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Direction de district Grand-Thüringen du KPD,
groupe du KPD au Landtag de Thüringen,
comité régional des conseils d'entreprise et
comités de contrôle de Thüringen

Programme relatif à la formation d'un
gouvernement ouvrier et petit-paysan en Thüringen
(Extraits)

11 septembre 1923

 

 

Source:

Institut für Marxismus-Leninismus beim ZK der SED (Éd.): Dokumente und Materialien zur Geschichte der deutschen Arbeiterbewegung - Reihe 2 - Band 7 - Februar 1919‑Dezember 1923 - Halbband 2 - Januar 1922‑Dezember 1923, Berlin, Dietz, 1966, pp. 414‑418 [1] [2].

 

 

 

 

 

 

 

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L'IC et la question de la tactique ‑ Sommaire

 

 

 

 

 

 

[...]

Malgré les défaillances continuelles des dirigeants social-démocrates dans la lutte de classe du prolétariat et malgré la plus grande méfiance à cause de leur politique hostile aux travailleurs, leur penchant continuel vers la coalition avec la bourgeoisie, le KPD est encore prêt à former avec des représentants du VSPD[3] un gouvernement des ouvriers et des petits paysans, si ce gouvernement, bien que constitué de façon parlementaire, dans la conscience de sa position de lutte contre les exploiteurs capitalistes et les grands agrariens s'appuie sur des organes prolétariens[4]. Il a besoin de ces organes, pour faire aboutir une politique ouvrière honnête, laquelle ne peut jamais être réalisée sans la participation des masses.

Comme telles mesures de préservation prolétariennes, le KPD considère:

1. La convocation immédiate du congrès de conseils d'entreprise de Thüringen en y associant des délégués de petits paysans. [...] Le congrès établit le programme de gouvernement, à la mise en oeuvre duquel les groupes parlementaires du VSPD et du KPD doivent s'engager de façon ferme.

Le congrès de conseils d'entreprise ensemble avec les délégués de petits paysans continue à se réunir suivant les besoins, contrôle lui-même ou à travers un comité régional les mesures gouvernementale et a le droit d'introduire lui-même des propositions de loi.

2. Formation en commun, d'unités d'intervention prolétariennes, basées sur les entreprises, qui pour parer à toute éventualité, aux fins de la défense contre des organisations fascistes assassines, doivent être armées par le gouvernement. Les unités d'intervention prolétariennes sont chargées, en liaison avec la police régionale et locale, d'assurer la mise en oeuvre des mesures gouvernementales étant dans l'intérêt de la population travailleuse.

3. Reconnaissance officielle des comités de contrôle à former par les ouvriers, petits commerçants et petits paysans, auxquels incombe pouvoir exécutif et le droit à confiscation. Les comités de contrôle doivent être regroupés centralement dans les districts et dans toute la région. Ils ont la charge de régler l'approvisionnement et la distribution des vivres en liaison avec les autorités communales et les coopératives. Tous les organes bureaucratiques de l'état et des communes sont soumis à leur contrôle permanent, qui a pour but d'empêcher le sabotage de mesures gouvernementales prolétariennes.

4. Abrogation de tous les décrets qui entravent le mouvement prolétarien. Libération y amnistie immédiates pour les persécutés qui agissaient dans l'intérêt de la lutte libératrice prolétarienne. Impunité pour des délits en situation de détresse et infractions contre les §§ 218 à 220 du RStGB[5].

Si le congrès des conseils d'entreprise avec les délégués de petits paysans approuve ces mesures de préservation, alors pour le KPD n'existent plus d'obstacles à ce qu'il participe à la formation d'un gouvernement en commun avec le VSPD.

Comme contenu le plus important d'un gouvernement ouvrier et petit-paysan nous proposons les revendications suivantes:

1. Approvisionnement de la population laborieuse avec des vivres et des biens servant à la satisfaction des besoins quotidiens, avant tout pain, pomme de terre, bois et charbon, à des prix réduits. Utilisation des entreprises, domaines et bois d'état, en faveur du soulagement de la détresse de la population laborieuse. Mise à disposition de crédits d'état pour les coopératives de consommation des ouvriers et des fonctionnaires ainsi que pour les coopératives des classes moyennes aux fins de l'approvisionnement avec des vivres et des biens servant à la satisfaction des besoins quotidiens. Afin de garantir l'alimentation pour l'hiver prochain il faut réquisitionner les réserves en céréales et pommes de terre des grands agrariens et les distribuer sous forme de rationnement.

2. En cas de réduction de production, travail à temps réduit et fermeture d'entreprise, application de mesures coercitives contre les entrepreneurs aux fins du maintien des entreprises et continuation de la production. Inculpation contre des entrepreneurs exerçant du sabotage. Continuation d'entreprises fermées sous la direction autonome des conseils d'entreprise et des employés avec octroi de crédits d'état. Les sans-emploi doivent être répartis entre les entreprises en proportion correspondante et être réintégrés dans le procès de production.

3. Procuration d'opportunités de logement suffisantes: confiscation des logements de luxe et des pièces d'habitation non utilisées pleinement ainsi que des vestibules, bars et lieux de consommation de luxe. Élimination des dispositions législatives qui empêchent cela. Rachat de matériaux de construction (briques, ciment etc.) avec des ressources d'état et mise à disposition de bois à prix réduit pour la construction de logements.

4. Mise en oeuvre de l'obligation à cultiver aux fins de garantie de l'alimentation du peuple. Les terres en friche et champs non cultives de la grande propriété foncière sont attribués à des petits paysans et fermiers. Réalisation radicale du principe: Seul doit posséder des terres celui qui les cultive! Attribution de terres de grande propriété foncière à des mini-paysans, afin de leur assurer les subsistances familiales. Approvisionnement des petits paysans en moyens d'engrais et machines agricoles au rabais, semences et cheptel au rabais.

5. Interdiction de toute utilisation de la Technische Nothilfe[6] en Thüringen.

6. Dissolution et désarmement immédiats de toutes les organisations fascistes (Jungdo[7] etc.). Interdiction immédiate et punition rigoureuse de toute agitation monarchiste ou fasciste en parole, image et écriture. Épuration de l'appareil d'état, révocation de la police, justice et d'autres postes administratifs, de fonctionnaires qui ne soutiennent pas sans réserves le gouvernement des ouvriers et petits paysans.

7. Empêchement sans égards de tous les transports d'armes et de troupes monarchistes et fascistes. Mise en oeuvre d'un contrôle générale des chemins de fer et surveillance particulière des routes départementales menant en Bavière, par des organisations de défense prolétariennes.

8. Formation d'un Bloc Rouge de toutes les régions avec une majorité ouvrière aux fins d'une défense commune et une intervention commune contre la grande coalition hostile aux ouvriers, exploitatrice que le régiment Stinnes[8] met en exécution. Soutien et continuation de l'offensive contre le ministre réactionnaire de la Reichswehr[9], Gessler[10], qui se trouve entièrement aux mains d'officiers monarchistes.

9. Dans la politique au niveau du Reich, conquérir:

a) épuration de la Reichswehr et de l'appareil d'état des éléments réactionnaires et leur remplacement par des ouvriers organisés.

b) abrogation des décrets d'exception, libération des prisonniers politiques prolétariens, établissement de la liberté de presse prolétarienne.

c) Interdiction, désarmement et dissolution de toutes les organisations fascistes.

d) Révocation des positions gouvernementales, des politiciens de la banqueroute et de la capitulation.

e) Modification de la législation fiscale, abolition des taxes massives à la consommation et des taxes de circulation. Allègement aussi pour les couches moyennes tombées dans la misère (réductions pour les échelons inférieures, relèvement des plafonds d'exemption, échelonnement des tarifs communaux etc.). Cession obligatoire des grandes fortunes, élimination par l'impôt des dépenses des possédants au-dessus du minimum d'existence des travailleurs.

f) éradication de la spéculation en bourse, contrôle de la production et des banques afin d'éliminer les prix exorbitants et l'usure pratiqués par les groupes capitalistes, peine de prison contre les spéculateurs en bourse et les groupes qui ont ces pratiques. Baisse des prix des matières premières.

g) Recensement des valeurs-refuge, confiscation des devises et contrôle du commerce extérieur.

h) Dissolution du Reichstag, qui est un obstacle pour toute politique dans le sens de la population laborieuse.

[...]

 

 

 

 

 



[1]. Sauf indication contraire, les annotations sont ajoutées par nous [321ignition].

[2]. Traduit de l'allemand par nous. Cf. le texte complet en allemand: .

[3]. En avril 1917 d'anciens membres du SPD tiennent un congrès pour constituer le “Unabhängige Sozialdemokratische Partei Deutschlands” (Parti social-démocrate indépendant d'Allemagne, USPD). Pour marquer la distinction vis-à-vis de l'USPD, le SPD est alors désigné comme “Mehrheits-Sozialdemokratische Partei Deutschlands” (Parti social-démocrate majoritaire d'Allemagne, MSPD). Après l'intégration de l'aile gauche de l'USPD au KPD en décembre 1920, le reste de l'USPD rejoint en septembre 1922 le SPD. Pendant quelque temps est alors d'usage la désignation “Vereinigte sozialdemokratische Partei Deutschlands” (Parti social-démocrate unifié d'Allemagne, VSPD).

[4]. Cf. notice historique: "Gouvernements ouvriers" en Sachsen et Thüringen ►.

[5]. Abréviation de Reichsstrafgesetzbuch, c'est-à-dire code pénal.

[6]Technische Nothilfe (Secours d'urgence technique, TN)

L'institution du Secours d'urgence technique tire son origine de la situation à Berlin durant les journées de janvier 1919. Face ou mouvement de grève et d'insurrection des premières mois après la guerre, sont formés des unités militaires caractérisées comme "sections techniques" chargées de la protection d'entreprises vitales. Or ce dispositif organisationnel n'est pas compatible avec les conditions en matière militaire stipulées par le Traité de Versailles. C'est pourquoi en septembre 1919 est formé un "Secours d'urgence technique" dirigé par l'officier de réserve Otto Lummitzsch, d'abord dans le cadre du ministère de la Défense, puis transféré en novembre au ministère de l'Intérieur. Un décret du ministre de l'intérieur du 2 février 1920 formule comme suit les tâches du TN:

"Le Secours d'urgence technique est une communauté de travail rassemblant notamment des forces de travail ayant une qualification technique, et qui s'est déclarée prête à effectuer des travaux d'urgence aux fins de la garantie du calme et de l'ordre intérieurs et de la reconstruction de la vie économique allemande, là où il s'agit du maintien en fonctionnement d'entreprises vitales en péril, ainsi que pour intervenir dans des cas d'urgence pour force majeure  par exemple incendie, inondation, accidents ferroviaires etc."

Un décret du président du 10 novembre 1920 pose les fondements généraux pour de telles missions.

[7]Jungdo.

Le Jungdeutscher Orden (Ordre Jeune-Allemagne) est une organisation à caractère militaro-fasciste créée par Artur Mahraun, qui avait été officier dans l'armée impériale.

[8]. Hugo Stinnes.

Stinnes est l'un des membres dominants du grand capital allemand dans le secteur de l'industrie minière et de l'acier.

[9]Reichswehr.

C'est la désignation officielle pour les forces armées allemandes, composées de l'armée de terre et de la marine. Les dispositions du Traité de Versailles interdisent la création d'une armée de l'air. Néanmoins des efforts sont entrepris pour établir les conditions pour une reconstitution de forces aériennes. Le Traité de Rapallo conclu en avril 1922 avec l'Union soviétique permet une coopération en ce sens. En 1930 sont formées trois escadrilles d'avions camouflées comme civiles. En avril 1933 est créé le ministère de l'aviation, puis en 1935 est proclamée la souveraineté de défense de l'Allemagne, et le développement de l'armée de l'air se déroule de façon ouverte.

[10]Otto Geßler.

En novembre 1918 Geßler participe à la fondation du Deutsche Demokratische Partei (Pari démocratique allemand, DDP). En octobre 1919 il est nommé ministre de reconstruction. Après l'échec du putsch Lüttwitz-Kapp en mars 1920 il devient ministre de la défense, en succession de Gustav Noske (SPD), poussé à la démission par le SPD. Il occupe ce poste dans les gouvernements successifs jusqu'en 1928 (en 1927, lorsque le DDP se prononce contre une participation au gouvernement, Geßler démissionne du parti). En septembre 1923 le gouvernement de Bavière déclare l'état d'exception dans la province, le président Friedrich Ebert (SPD) réagit en déclarant l'état d'exception au niveau national; à Geßler est alors conféré le pouvoir exécutif.