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1933‑1945 : Le KPD dans la lutte contre la dictature national-socialiste
1933‑1945 : Dictature et libération

 

 

À partir de la prise du pouvoir par les national-socialistes, les communistes poursuivent leur combat pour la révolution prolétarienne. Ils affrontent la dictature national-socialiste, au prix de lourds sacrifices. La dictature en Allemagne sera éliminée finalement, avec la fin de la guerre. À cette victoire, l'URSS, le peuple soviétique, auront apporté une contribution primordiale.

 

 

 

 

 

 

Écrit: janvier 2013

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1933 1945: Le KPD dans la lutte contre la dictature national-socialiste - Sommaire

 

 

 

 

 

 

Les national-socialistes accaparent le pouvoir

Résistance 1933 1935

Reconsidération de l'orientation

Raffermissement de la résistance

Actions de résistance 1936-1937

Tentatives de structuration sur le plan national

Contre le danger de guerre

Résistance dans la situation de guerre contre l'URSS

 

Les national-socialistes accaparent le pouvoir

Le 30 janvier 1933 se réalise l'ultime épisode du scénario de mise en selle d'Adolf Hitler: le président Paul von Hindenburg le nomme chancelier. Hitler constitue un gouvernement qui va rester en place quelque mois, le temps que les national-socialistes parachèvent la dictature ouverte. Ce gouvernement compte trois national-socialistes, Hitler, Wilhelm Frick (ministre de l'Intérieur), Hermann Göring (sans portefeuille, et aussi commissaire du Reich [Reichskommissar] pour l'aéronautique). Franz von Papen est vice-chancelier, Alfred Hugenberg (depuis 1928 président du Parti national-allemand du peuple [Deutsch-nationale Volkspartei], DNVP) ministre de l'économie et de l'agriculture, Franz Seldte (de l'organisation Casque d'acier [Stahlhelm]) ministre du travail. Le Commissariat du Reich [Reichskommissariat] pour la Prusse a Papen à sa tête, avec Göring chargé de l'Intérieur. Dès le lendemain, Hitler dissout l'Assemblée nationale, fixant de nouvelles élections pour le 5 mars.

Le 30 janvier même, le KPD publie à Berlin un appel diffusé par voie de tract, dont voici des extraits: [Documents ]

[...]

Sortez dans la rue!

Paralysez les entreprises!

À l'attaque des chiens sanguinaires fascistes répondez immédiatement par la grève, par la grève de masse, par la grève générale!

Travailleurs et travailleuses, jeunes travailleurs, prenez immédiatement position dans tous les syndicats, dans toutes les organisations de travailleurs, dans tous les bureaux de pointage.

Pour la grève générale  contre la dictature fasciste!

Décidez la cessation de travail!

Décidez des manifestations de masse!

Élisez des comités d'unité et des directions de grève!

Organisez la lutte!

Devant l'ensemble du public prolétarien le Parti communiste d'Allemagne s'adresse avec l'appel simultanément à l'ADGB, à l'Afa-Bund, au SPD et les syndicats chrétiens avec la demande à mettre en oeuvre ensemble avec les communistes la grève générale contre la dictature fasciste des Hitler-Hugenberg-Papen, contre la destruction des organisations de travailleurs, pour la liberté de la classe ouvrière.

Le KPD en appelle aux millions de travailleurs social-démocrates, des syndicats libres, chrétiens et de l'organisation Reichsbanner, en ville et à la campagne de même qu'aux masses de travailleurs inorganisées.

Ensemble avec vos camarades communistes mettez en oeuvre dans toutes les entreprises et quartiers ouvriers, des manifestations de masse, la grève, la grève de masse, la grève générale!

[...] Vive la lutte pour une république d'ouvriers et de paysans!

[Citation dans l'original .]

 

Le 30 janvier, un rassemblement se tient à Berlin, réunissant 2000 représentants de conseils d'entreprises[1]. Ils adoptent à l'unanimité une résolution appelant notamment à la convocation d'assemblées dans les entreprises en vue de l'organisation de la grève politique de masse et d'autres mesures de lutte. Le texte dit: "Par la puissance de notre grève générale de 1920 le putsch Kapp s'est effondré. De la même manière doit être renversé le gouvernement Hitler. Unissons-nous sans égard à l'appartenance de parti et de syndicat." [Citation dans l'original .]

Dès l'après-midi du 30 janvier, suite aux appels lancés par le KPD, des manifestations ont lieu à Berlin (Prenzlauer Berg, Mitte, Friedrichshain), dans la région de Rhein-Ruhr (notamment Dortmund, Düsseldorf, Duisburg, Essen, Hagen, Lüdenscheid, Oberhausen, Wuppertal)[2]. Souvent des affrontements violents se produisent avec les national-socialistes, par exemple à Francfort sur le Main ou à Mannheim.

Les 30 et 31 janvier et le 1er février, des affrontements se produisent notamment à Berlin, Chemnitz, Duisburg, Kaiserslautern, Solingen, Wernigerode; des manifestations ont lieu aussi à Bochum, Braunschweig, Brême, Breslau, Chemnitz, Cologne, Dortmund, Düsseldorf, Eßlingen (partie de Wuppertal), Frankfurt sur le Main, Hagen, Halle, Hambourg, Homburg/Moers, Karlsruhe, Konstanz, Leipzig, Lüdenscheid, Mainz, Mannheim, Munich, Solingen, Stuttgart et ailleurs[3].

À Düsseldorf, des communistes et des antifascistes repoussent une attaque de 300 national-socialistes contre le siège et l'imprimerie du KPD[4]. À Wuppertal des communistes et des antifascistes forcent une manifestation national-socialiste à se disperser[5]. À Hambourg, des grèves partielles se déroulent dans le secteur portuaire, et quelques affrontements armés opposent des travailleurs à la SA (Section d'assaut [Sturmabteilung]) et la police[6]. À Berlin, les personnels de cinq dépôts du service de ramassage des ordures se mettent en grève, à Heidelberg des travailleurs des Stadtwerke, à Pirmasens des travailleurs d'une usine de chaussures, à Karlsruhe les travailleurs d'une aciérie, à Stuttgart les employés des ateliers de réparation des chemins de fer d'Esslingen[7].

À Dresde, après l'assassinat de 9 antifascistes, suite à l'enterrement des victimes le 31 janvier, environ 30 000 travailleurs manifestent[8]. Le 31 janvier également, à Stuttgart, à la suite d'un rassemblement organisé par le KPD, environ 10 000 personnes participent à une manifestation; à Kassel des communistes et des membres de l'organisation Bannière du Reich (Stahlhelm) obligent un défilé de la SA à se disperser[9]. En Thüringen, des manifestations ont lieu du 31 janvier et 2 février[10], notamment à Arnstadt[11], Greiz, Zella-Mehlis[12]. Le 1er février, 2000 travailleurs manifestent à Suhl[13], puis le 2 février, plus de 1000 à Erfurt[14].

Le 31 janvier, le KPD du district Württemberg diffuse un tract appelant à la grève de masse. [Documents ] Dans le village de Mössingen (en Baden-Württemberg) plusieurs centaines de personnes organisent une manifestation qui réussit à entrainer un certain nombre de travailleurs à quitter leur travail pour s'y joindre[15]. À la suite de cette action, 80 participants sont condamnés à des peines de prison allant de 3 mois à 2 ans et demi.

Dans la nuit du 30 au 31 janvier, à Lübeck, un groupe de national-socialistes attaquent un député à l'assemblée nationale du SPD, Julius Leber, et il s'en suit un affrontement entre les agresseurs et des membres de l'organisation Bannière du Reich[16]. Un national-socialiste est tué, tandis que Leber, grièvement blessé, est arrêté par la police. En réaction à ces évènements, le 3 février, les travailleurs de la ville organisent une grève d'une heure, et la conférence des conseils d'entreprise exige la démission immédiate du président de police, lui-même social-démocrate.

Le 5 février à Tangermünde, en protestation contre un assassinat perpétré par les national-socialistes, une grève se produit ainsi qu'une manifestation à laquelle participent 3000 travailleurs; à Stettin 25 000 antifascistes participent à une manifestation[17]. Le 6 février à Rudolstadt, communistes et social-démocrates empêchent une manifestation des national-socialistes[18]. Le 7 février, une manifestation contre Hitler organisée par le SPD à Berlin rassemble 200 000 participants[19]. Le même jour à Harburg a lieu un rassemblement de 20 000 communistes et antifascistes lors de l'enterrement d'un syndicaliste assassiné[20]. En début de février, quand Joseph Goebbels vient à Kassel tenir un discours, des antifascistes tranchent la ligne électrique approvisionnant le lieu du rassemblement[21].

Le 5 février, à Staßfurt, le maire social-démocrate Hermann Kasten est mortellement blessé par un national-socialiste[22]. À titre de protestation, le lendemain les travailleurs de la ville organisent une grève.

Le 15 février, quand A. Hitler tient un discours dans la salle municipale de Stuttgart, des communistes rendent inutilisables des câbles, empêchant ainsi la diffusion du discours à la radio[23]. Le 19 février à Leipzig une manifestation rassemble 20 000 participants[24].

Le 19 février à Lübeck une manifestation rassemble 15 000 participants[25].

Le 21 février à Hanovre, des ouvriers membres de l'organisation Bannière du Reich sont assassinés par des national-socialistes[26]. Les travailleurs organisent alors, le 25 février, une grève de protestation.

À la fin de février dans différentes parties de Hambourg, se produisent des affrontements armées de membres de la Ligue rouge de combattants du Front (Roter Frontkämpferbund, RFB) avec des groupes de la SA[27]. Le 4 mars à Düsseldorf, des antifascistes réussissent à obliger un rassemblement du SA à se disperser; durant huit jours, ils repoussent les tentatives des national-socialistes de s'emparer du siège du KPD. À Wuppertal également des travailleurs mettent en échec un défilé de la SA. Près de Zittau des communistes et antifascistes occupent pendant quelque temps le siège des syndicats, de même à Riesa une grève oblige la SA à libérer la maison syndicale.

En guise de résumé partiel, on peut citer les estimations incomplètes données au début de l'été par Fritz Heckert, du KPD[28]. Il donne les chiffres suivants pour le nombre de grèves organisées. En février: 287 grèves (dont 225 à caractère politique déclaré); en mars: 19 (10); en avril: 60 (52); en mai: 58 (35).

De façon générale, on peut constater que la direction du SPD, partout où elle dispose d'une influence prépondérante dans les préfectures de police, emploie les forces de répression contre les travailleurs en lutte[29]. Même des manifestations à l'initiative d'instances du SPD sont entravées dans le but de faire barrage à une éventuelle participation du KPD. Le 12 février, Friedrich Stampfer, rédacteur en chef de l'organe du SPD, le Vorwärts, adresse au KPD une lettre ouverte proposant un pacte de non-agression entre le SPD et le KPD[30]. Pour le KPD, Ernst Torgler, président du groupe communiste à l'Assemblée nationale, répond que cette modalité n'est pas appropriée, mais qu'il faut entamer une coopération pratique dans les entreprises entre les travailleurs des deux partis, notamment en organisant l'autodéfense et des comités d'action communs. Le fait est que, encore en février, il arrive que des préfets de police membres du SPD, à Dortmund, Hambourg, Hanovre et d'autres villes, interdisent des manifestations antifascistes et ordonnent des arrestations de militants du KPD[31]. Ainsi à Hanovre, le 30 janvier, alors que les national-socialistes défilent pour célébrer leur victoire, le préfet de police Erwin Barth (SPD) interdit les actions de protestation que veut organiser notamment le KPD[32].

Le 7 février se tient une réunion clandestine du Comité central du KPD à la Maison de Sports Ziegenhals, aux environs de Berlin[33]. Y participent environ 40 personnes, dont Ernst Thälmann et d'autres membres du Comité central ainsi que des cadres dirigeants du Parti[34]. Elle est close de façon anticipée, grâce à quoi les participants échappent aux membres de la SA qui arrivent deux heures plus tard. Le Parti réussit encore à organiser quelques rassemblements publics, le dernier grand meeting ayant lieu le 23 février au Palais des Sports de Berlin, avec une intervention de Wilhelm Pieck, en présence de plusieurs milliers d'assistants[35].

Le 23 février, la police investit la maison Karl-Liebknecht [Karl-Liebknecht-Haus] à Berlin, depuis 1926 siège du Comité central du KPD et où se trouvent également la rédaction du journal Rote Fahne ainsi qu'une imprimerie. La maison est fermée le lendemain puis ultérieurement expropriée pour être mise à disposition d'abord de l'État de Prusse, finalement de la SA.

Le 27 février E. Thälmann adresse une "lettre ouverte" "aux travailleurs social-démocrates et chrétiens d'Allemagne, aux collègues des syndicats libre et des camarades de l'organisation Reichsbanner"[36]. [Documents ].

La nuit du 27 au 28, se produit l'incendie de l'assemblée nationale (Reichstag). Les national-socialistes procèdent immédiatement à environ 1500 arrestations de communistes à Berlin, 10 000 dans le pays, notamment des cadres dirigeants et des députés à l'Assemblée nationale. Le 28, est émis un "décret du président du Reich pour la protection du peuple et de l'État", signé par le président P. v. Hindenburg, le chancelier A. Hitler, le ministre de l'Intérieur W. Frick et le ministre de la Justice Franz Gürtner (DNVP). Ce texte se fixe comme objet la "défense contre les actes communistes de violence mettant en danger l'État" et déclare notamment[37]:

Ainsi il sera admissible y compris en dehors des limites légales déterminées par ailleurs à cet égard, de restreindre les libertés individuelles ainsi que le droit à la liberté d'expression ‑ y compris la liberté de presse, le droit d'association et de réunion ‑, de porter atteinte au secret de la communication par courrier, poste, télégraphe et téléphone, d'ordonner des perquisitions à domicile et de confisquer ainsi que de limiter la propriété."

[Citation dans l'original .]

Des mandats d'arrêt sont émis visant 24 membres du Comité central du KPD[38]. Un bilan estimatif de la répression durant les quatre premières semaines de la dictature donne les chiffres suivants quant au nombre de morts suite à des affrontements: 20 communistes, 14 social-démocrates, 9 travailleurs sans parti, ainsi que 17 national-socialistes et 2 policiers[39].

Le KPD n'est pas formellement interdit, mais subit les interdictions de manifestation et de publication découlant de cette mesure, et surtout la répression physique: au cours des semaines qui suivent, des milliers de militants communistes sont assassinés, arrêtés, contraints à fuir le pays. Les chiffres des arrestations par la police et la SA jusqu'en avril, parmi les cadres du Parti, sont les suivants: dans la région Rhein-Ruhr 8000, en Bavière 3000, dans le district de Halle plus de 1400, en Baden 900, en Mecklenburg 260, etc.[40]. Le 3 mars, E. Thälmann est appréhendé.

Néanmoins le Parti participe encore aux élections à l'Assemblée nationale qui ont lieu le 5 mars. Le NSDAP obtient 288 sièges sur un total de 647, le SPD 120, le KPD 81. En Prusse, aux élections à l'Assemblée régionale tenues le même jour, le NSDAP obtient 211 sièges sur un total de 476, le SPD 80, le KPD 63. Mais le KPD est cible d'une répression totale. Ses mandats sont bloqués, les députés ne peuvent les exercer, sous peine d'arrestation immédiate. 41 députés seront effectivement arrêtés[41].

En ce mois de mars, le KPD publie un appel de son Comité central: "En avant courageusement pour l'action antifasciste" dont voici un extrait: [Documents ]

Camarades! La création du front uni de lutte des travailleurs est l'exigence de l'heure, est la question de vie et de mort de la classe ouvrière allemande. Pour cela organisez partout des réunions d'entreprise et de sans-emploi pour la discussion ensemble avec les membres des syndicats et les travailleurs social-démocrates sur les mesures de lutte en commun pour la libération du camarade Thälmann et de tous les travailleurs arrêtés, pour la levée des décrets d'urgence concernant les interdictions de réunion, de presse et de manifestation, la détention préventive, la police auxiliaire etc.

Déployez l'assaut de masse contre la dictature fasciste, par une vague de grèves politiques et économiques contre l'oppression et exploitation fasciste, par des actions d'autodéfense de masse contre la terreur fasciste. Par une vague de luttes partielles conduisez les masses de travailleurs vers la grève générale politique. Convainquez les collègues des syndicats, les travailleurs social-démocrates et de l'organisation Reichsbanner de la nécessité que dans ces organisation soient adoptés de résolutions concrètes de lutte en vue de grèves et manifestation en faveur des revendications mentionnées.

En même temps nous en appelons à tous les membres du parti d'oeuvrer de toutes leurs forces, pour que soit déployée la capacité de lutte antifasciste des syndicats afin d'empêcher la mise en oeuvre des plans de Hugenberg. Par un travail d'éducation en bons camarades, dans les syndicats, par le renforcement de ce travail, par l'entrée des communistes dans les syndicats, nous devons réussir de gagner les masses des membres des syndicats et les organisations syndicales pour le front uni antifasciste.

[Citation dans l'original .]

Le 24 mars, A. Hitler fait adopter par l'Assemblée nationale la "Loi visant à mettre fin à la détresse du peuple et de l'État"[42]. [Citation dans l'original .] 444 des 647 députés qui composent théoriquement l'Assemblée votent en faveur de la loi. Ceux du KPD sont absents. De par cette loi, l'Assemblée, en autorisant le gouvernement à se substituer à lui, renonce à son propre pouvoir exclusif d'adopter des lois et d'exercer un contrôle. Les pouvoirs attribués ainsi au gouvernement ont pour effet de soustraire celui-ci au respect des dispositions constitutionnelles. Initialement, l'application de la loi est limitée à une période de quatre ans, mais elle sera prorogée en 1937 et 1939, et en 1943 exempte de toute durée limitative. Puis, le 31 mars, par la loi de "alignement des Länder avec le Reich" [Citation dans l'original .] toutes les assemblées régionales (Landtage) à l'exception de celle de Prusse sont dissoutes et reconstituées dans une composition conforme à celle de l'Assemblée nationale (excluant ainsi les communistes); cette loi est suivi le 7 avril par une deuxième, de même intitulé[43].

Après avoir, le 10 avril, déclaré par voie législative le Premier Mai comme “fête du travail national” [Fest der nationalen Arbeit] (le 27 février 1934, la dénomination sera changée en “fête nationale du peuple allemand” [Nationalfeiertag des deutschen Volkes]), les national-socialistes organisent la célébration officielle de cette journée. Puis, le 2 mai, ils procèdent à la dissolution par la force des principales organisations syndicales et confisquent leurs biens. Sont frappés l'ADGB, l'ADB et l'Afa-Bund.

Avant la prise du pouvoir, les national-socialistes n'avaient pas organisé de syndicat rattaché au NSDAP, mais s'étaient efforcés, à partir de 1927, de constituer des cellules d'entreprises, à Berlin notamment. Sur la base de ces cellules, avait été créée en septembre 1929 l'“Organisation national-socialiste de cellules d'entreprise” (“National-Sozialistische Betriebszellen-Organisation”, NSBO). En mars 1933 se tiennent des élections aux conseils d'entreprise (Betriebsräte). Les premiers résultats s'avèrent nullement favorables aux national-socialistes. Le KPD, à travers l'Opposition syndicale révolutionnaire (Revolutionäre Gewerkschafts-Opposition, RGO) obtient 4,9 %, les syndicats de l'ADGB sont largement majoritaires avec 73,4 %, la NSBO n'atteint que 11,7 %. Les national-socialistes interrompent alors le processus électoral. Par ailleurs, depuis la nomination d'A. Hitler comme chancelier, ils avaient constitué un “Comité d'action pour la protection du travail allemand” (“Aktionskomitee zum Schutze der Deutschen Arbeit”) sous la direction de Robert Ley. Avec la dissolution des syndicats, ils passent à l'étape suivante et le 10 mai ils créent, toujours avec Ley à la tête, le “Front allemand du travail” (“Deutsche Arbeitsfront”, DAF) dans lequel doivent s'intégrer les syndicats existants. Les unions chrétiennes et celles dites de “Hirsch-Duncker”, qui avaient été épargnées lors des interventions du 2 mai, décident eux-mêmes dans les semaines qui suivent leur propre mise au pas.

Le 12 mai, le Rundschau de Basel, organe de l'Internationale communiste, publie un texte du KPD formulant des lignes directrices pour le travail syndical révolutionnaire dans les NSBO, mais ce texte était en fait antérieur au 2 mai et ne pouvait donc pas prendre en compte la situation nouvelle[44].

Il deviendra rapidement clair que le DAF n'exerçait aucune fonction syndicale. En juin seront instaurés les “fiduciaires du travail” (“Treuhänder der Arbeit”), subordonnés au gouvernement à travers le ministère du Travail associé à celui de l'Économie. Ils ont pour attribution de prendre des décisions en rapport avec les négociations salariales et les règlements d'entreprise ainsi que les litiges du travail. Le 27 novembre un accord sera conclu entre R. Ley et les ministères du Travail et de l'Économie, assurant que le DAF n'est pas habilité à représenter les intérêts économiques et sociaux des travailleurs ni de prendre des décisions concernant la vie quotidienne au travail[45]. Le DAF doit se consacrer à l'endoctrinement idéologique des travailleurs. Le lendemain 28 novembre, le président de la “Corporation nationale de l'industrie allemande” (“Reichsstand der deutschen Industrie”, qui avait été fondée en 1931 comme “Reichsverband”, c'est-à-dire “association nationale”) Gustav Krupp von Bohlen und Halbach donnera son accord pour l'adhésion des entrepreneurs au DAF[46]. La "Loi sur le règlement du travail national" du 10 janvier 1934 établira la répartition définitive des compétences[47]. [Citation dans l'original .]

Le 10 mai 1933, sont confisqués les biens du SPD. Le 26, une "Loi sur la confiscation des biens communistes" est adoptée[48]; elle se fixe comme objectif de "soustraire durablement à une utilisation hostile à l'État, tout bien servant à des menées communistes" et prévoit la possibilité de "confisquer au profit du pays les biens et droits du Parti communiste allemand et de ses organisations auxiliaires et substitutives ainsi que les biens et droits qui sont utilisés ou destinés à la promotion d'intentions communistes". [Citation dans l'original .] Le 22 juin, le SPD sera déclaré organisation hostile au peuple et à l'État, et interdit, puis entre le 27 juin et le 5 juillet sera mis en oeuvre un processus d'autodissolution de tous les autres partis à l'exception du NSDAP, et finalement le 14 juillet sera adoptée la "Loi contre la formation de nouveaux partis"[49]. [Citation dans l'original .] Conjointement avec cette dernière loi, une autre, la "loi sur la confiscation des biens hostiles au peuple et à l'état"][50] déclare l'extension des dispositions de la loi du 26 mai, aux biens et droits du SPD et aux "biens et droits utilisés pour ou destinés à la promotion d'intentions marxistes ainsi que de toute autre intention déclarée comme hostile au peuple et à l'État par le ministre de l'Intérieur". [Citation dans l'original .] Le 1er décembre, la "Loi pour la sauvegarde de l'unité du parti et de l'État"[51] confirmera le NSDAP dans son statut de parti unique dominant. [Citation dans l'original .]

Résistance 1933‑1935

Le 23 février 1933 le secrétariat du Comité central du KPD adresse une directive aux directions de district, qui souligne notamment[52]:

Il est d'une importance décisive pour une politique et un travail correctes de nos organisations, que nous réussissons d'amener l'ensemble de nos membres et au-delà les larges masses, à la pleine conscience du fait que depuis le 30 janvier, avec l'instauration de la dictature fasciste ouverte sur l'Allemagne, un changement fondamentale de la situation s'est établi, et qu'il en résulte la nécessité de changements fondamentaux au même titre par rapport à la lutte de classe du prolétariat et par là pour la politique et le travail de nos organisations.

[Citation dans l'original .]

Le 1er avril, le Présidium du Comité exécutif de l'Internationale communiste adopte une résolution sur "la situation en Allemagne" faisant suite à un rapport présenté par F. Heckert, du KPD. [Documents ]

Le Présidium du Comité Exécutif de l'Internationale Communiste, après avoir entendu le rapport du camarade Heckert, sur la situation en Allemagne, constate que la ligne politique, la politique d'organisation du comité central du Parti communiste allemand, avec le camarade Thaelmann à sa tête ont été parfaitement justes, avant et au moment du coup d'État hitlérien.

Dans quelles conditions la bourgeoisie allemande a-t-elle chargé le fasciste Hitler et son parti "national-socialiste" de réaliser la dictature fasciste ouverte?

C'est dans des conditions d'aggravation extrême de la situation économique et politique, en Allemagne: d'une part le Parti communiste était déjà devenu une force formidable dans la classe ouvrière et la crise révolutionnaire mûrissait rapidement; d'autre part, de profondes contradictions s'étaient révélées parmi les classes dominantes, et la dictature fasciste, sous la forme des gouvernements de von Papen et Schleicher, n'avait pas été en état d'arrêter les progrès du communisme ni de trouver une issue à la crise économique toujours plus aiguë. [...]

Une particularité caractéristique de la situation au moment du coup d'État de Hitler, c'est que ces conditions de l'insurrection victorieuse n'avaient pas encore eu le temps de mûrir et n'existaient qu'en germe.

L'avant-garde du prolétariat ‑ le Parti communiste ‑ ne désirant pas se lancer dans une aventure, ne pouvait évidemment compenser ce facteur manquant par ses actes à elle seule.[...]

L'accalmie actuelle, après la victoire du fascisme, n'est qu'un phénomène momentané. La poussée révolutionnaire grandira inévitablement en Allemagne, malgré la terreur fasciste. La résistance des masses au fascisme ne peut pas ne pas grandir. L'instauration de la dictature fasciste ouverte, dissipant toutes les illusions démocratiques des masses et libérant celles-ci de l'influence, de la social-démocratie, accélère la marche de l'Allemagne vers la révolution prolétarienne.

La tâche des communistes doit être d'expliquer aux masses que le gouvernement Hitler conduit le pays à la catastrophe. Il faut maintenant avertir les masses, avec plus d'énergie que jamais, que le seul moyen pour les travailleurs d'échapper à une misère encore plus grande, que le seul moyen d'éviter la catastrophe, c'est la révolution prolétarienne et la dictature du prolétariat. Il faut lutter pour le ralliement de toutes les forces du prolétariat et la création du front unique des ouvriers social-démocrates et communistes, en vue de la lutte contre les ennemis de classe. Il faut raffermir le parti et renforcer toutes les organisations de masse du prolétariat, en préparant les masses aux batailles révolutionnaires décisives, au renversement du capitalisme, au renversement de la dictature fasciste par l'insurrection armée.

Partant de ce qui a été dit, le présidium du Comité Exécutif de l'Internationale Communiste, approuve le programme d'activité pratique fixé par le Comité Central du Parti Communiste d'Allemagne.

[Citation dans l'original .]

Au cours du mois de mai, est formée à Berlin la "Direction d'intérieur" (Inlandsleitung) du KPD, composée des membres du Bureau politique suivants: John Schehr, Hermann Schubert, Fritz Schulte et Walter Ulbricht[53]. Les autres membres du Bureau politique, à savoir Franz Dahlem, Wilhelm Florin et Wilhelm Pieck, se rendent à Paris pour y former la "Direction à l'étranger" (Auslandsleitung). Le Comité central du KPD adopte une résolution "Au sujet de la situation et de nos tâches immédiates" [Entschließung des ZK der KPD zur Lage und den nächsten Aufgaben]: [Documents ]

Malgré la ligne politique absolument correcte du CC du KPD avant et pendant le coup d'état de Hitler [...] notre Parti doit examiner de façon autocritique toutes les causes qui ont entravé le développement plus rapide des conditions subjectives préalables pour la crise révolutionnaire. [...]

L'élimination complète des social-fascistes de l'appareil d'état, la répression brutale y compris contre les organisations social-démocrates et leur presse ne change rien au fait qu'ils représentant tout comme avant l'appui social principal de la dictature du capital. Autant les élections au Reichstag que les élections aux conseils d'entreprise prouvent que les couches décisives du prolétariat se trouvent encore majoritairement sous l'influence du SPD et de la bureaucratie syndicale social-fasciste et non pas sous celui du national-socialisme. [...] Les social-fascistes ouverts, brutaux dont les représentants les plus résolus sont Wels, Leipart, Tarnow, Graßmann, Höltermann et Geliert, sont passés ouvertement du côté des services auxiliaires fascistes [...]. Les social-fascistes "de gauche" [...] maintiennent - enrichis par des dirigeants SAP et des Brandleriens repentis revenus au bercail - en paroles un faux-semblant d'opposition au fascisme, sabotent tout comme avant tout pas vers le front uni prolétarien, luttent contre les communistes, paralysent les masses par des théories sur l'expectative et la déconfiture qui se produirait d'elle-même, trouvent milles excuses pour la trahison ignoble des dirigeants du parti et de l'ADGB.

[Citation dans l'original .]

Du 28 novembre au 12 décembre 1933 se tient le 13e plénum, non élargi, du Comité exécutif de l'Internationale communiste, à Moscou. Otto W. Kuusinen présente le rapport du Présidium. W. Pieck y présente un rapport sur la situation en Allemagne et l'activité du KPD. [Documents ] Il déclare:

Aujourd'hui la social-démocratie remplit son rôle d'appui social principal de la bourgeoisie par le fait qu'elle tente d'ériger une digue contre la nouvelle vague de l'essor révolutionnaire , en maintenant la division au sein de la classe ouvrière. Le dirigeant de la social-démocratie allemande, Wels, a déclaré à la conférence de Paris de la IIe Internationale: "La tâche de grande lutte libératrice ne peut pas être d'aboutir, en quittant l'enfer fasciste, à la prison bolchéviste." Cette social-démocratie de Wels et Noske, Löbe et Scheidemann, qui dans les années 1918/19 a étranglé la révolution prolétarienne, qui a fait assassiner les fondateurs du Parti communiste d'Allemagne Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg, qui, il y a dix ans, a interdit le Parti communiste pour aider la bourgeoisie - cette social-démocratie se trouve aujourd'hui aussi au service du capitalisme pourrissant contre les masses travailleuses d'Allemagne. [...]

La dictature fasciste en Allemagne a été instaurée contre une classe ouvrière invaincue, qui certes a reculé passagèrement mais se rassemble de nouveau pour l'attaque.

[Citation dans l'original .]

Concernant l'interprétation que "la dictature fasciste en Allemagne a été instaurée contre une classe ouvrière invaincue", on peut rappeler l'appréciation suivante formulée en janvier 1933, dans L'Internationale communiste[54]:

La différence la plus importante et décisive par rapport aux autres pays avec une dictature fasciste, c'est que la dictature fasciste en Allemagne doit être mise en oeuvre contre une classe ouvrière invaincue et au cours d'une lutte permanente contre la résistance croissante de la part de celle-ci.

[Citation dans l'original .]

Le Comité exécutif de l'Internationale communiste adopte des thèses relatives au rapport. [Documents ]

Du 4 au 6 juin 1933 se tient le "Congrès antifasciste des travailleurs d'Europe" (Antifaschistischer Arbeiterkongreß Europas), à Paris[55]. Y participent environ 3500 délégués, dont 120 d'Allemagne. W. Florin présente le rapport principal. Un "Comité central antifasciste" est élu dont le secrétariat s'établit à Paris. Le 20 aout, le Comité mondial contre la guerre impérialiste (Weltkomitee gegen den imperialistischen Krieg) fondé en aout 1932 à Amsterdam, et le Comité central des Unions ouvrières antifascistes d'Europe (Zentralkomitee der Antifaschistischen Arbeitervereinigungen Europas), formé en juin 1933 à Paris, fusionnent pour constituer le Comité mondial contre la guerre et le fascisme (Weltkomitee gegen den Krieg und Faschismus) (dit Comité Amsterdam-Pleyel) qui établit son siège à Paris et nomme Henri Barbusse président[56].

Le 2 juin, un tribunal spécial fasciste établi à Altona prononça une condamnation à mort à l'encontre d'August Lütgens, Walter Möller, Karl Wolff et Bruno Tesch[57]. Il s'agit d'une machination dont l'origine réside dans les évènements du 17 juillet 1932: durant des affrontements à Altona entre un cortège du SA et des habitants du quartier, deux membres du SA avaient été tués. [Chronologie ] Peu après déjà, la justice avait construit des accusations alléguant un complot communiste et en automne 1932 les quatre personnes citées avaient été placées en détention provisoire, puis la procédure avait été abandonnée, mais les résultats de l'enquête servent de base à la justice fasciste. Le tribunal condamne encore six autres inculpés à de longues peines de prison, et trois autres ‑ bien qu'acquittés ‑ sont transférés dans un camp de concentration. Suivront six procès consécutifs contre plus de 100 inculpés, dont un grand nombre seront condamnés à de longues peines de prison. Lütgens, Möller, Wolff et Tesch seront exécutés le 1er aout.

Le 21 juin, à Berlin-Köpenick, des unités du SA déclenchent une campagne de terreur se prolongeant durant plusieurs jours[58]. Plus de 500 personnes sont arrêtées, souvent torturées, 91 assassinées, 70 resteront portées disparues. Parmi les victimes figurent les militants du KPD Josef Spitzer et Franz Wilczoch, les social-démocrates Johann Schmaus et Johannes Stelling, ainsi que des membres de l'Association communiste de la Jeunesse d'Allemagne (Kommunistischer Jugendverband Deutschlands, KJVD) et des Jeunesses ouvrières socialistes (Sozialistische Arbeiterjugend).

En automne 1933 la direction du KPD décide que, pour des raisons de sécurité, tous les membres de la direction se trouvant encore en Allemagne, à l'exception de J. Schehr, ‑ c'est-à-dire H. Schubert, F. Schulte et W. Ulbricht ‑ doivent quitter le pays[59]. En 1932, la direction du KPD avait été composée de la façon suivante[60]. Le Bureau politique comprenait 11 membres et 4 candidats et désignait un secrétariat composé de 5 membres (en mai 1932: E. Thälmann, Hermann Remmele et Schehr comme membres, W. Pieck et Ulbricht comme candidats, à partir d'octobre 1932: Thälmann, Schehr et Ulbricht comme membres, Pieck et W. Florin comme candidats). Au moment du transfert du Bureau politique à Paris, des 15 membres et candidats de 1932, Thälmann, Wilhelm Kasper et Helene Overlach sont en prison, F. Heckert se trouve en URSS, Leopold Flieg, Heinz Neumann et Remmele et sont demis de leurs fonctions (Flieg et Neumann depuis avril 1932, Remmele depuis avril 1933[61]), Wilhelm Hein a été expulsé du Parti pour avoir rejoint le NSDAP. En janvier 1935 le Comité central et le Bureau politique seront transférés à Moscou, tandis qu'une direction opérationnelle pour l'intérieur (comprenant F. Dahlem, Paul Merker, Ulbricht et les candidats Anton Ackermann et Herbert Wehner[62]) sera établie à Prague. En septembre 1936, cette dernière instance s'installera de nouveau à Paris.

En automne 1933 donc, J. Schehr est chargé de former une nouvelle direction, dite “direction nationale” (“Landesleitung”)[63]. Celle-ci, en tant qu'organe du Bureau politique du Comité central se trouvant à Paris et en liaison avec lui, dirige les organisations clandestines du Parti entre octobre 1933 et mars 1935. À partir d'été 1933, et jusqu'en 1935, existent des “bases frontalières” (“Grenzstützpunkte”) responsables de la direction des districts dans la clandestinité[64]. Pour Berlin et Allemagne du centre cette base frontalière siège d'abord à Reichenberg, puis à Prague en Tchécoslovaquie; pour l'Allemagne du Sud à Bâle, puis Zurich; pour Hessen et le Rheinland dans le Saargebiet; pour le Ruhrgebiet et Niedersachsen, à Amsterdam; et pour l'Allemagne du Nord à Copenhague. Schehr est arrêté en novembre (ainsi que les secrétaires de district Hans Fladung à Saxe et Lambert Horn à Ber[65]). Le 1er février 1934 la Gestapo fusille Schehr ensemble avec les militants communistes Eugen Schönhaar, Rudolf Schwarz et Erich Steinfurth. Horn meurt le 2 juin 1939 dans le camp de concentration de Sachsenhausen. Après l'arrestation de Schehr, la direction nationale est dirigée par H. Wehner, en coopération avec Wilhelm Kox et Philipp Daub (qui l'intègre en début de 1934[66]), puis par Otto Wahls envoyé à Berlin en avril 1934[67]. En été 1934 Daub, Kox et Wehner sont transférés au Saarland, et remplacés par Adolf Rembte, P. Merker et Werner Eggerath; ce dernier est arrêté fin 1934. Wahls et Merker sont remplacés au printemps 1935 par Robert Stamm et Max Maddalena. Arrivé à Berlin le 3 mars, Stamm entreprend avec Rembte, Maddalena, Käthe Lübeck et Walter Griesbach la mise en place d'une nouvelle direction nationale. Le 27 mars il est arrêté en même temps que les quatre autres. Il sera exécuté en novembre 1937.

Malgré la répression le KPD parvient à maintenir des structures organisationnelles, territoriales et aussi dans les entreprises. À titre d'indications succinctes et partielles, voici quelques exemples. À Berlin, le Parti poursuit l'action dans des grandes entreprises comme AEG, Siemens et BVG[68]. À Hambourg c'est le cas dans de grandes entreprises, notamment les chantiers navals[69]. La direction du district de Wasserkante doit être réorganisée à sept reprises entre mars 1933 et automne 1935, pour des raisons de sécurité et d'arrestations. En juin 1935 débutent des arrestations de masse dont sont victimes jusqu'en automne, environ 1000 militants du KPD de Hambourg. Dans le district de Niederrhein/Ruhrgebiet, après des arrestations subies en juillet 1933, le parti rétablit une direction[70]. Il agit notamment dans des grandes entreprises, dont Mannesmann-Konzern à Düsseldorf, et les Krupp-Werke à Essen. Il intervient également à Duisburg, Hamborn, Oberhausen, Mülheim, Wuppertal. À Cologne, des organisations du KPD existent dans les Humboldt-Deutz Motoren-Werke et les ateliers centraux des chemins de fer [Eisenbahnhauptwerkstätten] à Cologne-Nippes[71].

En Saxe, des organisations du KPD sont reconstituées dans la période jusqu'au printemps 1934[72]. C'est le cas dans des entreprises de l'industrie automobile, par exemple Wanderer-Werke et Auto-Union, dans les chemins de fer (Reichsbahn), dans la plupart des puits de la région minière de Zwickau-Oelsnitz, ainsi que dans presque toutes les grandes entreprises de Zwickau. Des cellules opèrent dans la région de Halle, dans des usines d'armement comme Gummi-Elbe, Sprengstoffwerk Wasag à Reinsdorf, Stickstoffwerk Piesteritz; dans la région de Magdeburg, dans des grandes entreprises comme Krupp-Gruson, R. Wolf, Fahlberg-List. À la fin de 1934 et au début de 1935, le Gestapo arrête à Leipzig environ 2000 membres du KPD, du KJVD et d'autres organisations rattachées au Parti, mais l'activité se poursuit.

En Thüringen, après les arrestations de mars 1933, le parti poursuit l'activité notamment à Erfurt, Gera, Gotha, Jena et Weimar[73]. Vers la fin de 1933, des cellules sont constituées dans des entreprises comme Zeiss à Jena, des usines d'armement à Suhl et dans les Bayrische Motoren-Werke à Eisenach. Des arrestations ont lieu de nouveau, puis vers avril 1934 les organisations peuvent être reconstituées.

En Mecklenburg et Pommern, le KPD intervient dans des entreprises à Rostock, Wismar, Stettin, ainsi que le port de Stettin[74].

En Silésie, le KPD intervint en premier lieu dans les puits de la région industrielle de Haute Silésie[75]. Les principales organisations existent à Beuthen, Gleiwitz et Hindenburg. Des arrestations frappent le Parti en mars 1935.

Dans différentes régions, des organisations syndicales clandestines se constituent, composées de communistes, social-démocrates, anciens membres de l'ADGB et de la RGO[76]. À Wuppertal se forment en 1934-1935 61 groupes de l'Union textile et de l'Union de métallurgistes. À Düsseldorf des employés du tramway s'organisent en syndicats. En été 1935, dans l'industrie du textile et celle de la métallurgie, existent plus de 100 organisations syndicales à Berlin, à Hambourg, dans les régions de Saxe, Rhein-Ruhr, Haute-Silésie et d'autres. Sur environ 70 navires allemands existent de tels groupes. Un certain nombre de grèves sont organisés, en général d'une durée de quelques heures, parfois de jours, parfois avec la participation aussi de membres des organisations national-socialistes. En général le nombre de grévistes n'atteint pas 100, très rarement il dépasse 1000. On peut citer comme exemple en 1934, AEG Berlin-Treptow, Maschinenfabrik Stuttgart-Eßlingen, Fliegerwerft Gotha, Dixi-Werke Eisenach, et en 1935, Völklinger Hütte, Autowerk NSU Neckarsulm, Krupp-Werk Essen. Se produisent également quelques grèves de travailleurs agricoles, comme à la fin d'avril 1934 dans le district Burg près de Magdeburg. Des grèves et actions de protestation sont également organisées parmi les travailleurs occupés dans la construction des autoroutes. Une grève a lieu sur un tronçon entre Hambourg et Brême, en octobre 1934. En été et automne 1935 des travailleurs des autoroutes se mettent en grève sur plusieurs chantiers pour protester contre des arrestations ou licenciements de collègues, notamment le 25 juin, tous les travailleurs du chantier Groß-Rödersdorf en Prusse de l'Est, le 26 juin ceux du chantier Diedersdorf près de Berlin.

Le KJVD contribue substantiellement à l'action organisée dans les entreprises[77]. C'est le cas dans les Siemens- et les AEG-Werke à Berlin, le Krupp-Werk à Essen et les chantiers navals à Hambourg. Il organise la résistance dans les camps du Service du travail national (Reichsarbeitsdienst). Dans certains camps, en 1933, la résistance est si forte que les fascistes sont contraints de les dissoudre, entre autre autour de Berlin, Brême, Germersheim en Baden, Schmalkalden en Thüringen.

En été 1934, existent dans la région de Wuppertal 34 groupes de résistance dans diverses entreprises, que le KPD avait réussi à coordonner dans un cadre unifié, ensemble avec des social-démocrates et des sans-parti[78]. Ces groupes rassemblent plusieurs centaines de travailleurs et interviennent directement dans les conflits au sein des entreprises, publient des journaux et déclenchent des grèves de courte durée. Ils englobent les entreprises de l'industrie du textile et de la métallurgie, l'IG Farben Wuppertal (Bayer), les Elberfelder Elektrizitätswerke et les Wuppertaler Bahnen. Au début de 1936, 628 syndicalistes de la région de Wuppertal sont condamnés à des fortes peines de prison[79].

Dans la région de Rhein-Main, l'activité du KPD est coordonnée jusqu'en 1935 par la direction établie dans la Saar, laquelle, placée sous la responsabilité de H. Wehner, couvre toute l'Allemagne du Sud-Ouest (Pfalz, Hessen, Württemberg, Baden et le Saar)[80]. Dans la région de Rhein-Main, les principaux centres sont Francfort, Offenbach, Darmstadt et Mainz. Dès le printemps 1933, la direction du district Hessen-Frankfurt est frappée par de multiples arrestations, jusqu'à être virtuellement éliminée en 1936-1937.

En Allemagne du Sud, en Baden, Württemberg et Bayern le développement des organisations du Parti suit un chemin similaire[81].

La répression frappe durement les organisations du Parti. À la conférence du Parti dite de Bruxelles, en octobre 1935, un bilan sans doute incomplet est présenté[82]. De 422 cadres dirigeants (membres et collaborateurs du Comité central, cadres dirigeants de district et des organisations associées), 24 ont été assassinés, 219 emprisonnés. Parmi eux, on peut citer: Erich Baron, secrétaire générale de la société des amis de la Russie nouvelle (Gesellschaft der Freunde des neuen Rußlands); Albert Funk, président de la Fédération unitaire des travailleurs des mines d'Allemagne (Einheitsverband der Bergarbeiter Deutschlands); Helene Glatzer, membre de la direction du district Halle; Ernst Putz, président du Comité national paysan (Reichsbauernkomitees); Fiete Schulze, un des dirigeants de l'insurrection de Hambourg en 1923; Franz Stenzer, secrétaire de la direction du district Bavière Sud; Paul Suhr, secrétaire politique de la direction de district Halle-Merseburg; ainsi que Sepp Götz, Walter Häbich, Christian Heuck, Martin Hoop, August Lüttgens, John Schehr, Eugen Schönhaar, Walter Schütz, Rudolf Schwarz, Erich Steinfurth, Georg Stolt. En outre, 125 se trouvent en exil, 41 ont quitté le Parti. Ainsi, des anciens cadres dirigeants seulement 13 continuent à participer à la lutte dans la clandestinité à l'intérieur de l'Allemagne. Pour l'ensemble des membres du Parti, les chiffres sont les suivants: 393 assassinés, 29 condamnés à mort, 21 condamnés à prison à vie, 860 condamnés à de lourdes peines de prison totalisant 3980 années.

Dès juin 1933, 17 directions de district sur 22 ont été arrêtées[83]. Les dirigeants des sections de politique militaire des districts Wasserkante (Hambourg) Friedrich Lux, Prusse de l'Est (Königsberg) Ernst Jordan et Bavière-Sud (Munich) Alfred Fruth ont été assassinés. Particulièrement sévère ont été les arrestations de masse de cadres dirigeants en Prusse de l'Est, Pommern, Berlin et Brandenburg. En automne 1933 la Gestapo a arrêté le dirigeant du comité national de la RGO, Roman Chwalek, et jusqu'en janvier 1934 d'autres cadres dirigeants de la RGO ont arrêtés appréhendés[84]. Durant les années 1933-1935 également, des centaines de membres du KJVD, dont le président Fritz Große, ont été arrêtés[85].

Selon des estimations, au cours des années 1933‑1934, 60 000 communistes ont été arrêtés, 2 000 assassinés, en 1935 le nombre d'arrestations de communistes s'est élevé à environ 15 000[86]. Jusqu'à la fin de 1935 près de 3000 procès ont été intentés contre au moins 18 243 communistes au motif de "reconstitution du KPD illégal"[87]. [Citation dans l'original .] À Berlin, jusqu'à la fin de l'année 1936, dans plus de 20 procès plus de mille membres du Parti ont été condamnés pour haute trahison[88]. Notamment à Köpenick, après l'arrestation en automne 1936 de Friedrich Brückner et d'autres dirigeants, des procès aboutissent à la condamnation de 36 membres du Parti. Pour la région du Rhein-Ruhr, on peut citer les chiffres suivants concernant la répression de militants antifascistes[89]: en 1933, 1408 inculpations, 9 condamnations à mort, 7 condamnations à prison à vie, total des peines de prison 2022 années; en 1934, 2141 inculpations, 4 condamnations à prison à vie, total des peines de prison 4071 années; en 1935, 2763 inculpations, 3 condamnations à mort, 3 condamnations à prison à vie, total des peines de prison 7519 années; en 1936, 873 inculpations, 3 condamnations à mort, 2 condamnations à prison à vie, total des peines de prison 2427 années. À la fin de 1936 la majorité des groupes de résistance communiste sont démantelés[90].

De nombreux militants du RFB sont frappés par la répression[91]. Sont arrêtés: immédiatement après l'incendie de l'Assemblée nationale du 27 février, Ernst Schneller, ainsi que Christian Heuck, dirigeant à Schleswig-Holstein; le 5 mars Etkar André, dirigeant du secteur Wasserkante; le 24 avril, Emil Paffrath, dirigeant national de la Jeunesse; le 21 juin ‑ durant ce qu'on désigne comme la “semaine sanglante de Köpenick[“Köpenicker Blutwoche”] ‑ Josef Spitzer, qui décèdera le 26 juin; le 16 juillet Max Grande, dirigeant du secteur Thüringen; en novembre, August Hoffmann, dirigeant du secteur Saxe de l'Ouest; en juin 1934, Max Benkwitz, dirigeant du secteur Halle-Merseburg. Durant la période 1934/1935, sous la direction du dirigeant national Willi Perk, les groupes du RFB encore existants dans la clandestinité s'intègrent progressivement dans les groupes de lutte antifasciste organisés par le KPD; en 1935 le RFB cesse d'exister en tant qu'organisation propre.

Un grand nombre de militants ayant exercé des fonctions dirigeantes au RFB et de l'organisation de la Jeunesse associée, le “Front de Jeunes rouge” (Rote Jungfront, RJ) perdront leur vie avant la victoire sur la dictature fasciste. Du RFB, notamment: André; Hoffmann; A. Lüttgens (cf. plus haut); Bernhard Bästlein, dirigeant à Remscheid; Gustav Brandt, dirigeant de la “Marine rouge” (“Rote Marine”) ‑ associée au RFB ‑ pour la section Wasserkante; Johannes Eggert, dirigeant local à Königsberg; Ewald Jahnen, membre de la direction du secteur Ruhr; Ernst Schneller, membre de la direction nationale. Du RJ: Rudi Arndt, dirigeant de section à Berlin-Mitte; Wilhelm Boller, dirigeant à Hambourg; Erwin Fischer, dirigeant du secteur Pommern; Rudolf Schwarz, dirigeant à Berlin-Brandenburg.

Durant les années de la dictature national-socialiste, des environ 300 000 membres que comptait le KPD en 1932, environ 150 000 subirent des peines de prison[92]. Le nombre total de communistes assassinés et exécutés s'élève à environ 20 000.

Reconsidération de l'orientation

En mai 1934, dans le cadre du Comité exécutif de l'Internationale communiste sont formées deux commissions en vue de la préparation du rapport d'activité et du rapport de G. Dimitrov pour le 7e Congrès de l'IC[93]. À ces travaux participent entre autres F. Heckert, M. Maddalena et W. Pieck. En juin, Dimitrov adresse une lettre à la commission de préparation de son rapport. En voici des extraits[94]:

D'après le brouillon ci-joint vous voyez comment je conçois le caractère de l'exposé au sujet du 2e point de l'ordre du jour du congrès. En outre je voudrais [...] poser les questions suivantes:

I. Sur la social-démocratie

1. Est-il correct de qualifier la social-démocratie en bloc de social-fascisme? Par cette position nous nous barricadons souvent le chemin vers les travailleurs social-démocrates.

2. Est-il correct de qualifier partout et dans toutes circonstances la social-démocratie d'appui social principal de la bourgeoisie?

3. Est-il correct de considérer tous les groupements social-démocrates de gauche dans tous les cas comme danger principal?

4. Est-il correct de traiter tous les cadres dirigeants du parti social-démocrate et des syndicats réformistes sans exception comme personnes trahissant délibérément la classe ouvrière? Après tout il faut bien supposer qu'au cours de la lutte ensemble avec les travailleurs social-démocrates un bon nombre des cadres à responsabilité actuels du parti social-démocrate et des syndicats réformistes passeront aussi à la voie révolutionnaire; il est dans notre intérêt de leur facilité ce passage par tous les moyens et d'accélérer par là aussi le passage de notre côté des travailleurs social-démocrates.

5. N'est-il pas temps d'en finir avec les palabres inutiles autour de la possibilité ou impossibilité de la conquête des syndicats réformistes, et de formuler plutôt de façon claire et nette parmi leurs membres la tâche de transformer ces syndicats en un outil de la lutte de classe prolétarienne?

6. La question de l'unification des syndicats révolutionnaires et réformistes sans que soit posée la reconnaissance de l'hégémonie du Parti communiste comme condition préalable.

II. Sur le front uni

1. En rapport avec la situation changée notre tactique, elle aussi, doit être changée. Plutôt que de l'utiliser exclusivement comme une manoeuvre pour démasquer la social-démocratie, ans des tentatives sérieuses d'aboutir à l'unité véritable des travailleurs dans la lutte, nous devons la transformer en un facteur efficace du développement de la lutte de masse contre l'offensive du fascisme.

2. Il faut en finir avec l'orientation que le front uni ne peut être créé que par en bas et que toute appel simultané dirigé à la direction du parti social-démocrate est considéré comme opportunisme.

3. L'initiative combattive des masses doit être déployée sans tutelle mesquine des organes de front uni par le Parti communiste; pas de déclamations sur l'hégémonie du Parti communiste, mais réalisation de la direction par le Parti communiste dans la pratique.

4. Note approche des travailleurs social-démocrates et sans-parti doit changer de fond en comble, en ce qui concerne tout notre travail de masse, l'agitation, la propagande. Nous ne devons pas nous limiter à des affirmations générales sur la trahison de la social-démocratie, mais devons expliquer aux travailleurs concrètement, patiemment et de façon convaincante, où mène et a déjà mené, la politique social-démocrate de coopération avec la bourgeoisie. Ne pas rejeter la faute pour tout sur les dirigeants social-démocrates, mais souligner aussi la responsabilité des travailleurs social-démocrates eux-mêmes, les obliger à réfléchir au sujet de leur propre responsabilité, les obliger à chercher le chemin correcte pour la lutte, etc.

[Citation dans l'original .]

Face à la situation concrète qui s'impose durablement, le KPD tente de déterminer progressivement les positions appropriées. Ainsi la question de l'activité syndicale est soumise à une révision. Fin juillet-début aout, se tient une réunion du Comité central du KPD, à laquelle participent des cadres dirigeants de district et d'entreprises[95]. Le 1er aout, est adoptée la résolution "La création du front uni des masses travailleuses dans la lutte contre la dictature de Hitler". [Documents ] Le Parti abandonne l'orientation consistant à maintenir une structure syndicale séparée propre au Parti, et la RGO sera dissoute en février 1935[96].

À l'occasion du soi-disant référendum populaire au sujet de la loi procédant à la fusion des fonctions de président et de chancelier en la personne d'A. Hitler, qui doit se tenir le 19 aout 1934, le Comité central du KPD appelle à la création du front populaire antifasciste[97]. Voici un extrait d'un tract allant en ce sens[98]:

Nous communistes nous adressons à tous les ennemis de la dictature hitlérienne, à tous les social-démocrates, syndicalistes, à tous les actifs, à tous les groupes et organisations qui sont prêts à lutter contre le fascisme, à édifier ensemble avec nous la grande unité de lutte antifasciste, le front populaire contre Hitler, contre la dictature fasciste du capital.

[Citation dans l'original .]

Au cours de l'automne 1934, des divergences se maintiennent au sein du Bureau politique quant à la façon d'adapter les positions du Parti à la nouvelle situation[99]. La majorité du Bureau politique (H. Schubert, F. Schulte, W. Florin, F. Dahlem et F. Heckert) est réticente vis-à-vis d'un changement de ligne, d'autres (Paul Bertz, P. Merker, W. Pieck, W. Ulbricht et H. Wehner) y sont favorables. Le 27 octobre le Secrétariat politique du Comité exécutif de l'IC critique certains aspects des positions majoritaires au sein du CC du KPD[100].

En janvier 1935, le secrétariat politique du Comité exécutif de l'IC mène des discussions avec le Bureau politique du Comité central du KPD, des responsables nationaux et de Berlin, ainsi que du KJVD[101]. Le 19 janvier est adoptée une résolution critiquant la ligne de la majorité du Bureau politique. Fin janvier se tient, à Moscou, une réunion du Comité central du KPD. Autour de W. Florin, F. Dahlem, F. Heckert, W. Pieck et W. Ulbricht, une majorité se constitue au sein du Bureau politique en opposition aux orientations en vigueur. H. Schubert et F. Schulte restent isolés. Le 30 janvier, une résolution "Front uni prolétarien et Front populaire antifasciste pour le renversement de la dictature fasciste" est adoptée à l'unanimité par le CC. [Documents ] Elle affirme:

Révolution populaire pour une Allemagne libre et socialiste du pouvoir des conseils

[Citation dans l'original .]

À la fin de 1934 et en 1935 un certain nombre d'accords de front unique sont conclus au niveau local, entre le KPD et d'autres forces politiques, par exemple à Mannheim, München-Gladbach, Wuppertal, dans la région à l'ouest du Rhin, en Haute-Silésie, en Niedersachsen[102]

Du 21 au 25 juin 1935 se tient le “Congrès international des écrivains pour la défense de la culture", à Paris[103]. [Citation dans l'original .] À cette occasion, Wilhelm Koenen, au nom de la direction du KPD, tente d'arriver à une entente avec des dirigeants social-démocrates et des écrivains bourgeois de gauche, au sujet d'une action commune contre le régime hitlérien et la constitution d'une organisation à cet effet. Divers discussions sont par ailleurs menées dans un sens similaire au cours de l'été 1935 entre personnalités politiques susceptibles de participer à une telle initiative. Un cercle se cristallise qui se conçoit dans un premier temps comme “Comité provisoire pour la préparation d'un front populaire allemand” (“Vorläufiger Ausschuß zur Vorbereitung einer deutschen Volksfront”) et se consolide en septembre comme “Comité préparatoire pour la création d'un front populaire allemand” (“Vorbereitender Ausschuß zur Schaffung einer deutschen Volksfront”)[104]. Il apparait publiquement comme “Comité d'action pour la liberté en Allemagne” (Aktionsausschuß für Freiheit in Deutschland). Ce comité est présidé par l'écrivain Rudolf Leonhard. Il compte parmi ses membres: Koenen, Rudolf Breitscheid (ex-président de la fraction du SPD à l'Assemblée nationale), Max Braun (ex-président du SPD dans le Saargebiet), les écrivains Heinrich Mann et Lion Feuchtwanger.

Du 25 juillet au 20 aout 1935 se tient le 7e Congrès mondial de l'Internationale communiste, à Moscou[105]. Il réunit 371 délégués avec voix délibérative et 139 délégués avec voix consultative, représentant 65 des 76 partis adhérant à l'IC. Le rapport d'activité du Comité exécutif est présenté par W. Pieck [Documents ] et une résolution correspondante est adoptée. [Documents ] G. Dimitrov présente un rapport sur "L'offensive du fascisme et les tâches de l'Internationale communiste dans la lutte pour l'unité de la classe ouvrière contre le fascisme" [Documents  et ] Palmiro Togliatti présente un rapport sur "La préparation de la guerre impérialiste et les tâches de l'Internationale communiste". Dimitri S. Manuilskij présente un rapport sur "Les résultats de l'édification socialiste en Union soviétique". La délégation allemande comprend 30 membres, notamment A. Ackermann, F. Dahlem, Philipp Dengel, Hugo Eberlein, W. Florin, Walter Hähnel, F. Heckert, Karl Mewis, W. Pieck, Elli Schmidt, W. Ulbricht, Kurt Siegmund[106].

Parmi les 47 membres du Comité exécutif de l'IC élu à l'unanimité par le congrès, on peut citer: G. Dimitrov en tant que secrétaire général, Jacques Duclos, William Foster, Klement Gottwald, O. W. Kuusinen, Julian Leński, D. S. Manuilskij, Harry Pollitt, Luis Carlos Prestes, Maurice Thorez, P. Togliatti; parmi les 33 candidats, Dolores Ibárruri[107]. En ce qui concerne le KPD, on peut noter: parmi les membres W. Florin, F. Heckert, W. Pieck, E. Thälmann; parmi les candidats, F. Dahlem et W. Ulbricht; en outre Ph. Dengel faisait partie de la Commission internationale de contrôle. Pieck est également élu membre du Présidium et du Secrétariat du Comité exécutif[108]. La composition complète du Comité exécutif est la suivante[109].

Comme membres: B. Bortnowski (pseudonyme Bronkowski), E. Browder, T. Buck, M. Cachin, Chang Kuo‑tau, Chen Shao-Yü (pseudonyme Wang Ming), Chou En-lai, J. Díaz, G. Dimitrov, J. Duclos, N. Ezov, W. Florin, W. Z. Foster, W. Gallacher, B. Gonçalves (pseudonyme A. Quierós), K. Gottwald, G. Greenberg (pseudonyme Green), R. Grieco (pseudonyme Garlandi) , R. Guyot (Raymond, pour l'ICJ), F. Heckert, Sh. Ichikawa, V. Kolarov, J. Koplenig, B. Köhler, B. Kun, O. Kuusinen, Lé Hông Phong (pseudonyme Chayen), J. Leszczyński (pseudonyme Leński), S. Linderot, D. Manuilskij, Mao Tse-tung, A. Marty, S. Nosako (pseudonyme S. Okano), W. Pieck, H. Pollitt, L. Prestes, M. Rákosi, Salim‑Abud, J. Staline, B. Stefanov, E. Thälmann, M. Thorez, P. Togliatti (pseudonyme Ercoli), M. A. Trilisser (pseudonyme M. Moskvin), L. de Visser, N. Zachariades (pseudonyme Dimitriu), A. Zdanov.

Comme candidats: B. Bradley, F. Calderio (pseudonyme Blas Roca), J. Campbell, V. Cemodanov, Chin Pang-hsien (pseudonyme Po Ku ou Bo Gu), J. Cizinski (pseudonyme M. Gorkič), F. Dahlem, K. Dernberger, S. Dimitrov (pseudonyme Stojnov), G. Dozza (pseudonyme Furini), R. P. Dutt, J. Ford, B. Frachon, R. Ghioldi, S. Gopner , D. Ibárruri Gómez (Dolores), J. Jaquemotte, Kang-Sheng (pseudonyme Kon Sin), J. Krumins, A. Lozovskij, E. Lövlien, J. Paszyn (pseudonym Bielewski), B. Popov, E. Próchniak, C. Schalker, L. Sharkey, V. Siroký, J. Sverma, A. Tuominen, W. Ulbricht, J. Varga, M. Wolf (pseudonyme Michal), A. Zápotocký,

Le présidium est compose de la façon suivante. Comme membres: Cachin, Dimitrov, Togliatti, Florin, Foster, Gottwald, Kolarov, Koplenig, Kuusinen, Leszczyński, Manuilskij, Marty, Trilisser, Nosako, Pieck, Pollitt, Staline, Thorez, Chen Shao-Yü; comme candidats: Bortnowski, Browder, Gallacher, Grieco, Heckert, Köhler, Kang-Sheng, Linderot, Lozovskij, Wolf, Guyot, Tuominen.

Dimitrov est désigné comme secrétaire général, les membres du secrétariat sont Gottwald, Kuusinen, Manuilskij, Marty, Pieck, Togliatti, avec comme candidats Chen Shao-Yü, Florin, Trilisser.

Le 26 septembre 1935 se tient une rencontre entre opposants au régime, à l'hôtel Lutetia à Paris[110]. Elle est le résultat de négociations menées à Paris après le 7e Congrès de l'Internationale communiste, au nom de la direction du KPD, par W. Koenen et Wilhelm Münzenberg avec des cadres social-démocrates, dont M. Braun, R. Breitscheid, Victor Schiff, ainsi que des représentants de l'opposition bourgeoise, dans la prolongation du Comité d'action pour la liberté en Allemagne (cf. plus haut). La réunion est présidée par H. Mann. Parmi les 51 participants on compte 4 communistes (dont Koenen et Münzenberg), 22 social-démocrates (dont Braun, Schiff, et des représentants de deux autres organisations, le Parti ouvrier socialiste d'Allemagne (Sozialistische Arbeiterpartei Deutschlands, SAP) et les Socialistes révolutionnaires (Revolutionäre Sozialisten), ainsi que 25 représentants de l'opposition bourgeoise. À l'issue des délibérations, est formé un bureau présidé par H. Mann, comprenant Münzenberg, Braun, Georg Bernhard, Leopold Schwarzschild, Otto Klepper (coopté en son absence), Emil Julius Gumbel; des sièges sont réservés pour des représentants (un dans chaque cas) respectivement des catholiques, du comité exécutif du SPD à Prague et des syndicats dits libres (c'est-à-dire l'ADGB, et les fédérations associées que sont l'Afa-Bund et l'ADB)[111]. Ce bureau est chargé d'organiser des discussions ultérieures à une échelle plus large. Schwarzschild et Bernhard sont chargés d'élaborer un "projet de programme " et une "constitution pour l'Allemagne nouvelle".

Du 3 au 15 octobre se tient la 4e Conférence nationale du KPD, près de Moscou, appelée pour des raisons de clandestinité “Conférence de Bruxelles”[112]. Ultérieurement, elle est considérée comme 13e Congrès du KPD. C'est la première conférence du Parti depuis la prise du pouvoir par les national-socialistes.

À cette conférence participent 38 délégués avec voix délibérative ainsi que quelques observateurs, en tout environ 45 à 50 communistes, dont notamment des membres du Comité central et du Bureau politique, des représentants d'organisations clandestines du Parti en Allemagne et dans des pays d'émigration, ainsi que des cadres d'organisations de masse du Parti. Parmi eux on peut citer: Alexander Abusch, A. Ackermann, F. Dahlem, Ph. Dengel, W. Florin, Richard Gladewitz, W. Hähnel, F. Heckert, Erich Jungmann, Wilhelm Knöchel, Robert Lehmann, P. Merker, K. Mewis, Ulrich Osche, W. Pieck, E. Schmidt, Emil Schmittinger, H. Schubert, F. Schulte, Sepp Schwab, Walter Trautzsch et W. Ulbricht.

Le Comité exécutif de l'Internationale communiste est représenté par P. Togliatti, membre du Présidium et du Secrétariat du CE. En outre assiste à une partie des réunions, D. S. Manuilskij, membre du Présidium et du Secrétariat du CE. Quelques collaborateurs du CE ainsi que des représentants des Partis communistes de France, d'Angleterre et de Chine y participent également.

Les délégués allemands viennent de différents districts, entre autres: Berlin, Brême, Danzig, Frankfurt (Main), Hambourg, Niederrhein, Haute Silésie, Ruhrgebiet, Saargebiet, Saxe[113]. Certains ont participé au 7e Congrès de l'Internationale communiste.

Le rapport principal du bureau politique, sur "L'expérience et les enseignements du travail du parti allemand en rapport avec les résolutions du 7e Congrès mondial de l'Internationale communiste" est présenté par W. Pieck[114]. [Documents ] W. Florin présenta un rapport du bureau politique sur "l'application concrète des résolutions du 7e Congrès mondial de l'Internationale communiste". [Documents ] Au nom du Bureau politique, trois autres rapports furent présentés par W. Ulbricht, A. Ackermann et F. Dahlem. Celui d'Ulbricht, membre du Bureau politique, avait pour sujet "le travail dans le Front du travail allemand et la reconstruction des syndicats libres"; celui d'Ackermann "le combat du Parti pour gagner la jeunesse travailleuse"; et celui de Dahlem "Édification du Parti et travail de masse". [Citation dans l'original .] Durant les discussions, 38 délégués présentent 54 contributions, dont K. Mewis, P. Bertz, R. Gladewitz, W. Trautzsch, W. Knöchel[115].

P. Togliatti, membre du Présidium et du Secrétariat du Comité exécutif de l'Internationale communiste, déclare: [Documents ]

L'expérience que votre Parti a acquise avant et après l'instauration de la dictature fasciste, se trouvaient au centre du Congrès (7e Congrès de l'IC). D'autant plus est posé devant vous la responsabilité de la tâche de créer toutes les conditions nécessaires à la mise en oeuvre des décisions du 7e Congrès mondial.

[Citation dans l'original .]

Les documents élaborés par la Conférence pour fixer l'orientation du Parti, notamment la Résolution "La voie nouvelle pour la lutte en commun de tous les travailleurs. Pour le renversement de la dictature de Hitler!" [Documents ] et le Manifeste "Au peuple travailleur allemand" [Documents ], sont adoptés à l'unanimité. Ces textes sont examinés par ailleurs, dans le texte "1933-1945: Démocratie populaire" .

Le Comité central élu à la Conférence de Bruxelles est composé de 15 membres, à savoir: A. Ackermann, P. Bertz, F. Dahlem, L. Flieg, W. Florin, W. Hähnel, F. Heckert, P. Merker, W. Münzenberg, W. Pieck, E. Schmidt, E. Thälmann, W. Ulbricht, H. Wehner, Heinrich Wiatrek, et de 3 candidats, à savoir: W. Knöchel, Wilhelm Kowalski, K. Mewis[116]. E. Thälmann est confirmé en tant que dirigeant du Parti, et Pieck est chargé de le remplacer en tant que président, tant qu'il reste en prison. Le Bureau politique est composé de Dahlem, Florin, Heckert, Merker, Pieck, Thälmann et Ulbricht comme membres, ainsi qu'Ackermann et Wehner comme candidats. Le siège du Comité central est établi à Moscou.

Raffermissement de la résistance

Au cours de la première réunion du Comité central élu à la Conférence de Bruxelles, le 15 octobre 1935, le Bureau politique constitue une direction opérationnelle à l'étranger [Auslandsleitung][117]. Elle est présidée par les membres du Bureau politique F. Dahlem, P. Merker et W. Ulbricht; en font partie en outre les candidats du Bureau politique A. Ackermann et H. Wehner. Y sont rattachés également P. Bertz et E. Schmidt[118]. Wehner en sera révoqué quelques mois plus tard pour infraction aux impératifs de la clandestinité.

En juin 1936, les attributions des membres de cette direction opérationnelle à l'étranger sont redéfinies, en particulier Ulbricht est désigné comme secrétaire du bureau politique[119]. Le 1er octobre 1936 l'organisme devient "secrétariat du comité central" et son siège est transféré de Prague à Paris. Ses membres rencontrent régulièrement les membres du Bureau politique restant à Moscou, W. Florin, F. Heckert et W. Pieck, pour des délibérations[120]. Le but de ces réunions est de maintenir une liaison continue avec le Comité exécutif de l'Internationale communiste et les autres sections de l'IC, d'organiser la formation de cadres dans les écoles de l'IC en Union soviétique et de mettre en place un système de liaison avec les organisations du Parti en Allemagne qui puisse fonctionner même en temps de guerre. La direction opérationnelle à l'étranger du Bureau politique est chargée de la direction directe des organisations du Parti en Allemagne et dans les pays d'émigration. Dans ce but, elle publie le Rote Fahne, l'Internationale ainsi que d'autres matériaux et s'appuie dans son activité sur des directions de section créées fin 1935‑début 1936 dans les pays limitrophes de l'Allemagne puisqu'il n'est pas pour l'instant possible de créer une direction opérationnelle en Allemagne même.

En effet, la dernière Direction de l'intérieur [Landesleitung] du KPD à Berlin a été arrêtée peu après sa mise en place, ses dirigeants assassinés[121]. La direction des groupes de résistance restés intacts avec lesquels la direction en exil était encore en contact, est assumée à partir de 1935 par les directions de section [Abschnittsleitungen]. La direction de section Centre est établie à Prague, elle est responsable de Berlin, Allemagne du Centre et de l'Est (en 1938 elle se transfèrera à Malmö). La direction de section Nord a son siège à Copenhague et s'occupe de l'Allemagne du Nord. La direction de section Ouest se trouve à Amsterdam et est en charge du Rheinland et de Westfalen, avant tout du Ruhrgebiet. La direction de section Sud-Ouest est établie à Bruxelles et est responsable d'une partie de l'Allemagne de Sud-Ouest (Mittelrhein). La direction de section Sud a son siège à Zürich et s'occupe de l'Allemagne du Sud. En octobre 1935, Wilhelm Firl et Martin Hoffmann sont chargés par la direction d'extérieur d'agir comme centre de liaison à l'intérieur à partir de Berlin, pour diriger les organisations du Parti dans quelques régions[122]. Mais le 30 janvier 1936 Firl st arrêté, puis exécuté le 17 aout 1937.

Parmi les cadres appartenant aux directions de section on peut citer Willi Adam, Hans Beimler, Conrad Blenkle, Philipp Daub, Erich Gentsch, K. Mewis, Otto Niebergall, Siegfried Rädel, S. Schwab, Paul Verner et Herbert Warnke[123]. La direction opérationnelle à Paris entretient aussi des relations directes avec des organisations du Parti dans d'importantes usines d'armement, par exemple dans le Siemens-Konzern, les Borsig-Werke et d'autres usines à Berlin. Progressivement sont formés des organisations du Parti dans des usines et dans les organisations de masse fascistes, à Berlin, Hambourg, dans la région du Rhein-Ruhr, dans la Saar, en Saxe et ailleurs.

À Berlin existent des organisations du Parti par exemple dans les Werner-, Schalt-, Elektromotoren- et Dynamo-Werke du Siemens-Konzern et dans la Berliner Verkehrsgesellschaft[124]. À Cologne, au printemps de 1936 des cadres dirigeants de l'organisation du Parti sont arrêtés (notamment Otto Kropp à la fin de mars, il sera exécuté le 25 mai 1937), mais des militants et cadres isolés et des groupes du Parti établissent des relations entre eux et reconstituent des organisations dans les entreprises, par exemple dans les Ford-Werke, la Gasmotoren-Fabrik Deutz et les entreprises municipales, en particulier le tramway. À Leipzig les communistes sont organisés dans environ 20 grandes entreprises, dont la Hasag, les Köllmann-Werke, la Pittler AG. À Dresde l'activité du Parti est organisée notamment par Herbert Bochow, Albert Hensel, Fritz et Eva Schulze ainsi que Karl Stein. Des groupes organisés existent dans des grandes entreprises à Chemnitz. Dans la région de Mansfeld des groupes existent entre autre dans la centrale de la Kochhütte et le Wolfschacht ainsi qu'à Helbra. À Magdeburg des organisations du Parti existent dans plus de 20 entreprises; l'un des principaux militants du Parti y est Hermann Danz.

À Mannheim Georg Lechleiter, Jakob Faulhaber et d'autres cadres établissent des organisations du Parti dans des entreprises. À Stuttgart des organisations existent dans les entreprises des Bosch-, AEG- et Daimler-Konzerns. Edward Funke de la direction de section Sud entretient des liaisons avec Stuttgart; il est arrêté en mai 1936, il sera exécuté le 4 mars 1938. À Munich existaient des organisations du Parti dans les Agfa- et les BMW-Werke. À Stettin des organisations du Parti existent dans le port, et dans les Oder-Werke. En Silésie des organisations du Parti existent à Gleiwitz, Groß-Strehlitz, Kosel. Avec un effort particulier porté aux entreprises d'armement, l'activité du Parti se développe à Bitterfeld, Halle et dans la Saar.

Après la conférence de Bruxelles, la direction du KPD renouvèle ses efforts pour arriver à un accord d'action commune avec le comité exécutif en exil du parti social-démocrate[125]. Le 23 novembre 1935 un entretien eut lieu à Prague entre F. Stampfer et Hans Vogel représentant la direction social-démocrate, et F. Dahlem et W. Ulbricht du Comité central du KPD, au sujet de la proposition faite par le CC de décider des actions communes contre la terreur fasciste et la politique de guerre du régime national-socialiste. Stampfer et Vogel transmettent à leurs interlocuteurs la réponse négative, décidée par la direction social-démocrate au motif qu'un tel accord pourrait empêcher des relations entre les sociaux-démocrates et les forces politiques bourgeoises.

Le 22 novembre 1935 se tient une deuxième rencontre à l'hôtel Lutetia, réunissant 44 opposants au régime national-socialiste[126]. Le social-démocrate V. Schiff se prononce en faveur du front uni avec le KPD, se démarquant ainsi du comité exécutif en exil du parti social-démocrate. Le représentant du SAP, Paul Frölich, se prononce contre la politique de front populaire du KPD et se déclare uniquement prêt pour des arrangements limités dans l'émigration, comme par exemple une action commune de protection contre les espions. La session n'adopte pas de résolutions. R. Breitscheid reste à l'écart.

Le 2 février 1936 se tient une troisième rencontre d'opposants au régime national-socialiste, à Paris[127]. Y participent environ 100 personnes, dont 20 communistes, 27 social-démocrates, 3 cadres du SAP, 1 représentant de la Ligue de combat socialiste internationale (Internationaler sozialistischer Kampfbund, ISK), 4 catholiques et 37 représentants de l'opposition bourgeoise. Parmi les communistes, on peut citer W. Münzenberg, F. Dahlem, Adolf Deter[128]; parmi les social-démocrates, M. Braun et R. Breitscheid. Au cours des discussions, Breitscheid se prononce en faveur d'un rapprochement entre communistes et social-démocrates. Une commission est chargée d'élaborer une plateforme pour le rassemblement de tous les groupes oppositionnels et un programme relatif au futur régime politique de l'Allemagne. Dans le cadre de cette commission, se déroulent des discussions prolongées sur le caractère du document à élaborer ainsi que sur la nature de l'ordre qui devraient être établi après le renversement de la dictature[129]. Certains représentants bourgeois visent à un état similaire à la République instaurée en 1918. Quelques représentants du SAP demandent l'instauration immédiate de la dictature du prolétariat. Les participants adoptent un manifeste. [Documents ]

En été 1935 encore, la direction du KPD affirme son intention d'élaborer un programme concernant l'Allemagne après le renversement du régime national-socialiste, uniquement quand seraient présentes certaines prémisses. Comme le note un membre de la direction du Parti (W. Pieck ou W. Florin): "Lettre à tous les adversaires du fascisme, dans laquelle sont traitées les questions de la voie vers le renversement de Hitler. (Programme seulement plus tard quand données des prémisses"[130]. [Citation dans l'original .] Or, rapidement le Parti se laisse entrainer, sous la pression des alliés en puissance, sur une autre voie. Dans les conversations avec les représentants de certaines forces d'opposition, à Paris, ceux-ci abordent, dès aout 1935, la question de savoir ce qui devra se passer après la chute de Hitler. Toutefois au sein du KPD ces questions font surgir des divergences. Ainsi par exemple un rapport du KPD sur les pourparlers avec la direction du SPD, en novembre 1935, regrette que les représentants social-démocrates "mettent au centre l'adoption de positions de principe concernant la démocratie" au lieu d'aborder "les questions concrètes des prochains pas dans la lutte contre le fascisme"[131]. [Citation dans l'original .] Voici ce que note W. Pieck au sujet de la position KPD[132]:

[Le 21 janvier 1936, la partie du Bureau politique présent à Prague a donné] instruction pour la position de nos camarades à cette discussion [la conférence à l'Hôtel Lutetia le 2 février 1936] [...] que les discussions doivent être axées principalement sur l'aide pour le pays et que le centre du débat doit porter sur l'examen de tâches d'actualité, lutte contre hausse des prix et terreur,. En outre la rencontre devait être mise à profit pour amener les sociale-démocrates présents à prendre position sans équivoque sur la question du front uni, en particulier en ce qui concerne un accord du CC du KPD avec le comité exécutif du SPD.

[Citation dans l'original .]

En février 1936, W. Ulbricht déclare que l'adoption d'un accord avec la direction du SPD a échoué avant tout parce qu'une position commune au sujet de "ce qui viendra après Hitler", une question qui pour les représentants du SPD est "manifestement ce qu'il y a de plus important", est impossible à réaliser[133]. [Citation dans l'original .] Ulbricht, dans un mémorandum daté du 11 mars à destination du CE de l'IC, fait valoir que le Bureau politique du KPD a adopté en novembre 1935 une directive contre l'éventualité d'élaboration d'un programme[134].

En mars 1936, le présidium du Comité exécutif de l'Internationale communiste met en place une commission afin de résoudre ces problèmes[135]. Y participent G. Dimitrov, D. S. Manuilskij, P. Togliatti, Mikhail A. Trilisser sous le pseudonyme M. Moskvin et F. Dahlem. Les débats tenus les 14 et 15 mars, aboutissent à l'adoption, le 17, d'une résolution par le Secrétariat du CE de l'IC[136]:

En partant de la nécessité de réaliser un large front des adversaires d'Hitler, le Parti doit déclarer que nous communistes, qui sommes pour le pouvoir des soviets, sommes prêts à lutter avec toutes les forces opposées à Hitler, pour une Allemagne démocratique dans laquelle le peuple allemand décidera lui-même du régime. Nous sommes prêts à conclure des accords en ce sens avec tous les adversaires de Hitler et nous engager sérieusement pour leur mise en oeuvre. En ce sens le Parti doit prendre l'initiative de proposer un projet d'une plateforme du front populaire contre le fascisme et la guerre. Le point de départ de cette plateforme doit être le danger de guerre. En lien avec une perspective claire offerte par cette plateforme en vue du renversement de Hitler et avec l'engagement pour une Allemagne démocratique, doivent y être contenues aussi les revendications les plus actuelles des travailleurs et des différentes couches de la population travailleuse (ainsi que des revendications relatives à la culture, la jeunesse, l'église etc.).

[Citation dans l'original .]

Suite à cette résolution, le Bureau politique du KPD publie une déclaration "Après la duperie électorale de Hitler. Déclaration du bureau politique du KPD pour le regroupement de toutes le forces antihitlériennes"[137]:

Le KPD veut le front populaire antifasciste pour le renversement de Hitler, et il est prêt à lutter ensemble avec toutes les forces antihitlériennes, pour une Allemagne démocratique dans laquelle le peuple allemand décidera lui-même du régime. Le KPD considère comme un progrès important le rétablissement de droits bourgeois-démocratiques, malgré le fait qu'il s'efforce à atteindre des objectifs allant au-delà. La lutte pour les libertés démocratiques, pour la plus grande liberté d'action aujourd'hui, est étroitement liée à la réalisation d'un régime démocratique après le renversement de Hitler. Ces tâches peuvent être résolues seulement sur la voie du mouvement de masse pour la liberté, la paix et le pain.

[Citation dans l'original .]

Du 21 au 31 mars 1936 se tient une réunion du Présidium du Comité exécutif de l'Internationale communiste au sujet de la question du danger de guerre. W. Pieck présente un rapport au nom du KPD. Le 1er avril est adoptée un texte "Résolution au sujet de la question du danger de guerre": [Documents ]

[...] Le fascisme qui impose le maintien de son pouvoir par une guerre intérieure contre les masses populaires de son propre pays, est devenu un danger de guerre direct pour les pays du monde entier. Après avoir soumis à sa servitude son propre peuple, il avance maintenant flambeau de la guerre en main vers l'attaque d'autres peuples. C'est pourquoi aujourd'hui la tâche centrale pour l'ensemble du prolétariat international est de réfréner les incendiaires fascistes et la lutte pour préserver la paix. [...] Les communistes qui inlassablement doivent souligner que seul le pouvoir du prolétariat peut garantir une défense fiable du pays ainsi que son indépendance, s'engageront face à une menace immédiate de la part de l'agresseur fasciste, en faveur de la formation d'un gouvernement de front populaire qui en prenant des mesures énergiques contre le fascisme et les éléments réactionnaires dans le pays, contre les agents et larbins des fauteurs de guerre et en assurant le contrôle des masses organisées sur la défense nationale, favorisera la capacité de défense du peuple contre l'agresseur fasciste. Dans la mesure cependant où aujourd'hui le pouvoir se trouve aux mains de gouvernements bourgeois qui n'offrent aucune garantie pour une défense nationale véritable et qui ont recours aux forces armées de l'état contre la population travailleuse, les communistes ne sont pas en position d'assumer une quelconque responsabilité pour les mesures de défense de ces gouvernements et par conséquences prennent position contre la politique militaire du gouvernement et contre le budget militaire. [...] Dans les pays avec un gouvernement fasciste, qui agissent en incendiaires, les communistes doivent mettre au centre de la lutte des masses contre la dictature fasciste, l'objectif de démasquer la démagogie chauvine ainsi que la préparation idéologique de la guerre, et doivent mobiliser toutes les forces pour empêcher la catastrophe d'une guerre dans laquelle le fascisme vise à précipiter le peuple. [...]

En opposition aux résolutions de la conférence de Londres de la IIe Internationale et de l'Internationale syndicale d'Amsterdam, les communistes déclarent leur disposition à la lutte en commun pour la revendication d'un pacte général d'assistance mutuelle et de garantie de sécurité en incluant l'Union soviétique, pour la revendication du démantèlement des armements et pour des mesures efficaces contre les fauteurs de guerre.

[Citation dans l'original .]

Durant la réunion du cercle de Lutetia tenue le 2 février 1936, un comité restreint a été mis en place, initialement composé de 12 membres; le 22 avril il est élargi à 15 membres, puis encore remanié en mai[138]. Les 8 et 9 juin se tient à Paris une session, partiellement élargie, des représentants des partis ouvriers et du Comité préparatoire pour la création d'un front populaire allemand. Elle adopte officiellement la dénomination "Comité pour la préparation d'un front populaire allemand" ("Ausschuß zur Vorbereitung einer deutschen Volksfront"). Parmi ses membres figurent alors W. Münzenberg, H. Wehner (en remplacement de W. Koenen auquel s'était substitué dans un premier temps Ph. Dengel), A. Deter (en remplacement de F. Dahlem) pour les communistes; R. Breitscheid, Albert Grzesinski, M. Braun pour les social-démocrates[139]. La question du programme reste ouverte. Le 17 juin, au cours de plusieurs discussions de W. Pieck avec des cadres social-démocrates, des partisans des Socialistes révolutionnaires et des cadres du SAP, est examiné une esquisse de ce que devra être la plateforme politique du front populaire, soumise par Pieck[140]. Ensuite Pieck communique ces propositions à H. Mann, président du Comité. Celui-ci les approuve. Pour ses discussions avec G. Dimitrov et P. Togliatti, Pieck note néanmoins: "Ici cependant quelques problèmes - si la question de l'expropriation - si le socialisme comme but"[141]. [Citation dans l'original .]

Entre le 11 et le 24 juin 1936 se tient une réunion élargie du Bureau politique du KPD, à Paris, avec la participation de trois cadres dirigeants d'Allemagne[142]. W. Pieck et W. Florin arrivent de Moscou. D'Allemagne participent pour quelques jours les dirigeants de section suivants: E. Schmidt alias Irene Gärtner pour Berlin, K. Mewis alias Karl Arndt pour le Wasserkante, "Kurtz" (vraisemblablement Willy Langrock, de Leipzig) pour la région de Saxe. Pieck présente un document matérialisant la proposition au sujet de laquelle il avait recueilli l'avis précédemment au Comité de front populaire, les "Lignes directrices pour l'élaboration d'une plateforme politique pour le front populaire allemand". [Documents ] La réunion adopte les "Lignes directrices". Est également adoptée un texte "Résolution au sujet du déploiement renouvelé du mouvement des syndicats libres". [Citation dans l'original .] Elle se prononce pour la construction d'un mouvement syndical unitaire réunissant des communistes, social-démocrates, militants des syndicats dits libres et des syndicats chrétiens. Elle inclut parmi les moyens que les syndicalistes assument des fonctions dans le DAF. Est adopté un texte "Manifeste: Front populaire contre la politique de guerre de Hitler, pour la préservation de la paix et pour une Allemagne démocratique". [Documents ]

Du 8 au 10 mai 1936 se tient à Paris une réunion du Bureau international pour l'unité socialiste révolutionnaire (Internationales Büro für revolutionäre sozialistische Einheit), dont fait partie le SAP[143]. La majorité des partis rejette l'éventualité d'un rapprochement vis-à-vis du mouvement de front populaire. Du 16 au 18 mai, se tient à Bruxelles une réunion de l'exécutif de l'Internationale socialiste ouvrière (Sozialistische Arbeiterinternationale, SAI). Il refuse de participer à des actions communes avec l'Internationale communiste[144].

Le 29 juillet 1936, les représentants des partis ouvriers dans la commission de programme du Comité de front populaire décident d'élaborer un appel au peuple allemand, plutôt qu'un programme du front populaire; puis le 17 aout, ils adoptent un projet de texte en ce sens, devant servir de base à une élaboration ultérieure[145]. Une discussion importante à ce sujet a lieu le 21 octobre[146]. La décision de publier un appel commun est confirmée; il est décidé qu'il ne fera pas référence à la république démocratique. Sur ce point les positions majoritaires diffèrent de l'orientation à laquelle le KPD a abouti au cours des débats mentionnés plus-haut. (Cf. à ce sujet le texte "1933-1945: Démocratie populaire" .) Finalement, le 21 décembre, le Comité de front populaire adopte l'appel "Formez le front populaire allemand! Pour la paix, la liberté et le pain!"[147]. [Documents ] Il est signé par 14 représentants du KPD, dont A. Ackermann, F. Dahlem, Ph. Dengel, W. Florin, W. Koenen, P. Merker, W. Pieck, W. Ulbricht, 20 représentants du SPD, dont M. Braun, R. Breitscheid, A. Grzesinski, 10 représentants du SAP et 28 intellectuels.

Dans la période consécutive, des changements ont lieu dans la composition de la représentation du KPD au Comité de front populaire[148]. À la fin de 1936, F. Dahlem se rend en Espagne en tant qu'émissaire du Comité exécutif de l'International communiste et du Bureau politique du KPD; H. Wehner se rend à Moscou au début de 1937 et sera finalement mis à disposition du Secrétariat du Comité exécutif de l'IC; W. Münzenberg sera écarté durant l'année 1937, le 22 mars 1938 il sera exclu du Comité central du KPD et dessaisi de toutes les fonctions, le 6 mars 1939 il sera exclu du Parti. À l'issue de ces évènements, le KPD est représenté au Comité de front populaire par W. Ulbricht et P. Merker.

Les 10 et 11 avril 1937, se tient une réunion du Comité de front populaire, à Paris. Elle élabore un document "Adresse au peuple allemand"[149]: [Documents ]

Lorsque Hitler affirme que l'Allemagne nécessiterait de l'espace nouveau pour créer de nouvelles possibilités d'existence pour le peuple allemand - alors nous répondons: Notre peuple nécessite la paix! Il suffit d'abolit l'économie de guerre obligatoire à la campagne, et il n'y aura plus de pénurie de vivres. Si les forces économiques et financières du pays n'étaient pas gaspillées pour la production de guerre, alors il y aurait tout le nécessaire pour l'approvisionnement du peuple. [...] Socialistes, communistes, démocrates, adeptes de toutes confessions, agissons ensemble, aidons-nous mutuellement, mettons fin à toute éclatement qui ne fait que favoriser Hitler! Unissons-nous dans le grand Front populaire allemand, qui seul peut amener et amènera notre peuple allemand au renversement de Hitler

[Citation dans l'original .]

Durant l'année 1937 se développent à Paris des "Cercles d'amis du front populaire allemand" réunissant des opposants au régime national-socialiste émigrés d'Allemagne. Des cadres social-démocrates et des représentants du SAP dans le Comité de front populaire attaquent ces cercles comme "majoritairement communistes", alors que le Comité central de travail (Zentraler Arbeitsausschuß) de ces cercles se compose de 7 communistes, 7 social-démocrates et 6 sans-parti. Différent groupes bourgeois ou social-démocrates combattent ouvertement les communistes. C'est le cas notamment du Parti allemand de la liberté (Deutsche Freiheitspartei) dont les principaux représentants à Paris sont les anciens membres du Zentrum Otto Klepper (ancien ministre des Finances de Prusse) et Karl Spiecker, ainsi que du Front noir (Schwarze Front) d'Otto Strasser. Il y a aussi le Mouvement socialiste populaire réunissant des social-démocrates de droite comme Emil Franzel, Wenzel Jaksch et Wilhelm Sollmann qui préconisaient des actions communes avec le Front noir. Des cadres du SAP et de la ISK déclarent que le mot d'ordre de la lutte pour la république démocratique est opportuniste, certains parmi eux exigent la lutte pour une "république des soviets allemande". Willi Eichler, le président de la direction à l'extérieur de la ISK, désigne le KPD comme "l'élément le plus gênant" pour la création du front populaire. Dans ce contexte, le Comité de front populaire devient de moins en moins actif. En avril 1938 encore des discussions auront lieu en vue d'aplanir les divergences, mais sans succès.

Les 13 et 14 novembre 1937 se tient une Conférence européenne pour le droit et la liberté en Allemagne (Europäische Konferenz für Recht und Freiheit in Deutschland), à Paris[150]. Y participent 169 délégués de différentes opinions politiques et philosophiques de nombreux pays d'Europe. La conférence constitue un Centre international pour le droit et la liberté en Allemagne. Celui-ci est composé de représentants de 84 partis, syndicats et associations religieuses. Il est dirigé par Marcel Cachin, Léon Jouhaux, André Malraux, Thomas Mann et Romain Rolland.

Le 23 mars 1938, est constituée une Commission allemande auprès du Comité exécutif de l'Internationale communiste, formée de représentants du KPD et chargée de suivre l'activité du KPD en collaboration avec le CE de l'IC[151]. Les discussions menées en avril et début de mai aboutissent à l'élaboration d'une résolution du Comité central du KPD, publiée le 14 mai. [Documents ] Le même jour, les membres du secrétariat du CE de l'IC G. Dimitrov, D. Manuilskij et M. Moskvin discutent avec F. Dahlem, Ph. Dengel, W. Florin, W. Pieck et W. Ulbricht au sujet des problèmes de la lutte antifasciste en Allemagne. Il est décidé qu'Ulbricht représente le KPD auprès de l'IC et qu'à ce titre il s'installe à Moscou; la direction du secrétariat du KPD à Paris est transférée à Dahlem[152].

Le 16 septembre 1938, le CC du KPD publie un texte "Proposition pour l'unification de l'opposition allemande"[153]. [Documents ]

Actions de résistance 1936-1937

En 1936 existent à Berlin des organisations syndicales dans l'industrie de la métallurgie, de la construction, du bois, dans l'industrie graphique, aux chemins de fer (Reichsbahn) et aux transports publics (Berliner Verkehrsbetriebe, BVG)[154]. En Allemagne de l'Ouest existent des groupes dans les mines du Ruhr, chez les travailleurs des ports, les marins. Les 23‑24 mai 1936 des représentants de groupes syndicaux des mineurs, principalement des régions de la Ruhr, de la Wurm et de la Saar se réunissent à Paris avec le soutien du syndicat des mineurs français et de la fédération internationale des mineurs[155]. Ils adoptent un appel "Aux mineurs allemands" [Citation dans l'original .] et constituent le Comité de travail des mineurs des syndicats libres d'Allemagne (Arbeitsausschuß der freigewerkschaftlichen Bergarbeiter Deutschlands), avec son siège à Amsterdam, composé de quatre membres, respectivement deux communistes et deux social-démocrates: W. Knöchel et Hans Mugrauer ainsi que Richard Kirn et Franz Vogt. En août 1936 deux représentants de ce Comité de travail sont intégrés au Comité exécutif de l'Internationale des mineurs.

Le 20 mars 1937 se tient à Paris une rencontre de 21 représentants de diverses branches syndicales, qui fond le “Comité de coordination de syndicalistes allemands” (Koordinationsausschuß deutscher Gewerkschafter)[156]. Celui-ci est dirigé par une commission de travail, composé de 13 syndicalistes ‑ communistes, social-démocrates, chrétiens et sans-parti et présidé par le social-démocrate Gustav Schulenburg ancien secrétaire du Comité de district [Bezirksausschuß] Baden de l'ADGB. Ce comité de coordination a pour objectif de rassembler tous les syndicalistes allemands vivant en France et de soutenir la lutte illégale dans les territoires de l'ouest de l'Allemagne. Un mémorandum "Pour la construction d'un mouvement syndical antifasciste unitaire, indépendant en Allemagne" stipule[157]: "Dans le mouvement syndical allemand unitaire, les partisans de toutes les orientations antifascistes et de toutes les confessions ont leur place, et tous sont habilités et appelés à une participation à responsabilité." [Citation dans l'original .]

Les autorités national-socialistes constatent que durant l'année 1936 les actions de grève s'accentuent fortement par rapport à 1934-1935[158]. Pour l'été 1936, voici quelques exemples. À Rüsselsheim, 300 ouvriers de Adam Opel AG se mettent en grève, de même qu'à Berlin-Spandau 500‑600 ouvriers du Auto-Union et environ 300 ouvriers du DKW-Werke. Des grèves interviennent chez les ouvriers de la construction dans le district Torgau, à la construction de l'aéroport de Glücksburg, aux travaux de régulation de l'Elbe dans le district Wittenberg et au nord de Halle. Durant l'été et l'automne 1936, des travailleurs agricoles effectuent des grèves dans quelques localités de Prusse de l'Est et de l'Ouest, de Pommern, de Saxe et dans la région de Braunschweig. La plupart du temps ces actions sont étouffées rapidement par les forces de répression. Dans quelques cas, des ouvriers du service obligatoire pour la construction d'ouvrages militaires refusent sous divers prétextes l'affectation ou s'abstiennent d'y retourner après un congé de fin de semaine. Des ouvriers participant à la construction d'autoroutes poursuivent également la lutte, en particulier contre les mauvaises conditions de vie. En aout 1936, les ouvriers de la construction d'autoroute à Hohenwarthe près de Magdeburg assomment un commissaire politique [Amtswalter] national-socialiste, ce qui entraine une intervention armée de la police et l'arrestation de plusieurs ouvriers pour mutinerie. Autre exemple: les marins luttent avec succès pour le paiement d'heures supplémentaires et l'amélioration des conditions de travail. Des actions de sabotage sont également organisées. Dans les Leuna-Werke, des ouvriers communistes et social-démocrates font exploser quelques tuyaux et réservoirs. Des actions de sabotage ont lieu dans quelques entreprises d'armement à Leipzig, par exemple le Metallguß-Gesellschaft, et le Junkers-Werke à Dessau. Des antifascistes sectionnent à plusieurs reprises les câbles de téléphone vers la base aérienne Barth à Mecklenburg et endommagent des avions sur l'aéroport militaire près de Merseburg.

En février 1937, des mineurs qui habitent dans la Saar mais travaillent en Lorraine manifestent ‑ avec le soutien du poste de frontière Forbach du Comité de travail des mineurs des syndicats libres d'Allemagne ‑ contre la Lois sur les devises de décembre 1936[159]. Cette loi les oblige à convertir en mark leur salaire versé en francs, à un taux imposé réduit, ce qui résulte en une perte de salaire jusqu'à 30 %. 3000 mineurs, au retour du travail, forcent le contrôle de frontière. Quelques mineurs sont sanctionnés, mais les protestations consécutives obtiennent l'annulation de ces mesures, et finalement l'administration national-socialiste concède la compensation des pertes dues au change.

En 1937, des mineurs de quelques puits dans la Ruhr et en Haute-Silésie s'opposent à l'extension des horaires de travail. Ils obtiennent des succès partiels, notamment au moyen d'une pression exercée sur les représentants du DAF et de votes du personnel[160]. Dans certains cas des mineurs de la Ruhr refusent les tournées d'équipes de dix heures. Dans le cas d'un puits, 268 mineurs montent au jour après huit heures de travail. Par ailleurs, les travailleurs résistent contre la déduction imposée d'un salaire d'une heure par semaine destiné au Secours d'hivers [Winterhilfswerk]; dans certaines entreprises ils profitent des possibilités légales dans le DAF et rejettent cette mesure par un vote au cours des assemblées de cette organisation. En juin 1937 les équipages des navires de pêche de Hambourg, par une grève de quatre jours, mettent en échec la tentative d'abaisser leur solde; en septembre la lutte des marins et chauffeurs obtient même une augmentation.

Au début de janvier 1938, 40 000 mineurs de la Saar imposent un vote dans le cadre du DAF au sujet des tournées d'équipes de dimanche, que les autorités veulent imposer sans compensation de salaire pour rattraper les tournées perdues du fait de Noël et du Nouvel An; la mesure est annulée[161]. Durant l'année 1938, des ouvriers résistent contre des diminutions de salaire, au moyen de grèves ou de l'augmentation intentionnelle du taux de rebuts; par exemple dans des entreprises du Siemens-Konzern à Berlin et Dresde, dans la Ludwig Loewe AG Berlin et dans le laminoir à Laband en Haute-Silésie. Quelques actes de sabotages se produisent en 1937‑1938, par exemple dans la production de grenades dans la Krautheim AG à Chemnitz et dans la fabrication d'instruments optiques pour l'armée dans les Zeiss-Werke à Jena.

Voici des chiffres concernant les arrestations[162]: en 1936, 11 687 communistes, 1374 social-démocrates; en 1937, respectivement 8068 et 733; en 1938, respectivement 3864 et 721.

Tentatives de structuration sur le plan national

Du 30 janvier au 1er février 1939, se réunit une Conférence du KPD, sous forme d'une réunion élargie du Comité central, à Draveil, près de Juvisy-sur-Seine[163]. Pour des raisons de clandestinité, la conférence est appelée “Conférence de Berne”. Postérieurement, elle sera considérée comme 14e Congrès du KPD. En tout participent 22 cadres, à savoir: A. Abusch, A. Ackermann, P. Bertz, F. Dahlem, Gerhart Eisler, Paul Elias, Arthur Emmerlich, E. Gentsch, W. Hähnel, E. Jungmann, W. Knöchel, P. Merker, K. Mewis, O. Niebergall, W. Pieck, S. Rädel, E. Schmidt, Willi Seng, Josef Wagner, H. Wiatrek, ainsi que Johann Koplenig et Johann Mathieu, représentants du Parti communiste d'Autriche (Kommunistische Partei Österreichs, KPÖ). Des 15 membres et 3 candidats du CC qui ont été élu à la conférence de Bruxelles en 1935, 12 sont présents (10 du CC), dont les dirigeants des sections de Berlin et de Wasserkante, trois ont été exclus (dont W. Münzenberg et L. Flieg)[164]. Alors qu'à la conférence de Bruxelles avaient assisté des représentants des organisations clandestines en Allemagne, tous les participants de la conférence de Berne sont des émigrés.

W. Pieck présente un rapport sur "La situation actuelle et les tâches du parti"[165]. [Documents ] Au cours de la discussion, sont présentés les rapports suivants: sur la front unique et le front populaire, par F. Dahlem; sur la situation de la classe ouvrière et les luttes économiques, par P. Merker; sur des questions du travail du Parti, par P. Bertz; sur la politique économique et la politique étrangère fasciste, par G. Eisler; sur le travail de formation du Parti, par A. Ackermann; sur les expériences des organisations illégales du Parti et des forces qui leur sont alliées dans la lutte antifasciste, interviennent des dirigeants de section notamment E. Gentsch, K. Mewis [Documents ], O. Niebergall [Documents ] et J. Wagner, ainsi que les instructeurs A. Emmerlich [Documents ] et W. Seng. La conférence adopte une Résolution "La voie vers le renversement de Hitler et la lutte pour une république nouvelle, démocratique" ["Der Weg zum Sturze Hitlers und der Kampf um die neue, demokratische Republik"]. [Documents ]

L'orientation concernant le front populaire est définie dans les termes suivants.

Rapport Pieck: [Documents ]

Cette alliance est non seulement dirigée contre le fascisme hitlérien, mais vise aussi l'instauration et la consolidation d'une république populaire démocratique, dans laquelle ce ne sera plus la bourgeoisie mais le front populaire qui aura la direction.

[Citation dans l'original .]

Intervention Karl Mewis: [Documents ]

Front populaire, ce n'est donc pas simplement la conclusion d'une alliance ou de plusieurs alliances, mais la politique particulière de l'union, temporaire ou encore durable, avec toutes les forces progressistes de notre peuple en vue du renversement de la dictature fasciste et l'instauration d'une république démocratique.

[Citation dans l'original .]

La conférence désigne un nouveau Comité central composé de 17 membres et 3 candidats[166]. Le 31 janvier a lieu une session à huis clos du Comité central pour décider la composition de la direction du Parti[167]. En font partie: A. Ackermann, P. Bertz, F. Dahlem, W. Florin, W Hähnel, W Knöchel, P Merker, K Mewis, W. Pieck, S Rädel, E Schmidt, Emil Svoboda, E. Thälmann, W. Ulbricht, H. Wehner, H Wiatrek; en outre trois candidats doivent être choisis ultérieurement par la direction opérationnelle à l'étranger, parmi les jeunes membres du parti. Y participe également J Koplenig en tant que représentant du Comité central du Parti communiste d'Autriche. Le Bureau politique est composé de Dahlem, Florin, Merker, Pieck, Thälmann, Ulbricht en tant que membres et Ackermann et Wehner comme candidats. Pieck est de nouveau désigné pour remplacer Thälmann comme président du parti, tant que celui-ci est en prison.

En ce qui concerne la direction installée à Paris, pratiquement tous ses membres seront arrêtés ou internés au cours d'une action mise en oeuvre sur ordre du gouvernement français entre le 30 aout et le 8 septembre 1939, notamment Paul Bertz, Franz Dahlem, Ph. Daub, Gerhart Eisler, Hilde Maddalena, Paul Merker, Cläre Muth, Heinrich Rau, Siegfried Rädel, Heinz Renner et Maria Weiterer[168]. Le 7 octobre 1939 le CC du KPD décide que les membres du Comité central se trouvant à Moscou soient chargés de la direction politique du Parti (c'est-à-dire Pieck, Ulbricht, Florin et à partir de 1940 A. Ackermann).

Le 27 février, W. Pieck rend compte de la conférence de Berne, à G. Dimitrov, secrétaire général du Comité exécutif de l'Internationale communiste et aux membres du présidium du CE D. S. Manuilskij et W. Florin[169]. Le 1er mars, il rend compte à des membres du Bureau politique du Comité central du KPD et d'autres cadres, à Moscou. À titre d'information, les membres du secrétariat du CE de l'IC et la représentation du KPD auprès du CE de l'IC reçoivent la résolution et le rapport de Pieck, ainsi que l'article rédigé par celui-ci, "Comment peut et doit être renversé le fascisme hitlérien et réalisée la république démocratique?". [Documents ]

Le 3 avril 1939 le Comité central du KPD soumet au comité exécutif en exil du SPD une proposition d'accord concernant des actions communes dans la lutte contre le danger de guerre et le régime national-socialiste[170]. Les deux directions devraient publier une déclaration dénonçant Hitler comme fauteur de guerre; au cas où l'Allemagne provoquerait la guerre, un accord devrait être établi en vue d'oeuvrer par tous les moyens pour le renversement de la dictature et le rétablissement de la paix. Au milieu de juin, par voie de presse, le groupe dirigeant autour de Kurt Geyer, Rudolf Hilferding, F. Stampfer déclare qu'il s'en tient de façon inchangée à sa position de refus de toute coopération avec les communistes.

Après l'enlisement du Comité pour un front populaire, le KPD s'adresse à H. Mann dans le but de progresser malgré tout dans le rassemblement des opposants au régime national-socialiste[171]. Le 20 septembre 1938 se tient à Paris une réunion à laquelle participent entre autre Mann, Hermann Budzislawski (directeur de publication du Neue Weltbühne), Georg Bernhard (président de l'Association centrale d'émigrants antifascistes d'origine allemande [Zentralvereinigung Antifaschistischer Emigranten deutscher Herkunft]), Otto Pick, Eugen Spiro, Kurt Grossmann, Helmuth Klotz, R. Leonhard, Robert Breuer, H. Rau. Deux textes sont adoptés: "Appel au peuple allemand" ["Aufruf an das deutsche Volk"] et "Appel aux peuples des pays démocratiques" ["Aufruf an die Völker der demokratischen Länder"]. Il est décidé de constituer le “Comité de l'opposition allemande” [“Ausschuß der deutschen Opposition”], et il s'en suit une réunion tenue le 25 mars 1939 à l'hôtel Lutetia. Mann, Budzislawski et Albert Norden (KPD) sont désignés pour diriger le comité. Parmi les membres se trouvent Bernhard, Felix Boenheim, Lion Feuchtwanger, Leonhard Frank, Kurt Kersten, Leonhard, P. Merker (KPD), Alfred Meusel, Karl O. Paetel, S. Rädel (KPD), Maximilian Scheer, Paul Westheim. L'existence du comité sera de courte durée. Le 2 septembre se tient une réunion au cours de laquelle Norden, au nom du KPD, refuse de signer la déclaration exigée par le comité, de condamner le traité de non-agression conclu entre l'Allemagne et l'Union soviétique. Par conséquent, les autres membres considèrent impossible une poursuite de la coopération avec les communistes; ils décident la dissolution du comité.

Le KPD s'efforce à mettre en place à l'intérieur de l'Allemagne une coordination nationale et régionale de l'activité illégale. Voici quelques indications concernant la situation durant la première moitié de 1939.

À Berlin se forment des organisations du Parti d'importance variée, dans le cadre de cinq directions territoriales [Gebietsleitungen] établies durant la période 1937-1939[172]. Celles-ci sont en contact avec la direction de section Centre du KPD ayant son siège en Suède. Divers instructeurs se rendent à Berlin à de multiples reprises, afin d'informer les organisations illégales du Parti au sujet des décisions de la conférence de Bern et de leur prêter assistance: A. Emmerlich, Rudolf Hallmeyer, Willi Gall, Charlotte Krone, Johannes Müller, Heinrich Schmeer. Des organisations clandestines du KPD sont rétablies à Adlershof, Baumschulenweg, Moabit, Neukölln, Niederschöneweide, Oberschöneweide, Prenzlauer Berg, Reinickendorf et Spandau. Emmerlich maintient la liaison avec la direction territoriale à Berlin-Spandau, dont font parti Johannes Gloger, Alfred Grünberg et Kurt Steffelbauer, et qui dirige notamment l'organisation du Parti dans le Siemens-Konzern. Hallmeyer maintient la liaison avec la direction territoriale Moabit qui dirige notamment des cellules dans les entreprises Ludwig Loewe & Co., AEG Turbinenfabrik, Osram, Werk A, Daimler-Benz AG à Marienfelde et Genshagen, BVG. Ici s'est développée depuis 1938 l'organisation du Parti dirigée par Robert Uhrig, qui établit des contacts avec des organisations du Parti à Hambourg, Leipzig et Mannheim. Schmeer maintient la liaison avec la direction territoriale Reinickendorf qui dirige notamment des cellules dans les entreprises Argus, Deutsche Waffen- und Munitionsfabriken, Borsig-Werke, Veltener Maschinenfabrik AG. Ici une organisation importante du Parti s'établit à Berlin-Neukölln sous la direction de John Sieg. Georg Gläser maintient la liaison avec la direction territoriale Prenzlauer Berg. Gall maintient la liaison avec la direction territoriale Adlershof qui dirige notamment des cellules dans les entreprises Dürener Metallwerke AG, Henschel Flugzeugwerke AG in Schönefeld, Schering AG, Berliner Maschinenbau AG. En mai 1939 Gall prend en charge lui-même la direction des groupes illégaux du Parti dans la périphérie Sud-Est de Berlin.

À Hamburg-Harburg, rattaché à la direction de section Nord existent des organisations du Parti qui comportent notamment quelques cellules dans des entreprises d'armement[173]. À Leipzig se développe un regroupement de militants du Parti relativement important, impulsé notamment par A. Hoffmann, Georg Schumann. À Dresde, les efforts d'organisation du Parti sont dirigés par Herbert Bochow, Albert Hensel, Fritz Schulze et Karl Stein; à Francfort-sur-le-Main, agissent en ce sens Anton Breitinger, Otto Häuslein et Adam Leis; à Stettin c'est le cas de Werner Krause et Walter Empacher.

Contre le danger de guerre

La lutte contre la dictature national-socialiste est de plus en plus marquée par la politique de fauteur de guerre que déploie le régime. Par conséquent, les actions qui se déroulent dans ce contexte visent en particulier à contrarier le danger de déclenchement d'une guerre.

Des luttes revendicatives ont lieu parmi les ouvriers employés dans la construction de la ligne de défense appelée “Westwall” (littéralement “rempart de l'ouest”)[174]. En juin 1939, après avoir effectué des grèves et d'autres actions, ils obtiennent une compensation pour des retenues de salaire en rapport avec la nourriture et le logement; le DAF doit prendre en charge des indemnités, pour un effectif de 250 000 ouvriers. Dans le secteur des mines dans la Saar, ainsi que la Ruhr et Haute-Silésie, les mineurs refusent le travail du dimanche, mènent quelques grèves contre des salaires insuffisants, protestent contre la prolongation des tournées d'équipes, refusent des heures supplémentaires, allongent les pauses, se mettent en maladie, arrivent plus tard au travail ou partent plus tôt. Le KPD diffuse les mots d'ordre "Travailler plus lentement!" ["Langsamer arbeiten!"], "Moins de charbon - moins de canons!" ["Weniger Kohle - weniger Kanonen!"]. À Hambourg, en juillet 1939, les travailleurs des chantiers navals, entre autre chez Blohm & Voss, luttent avec succès pour imposer une augmentation de salaire de 10 %.

Dans quelques cas renaissent des relations entre les organisations communistes et des social-démocrates[175]. Ainsi dans une des entreprises des Siemens-Werke à Berlin, au début de 1939 s'initie une coopération en ce sens, et en mai est constitué un comité de front uni qui s'appuie sur des Hommes de confiance dans 16 sections. Ce comité diffuse un tract, dont voici un extrait[176]:

Les impérialistes allemands veulent dominer le monde. À eux la guerre apporte de millions supplémentaires - mais nous devrions verser notre sang. L'Allemagne n'est menacée par aucun autre pays, mais Hitler menace les états épris de paix. Nous déclarons: Hitler déshonore la réputation du peuple allemand. Le peuple allemand ne veut pas de guerre. Aujourd'hui tout comme avant s'applique la parole de notre Karl Liebknecht: L'ennemi se trouve dans notre propre pays! À bas la guerre!

[Citation dans l'original .]

À Berlin se développe une coopération entre communistes et social-démocrates. En avril 1939 le groupe diffuse un tract mettant en garde contre le danger de guerre; en mai il publie le premier de trois numéros d'une feuille intitulée Lettre de liberté [Freiheitsbrief][177]. À Hambourg, des communistes et coopèrent avec des social-démocrates du groupe dit “Mahnruf” (“Exhortation”). Des coopérations se développent aussi à Bielefeld, Dortmund, Düsseldorf, Essen. Parfois des social-démocrates soutiennent des instructeurs des directions de section du KPD, comme à Hambourg, Oberhausen et Recklinghausen.

Les jeunes communistes participent également à ces activités dirigées en particulier contre le danger de guerre, et ceci en coopération avec de jeunes social-démocrates et d'autres[178]. Parmi les modalités d'action comptent notamment le boycott du service dans les organisations de jeunesse national-socialistes, déclaré obligatoire depuis mars 1939. Dans quelques villes ils mettent aussi en oeuvre des actions de protestation contre l'année de service domestique obligatoire [Haushaltspflichtjahr] et le service de travail. En 1938, la jeune communiste Liselotte Herrmann de Stuttgart est exécutée par les national-socialistes, en même temps que trois autres camarades. À Berlin, le jeune travailleur communiste Heinz Kapelle organise un groupe antifasciste composé de 60 jeunes communistes, social-démocrates et catholiques.

Durant la période 1938‑1939 est formé un regroupement antifasciste reliant d'une part l'organisation dirigée par J. Sieg du KPD et d'autre part le réseau développé autour d'Arvid Harnack, haut fonctionnaire (Regierungsrat) au ministère de l'économie, et Harro Schulze-Boysen, lieutenant en premier au ministère de l'aéronautique[179].

De façon générale, à cause des difficultés résultant de la dictature, les connections des militants communistes à l'intérieur de l'Allemagne avec les directions à l'extérieur rattachées à la direction centrale du Parti, s'affaiblissent[180]. Les différents groupes régionaux de résistance disposent de leurs propres directions à l'étranger. Dans certains cas, les dirigeants de ces groupes sont des cadres qui après plusieurs années d'emprisonnement ont retrouvé leur liberté. La situation est aussi caractérisée par une prédominance de l'activité clandestine au détriment des actions de masse ouvertes.

La répression continue à frapper durement les militants communistes[181]. Voici quelques données concernant la période de janvier 1938 à mai 1939. Les chiffres indiquent le total d'arrestations suivi entre parenthèses par le nombre respectivement de communistes/social-démocrates. En janvier 1938: 562 (496/42); février: 470 (386/61); mars: 555 (303/90); septembre: 611 (326/45); octobre: 1630 (683/83); novembre: 527 (276/55); décembre: 416 (256/36); avril 1939: 357 (223/35); mai: 478 (263/51);

Après la sortie de l'Allemagne de la Société des Nations en 1933, est envisagé par la France et l'URSS un projet de traité entre l'URSS, Tchécoslovaquie, Pologne, Finlande, Lettonie, Estonie, Lituanie et Allemagne. En 1934 l'Allemagne et la Pologne donnent une réponse négative. Le 2 mai 1935, la France et l'URSS signent un Traite d'assistance mutuelle. Le 16 mai l'URSS signe également un Traité d'assistance mutuelle avec la Tchécoslovaquie, qui est lié à celui conclu avec la France. L'interdépendance entre les deux traités bloquera l'application de l'accord avec la Tchécoslovaquie en réaction à l'annexion par l'Allemagne des territoires de Sudète à population allemande, du fait de l'accord de Munich conclu le 29 septembre 1938 entre l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne et l'Italie. Le 9 septembre 1936 27 états (dont l'URSS, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie et l'Allemagne) constituent un comité international de non-ingérence à travers lequel ils s'engagent à la neutralité envers la guerre civile éclatée en Espagne. Le 23 octobre, l'URSS quitte le comité en réaction à la violation de l'accord par l'Italie et l'Allemagne. Le 25 novembre 1936 l'Allemagne et le Japon signent le “Pacte pour combattre le communisme mondial” (“Pakt zur Bekämpfung des Weltkommunismus”). À ces deux signataires se joignent: l'Italie le 6 novembre 1937, la Hongrie et le Mandchoukouo (ou Manzhouguo) le 24 février 1939 et l'Espagne le 27 mars 1939. Du 12 au 17 aout 1939 ont lieu à Moscou des négociations militaires secrètes entre l'URSS, la France et la Grande-Bretagne. Elles sont suspendues le 17 aout et devraient être reprises le 24, mais sont finalement abandonnées suite à la conclusion du traité de non-agression entre l'URSS et l'Allemagne.

Pour la teneur de ce dernier traité, cf:

Traité de non-agression entre l'URSS et l'Allemagne, du 23 aout 1939 

Traité d'amitié et de frontière entre l'URSS et l'Allemagne, du 28 septembre 1939 

La direction du KPD approuve l'attitude adoptée par l'URSS[182]. Le Comité central publie une déclaration dont voici un extrait: [Documents ]

[...]

6. [...] Le peuple allemand salue le pacte de non-agression entre l'Union soviétique et l'Allemagne, parce qu'il veut la paix et voit dans ce pacte un acte de paix couronnée de succès de la part de l'Union soviétique. Il salue le pacte parce que, contrairement à l'alliance de Hitler avec Mussolini et les militaristes japonais il n'est pas un instrument de guerre et de soumission d'autres peuples par la force, mais un pacte pour la préservation de la paix entre l'Allemagne et l'Union soviétique.

7. Cependant la situation de politique étrangère et intérieure créée par le pacte place devant tous les antifascistes, tous les Allemands épris de paix et de liberté de grandes tâches qui doivent être résolues dans une lutte renforcée contre la dictature de Hitler (dictature nazi).

[...]

Hitler a conclu le pacte de non-agression seulement dans une situation d'urgence difficile. (Le peuple allemand ne doit pas avoir la moindre lueur de confiance en la signature de Hitler. Il n'a jamais tenu parole et jusqu'ici déchiré tout accord sournoisement comme un chiffon de papier. Mais Hitler n'est pas l'Allemagne. Hitler est un homme qui passe, dont la chute approche.) Le peuple allemand tout entier doit être le garant pour le respect du pacte de non-agression entre l'Union soviétique et l'Allemagne. Seulement si le peuple allemand lui prend entre ses mains le destin de la nation allemande, la paix sera garantie. Ne confiez qu'en votre propre force!

[...]

[Citation dans l'original .]

À Berlin, des communistes diffusent en aout 1939 un tract intitulé "Travailleurs, concitoyens, soldats! À la population de Berlin!"][183]:

Travailleurs, concitoyens et soldats! À la population de Berlin!

Le pacte de non-agression entre l'Union soviétique et le gouvernement de Hitler est une contribution extraordinaire de l'Union soviétique au maintien de la paix. [...] L'Union soviétique a signé ce pacte de non-agression parce que Chamberlain et Daladier ont livré traitreusement à Hitler et Mussolini l'Espagne, l'Autriche, la Tchécoslovaquie et l'Albanie, parce qu'à Munich ils voulaient échanger la “paix à l'Ouest” contre la guerre des puissances fascistes contre l'Union soviétique. [...] mais le danger de guerre continue à exister tant qu'existe un impérialisme allemand rapace et une dictature fasciste. [...] Dans toutes les circonstances, dans la guerre comme à la paix, notre mot d'ordre est: À bas Hitler et les fauteurs de guerre en Allemagne.

[Citation dans l'original .]

L'organisation du KPD dans la périphérie Sud-Est de Berlin, dirigée par W. Gall et Otto Nelte, édite un matériel d'information "La politique extérieure de l'Union soviétique"[184]:

Nous aussi, en tant que travailleurs allemands avons intérêt à ce que l'Union soviétique ne se laisse pas entrainer dans une guerre isolée et que ces plans de Chamberlain ait été mis en échec.

[Citation dans l'original .]

La direction de section Sud publie le 25 aout un article "La politique de l'Union soviétique est la politique de la paix. Le pacte de non-agression n'est pas un pacte d'alliance ni d'assistance."[185]:

L'Union soviétique est prête à créer un front de défense de la paix véritable, mais il doit être sans faille, afin qu'aucun rat munichois ne puisse se faufiler. Maintenant la prévention de la guerre dépend en premier lieu des puissances occidentales. L'Union soviétique a fait ce qu'elle pouvait pour la préservation de la paix.

[Citation dans l'original .]

La déclaration de guerre à la France par l'Allemagne, le 3 septembre 1939, entraine quelques errements dans l'attitude des dirigeants du KPD installés en France[186]. Les membres de la direction d'extérieur suivent un appel du gouvernement de se faire registrer comme étrangers, et sont internés. Ce faisant ils ont passé outre l'instruction émise par l'Internationale communiste, de quitter la France pour échapper à l'internement. F. Dahlem, P. Merker, P. Bertz, G. Eisler et Lex Ende sont sévèrement critiqués par la direction de l'IC, qui décide de dissoudre le secrétariat de Paris et de conférer la direction exclusivement aux dirigeants présents à Moscou.

Résistance dans la situation de guerre contre l'URSS

À la suite de la conférence de Berne, et malgré le déclenchement de la guerre, le Comité central du KPD à Moscou s'efforce à favoriser la structuration d'une direction intérieure agissant comme émanation du CC[187].

En décembre 1939, la direction du KPD dissout les directions de sections et désigne une direction à l'extérieur [Auslandsleitung] du Comité central composée de K. Mewis, H. Wehner et H. Wiatrek, avec pour tâche de consolider à partir de Stockholm les liaisons avec les organisations en Allemagne, puis de se rendre elle-même dans le pays afin d'agir à partir de Berlin comme direction opérationnelle du KPD. La direction à l'extérieur débute son activité en janvier 1940, avec à sa tête Mewis. Elle charge des préparatifs organisationnels les instructeurs et collaborateurs de la direction de section Milieu, laquelle en novembre 1938 s'est transférée de Prague en Suède et qui couvre l'aire géographique de Berlin, Brandebourg, Magdeburg, Niedersachsen, Saxe, Silésie et Thüringen. Comme premier responsable arrive en juin 1940 R. Hallmeyer, suivi en juillet-aout de Johannes Müller, H. Schmeer et Georg Henke, puis à la fin d'aout, A. Emmerlich. À cela s'ajoutent G. Gläser, Ch. Krone, K. Siegmund. W. Gall est arrivé précédemment et n'a pas pu quitter le pays à cause du déclenchement de la guerre. Au bout du compte, les membres de la direction à l'extérieur ne peuvent pas comme prévu se rendre en Allemagne. À partir de l'été de 1940 les responsables envoyés par le CC, à savoir Alfons Kaps, Alfred Kowalke, Seng et Erna Wilke, suivis d'autres en 1942, entreprennent de préparer le terrain pour le travail de W. Knöchel, membre du Comité central, qui doit ensuite se rendre lui-même en Allemagne. La responsable envoyée par le CC, Charlotte Bischoff, arrive en Allemagne en juillet 1941. Jusqu'en été 1941, des responsables envoyés par le CC interviennent à Berlin, Brême, Gera, Hambourg, Jena, Kiel, Cologne, Königsberg, Lübeck, Magdeburg, Mannheim, Munich, Stuttgart et d'autres villes. Gall est arrêté en décembre 1939, Hallmeyer en aout 1940, Schmeer en septembre, Emmerlich en mai 1941. Des succès dans l'organisation des cadres du KPD et des travailleurs se manifestent dans la région Rhein-Ruhr, à Dortmund, Duisburg, Düsseldorf, Oberhausen, Remscheid et Wuppertal, à Wasserkante à Hambourg, en Saxe principalement à Dresde et Leipzig, en Thüringen à Gotha et Jena, dans la région de Mansfeld, en Bayern entre autre à Munich ainsi que partiellement en Brandebourg, Mecklenburg et Pommern. En 1941‑1942 se développent des centres d'organisation dirigés par des cadres du KPD au niveau des sections à Berlin, en Sachsen, Allemagne du Sud, Thüringen et à Wasserkante. Le groupe autour de Robert Uhrig établi à Berlin tente de jouer un rôle centralisateur; il est démantelé en février 1942. Knöchel arrive en Allemagne en janvier 1942 venant des Pays-Bas, suivi d'autres, notamment Jakob Welter, qui interviennent dans la Saar, et Wilhelm Beuttel, qui intervient en Hessen et développe à partir de Durlach des liaisons avec Francfort-sur-le-Main, et aussi Duisburg et Wuppertal. Au printemps de 1942, les contacts de l'intérieur avec la direction à l'extérieur à Stockholm sont interrompus. En janvier 1943 sont arrêtés Kaps, Luise Rieke, Seng et Welter, au début de février Beuttel, Knöchel et Kowalke, en avril à Amsterdam E. Gentsch. En mars 1943 arrive de Moscou Franz Zielasko, qui intervient dans la Ruhr, mais il est arrêté en aout. Au printemps de 1943 se met en place une coopération plus étroite entre les directions du KPD Berlin, Thüringen, Leipzig-Saxe de l'Ouest et Magdeburg-Anhalt, c'est-à-dire Franz Jacob et Anton Saefkow, Theodor Neubauer, Georg Schumann ainsi que Martin Schwantes.

Les 12 et 13 juillet 1943 se tient à Krasnogorsk près de Moscou une conférence au cours de laquelle est constitué le “Comité national "Allemagne libre"” (“Nationalkomitee "Freies Deutschland"”, NKFD). Erich Weinert est désigné comme président, le comité édite un hebdomadaire intitulé Freies Deutschland qui, dans son premier numéro publie un "Manifeste à la Reichswehr et au peuple allemand" adopté le 10 juillet 1943[188]. [Documents ] Les 11‑12 septembre, un certain nombre d'officiers qui ne souhaitent pas adhérer au NKFD fondent dans le camp Lunjowo près de Moscou l'“Ligue d'officiers allemands” (“Bund deutscher Offiziere”, BDO), qui cependant peu après est intégré dans le NKFD.

Des structures sur des bases voisines se développent également à l'intérieur de l'Allemagne[189]. À l'initiative des organisations du Parti dans un certain nombre de villes se constituent des groupes du “Mouvement "Allemagne libre"” (“Bewegung "Freies Deutschland"”, NKFD). Les principales organisations régionales, notamment Saefkow-Jacob, Neubauer-Poser, ainsi que les regroupements à Leipzig, en avaient connaissance. Ils discutent de la prise en compte de l'approche et dans une certaine mesure l'intègrent dans leur positionnement. En témoigne le document "Nous, communistes et le Comité national Allemagne libre" publié le 1er mai 1944. [Documents ]

En septembre 1944 la direction du KPD présente un document intitulé "Programme de lutte pour mettre fin à la guerre, pour la paix et la création d'une Allemagne nouvelle, libre"[190]. [Documents ] Il sera remanié à plusieurs reprises. Le 21 octobre, à l'issu d'une discussion entre les membres du Bureau politique W. Pieck, W. Ulbricht et A. Ackermann, une troisième version est élaborée. [Documents ] Par la suite Ackermann est chargé d'élaborer un texte plus détaillé; il élabore un projet en conséquence, présenté à la fin de l'année. [Documents ] Il est prévu que ce document fasse l'objet de discussions publiques lorsque les conditions le permettront, et qu'il soit alors proposé qu'il serve de plateforme politique commune pour un bloc antifasciste et démocratique d'organisations, partis, groupes et personnalités.

 

 

 

 

 

Notes



[1]. W. Florin: Gegen den Faschismus - Reden und Aufsätze - mit einem biographischen Abriß (Bibliographie )

[2]. M. Schneider: Unterm Hakenkreuz - Arbeiter und Arbeiterbewegung 1933 bis 1939, S. 39 (Bibliographie )

[3]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung 1933-1939, S. 12 (Bibliographie )

IML beim ZK der SED (Hg.): Geschichte der deutschen Arbeiterbewegung, Band 5: Von Januar 1933 bis Mai 1945, S. 6 (Bibliographie )

http://www.teachsam.de/geschichte/ges_deu_ns_33-45/ns_33-34/ns_machtueb/inf_txt/deu_ns_machtueb_2_1.htm

[4]. P. Heider: Antifaschistischer Kampf und revolutionäre Militärpolitik - Zur Militärpolitik der KPD von 1933 bis 1939 im Kampf gegen Faschismus und Kriegsvorbereitung, für Frieden, Demokratie und Sozialismus, S. 52 (Bibliographie )

[5]. D. Peukert, J. Reulecke (Hg.): Die Reihen fast geschlossen - Beiträge zur Geschichte des Alltags unterm Nationalsozialismus (Bibliographie )

[6]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 12 (Bibliographie )

[7]. http://www.teachsam.de/geschichte/ges_deu_ns_33-45/ns_33-34/ns_machtueb/inf_txt/deu_ns_machtueb_2_1.htm

[8]. R. Müller, H. Paffrath: Machtergreifung der NSDAP in Deutschland 1933 und ihre Auswirkung im Meissner Land (Bibliographie )

[9]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 12 (Bibliographie )

[10]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 12 (Bibliographie )

[11]. A. Kirchschlager, U. Lappe, P. Unger (Hg.): Chronik von Arnstadt - Zeittafel/Lexikon (Bibliographie )

[12]. http://suedthueringen.su.funpic.de/widerstand.html

[13]. M. Weissbecker: Gegen Faschismus und Kriegsgefahr - Ein Beitrag zur Geschichte der KPD in Thüringen 1933-1935 (Bibliographie )

[14]. M. Weissbecker: Gegen Faschismus und Kriegsgefahr... (Bibliographie )

Gutsche, Willibald (Hg.): Geschichte der Stadt Erfurt (Bibliographie )

[15]. http://www.moessingen.de/ceasy/modules/cms/main.php5?cPageId=177

http://www.moessingen.de/ceasy/modules/cms/main.php5?cPageId=199

[16]. D. Siegfried: Zwischen Einheitspartei und “Bruderkampf” - SPD und KPD in Schleswig-Holstein 1945-46 (Bibliographie )

[17]. P. Heider: Antifaschistischer Kampf und revolutionäre Militärpolitik..., S. 53 (Bibliographie )

[18]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 13 (Bibliographie )

[19]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 14 (Bibliographie )

[20]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 13 (Bibliographie )

[21]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 12 (Bibliographie )

[22]. M. Schneider: Unterm Hakenkreuz..., S. 39, 49 (Bibliographie )

[23]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 13 (Bibliographie )

[24]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 13 (Bibliographie )

[25]. D. Siegfried: Zwischen Einheitspartei und “Bruderkampf”..., S. 159 (Bibliographie )

[26]. K. Mlynek, W. Röhrbein (Hg.): Geschichte der Stadt Hannover - Band 2 (Bibliographie )

A. Dietzler: Hannover 1933 - eine Großstadt wird nationalsozialistisch (Bibliographie )

[27]. P. Heider: Antifaschistischer Kampf und revolutionäre Militärpolitik..., S. 66-67 (Bibliographie )

[28]. Fritz Heckert: "Die gegenwärtige Lage in Deutschland und die Aufgaben der KPD",

Exekutivkomitee der Kommunistischen Internationale (Hg.): Die Kommunistische Internationale - 14. Jahrgang - Nummer 21, S. 1208‑1227 (Bibliographie )

[29]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 14. (Bibliographie .)

[30]. M. Schneider: Unterm Hakenkreuz... (Bibliographie )

[31]. P. Heider: Antifaschistischer Kampf und revolutionäre Militärpolitik..., S. 55 (Bibliographie )

[32]K. Mlynek, W. Röhrbein (Hg.): Geschichte der Stadt Hannover - Band 2 (Bibliographie )

[33]. G. Hortzschansky, S. Weber: Die Illegale Tagung des Zentralkomitees der KPD am 7. Februar 1933 in Ziegenhals bei Berlin (Bibliographie )

IML beim ZK der SED (Hg.): Geschichte der deutschen Arbeiterbewegung, Band 5, S. 20‑22 (Bibliographie )

[34]. Ernst Thälmann, Karl Barthel, Bernhard Bästlein, Hans Beimler, Willi Bohn, Jakob Boulanger, Albert Buchmann, Franz Dahlem, Philipp Daub, Wilhelm Florin, Fritz Große, Ernst Grube, Georg Handke, Lambert Horn, Walter Kaßner, Hans Kippenberger, Wilhelm Koenen, Albert Kunz, Hermann Matern, Theodor Neubauer, Michael Niederkirchner, Max Opitz, Wilhelm Pieck, Siegfried Rädel, Rudolf Renner, Augustin Sandtner, John Schehr, Ernst Schneller, Georg Schumann, Fritz Selbmann, Robert Stamm, Franz Stenzer, Walter Stoecker, Paul Suhr, Matthias Thesen, Walter Ulbricht, Lisa Ullrich.

http://www.etg-ziegenhals.de/Website_2/Teilnehmer.html

[35]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 13. (Bibliographie .)

[36]. IML beim ZK der SED (Hg.): Geschichte der deutschen Arbeiterbewegung, Band 5, S. 25 (Bibliographie )

[37]. http://www.verfassungen.de/de/de33-45/reichstagsbrand33.htm

[38]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 31. (Bibliographie .)

[39]. http://www.teachsam.de/geschichte/ges_deu_ns_33-45/ns_33-34/ns_machtueb/inf_txt/deu_ns_machtueb_2_1.htm

[40]. Hermann Weber, "Kommunistischer Widerstand gegen die Hitlerdiktatur, 1933-1939", S. 7.

[http://www.gdw-berlin.de/fileadmin/bilder/publ/beitraege/B33.pdf]

[41]. Hermann Weber, "Kommunistischer Widerstand...", S. 10

[42]. http://www.verfassungen.de/de/de33-45/ermaechtigungsgesetz33.htm

[43]http://www.verfassungen.de/de/de33-45/gleichschaltung33.htm

http://www.verfassungen.de/de/de33-45/gleichschaltung33-2.htm

[44]U. Langkau‑Alex: Deutsche Volksfront 1932‑1939, Band 3, S. 325 (Bibliographie )

[45]. http://www.boeckler.de/19654_19660.htm

[46]. http://www.shoa.de/drittes-reich/wirtschaft-und-gesellschaft/140-deutsche-arbeitsfront-daf.html

[47]. http://www.verfassungen.de/de/de33-45/arbeit34.htm

[48]. http://www.verfassungen.de/de/de33-45/parteivermoegen33.htm

[49]. http://www.verfassungen.de/de/de33-45/parteien33.htm

[50]. http://www.verfassungen.de/de/de33-45/parteivermoegen33-2.htm

[51]. http://www.verfassungen.de/de/de33-45/partei33.htm

[52]. S. Vietzke: Die KPD auf dem Wege zur Brüsseler Konferenz, S. 38. (Bibliographie .)

K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 58. (Bibliographie .)

[53]. IML beim ZK der SED (Hg.): Geschichte der deutschen Arbeiterbewegung, Band 5, S. 29 (Bibliographie )

[54]Die Kommunistische Internationale, 13. Jahrgang, H. 1, 10. 1. 1933.

Cf. O. Plöckinger: Adolf Hitlers "Mein Kampf" 1922‑1945, S. 525 (Bibliographie )

[55]. IML beim ZK der SED (Hg.): Geschichte der deutschen Arbeiterbewegung, Band 5, S. 37‑38 (Bibliographie )

U. Langkau‑Alex: Deutsche Volksfront 1932‑1939, Band 1, S. 93‑96 (Bibliographie )

[56]. IML beim ZK der SED (Hg.): Geschichte der deutschen Arbeiterbewegung, Band 5, S. 37 (Bibliographie )

[57]. http://www.nrw.vvn-bda.de/texte/0442_blutsonntag.htm

[58]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 30. (Bibliographie .)

[59]. Hermann Weber, "Kommunistischer Widerstand...", S. 9

K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 41. (Bibliographie .)

[60]. Hermann Weber, "Kommunistischer Widerstand...", S. 4

[61]P. Heider: Antifaschistischer Kampf und revolutionäre Militärpolitik..., S. 68 (Bibliographie )

[62]. Hermann Weber, "Kommunistischer Widerstand...", S. 4

[63]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 41. (Bibliographie .)

[64]. Hermann Weber, "Kommunistischer Widerstand...", S. 9

[65]. http://www.ddr-biografien.de/00000095890f9bc01/0000009589137ed36.html

[66]. http://www.ddr-biografien.de/00000095890f9bc01/0000009589137ed36.html

[67]. http://www.ddr-biografien.de/00000095890f9bc01/0000009589137ed36.html

[68]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 64. (Bibliographie .)

[69]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 64. (Bibliographie .)

[70]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 65. (Bibliographie .)

[71]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 68. (Bibliographie .)

[72]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 68‑69. (Bibliographie .)

[73]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 71. (Bibliographie .)

[74]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 71. (Bibliographie .)

[75]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 72. (Bibliographie .)

[76]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 83-84. (Bibliographie .)

[77]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 87‑88. (Bibliographie .)

[78]. http://www.gewerkschaftsprozesse.de/index.php?area=6&sub=80

[79]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 147. (Bibliographie .)

[80]. Axel Ulrich, "Kampf gegen Hitler - Zum politischen Widerstand gegen das NS-Regime im Rhein-Main-Gebiet" (S. 29‑30)

[http://www.mainz1933-1945.de/fileadmin/Rheinhessenportal/Teilnehmer/mainz1933-1945/Textbeitraege/Ulrich_Widerstand.pdf]

[81]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 70. (Bibliographie .)

[82]. IML beim ZK der SED (Hg.): Geschichte der deutschen Arbeiterbewegung, Band 5, S. 81‑82 (Bibliographie )

http://www.ddr-biografien.de/00000095890f9bc01/0000009589137ed36.html

[83]. http://www.ddr-biografien.de/00000095890f9bc01/0000009589137ed36.html

[84]. F. Deppe, G. Fülberth, J. Harrer: Geschichte der deutschen Gewerkschaftsbewegung, S. 377 (Bibliographie .)

[85]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 87. (Bibliographie .)

[86]. http://www.ddr-biografien.de/00000095890f9bc01/0000009589137ed36.html

K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 98 (Bibliographie )

[87]. Hermann Weber, "Kommunistischer Widerstand...", S. 12

[88]. http://bda-koepenick.de/verfolgte/Organisation:Kommunistische Partei Deutschlands

[89]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 67. (Bibliographie .)

[90]. http://bda-koepenick.de/verfolgte/Organisation:Kommunistische Partei Deutschlands

[91]. K. Finker: Geschichte des RFB, S. 243-246 (Bibliographie )

[92]. http://www.ddr-biografien.de/00000095890f9bc01/0000009589137ed36.html

[93]. IML beim ZK der SED (Hg.): Geschichte der deutschen Arbeiterbewegung, Band 5, S. 86 (Bibliographie )

IML beim ZK der SED (Hg.): Beiträge zur Geschichte der deutschen Arbeiterbewegung - Band 17 (Bibliographie )

[94]IML beim ZK der SED (Hg.): Beiträge zur Geschichte der deutschen Arbeiterbewegung - Band 5, S. 282-283 (Bibliographie )

IML beim ZK der SED (Hg.): Geschichte der deutschen Arbeiterbewegung, Band 5, S. 462‑463 (Bibliographie )

[95]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 75. (Bibliographie .)

[96]. F. Deppe, G. Fülberth, J. Harrer: Geschichte der deutschen Gewerkschaftsbewegung, S. 378 (Bibliographie .)

[97]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 76. (Bibliographie .)

[98]. H. Michaelis, E. Schraepler (Hg.): Ursachen und Folgen, Band 10 - Das dritte Reich - Die Errichtung des Führerstaates - Die Abwendung von dem System der kollektiven Sicherheit, S. 278 (Bibliographie )

[99]. Hermann Weber, "Kommunistischer Widerstand...", S. 13

[100]. M. Frank: Walter Ulbricht - Eine deutsche Biografie, S. 122 (Bibliographie )

Hermann Weber, "Kommunistischer Widerstand gegen die Hitlerdiktatur, 1933-1939", S. 13.

[101]. IML beim ZK der SED (Hg.): Geschichte der deutschen Arbeiterbewegung, Band 5, S. 93‑94 (Bibliographie )

K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 77‑78. (Bibliographie .)

[102]. IML beim ZK der SED (Hg.): Geschichte der deutschen Arbeiterbewegung, Band 5, S. 91 (Bibliographie )

[103]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 151. (Bibliographie .)

[104]U. Langkau‑Alex: Deutsche Volksfront 1932‑1939, Band 3, S. 333 (Bibliographie )

[105]. IML beim ZK der SED (Hg.): Geschichte der deutschen Arbeiterbewegung, Band 5, S. 101 (Bibliographie )

[106]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 120‑121. (Bibliographie .)

IML beim ZK der SED (Hg.): Geschichte der deutschen Arbeiterbewegung, Band 5, S. 107 (Bibliographie )

[107]. IML beim ZK der SED (Hg.): Geschichte der deutschen Arbeiterbewegung, Band 5, S. 111 (Bibliographie )

[108]. W. Pieck: Reden und Aufsätze - Band 1 - 1908‑1950, S. 567 (Bibliographie )

[109]. J. T. Degras (Ed.): The Communist International, 1919-1943 - Documents - Volume 3 - 1929‑1943, p. 484 (Bibliographie )

H. Schumacher: Die Kommunistische Internationale (1919-1943) - Grundzüge ihres Kampfes für Frieden, Demokratie, nationale Befreiung und Sozialismus, S. 293 (Bibliographie )

[110]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 153‑154. (Bibliographie .)

http://elib.uni-stuttgart.de/opus/volltexte/2003/1409/pdf/Band01.pdf S. 67‑69

[111]. U. Langkau‑Alex: Deutsche Volksfront 1932‑1939, Band 1, S. 186 (Bibliographie )

[112]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 122-127. (Bibliographie .)

[113]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 123. (Bibliographie .)

[114]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 122-123. (Bibliographie .)

[115]. IML beim ZK der SED (Hg.): Geschichte der deutschen Arbeiterbewegung, Band 5, S. 115‑117 (Bibliographie )

[116]. IML beim ZK der SED (Hg.): Geschichte der deutschen Arbeiterbewegung, Band 5, S. 127 (Bibliographie )

[117]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 153‑154. (Bibliographie .)

[118]. IML beim ZK der SED (Hg.): Geschichte der deutschen Arbeiterbewegung, Band 5, S. 127‑128 (Bibliographie )

[119]U. Langkau‑Alex: Deutsche Volksfront 1932‑1939, Band 2, S. 72 (Bibliographie )

[120]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 153‑154. (Bibliographie .)

[121]. Hermann Weber, "Kommunistischer Widerstand...", S. 13

[122]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 128. (Bibliographie .)

[123]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 179‑180. (Bibliographie .)

[124]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 180. (Bibliographie .)

[125]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 145. (Bibliographie .)

[126]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 154. (Bibliographie .)

[127]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 155. (Bibliographie .)

[128]. U. Langkau‑Alex: Deutsche Volksfront 1932‑1939, Band 1, S. 334 (Bibliographie )

[129]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 158. (Bibliographie .)

[130]. Siegfried Vietzke, "Zur Entwicklung der Konzeption über die deutsche demokratische Republik (1936)". In:

Deutsche Akademie der Wissenschaften zu Berlin, Institut für Geschichte (Hg.): Jahrbuch für Geschichte - Band 4, S. 153 (Bibliographie )

[131]. A. Sywottek: Deutsche Volksdemokratie, S. 62 (Bibliographie )

[132]. U. Langkau‑Alex: Deutsche Volksfront 1932‑1939, Band 1, S. 327 (Bibliographie )

[133]. A. Sywottek: Deutsche Volksdemokratie, S. 64 (Bibliographie )

[134]U. Langkau‑Alex: Deutsche Volksfront 1932‑1939, Band 2, S. 36, 46, 52‑53 (Bibliographie )

Memorandum Walter [Ulbricht] "Zur Frage der Veröffentlichung der provisorischen Plattform der Pariser Beratung", datiert 11. März 1936.

[135]U. Langkau‑Alex: Deutsche Volksfront 1932‑1939, Band 2, S. 50 (Bibliographie )

K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 157. (Bibliographie .)

[136]. Zentralkomitee der Sozialistischen Einheitspartei Deutschlands (Hg.): Einheit - Band 24, S. 978-990 (Bibliographie )

[137]. Rundschau (Basel), 1936, Nr. 15, 2. April, S. 609f: In:

Mitteilungen der Deutschen Freiheitsbibliothek - 1936 (Bibliographie )

[138]U. Langkau‑Alex: Deutsche Volksfront 1932‑1939, Band 2, S. 86‑87 (Bibliographie )

Frédéric Stephan M.A, "Die Europavorstellungen im deutschen und im französischen Widerstand gegen den Nationalsozialismus 1933/40 bis 1945" (S. 68)

[http://elib.uni-stuttgart.de/opus/volltexte/2003/1409/pdf/Band01.pdf]

IML beim ZK der SED (Hg.): Geschichte der deutschen Arbeiterbewegung, Band 5, S. 145‑146 (Bibliographie )

[139]U. Langkau‑Alex: Deutsche Volksfront 1932‑1939, Band 2, S. 87 (Bibliographie )

[140]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 158. (Bibliographie .)

U. Langkau‑Alex: Deutsche Volksfront 1932‑1939, Band 2, S. 252‑253 (Bibliographie )

[141]. U. Langkau‑Alex: Deutsche Volksfront 1932‑1939, Band 2, S. 520 (Bibliographie )

[142]. IML beim ZK der SED (Hg.): Geschichte der deutschen Arbeiterbewegung, Band 5, S. 149 (Bibliographie )

K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 149, 158 (Bibliographie )

U. Langkau‑Alex: Deutsche Volksfront 1932‑1939, Band 2, S. 511‑524 (Bibliographie )

[143]. U. Langkau‑Alex: Deutsche Volksfront 1932‑1939, Band 3, S. 338 (Bibliographie )

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[152]. K. Jarmatz, S. Barck, P. Diezel: Exil in der UdSSR, S. 94 (Bibliographie )

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[157]. H. Bednareck: Gewerkschafter im Kampf gegen die Todfeinde der Arbeiterklasse und des deutschen Volkes - zur Geschichte der deutschen Gewerkschaftsbewegung von 1933 bis 1945, S. 123 (Bibliographie )

[158]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 167. (Bibliographie .)

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[169]. K. Mammach: Brüsseler Konferenz der Kommunistischen Partei Deutschlands..., S. 21 (Bibliographie )

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[180]. Frédéric Stephan, "Die Europavorstellungen im deutschen und im französischen Widerstand gegen den Nationalsozialismus 1933/40 bis 1945"

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[181]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 237. (Bibliographie .)

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[183]. Bezirksleitung Potsdam der SED (Hg.): Antifaschistischer Widerstandskampf in der Provinz Brandenburg 1933-1939 - Band 2 - 1935-1939, S. 535 (Bibliographie )

[184]. K. Mammach: Die deutsche antifaschistische Widerstandsbewegung..., S. 248. (Bibliographie .)

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[186] http://www.ddr-biografien.de/00000095890f9bc01/0000009589137ed36.html

[187] http://www.ddr-biografien.de/00000095890f9bc01/0000009589137ed36.html

Frédéric Stephan M.A, "Die Europavorstellungen im deutschen und im französischen Widerstand gegen den Nationalsozialismus 1933/40 bis 1945" (S. 58)

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IML beim ZK der SED (Hg.): Beiträge zur Geschichte der deutschen Arbeiterbewegung - Band 18, S. 1083 (Bibliographie )

K. Mammach: Widerstand - Geschichte der deutschen antifaschistischen Widerstandsbewegung im Inland und in der Emigration - Band 2 - 1939-1945, S. 150‑152 (Bibliographie )

[188]. H. Laschitza: Kämpferische Demokratie gegen Faschismus - Die programmatische Vorbereitung auf die antifaschistisch-demokratische Umwälzung in Deutschland durch die Parteiführung der KPD, S. 55 (Bibliographie )

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http://www.ifz-muenchen.de/heftarchiv/1997_2.pdf