout des résistances de la bourgeoisie le gouvernement ouvrier sera contraint de franchir le cadre de la démocratie, de passer à des mesures dictatoriales, et toutes les expériences historiques des luttes de classes enseignent que les résistances de la bourgeoisie ne peuvent être brises que par la force. Le déroulement de ces luttes doit conduire à faire éclater la constitution démocratique, à la dictature prolétarienne, si la classe ouvrière ne veut pas subir la défaite. C'est pourquoi le Parti communiste dit aux masses, que le gouvernement ouvrier exige la préparation du prolétariat aux luttes les plus acharnées jusqu'à la guerre civile, laquelle à tout moment de contradictions de classe aigues est imposée à l'ensemble des travailleurs par la bourgeoisie, du fait de son sabotage économique et ses organisations légales et illégales, nationales et internationales de la contre-révolution armée. Aux gouvernements de coalition et social-démocrates, le Parti communiste oppose le gouvernement ouvrier comme unique gouvernement qui dans la période actuelle peut soutenir la lutte du prolétariat pour son existence, qui seul peut représenter les intérêts du prolétariat, sans capituler devant la bourgeoisie. Des flottements du gouvernement dans la politique impitoyable nécessaire contre la bourgeoisie et dans la mise en oeuvre du désarmement complet de la bourgeoisie conduiraient fatalement à la saper et au bout du compte à sa désintégration et au renforcement de la bourgeoisie, si le Parti communiste à ce moment n'est pas encore en mesure d'amener la masses engagé dans le mouvement, à la lutte pour la dictature du prolétariat.

C'est la tâche du Parti communiste dans la période avant et durant le gouvernement ouvrier, de surmonter les flottements, insuffisances et erreurs du gouvernement ouvrier, par des luttes accrues du front uni révolutionnaire et de ses organes politiques, la séparation des travailleurs vis-à-vis des dirigeants réformistes, leur dégagement des illusions démocratiques et pacifistes.

À aucun moment les communistes ne doivent dissimuler leur plus profonde méfiance à l'encontre des dirigeants réformistes, qui entrent au gouvernement ouvrier uniquement contraints par la pression des masses peuvent et tenteront à l'intérieur et à l'extérieur du gouvernement, d'esquiver la lutte avec la classe possédante et de saper de cette manière le gouvernement ouvrier.

La participation au gouvernement ouvrier signifie pour le Parti communiste aucun accord au détriment des objectifs révolutionnaires du prolétariat, aucune astuce ni manoeuvre tactique, mais la disponibilité sérieuse à la lutte en commun avec les partis ouvriers réformistes, s'ils montrent nettement leur nette de se séparer de la bourgeoisie et d'entreprendre avec les communistes la lutte pour les revendications au quotidien du prolétariat.

En vue de l'entrée dans le gouvernement ouvrier, le Parti communiste doit poser des conditions. Les plus importantes sont la participation des organes du front uni prolétarien à la législation (délibération et mise en oeuvre) et l'armement des travailleurs. Cependant pour la participation du Parti communiste à un gouvernement ouvrier, ne sont pas décisives les promesses de la part des dirigeants réformistes, mais l'appréciation de la situation politique générale, des rapports de forces entre la bourgeoisie et le prolétariat, la prédisposition à la lutte de la part des masses prolétariennes, la présence d'organes de classe propres, la force de résistance de la bureaucratie réformiste et en premier lieu la capacité du Parti communiste, d'amener les masses à la lutte pour ses revendications.

La lutte pour le gouvernement ouvrier ne doit pas affaiblir la propagande des communistes en faveur de la dictature du prolétariat; car le gouvernement ouvrier comme toute position du prolétariat dans le cadre de l'état démocratique bourgeoise n'est qu'un point d'appui, une étape du prolétariat dans sa lutte pour la domination politique exclusive. Dans la lutte pour le pouvoir politique, le gouvernement ouvrier n'est pas une étape absolument nécessaire, mais une étape possible.

Au cours des luttes le Parti communiste doit prouver que seulement une direction communiste compacte peut assurer au prolétariat sa prise du pouvoir. Pour cette raison la centralisation et la discipline les plus fortes, la suppression de tous les flottements, d'une part opportunistes, réformistes et d'autre part pseudo-radicales, au sein des propres rangs, est le prérequis de la lutte victorieuse pour le pouvoir du prolétariat.

[fin section III]

[...]

 

 

 

 

 



[1]. Sauf indication contraire, les annotations sont ajoutées par nous [321ignition].

[2]. Traduit de l'allemand par nous. Cf. le texte complet en allemand: .

[3]. Du 1er au 7 décembre 1920 s'était tenu le 6e congrès du KPD, à titre de congrès d'unification du KPD avec l'aile gauche de l'USPD. Pour autant qu'il soit considéré comme point de départ, il compte comme 1er congrès du KPD dans sa phase nouvelle.

[4]. En avril 1917 d'anciens membres du SPD tiennent un congrès pour constituer le “Unabhängige Sozialdemokratische Partei Deutschlands” (Parti social-démocrate indépendant d'Allemagne, USPD). Pour marquer la distinction vis-à-vis de l'USPD, le SPD est alors désigné comme “Mehrheits-Sozialdemokratische Partei Deutschlands” (Parti social-démocrate majoritaire d'Allemagne, MSPD). Après l'intégration de l'aile gauche de l'USPD au KPD en décembre 1920, le reste de l'USPD rejoint en septembre 1922 le SPD. Pendant quelque temps est alors d'usage la désignation “Vereinigte sozialdemokratische Partei Deutschlands” (Parti social-démocrate unifié d'Allemagne, VSPD).