Analyses

../../../../img/pag/entete.jpg

Accueil

 

Agitprop

English

Art

Français

Références

Español

Présentation

Plan site

 

 

 

 

 

Français   >   Art   >

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Album de George Grosz:
Abrechnung folgt !
(Nous règlerons nos comptes !)

 

 

Abrechnung folgt! ‑ 57 politische Zeichnungen von George Grosz.

(Nous règlerons nos comptes! ‑ 57 dessins politiques de George Grosz.)

Berlin, Malik-Verlag, 1923.

 

 

 

 

 

 

Liens complémentaires:

 

 

Allemagne 1918‑1939

 

 

 

 

 

 

Écrit: janvier 2013
Dernière modification: avril 2014

Version imprimable
Tableaux de George Grosz - Sommaire

 

 

 

 

 

 

L'intégralité de l'album se trouve ici

 

 

 

 

 

 

Quelques annotations sur les dessins

1. Schwarz-weiß-rot bis in den Tod

"Noir-blanc-rouge jusque dans la mort"

- Noir-blanc-rouge:

Les couleurs Noir-blanc-rouge constituaient à partir de 1867 le drapeau de l'Union allemande du Nord (Norddeutscher Bund), puis servaient de 1871 à 1919 ainsi que de 1933 à 1945 comme couleurs de l'Empire allemand. En 1919 l'Assemblée nationale de Weimar décida que les couleurs nationales étaient Noir-rouge-or, mais les groupes monarchistes, conservateurs et national-socialistes continuaient à arborer les couleurs Noir-blanc-rouge.

- "Stolz weht die Flagge Schwarz-Weiß-Rot":

"Fièrement flotte le pavillon Noir-blanc-rouge": c'est la première ligne d'une chanson connue sous le titre "Deutsches Flaggenlied" (Chanson du pavillon allemand), datant de 1886, dont voici le début[1]:

                                           Stolz weht die Flagge Schwarz-Weiß-Rot
von uns´rer Schiffe Mast
Dem Feinde Tod, der sie bedroht
Der diese Farben haßt
Sie flattert an der Heimat Strand
im Winde hin und her
und weit vom deutschen Vaterland
auf sturmbewegten Meer

Ihr woll´n wir treu ergeben sein
getreu bis in den Tod
Ihr woll´n wir unser Leben weih´n
der Flagge Schwarz-Weiß-Rot
Hurra!

                                      Traduction:

                                           Fièrement flotte le pavillon Noir-blanc-rouge
du mât de nos navires.
Mort à l'ennemi, qui le menace,
Qui hait ces couleurs.
Agité par le vent,
il ondoie sur le littoral de notre pays natal
et loin de la patrie allemande
sur des mers agités par la tempête.

Fidèlement dévoués à lui nous voulons être,
fidèle jusque dans la mort.
À lui nous voulons consacrer notre vie,
au pavillon Noir-blanc-rouge,
Hourra!

 

2. Was heißt Reparationsschuld. Ich werde mir doch nicht den Sitz unterm Arsch wegziehen lassen!

"Comment ça, dette de réparations. Je ne vais quand même pas me laisser retirer la chaise de dessous le cul!"

 

3. "Armut ist ein großer Glanz von Innen" (Rilke)

"La pauvreté est une grande luisance venant de l'intérieur"

Rainer-Maria Rilke:

Écrivain de langue allemande. La phrase est tirée de son poème "Das Buch von der Armut und vom Tode" ("Le livre de la pauvreté et de la mort") qui fait partie du recueil "Das Stundenbuch" ("Le livre d'heures") publié en 1903, dont voici un extrait[2]:

                                           [...]
Denn, Herr, die großen Städte sind
verlorene und aufgelöste;
[...]
Da leben Menschen, leben schlecht und schwer,
in tiefen Zimmern, bange von Gebärde,
geängsteter denn eine Erstlingsherde;
und draußen wacht und atmet deine Erde,
sie aber sind und wissen es nicht mehr.
[...]
Denn sie sind reiner als die reinen Steine
und wie das blinde Tier, das erst beginnt,
und voller Einfalt und unendlich Deine
und wollen nichts und brauchen nur das Eine

so arm sein dürfen, wie sie wirklich sind.

Denn Armut ist ein großer Glanz aus Innen...
[...]

                                      Traduction:
[Traduit par nous. L'intention n'est pas de recréer une version poétique proprement dite en français, mais plutôt de rendre littéralement la signification de base des mots.]

                                           [...]
Car, Seigneur, les grandes villes sont
perdues et dissoutes
[...]
Là, vivent des hommes, ils vivent mal et peinent,
dans des sous-sols, aux gestes anxieuses
plus peureux qu'un troupeau de nouveau-nés;
et dehors ta terre veille et respire,
eux cependant sont, mais ne le savent plus.
[...]
Car ils sont plus pures que les pierres pures
et comme l'animal aveugle, qui juste commence;
et pleins de simplicité et éternellement à Toi
et ne veulent rien et ne nécessitent que l'unique chose

qu'il leur soit donné d'être pauvres comme ils le sont véritablement.

Car la pauvreté est une grande luisance venant de l'intérieur…
[...]

 

4. Durchhalten

"Tenant ferme"

 

5. Obwohl an der Ruhr erkrankt, schmeckt's ihm nicht schlecht

"Bien qu'il soit malade de la Ruhr, il se régale quand même"

- Ruhr:

Le mot allemand Ruhr signifie dysenterie. En ce qui concerne la Ruhr au sens géographique, cette région industrielle (Rheinland-Westfalen en termes administratifs) connait au début des années 1920 divers tourments. En janvier 1923, sous prétexte de retards de livraisons dues à titre de réparations, des troupes françaises et belges entrent dans la Ruhr. Le gouvernement allemand tente de contrecarrer cette atteinte à sa souveraineté, mais finit par se soumettre en septembre 1923. Toutefois, la période est marquée par des mouvements de grève et des actes de sabotage. (Cf.   .) Auparavant, en réaction au putsch Lüttwitz-Kapp, la Ruhr avait été, en mars-avril 1920 le centre d'un mouvement insurrectionnel porté par les travailleurs de la région. (Cf.   .)

 

6. Fest sitzt und schnarcht die Republik

"La République est solidement assise et ronfle ferme"

 

7. "Sportklub Harmonia"

"Club sportif Harmonia"

 

8. MARLOH JETZT ‑
Was ein Haken-kreuzritter werden will...

"Marloh maintenant ‑"; "Qui veut devenir un croisé de la croix gammée..."

"Haken-kreuzritter"

"Hakenkreuz": "croix gammée"; "Kreuzritter": "croisé" (chevalier des croisades).

Otto Marloh:

Otto Marloh était membre du Freikorps “Brigade Reinhard”, constitué après novembre 1918 par le colonel Wilhelm Reinhard. En décembre 1918 celui-ci est désigné comme commandant militaire de Berlin par Gustav Noske (SPD) qui au sein de l'organe gouvernemental dénommé “conseil des mandatés du peuple” (Rat der Volksbeauftragten) est chargé de l'armée et de la marine. La Brigade Reinhard joue un rôle important dans la répression contre le mouvement insurrectionnel à Berlin en janvier 1919, au cours de laquelle sont assassinés Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg. La Brigade intervient également dans la répression des mouvements qui resurgissent en mars. En juin le Freikorps est intégré dans la Reichswehr en tant que Reichswehrbrigade.

C'est durant les combats de mars 1919 qu'Otto Marloh fait exécuter 29 soldats de la Volksmarinedivision, dont la dissolution venait d'être prononcée par le gouvernement. Il fera objet d'un procès mais sera acquitté. En 1930 il entrera au NSDAP[3].

(Cf.  .)

 

9. ‑ UND EINST
...übt sich bei Zeiten

"‑ et jadis"; "...s'exerce à temps"

"übt sich beizeiten"

C'est une expression proverbial utilisée fréquemment dans des phrases commençant "Celui qui veut devenir" un expert en ceci ou cela.

 

10. Schwimme, wer schwimmen kann, und wer zu schwach ist, gehe unter

"Nage qui peut nager; qui est maladroit, qu'il se noie!"

- "Schwimme, wer schwimmen kann, und wer plump ist, geh unter!"

Cette phrase est extraite de la pièce "Les brigands" de Friedrich Schiller[4].

‑ Album "Die Räuber"

Ce tableau figure aussi dans l'album "Die Räuber" ("Les brigands") paru en 1922, accompagné par la phrase suivante, également extraite de la même pièce[5]:

                                           Les lions et les léopards nourrissent leurs petits, le corbeau apporte des cadavres à ses petits.

 

11. Abrechnung folgt

"On règlera nos comptes"

- "L'heure du règlement de comptes approche." ("Die Stunde der Abrechnung naht.")

C'est ce qu'annonce une déclaration publiée par le gouvernement (composé de membres du SPD, notamment Friedrich Ebert, Philipp Scheidemann et Gustav Noske) le 8 janvier 1919. La menace vise la Ligue Spartakus[6]: " Spartakus lutte maintenant pour le pouvoir intégral. [...]Là où Spartakus domine, toute liberté et sécurité personnelle est abolie. [...]Le gouvernement prend toutes les mesures nécessaires, pour briser ce règne de la terreur et d'empêcher une fois pour toutes son retour. [...]L'heure du règlement de comptes approche."

(Cf.  .)

 

12. Hochverräter

"Auteurs de haute trahison"

 

13. Lieb Vaterland, magst ruhig sein

"Chère patrie, tu peux être rassérénée"

"Lieb Vaterland, magst ruhig sein":

Ligne extraite d'une chanson connue sous le titre "Die Wacht am Rhein" ("La garde au Rhin"), datant de 1840, dont voici un extrait[7]:

                                           Es braust ein Ruf wie Donnerhall
wie Schwertgeklirr und Wogenprall.
Zum Rhein, zum Rhein, zum deutschen Rhein!
Wer will des Stromes Hüter sein?
Lieb Vaterland, magst ruhig sein
Fest steht und treu die Wacht, die Wacht am Rhein!

                                      Traduction:

                                           Un appel gronde tel un roulement de tonnerre,
tel du tintement d'épées et du déferlement de vagues.
Au Rhin, au Rhin, au Rhin allemand!
Qui veut être le gardien du fleuve?
Chère patrie, tu peux être rassérénée
Fermement se tient la garde, et fidèle, la garde au Rhin!

 

14. Meine Rente ‑

"Ma pension..."

 

15. = eine Havana!

"= une Havane!"

 

16. Gesang der Intellektuellen: Nehmen Sie den Leib, Gute, Ehe, Kind und Weib, der Geist muß uns doch bleiben!

"Chant des intellectuels: Prenez le corps, biens, mariage, enfant et épouse, l'esprit nous restera fatalement quand même!"

 

17. Völker Europas, wahrt eure heiligsten Güter

"Peuples d'Europe, sauvegardez vos biens les plus sacrés"

- "Völker Europas, wahrt eure heiligsten Güter"

C'est le titre d'une lithographie qu'en 1895 l'Empereur Wilhelm II fait élaborer par Hermann Knackfuß et qui est censée représenter le danger incarné par les peuples asiatiques de la Chine et du Japon. À ce sujet, Wilhelm II parle du "péril jaune". Il fait parvenir cette oeuvre en tant que cadeau au Tsar de Russie, Nicolas II.

 

18. Für die Reichen ist die Beute, Für das Volk die Not der Kriege

"Aux riches revient le butin, Au peuple la  détresse des guerres"

 

19. Trotz Hunger und Schmach, wir lassen uns nie und nimmer in die Knie zwingen!

"Malgré faim et déshonneur, jamais de la vie nous ne nous laisserons mettre à genoux!"

 

20. Der Bürger hetzt ‑

"Le bourgeois organise la traque‑"

Dans les bulles, est écrit:
 "Die Hand ist noch nicht verdorrt" ("La main n'est pas encore desséchée") et "immer feste druff" ("vas-y, toujours ferme")

"Die Hand ist noch nicht verdorrt":

En février 1919 Philipp Scheidemann (SPD) est premier ministre du gouvernement formé pour remplacer le “conseil des mandatés du peuple” (Rat der Volksbeauftragten), organe gouvernemental constitué en novembre 1918. Il est opposé aux conditions formulées par le traité de Versailles, et démissionne de son poste le 12 mai, jour où l'assemblée nationale doit se prononcer sur le traité. C'est lui qui dans son discours utilise l'expression de la main qui se dessèche[8]:

                                           Je vous demande: qui peut en tant qu'homme honnête ‑ je ne veux même pas dire en tant qu'Allemand ‑ simplement en tant qu'homme honnête, respectueux des traités, souscrire à de telles conditions? Quelle main ne serait vouée à se dessécher, qui inflige de telles entraves à elle et à nous? [...] Ce traité est selon l'avis du gouvernement du Reich inacceptable.

- Main desséchée":
La référence au dessèchement est une expression figurée traditionnelle concernant la maladie, signifiant la paralysie. Elle se trouve par exemple dans les textes de la Bible.

"Immer feste druff":

C'est une expression courante pouvant être employée en toutes sortes de circonstances. Elle convient en particulier à la propagande patriotique. Voici deux illustrations.

Carte postale:

                                           [9]

Il est écrit:
"Japan - Serbien - Frankreich - Russland - England - Belgien - Marocco. Immer feste druff!! Nur nicht drängeln, Ihr kommt alle 'ran‑!"
("Japon - Serbie - France - Russie - Angleterre - Belgique - Maroc. Allons-y, toujours ferme!! Ne vous bousculez pas. Ça sera le tour à chacun‑!")

                                      Opérette "Immer feste druff", créée en 1914.

                                           Parmi les chansons, à titre d'exemple, on peut mentionner "Auf der Banke, an der Panke" ("Sur le banc, au bord du Panke"), un dialogue entre deux personnages, Schliephake et son épouse Minna, qui rappelle la carte postale montrée ci-dessus. Voici un extrait (en première c'est elle qui parle):

                                               — Mein Maxeken, du schöner Mann, Ach nimm mich doch mit dir
— Zuerst muss der Franzose schnell Eins kriegen auf den Hut.
— Denn zieh' dem Russen ab det Fell, Na Junge, du hast Mut.
— Zuletzt hau ich den Englischmann Die Jacke mächtig voll.
— Wat fang' ich bloß alleene an, ick lieb Dir ja wie doll.
— Ach ja, ach ja, bald bin ick wieder da.

                                           Traduction:

                                               — Mon Max, toi bel homme, ah mais amène-moi avec toi.
— D'abord le Français doit vite fait recevoir une correction.
— Ensuite dépouille le Russe. Ben mon gars, t'as du courage.
— Pour finir, j'administre une raclée à l'Anglais.
— Mais qu'est-ce que je vais faire toute seule, puisque je t'aime à la folie.
— Ah oui, ah oui, bientôt je suis là à nouveau.

 

21. ‑ und der Prolet muß bluten

"...et le prolo doit saigner"

Sur le journal, est écrit:
en titre "Deutsche Zeitung" ("Journal allemand"), puis "Mögen sie nur kommen!" ("Qu'ils viennent donc!").

Deutsche Zeitung:

C'est l'organe de l'aile la plus à droite du Parti national-allemand du peuple (Deutschnationale Volkspartei, DNVP). Le DNVP s'est formé en novembre 1918 sur la base du Deutschkonservative Partei et du Deutsche Reichspartei, qui représentaient les cercles conservateurs sous la Monarchie. À la création du DNVP participent également des groupes chrétien-sociaux, allemand-populaires (deutschvölkische) et antisémites. Le programme du DNVP prévoit le retour à la monarchie.

"Mögen sie nur kommen!":

En juillet 1870 éclate la guerre entre la Prusse et la France qui se termine en janvier-février 1871 avec la victoire allemande. Cette guerre fournit en même temps le cadre à la fondation de l'Empire allemand: En janvier 1871, Wilhelm I, roi de Prusse, est proclamé Empereur. En 1876 il préside à l'inauguration d'un monument (appelé communément “Hermanns-Denkmal”) érigé près de Detmold (capitale de la principauté de Lippe) en mémoire du chef de tribu chérusque Arminius qui en l'an 9 de notre ère mena une bataille victorieuse contre les Romains. La construction du monument avait été entamée en 1841 sous l'impulsion d'un certain Ernst von Bandel. L'évènement historique ainsi commémoré est mis en parallèle avec la victoire de l'Allemagne sur la France. La figure d'Arminius avait déjà auparavant servi comme élément de la propagande patriotique. De cela témoigne par exemple la chanson datant de 1847 qui contient justement la phrase "Mögen sie nur kommen!", et qui mentionne par ailleurs la construction en cours du Hermanns-Denkmal. En voici des extraits[10]:

                                           Als die Römer frech geworden
zogen sie nach Deutschlands Norden
Vorne mit Trompetenschall
ritt der Generalfeldmarschall,
Herr Quintilius Varus
[...]
Als das Morden war zu Ende,
rieb Fürst Hermann sich die Hände,
und um seinen Sieg zu weih´n,
lud er die Cherusker ein
zu 'nem großen Frühstück.
[...]
Und zu Ehren der Geschichten
tat ein Denkmal man errichten,
Deutschlands Kraft und Einigkeit
kündet es jetzt weit und breit:
"Mögen sie nur kommen!"
[...]

                                      Traduction:

                                           Quand les Romains était devenus impertinents,
ils se déplacèrent vers le Nord de l'Allemagne.
Devant sous le son de trompettes,
chevauchait le Generalfeldmarschall
monsieur Quintilius Varus
[...]
Quand la tuerie avait pris fin,
le prince Hermann se frotta les mains,
et pour consacrer sa victoire,
il invita les chérusques
pour un grand casse-croute
[...]
Et pour l'honneur des histoires
on érigea un monument,
il annonce maintenant partout autour:
"Qu'ils viennent donc!"
[...]

- le parapluie:

Sur ce dessin et le précédent, qui vont ensemble, apparaissent des personnages exhibant un parapluie. Cela peut être vu comme une allusion au slogan d'usage courant, décrivant l'empereur comme "Deutschlands Schirm und Schutz" ("Bouclier et protection de l'Allemagne"). En allemand, le mot Schirm au sens général signifie quelque chose qui protège, isole. Ainsi Schirm peut signifier bouclier, mais aussi, par exemple, parapluie (Regenschirm), parasol (Sonnenschirm), abat-jour (Lampenschirm).

"Deutschlands Schirm und Schutz"

Exemple de carte postale:

                                           [11]

"Avec Dieu pour l'Empereur et pour l'Empire" - "Bouclier et protection de l'Allemagne"

 

22. Siegreich wollen wir Frankreich schlagen...

"Victorieusement nous entendons battre la France..."

‑ " Siegreich wollen wir Frankreich schlagen":

Cette phrase est extraite d'une chanson populaire datant du 19e siècle[12]:

                                           Soldaten das sein lustge Brüder,
Haben frohen Mut,
Singen lauter lustge Lieder,
Sein den Mädchen gut.

Spiegelblank sein unsre Waffen,
Schwarz das Lederzeug,
Können wir beim Mädchen schlafen,
Sein wir kaiserreich.

Mut im Herzen, Geld im Beutel
Und ein gut Glas Bier,
Das soll uns die Zeit vertreiben.
Lustig und auch fröhlich sein!

's giebt nicht immer Schweinebraten,
's giebt auch trocknes Brot,
Lustig singen wir Soldaten
Bei Wasser und bei trocknem Brot.

Unser Hauptmann steigt zu Pferde,
Zieht mit uns in's Feld.
Siegreich wollen wir Frankreich schlagen,
Sterben als ein tapfrer Held.

Haben wir drei Jahr gedienet,
Ist die Dienstzeit aus,
Dann schickt uns der Hauptmann
wieder ohne Geld nach Hans.

                                      Traduction:

                                           Les soldats, c'est des joyeux drilles,
ils ont un tempérament jovial,
chantent toutes sortes de chansons gaies,
aiment bien les filles.

Nos armes sont bien astiquées,
et noir l'attirail en cuir,
si nous pouvons coucher chez la fille,
nous sommes riches comme l'Empereur.

Courage au coeur, argent dans la bourse
et un bon verre de bière,
C'est pour passer le temps.
Être gaie et joyeux aussi!

Y a pas toujours rôti de porc
y a aussi du pain sec,
gaiement nous chantons, les soldats,
avec de l'eau et du pain sec.

Notre capitaine monte à cheval,
entre en campagne avec nous.
Victorieusement nous entendons battre la France,
mourir en héros courageux.

Après trois ans de service
le temps de service est fini,
alors notre capitaine nous renvoie
sans argent à la maison.

 

23. Gegen den Kommunismus sind sie einig!

"Contre le communisme ils sont d'accord!"

 

24. Die Familie ist die Grundlage des Staates

"La famille est le fondement de l'état"

‑ "Die Familie ist die Grundlage des Staates":

La mise en avant de l'idée qui assigne à la famille le rôle de fondement de l'état est très répandue à travers divers courants idéologiques conservateurs, et est notamment portée par les religions. Pour ce qui est de la période après la 1e guerre mondiale, on peut noter quelques manifestations particulières de ce fait.

En 1923 parait le livre "Die Protokolle der Weisen von Zion und die jüdische Weltpolitik" ("Les Protocoles des sages de Sion et la politique mondiale juive") d'Alfred Rosenberg. Celui-ci est membre du NSDAP depuis 1920, auteur de divers textes antisémites, et en 1923 il assume la fonction de rédacteur en chef du Völkischer Beobachter, organe du NSDAP. L'année suivante, Adolf Hitler qui est incarcéré, désigne Rosenberg pour le remplacer. Analysant les prétendus protocoles, Rosenberg écrit[13]:

                                           Ici l'idéal européen élevé de la liberté individuelle, dans le sens plus large de l'autodétermination d'un peuple, est déformé vers la conception anarchiste dans le but de saper la famille en tant que fondement de l'état.

                                      Pour ce qui est de l'église catholique, le théologien Heinrich Pesch développe une interprétation désignée comme Solidarismus qui vise à réfuter à la fois le libéralisme individualiste et le socialisme collectiviste. La vision de Pesch est activement prise en compte par des responsables politiques, notamment Matthias Erzberger. (Erzberger est membre du Parti Zentrum; 1919‑1920 ministre des finances; assassiné en 1921 par des représentants de l'extrême droite.) Voici comment Pesch, dans une de ses principaux oeuvres, se réfère au rôle de la famille par rapport à l'état[14]:

                                           La famille est le fondement de l'état. En elle se retrouvent les cinq piliers de la vie en société: religiosité, obéissance, respect devant l'autorité, sens du sacrifice, sens de la communauté.

 

25. Ein halbes Jahrhundert Sozialdemokratie

"Un demi-siècle de social-démocratie"

 

26. Vorsicht, nicht stolpern

"Attention de pas trébucher"

 

27. Ein trautes Weib, ein herzig Kind, das ist mein Himmel auf der Erde

"Une épouse confidente, un enfant mignon, voilà mon ciel sur terre"

Paroles sortant de la bouche de la femme au piano:
"Stille Nacht, heilige Nacht" ("Nuit tranquille, nuit sainte"). (Dans la version française de cette chanson de Noël: "Douce nuit, sainte nuit".)

- "Ein braves Weib, ein herzig Kind, das ist mein Himmel auf der Erde":

C'est le refrain d'une chanson populaire datant du 19e siècle, dont voici la première strophe[15]:

                                           Ich wär so gern, so gern daheim,
Daheim in meiner stillen Klause,
Wie ist es doch dem Herzen wohl
Das süße traute Wort zu Hause.
Denn nirgends in der weiten Welt
Fühl ich so frei mich von Beschwerde,
Ein braves Weib, ein herzig Kind,
Das ist mein Himmel auf der Erde.

                                      Traduction:

                                           Ah, que je voudrais être chez moi,
Chez moi dans ma chambre tranquille,
Ah, comme le doux et familier mot chez moi
fait du bien au coeur.
Car nulle part dans le vaste monde
je me sent aussi libre de soucis,
Une brave épouse, un enfant mignon,
Voilà mon ciel sur terre.

 

28. Einheitsfront

"Front uni"

 

29. Die Religion muß dem Volke erhalten bleiben!

"La religion doit rester préservée pour le peuple!"

Dans la bulle, est écrit:
"Seid fruchtbar und mehret Euch" ("Soyez féconds, multipliez", Bible, Genèse, 1.28, et des formulations similaires ailleurs dans le texte.)

 

30. Wissen ist Macht

"Le savoir est le pouvoir"

Sur le tableau, est écrit:
"In der Blüte des Unternehmertums liegt die Zukunft der Arbeiterschaft", "10 % Lohnabzug", "Einheitsfront", "Akkord", "12‑Stundentag"
("Dans l'épanouissement des milieux d'entreprise réside l'avenir de l'ensemble des travailleurs", "10 % retenue de salaire", "Front uni", "Cadence", "Journée de 12 heures")

Le visage de l'“enseignant” peut faire penser à Hugo Stinnes (cf. n° 37).

 

31. Ans Vaterland, ans teure, schließ dich an!

"Serre à jamais, oh! serre avec amour ces liens du pays où tu reçus le jour."

- "Ans Vaterland, ans teure, schließ dich an!"

Cette phrase est extraite de la pièce "Guillaume Tell" de Friedrich Schiller [16].

 

32. Der Regisseur ‑

"Le metteur en scène ‑"

Ce tableau figure aussi dans l'album "Die Räuber" ("Les brigands"), paru en 1922.

Il y est accompagné de la phrase suivante, extraite de la pièce "Les brigands" de Friedrich Schiller[17]:

                                           Je veux anéantir ici, autour de moi, tout ce qui empêche que je sois le maître.

 

33. ‑ und seine Puppen

"‑ et ses poupées"

Ce tableau figure aussi dans l'album "Die Räuber" ("Les brigands"), paru en 1922.

Il y est accompagné de la phrase suivante, extraite de la pièce "Les brigands" de Friedrich Schiller[18]:

                                           Ne font-ils pas retentir du milieu des nuages dont ils s'enveloppent, les mots de douceur et de patience, et n'offrent-ils pas à un Dieu d'amour des victimes humaines comme à un Moloch dévorant?

 

34. Die Arbeiter machen der Obrigkeit so viel zu schaffen ‑

"Les ouvriers donnent du fil à retordre aux autorités à tel point ‑"

 

35. ‑ daß es ihr nicht möglich ist die Schieber zu fassen

"‑ qu'il n'est pas possible à ces derniers d'appréhender les trafiquants"

 

36. Zwei Schlote und eine Seele

"Deux cheminées et une âme"

- Hugo Stinnes (cf. également n° 37):

Cf. .

- Louis Loucheur[19]:

En 1899 Loucheur fonde ensemble avec Alexandre Giros, une société de travaux publics dénommée Giros et Loucheur. En 1908 ils la transforment en Société générale d'entreprises (SGE). En septembre 1917 Loucheur est nommé à la tête du ministère l'Armement et des fabrications de guerre, qui en novembre devient ministère de la reconstruction industrielle. Il détient ce poste jusqu'en janvier 1920. Par la suite, de janvier 1921 à janvier 1922,  il est ministre des régions libérées.

- Stinnes, Loucheur et l'occupation de la Ruhr en 1923:

En décembre 1922 les Puissances victorieuses alliées notifient au gouvernement allemand qu'elles lui imputent un manque d'exécution intentionnel de certaines livraisons dues à titre de réparations. En se référant à ce constat, les gouvernements français et belge, le 11 janvier 1923, font entrer des troupes dans la Ruhr.

Stinnes avait d'avance fait savoir que sa préoccupation principale n'était pas d'éviter cette tournure des évènements. Le 18 juin 1922 le Deutsche Allgemeine Zeitung, porte-parole de Stinnes, informe: "Toutefois Monsieur Stinnes est sans ambigüité, en toutes circonstances, un adversaire d'une poursuite de la politique d'exécution, même  au risque qu'on en vienne à une occupation de la Ruhr. Il faut enfin faire prendre conscience aux adversaires qu'un jour il faut en finir avec les éternelles menaces agitant l'occupation de la Ruhr[20]."

Vue sous un certain angle, l'occupation de la Ruhr par la France constitue une attaque menée en connivence par les capitalistes français et allemands contre le prolétariat allemand de la région, pour réprimer sa résistance face à l'exploitation. En effet, Stinnes s'appuie sur les difficultés économiques liées aux obligations à titre de réparations ‑ notamment après l'occupation de la Ruhr ‑ pour exiger du gouvernement allemand un allongement substantiel de la durée du travail et une interdiction prolongée des grèves[21]. Il mène aussi des négociations en ce sens avec les autorités françaises. Par ailleurs il cherche à conclure des contrats de livraison de charbon à des entreprises françaises malgré le fait que le gouvernement allemand, dans le cadre de sa politique de "résistance passive" à l'occupation, a prononcé une interdiction à cet égard[22].

En octobre 1923, une commission composée de six membres représentant l'union des entrepreneurs des mines, avec Stinnes comme porte-parole, négocie avec le commandant des troupes d'occupation françaises, le général Jean Marie Degoutte[23]. Le chancelier Gustav Stresemann (DVP) est initialement opposé à la démarche, mais ne peut l'empêcher, et finit par donner son aval officiel.

Le 29 septembre 1923, Stinnes en accord avec les représentants de l'industrie lourde allemande demande au chancelier Stresemann la levée de la durée journalière du travail de huit heures. Le lendemain, à Unna-Königsborn, se tient une réunion des principaux dirigeants de l'industrie du charbon et du fer de la région de la Ruhr. Décision est prise de réintroduire à partir du 1er octobre la durée du travail d'avant la guerre. Le 5 octobre des représentants de l'industrie lourde négocient avec le général Degoutte. Outre Stinnes, il y a Albert Janus (président du Rheinisch-Westfälisches Kohlensyndikat), Peter Klöckner (président du conseil de surveillance de la Klöckner-Werke AG), Georg Lübsen (directeur de la Gutehoffnungshütte AG), Otto von Velsen (directeur général de la Bergwerks-Gesellschaft Hibernia), Albert Vogler (président du conseil d'administration de la Deutsch-Luxemburgische Bergwerks- und Hütten-AG). Lorsque le chancelier et les industriels nient que de telles négociations aient eu lieu, Otto Wels (SPD), le 20 novembre au Reichstag, cite textuellement le protocole de la réunion tenue à Unna-Königsborn[24]:

                                           Selon la conviction de l'industrie c'était une grave erreur de céder aux influences socialistes et d'introduire, après une guerre perdue, en plus encore une durée du travail diminuée. Beaucoup de difficultés auraient pu être évitées si plus de charbon aurait été extrait, et notre tâche devrait être d'extraire de nouveau suffisamment de charbon pour pouvoir approvisionner pleinement, outre l'Allemagne, aussi la France, la Belgique, la Hollande et la Suisse. C'est pourquoi le secteur minier de Rheinland-Westfalen a décidé de réintroduire le lundi prochain la durée du travail d'avant la guerre, c'est-à-dire huit heures et demi y compris la descente et la remontée pour ceux qui travaillent sous terre et dix heures qui travaillent à ciel ouvert. Cependant l'industrie n'est pas en mesure de mettre en oeuvre son intention sans le soutien des puissances d'occupation, et c'est cela une des raisons pour notre visite.

                                      La position de Degoutte est en harmonie avec celle de Stinnes[25]. Il considère "le peuple allemand comme dégénéré et en particulier les travailleurs comme tombés dans la déchéance au point qu'il n'y a rien à en espérer[26]". Dans le même esprit, le commandant des troupes stationnées à Düsseldorf, le général Simon, affirme que "l'attitude de la populace allemande, qui s'obstine de plein gré à chômer, constitue l'obstacle principal pour le rétablissement d'une vie normale[27]".

L'attitude de "résistance passive" adoptée dans un premier temps par le gouvernement allemand implique de la part des travailleurs dans les territoires occupés, le refus d'effectuer leur travail dans les conditions d'administration des entreprises par les autorités françaises. Celles-ci appliquent alors des mesures d'expulsions massives de travailleurs allemands vers les zones non occupées. Voici les conditions en vue d'un éventuel un changement de position, posées par Degoutte en octobre 1923 à l'adresse d'une délégation des syndicats[28]:

                                           1. Abolition de la loi sur les conseils d'entreprises (Betriebsrätegesetz); 2. Introduction de la durée du travail de 10 heures et du travail à la tâche; 3. Acceptation de tout travail assigné sous peine d'expulsion; 4. Pour les cheminots, s'appliquent les conditions déjà annoncées; 5. Répression par la force des armes, de toute révolte; 6. Renforcement de la sécurisation urbaine.

[Le point 4 se réfère à l'obligation pour les cheminots de se mettre à disposition de l'administration française des chemins de fer, sous peine d'expulsion[29].]

                                      Cependant, malgré ces points communs, chacune des différentes fractions de la bourgeoisie, allemande et française, poursuit ses propres objectifs qui, bien qu'étant déterminés selon des principes communs, sont divergents, du moins potentiellement. Des relations de coopération sont établies sous diverses formes, mais elles sont soumises à des facteurs de concurrence pouvant parallèlement donner lieu à une hostilité plus ou moins marquée. Certains projets vont jusqu'à envisager la constitution d'un consortium franco-allemand dans les secteurs combinés de l'acier et du charbon. Alors la recherche de rapports de coopération tend à tourner à l'affrontement. Stinnes refuse des accords qui donneraient la prépondérance aux capitalistes français, tandis que ceux-ci peuvent compter avec l'occupation de la Ruhr pour appuyer leurs exigences.

(Cf. ci-dessous.)

- L'accord dit "de Wiesbaden"[30]:

Au cours de l'année 1920, le gouvernement français élabore un plan concernant le problème des réparations, inspiré par Jacques Seydoux, directeur adjoint des affaires politiques et commerciales au ministère des affaires étrangères. Le plan vise à favoriser les livraisons en nature et à les intégrer dans des mécanismes commerciaux mettant en rapport direct les entreprises françaises avec les fournisseurs allemands. Le projet, compte tenu de certains aspects de ses dispositions, se heurte à la position négative des représentants de l'économie privée, autant français qu'allemands, ainsi que l'opposition de la Grande-Bretagne. Le 12 juin 1921 débutent, avec une approche similaire, des négociations entre Walther Rathenau (cf. plus loin, n° 41) et Louis Loucheur. Un accord est conclu le 6 octobre à Wiesbaden, il entrera en vigueur le 29 juin 1922. Mais son succès est bloqué par les mêmes facteurs qui précédemment faisaient obstacle à la réalisation du plan Seydoux. Il est à noter que l'accord de Wiesbaden est conçu dans l'idée que le gouvernement allemand ainsi que les syndicats soient associés à la conclusion des contrats de livraisons, mais qu'un arrangement ultérieur, dit accord Ruppel-Gillet, élimine ces dispositions[31].

- L'accord entre Stinnes et de Lubersac[32]:

En aout-septembre 1922, Stinnes négocie un accord avec deux représentants français, Louis Guy de Lubersac (banquier, sénateur de l'Aisne et président de la Confédération Générale des Coopératives de Reconstruction) et son frère Odon. L'objectif est de mettre en place un consortium germano-français intervenant dans la reconstruction d'usines détruites dans le Nord de la France. L'accord porte sur des livraisons en nature, sous une forme qui va considérablement au-delà des dispositions de l'accord de Wiesbaden (cf. ci-dessus). Du côté français, il n'a les faveurs ni du gouvernement ni des industriels du Comité des forges[33]. Stinnes tente d'aller plus loin. En octobre il élabore en concertation avec de Lubersac un plan de portée plus générale et obtient du président Friedrich Ebert (SPD) l'aval qu'un groupe de quatre représentants de l'industrie lourde allemande placé sous sa direction négocie avec le gouvernement français en tant que représentant officiel de l'Allemagne[34]. Le plan envisage la prise en charge par l'Allemagne de la reconstruction des régions dévastées dans le Nord de la France, allant de pair avec le retrait des troupes françaises de la Rhénanie et de  la Saar ainsi que le renoncement de la part de la France à d'autres réparations. Pour permettre le relèvement de l'Allemagne, un certain nombre de mesures devraient être mises en oeuvre, dont voici le résumé[35]:

                                           1. Tous les Allemands effectuent des heures supplémentaires sans compensations salariales, jusqu'à ce que l'Allemagne dispose de nouveau d'une balance commerciale excédentaire.
2. Couverture de l'amortissement et des intérêts d'un emprunt en or, à l'aide duquel doit être opéré la reconstruction de la France et de la Belgique ainsi que la stabilisation de la monnaie allemande.
3. Le gouvernement allemand lève tous les contrôles sur les transactions commerciales à l'intérieur et avec l'extérieur.
4. L'Allemagne, travaillant de nouveau avec des salaires normaux et sous des conditions normales, se voit octroyé partout dans le monde la clause de la nation la plus favorisée ainsi que l'accès à toutes les matières premières et tous les territoires coloniaux sans égard au pavillon sous lequel ils se trouvent, et ceci aux mêmes conditions que le reste du monde.
5. Pour une période de cinq ans sont interdites tous les grèves dans les secteurs vitaux pour l'économie nationale.
6. Après la stabilisation et sur la base d'un emprunt de réparations on laissera le Mark “trouver” son taux de change international.
7. Parmi les personnes de la classe moyenne et parmi les retraités, ceux qui ont été privés de leur base d'existence par l'inflation, doivent bénéficier temporairement de subsides annuels de la part de l'état.

- Projets de consortium franco-allemand:

Depuis 1920, des secteurs de l'industrie française du charbon et de l'acier s'efforcent à mener des négociations en vue d'une entente avec les producteurs allemands de charbon[36]. Notamment Robert Pinot, le secrétaire général du comité des forges, sollicite le gouvernement français pour qu'il demande à l'Allemagne la cession de parts de capitaux permettant de contrôler les entreprises de charbon fournisseurs des producteurs de minette de Lorraine. En tant que ministre de la reconstruction, Louis Loucheur est initialement favorable à de tels projets. Vers septembre 1922, la presse rapporte des négociations entre Stinnes et Jules Bernard, un représentant de l'industrie lourde de la Lorraine, au sujet d'échange de coke de la Ruhr contre minette et semi-produits lorrains[37]. Il négocierait avec Stinnes sur les bases que voici: cessation de la construction par la sidérurgie allemande de nouveaux hauts fourneaux alimentés en minerai suédois et canadien; assurance que les usines lorraines seront alimentées en coke de la Ruhr; livraison de produits semi-finis à l'industrie allemande par certaines usines lorraines; cession aux industriels allemands d'un quart du capital de ces mêmes usines lorraines. Les négociations n'aboutissent pas, du fait que les industriels allemands et notamment Stinnes demandent une parité franco-allemande en matière de participations en capital.

Après l'occupation de la Ruhr par la France, Stinnes poursuit ces démarches[38]. En avril 1923, il mène des entretiens avec Émile Haguenin qui dirige un bureau de presse et d'information à Berlin pour le compte du ministère des affaires étrangères français. Il lui expose un plan concernant les réparations, qui envisage d'établir des mécanismes à grande échelle conçus en vue de l'exploitation des colonies françaises.

À la fin de 1923, Arnold Rechberg (cf. ci-dessous) soumet à Stinnes un plan consistant à proposer au gouvernement français, à titre de paiements de réparations, une participation au capital d'entreprises allemandes[39]. Il évoque un taux de participation de trente pourcent, en échange de l'évacuation de la Ruhr et de la Rhénanie[40]. La proposition de Rechberg est appuyée par le député français Paul Reynaud[41]. Or, Stinnes conçoit l'établissement éventuel de participations exclusivement dans le cadre de prises de participations croisées entre l'industrie, respectivement allemande et française. En novembre-décembre 1923, deux représentants de Stinnes s'entretiennent avec des entrepreneurs français[42]. Ils rapportent que Robert Pinot et Arthur Vermot, industriel de l'acier, sont favorables à l'idée de relations bilatérales. En février 1924, d'autres entretiens ont lieu, entre Pinot et Jacques Seydoux d'une part, et des représentants de Stinnes de l'autre. Pinot soumet une proposition semblable à celle évoqué en automne 1922 (mentionnée plus haut); elle comporte les points suivants: des accords de longue durée sur des livraisons de charbon destinées aux haut-fourneaux français situés en dehors de la Lorraine, transfert du capital de mines allemands au sein des entreprises de Lorraine à hauteur de ce qui est nécessaire pour couvrir leurs besoins de charbon. Pour Stinnes et les autres industriels allemands, ce dispositif est inacceptable.

Arnold Rechberg[43]:

Arnold Rechberg est le frère de Fritz Rechberg, industriel important de la branche de la potasse, en tant que président du conseil de surveillance de la Kali-Industrie AG et en même temps président de la Gewerkschaft Wintershall, dont il possède environ 40 % du capital. L'entreprise à l'origine de la Gewerkschaft Wintershall a été fondé en 1894; c'est en 1899 qu'elle a adopté la forme juridique de "Gewerkschaft" (comparable à la société en commandite). Durant les années 1910-1911 la Gewerkschaft Wintershall acquiert la majorité des actions et des parts dans différentes autres entreprises. En décembre 1921 est constituée, avec le concours de la Dresdner Bank, la Kali-Industrie AG, à laquelle la Gewerkschaft Wintershall apporte toutes ses participations, tout en reprenant simultanément 49 pourcent des actions de la nouvelle société.

- Extrait du journal politique de William R. Castle, chef de la section pour l'Europe occidentale du département d'état US[44]

[Le 30 octobre 1922, Castle s'est entretenu avec Hugo Stinnes à l'occasion d'un diner organisé par l'ambassadeur US Alanson Houghton.]

19 novembre
Dans toute discussion sur les réparations ou la reconstruction, les personnalités et leurs ambitions doivent être prises en compte. En Allemagne la personnalité la plus remarquable est certainement Hugo Stinnes, un homme d'un vaste pouvoir, d'une imagination énorme, d'une force vigoureuse qui fait penser à Bismarck. Le président Ebert dit que politiquement Stinnes est un enfant. C'est vrai dans une certaine mesure, en ce qu'il n'arrive pas à comprendre qu'il ne peut pas manipuler les peuples comme il manipule ses propres travailleurs. Mais avec sa fortune presque incroyable, bien que pour l'instant en partie potentielle, qui n'est pas concentrée dans une industrie, un endroit ni même un seul pays, il peut être capable de faire bouger des communautés comme il l'entend, d'une façon qui parait impossible. L'homme qui selon l'avis des politiciens expérimentés est enfantin dans ces idées, peut tôt ou tard se faire le maitre des politiciens. Stinnes possède un génie pour l'organisation et la coordination d'intérêts importants qui l'amène loin au-delà de la sphère du simple magnat industriel. Il consolide ses intérêts à travers l'Allemagne et l'Autriche, tout en acquérant des intérêts en Italie et en Tchécoslovaquie et en Silésie, en vue de la reconstruction, sous l'angle industriel plutôt que militaire, de l'ancien empire allemand. Son accord avec Lubersac envisage non seulement la reconstruction des régions dévastées et l'évacuation des territoires du Rhin, mais aussi l'inauguration de grands cartels franco-allemands qui signifieraient l'élimination de la concurrence, la paix industrielle entre les deux pays, l'enrichissement certain des industriels français (l'appel au portefeuille français doit être fort). Mais il signifie aussi un trust géant, un trust allemand avec une queue française, qui certainement tenterait de dominer le monde. La vision de Stinnes porte loin. Il voit la route vers l'Orient qui s'ouvre de nouveau, la disparition de la Pologne, l'exploitation allemande de la Russie et de l'Italie. Cette perspective est en faveur de la paix et de la reconstruction. Le cours de choses n'aboutirait-il pas en fin de compte à une nouvelle guerre, à moins que nous et le reste du monde soyons prêts à nous placer sous souveraineté allemande? Je ne suis pas sûr de cela, mais l'idée mérite d'être examinée. Stinnes, en outre, semble faire l'erreur que Bismarck a faite des années auparavant. Il veut dominer, être lui-même l'état. Son idée s'approche du socialisme - bien que les socialistes ne l'admettraient guère - parce que contrôle étatique doit signifier contrôle personnel, comme c'est le cas actuellement en Russie. Le plan de Stinnes, comme pour le socialisme, tue l'initiative personnelle, et il me semble que la sécurité et le progrès du monde dépendent largement de la formation du plus grand nombre possible de personnalités fortes et indépendantes. L'homme le plus fort en Allemagne, Stinnes me parait, lorsque je pense à notre longue conversation, l'un des hommes véritablement dangereux du monde.
21 novembre (suite)
Le plan Stinnes-Lubersac de reconstruction des régions dévastées considérée comme équivalente à la réparation française complète, avec l'évacuation immédiate des régions occupées et de la Saar, et le retrait des restrictions à l'encontre des allemands sera accepté par Poincaré si les États Unis assument la garantie que l'Allemagne ne déclenchera pas de guerre. Si cela signifie que la France est financièrement dans une situation plus difficile que nous le réalisons, ou si cela signifie que Poincaré en est venu au bon sens, ‑ en tout cas cela confirme que les Français cherchent une formule qui leur permettra de céder élégamment. La pression que nous pouvons faire valoir passe par la dette de l'Europe à notre égard. L'annulation, même si elle était possible immédiatement, me paraitrait stupide et ne nous amènerait nulle part... Si... quelque arrangement peut être fait par lequel nous pouvons donner à la France la sécurité contre une invasion renouvelée par l'Allemagne, dont la forme technique sauverait la face du gouvernement français, par là permettant au plan Stinnes-Lubersac d'entrer en vigueur, la question des réparations se trouve en bonne voie vers un règlement ...

 

37. Stinnes und sein Präsident

"Stinnes et son président"

- Hugo Stinnes (cf. également n° 36):

[45]

Durant les années 1921-1924, Stinnes prend soin de s'imposer comme personnage incontournable dans les négociations que l'Allemagne mène avec les puissances alliées victorieuses, du moins en ce qui concerne les aspects économiques. En juillet 1920, à sa propre demande, il est intégré dans la délégation allemande à la conférence internationale de Spa. De façon péremptoire, il déclare qu'il n'est pas envisageable de satisfaire les exigences des puissances alliées concernant les livraisons de charbon. En novembre 1922, il annonce ouvertement qu'il combattra toute tentative de stabiliser le Mark. Il négocie avec des dirigeants politiques et économiques étrangers, notamment français et américains, en contournant le gouvernement et en passant outre les accords conclus par celui-ci. Ainsi en est-il en rapport avec l'accord de Wiesbaden (cf. ci-dessus). Il se situe délibérément au-dessus des instances gouvernementales. L'ambassadeur US Alanson Houghton rapporte qu'en octobre 1922, lorsque le chancelier du Reich Joseph Wirth (Zentrum) envisage à constituer un nouveau gouvernement et sollicite à ce sujet le conseil de Stinnes, ce dernier refuse en indiquant qu'il souhaite négocier exclusivement avec le président Ebert[46].

Il est arrivé à Gustav Stresemann, chancelier du Reich d'aout à novembre 1923, de faire allusion avec ironie à la prétention, en termes d'influence sur les gouvernements, de Stinnes[47]. Un jour en public, lorsque Stinnes indiqua avoir adressé une lettre au gouvernement, Stresemann intervint en plaisantant: "Une note, Monsieur Stinnes, pas une lettre." Et en répondant à l'interrogation que la remarque suscita chez Stinnes, Stresemann précisa: "Dans les relations de grande-puissance à grande-puissance, n'est-ce pas, il n'y a que des notes[48]."

 

38. Ueb immer Treu und Redlichkeit Bis in dein kühles Grab

"Pratique toujours fidélité et honnêteté jusque dans la fraicheur de ta tombe"

"Üb' immer Treu und Redlichkeit, Bis an dein kühles Grab":

C'est la première ligne du poème de Ludwig Hölty intitulé "Der alte Landmann an seinen Sohn" (Le vieux campagnard à son fils), datant de 1776, dont voici le début[49]:

                                           Üb' immer Treu und Redlichkeit,
Bis an dein kühles Grab;
Und weiche keinen Fingerbreit
Von Gottes Wegen ab.
Dann wirst du, wie auf grünen Aun,
Durchs Pilgerleben gehn;
Dann kannst du, sonder Furcht und Graun,
Dem Tod' ins Auge sehn.

                                      Traduction:

                                           Pratique toujours fidélité et honnêteté
Jusqu'au bord de ta tombe offrant sa fraicheur;
et ne t'écarte pas d'un pouce
des voies de dieu.
Alors tu traverseras, comme sur des prés verts
la vie de pèlerin;
alors tu peux, sans peur ni horreur
regarder la mort dans les yeux.

                                      N.B: Le poème dit "Bis an dein kühles Grab" ("jusqu'au bord de ta tombe offrant sa fraicheur"), tandis que le titre du dessin dit "Bis in dein kühles Grab" ("jusque dans la fraicheur de ta tombe").

 

39. Unser täglich Brot gib uns heute

"Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien"

Verset biblique (Matthieu 6:11).

 

40. Die Republik ‑ ein Spatzenschreck

"La république - un épouvantail à moineaux"

 

41. Plakat anläßlich des Mordes an Rathenau

"Affiche à l'occasion de l'assassinat de Rathenau"

Il est écrit:

Das Deutsche Kaiserreich ist die Sehnsucht unsrer Zukunft (Helfferich) Im Reichstag 22. VI
Wenn einst der Kaiser kommen wird Schlagen wir zum Krüppel den Wirth Knallen die Gewehre - tack, tack, tack Aufs schwarze und aufs rote Pack! (Aus einem Nationalgesang der Reaktionäre)
Arbeiter! Besteht darauf dass diese Gesellschaft unschädlich gemacht wird!!


("L'empire allemand est l'aspiration de notre avenir (Helfferich) Au Reichstag 22 VI
Lorsque naguère viendra l'empereur Nous frapperons Wirth jusqu'à l'estropier Les fusils crépitent - tack, tack, tack Sur la racaille noire et la blanche! (Extrait d'une chanson nationale des réactionnaires)
Travailleurs! Insistez à ce que cette société soit mise hors état de nuire!!")

- Walther Rathenau:

En 1883, son père fonde la Deutsche Edison-Gesellschaft (Société allemande Edison), qui en 1887 est renommé en Allgemeine Elektricitäts-Gesellschaft (Société générale d'électricité, AEG). En 1904, il entre au conseil de surveillance de l'AEG, dont il devient président en 1912. À la mort de son père en 1915, il obtient des pouvoirs spéciaux en tant que président de l'AEG. En 1919 il participe à la fondation du Parti démocratique allemand (Deutsche Demokratische Partei, DDP). En mai 1921, il entre au gouvernement de Joseph Wirth (Zentrum) en tant que ministre de la reconstruction; il quitte alors toutes ses fonctions d'entrepreneur. Au sujet de la question des réparations il préconise la mise en oeuvre d'une “Erfüllungspolitik” (politique d'accomplissement). Avec la démission du premier gouvernement Wirth en octobre, il perd son poste de ministre mais reste chargé de missions de négociateur. En février 1922, il rejoint comme ministre des affaires étrangères le deuxième gouvernement Wirth. En avril, il conclut le traité de Rapallo avec la Russie. Le 24 juin il est assassiné par des militants d'extrême droite.

Cf.  .

- Extrait d'un article du député au Reichstag Wilhelm Henning, du Parti national-allemand du peuple (Deutschnationale Volkspartei, DNVP)[50]:

[L'article parut en juin 1922 dans la Konservative Monatsschrift (Revue mensuelle conservatrice), sous le titre "Das wahre Gesicht des Rapallo-Vertrages" (Le vrai visage du traité de Rapallo). L'auteur reproche à Rathenau d'avoir renoncé à exiger réparation en rapport avec l'assassinat de l'envoyé allemand Wilhelm von Mirbach en juillet 1918 par des social-révolutionnaires russes.]

                                           À peine le juif international Rathenau a-t-il l'honneur allemand entre ses doigts, voilà qu'on n'en parle plus [de l'assassinat de Mirbach]. [...] L'honneur allemand n'est pas un objet de marchandage pour des mains de juifs internationaux! [...] L'honneur allemand sera expié.  Vous, cependant, monsieur Rathenau, et vos instigateurs devront rendre des comptes au peuple allemand.

Karl Helfferich:

Il adhère au Parti national-allemand du peuple (Deutschnationale Volkspartei, DNVP) en 1919. Le 23 juin 1922 il tient un discours au Reichstag, dont est extraite la phrase figurant dans le tableau de Grosz[51]:

                                           Alors, de toute la maltraitance qu'aujourd'hui on peut nous faire subir impunément, se détacha devant nos yeux l'image de l'empire allemand respecté et craint, le bonheur de notre passé et l'aspiration de notre avenir.

- Couplet haineux répandu à cette époque dans les cercles d'extrême droite[52]:

Wenn einst der Kaiser kommen wird,
schlagen wir zum Krüppel den Wirth,
knallen die Gewehre, tack, tack, tack,
aufs schwarze und das rote Pack.
Haut immer feste auf den Wirth!
Haut seinen Schädel, daß es klirrt!
Knallt ab den Walther Rathenau,
die gottverfluchte Judensau.

                                      Traduction:

                                           Lorsque naguère viendra l'empereur,
nous frapperons Wirth jusqu'à l'estropier.
les fusils crépitent, tack, tack, tack,
sur la racaille noire et la blanche!
Cognez toujours ferme sur Wirth!
Cognez son crâne, que ça claque!
Flinguez Rathenau;
ce salaud de juif maudit par dieu.

"Wenn einst der Kaiser kommt"[53]:

En mars 1919 Rathenau publie un écrit sous le titre "Der Kaiser" ("L'Empereur"), dans lequel il cite une remarque qu'il aurait fait lui-même durant les premiers jours de la guerre: "Jamais ne viendra le moment, où l'empereur, en vainqueur du monde, traversera le Brandenburger Tor [monument à Berlin érigé en 1788-1791 sous le règne du roi Friedrich Wilhelm II], en défilant avec ses paladins sur des chevaux blancs."

"aufs schwarze und das rote Pack":

La couleur noir est associée en premier lieu au Parti du Centre (Zentrumspartei), qui s'est formé dans les années 1869‑1871 en tant qu'organisation du catholicisme politique. Outre ses liens avec les institutions ecclésiastiques, il s'appuie par la suite sur les syndicats chrétiens constitués en 1894. En novembre 1918, en Bavière, le Zentrum régional se transforma en Parti séparé, le Parti bavarois du peuple (Bayrische Volkspartei, BVP). Quant à la couleur rouge, dans le vocabulaire réactionnaire, elle désigne aussi bien les communistes et que les social-démocrates réunis.

 

42. Wer gut frißt...

"Qui bouffe bien..."

Paroles sortant de la bouche du personnage qui trinque debout: "Hoch hoch der Kaiser" ("À la santé, à la santé de l'empereur")

 

43. ...uns leicht vergißt

"...nous oublie facilement"

 

44. Das Görlitzer Programm ‑

"Le programme de Görlitz ‑"

Personnage de gauche: Hugo Stinnes. (Cf. n° 37)

Personnage derrière, avec la barbiche pointue: Philipp Scheidemann.

[54]

Paroles sortant du tourne-disque: "Lieb Vaterland, magst ruhig sein"

Coin de papier sortant de la poche de H. Stinnes: "Deutsche Allg..."

Coin de papier dépassant à droite derrière les deux personnages: "Die Glocke", "Parvus"

- Le programme de Görlitz:

En septembre 1921 se tient un congrès du Parti social-démocrate d'Allemagne (Sozialdemokratische Partei Deutschlands, SPD) à Görlitz[55]. Il doit adopter un nouveau programme, en remplacement de celui issu du congrès d'Erfurt, en 1891. Une commission chargée de la préparation du texte soumet un projet en juillet 1921. Sa teneur est fortement influencée par Eduard Bernstein, bien que celui-ci ne soit pas membre de la commission. Le projet suscite de fortes critiques au sujet du fait qu'il ne fait aucune mention des termes classe ouvrière et lutte de classe. Le programme adopté finalement par le congrès le 23 septembre réintègre des passages à ce sujet. Néanmoins, il constitue un pas de plus vers l'abandon total des principes de base du communisme.

L'un des traits caractéristiques réside dans le fait qu'il entérine le système politique existant comme cadre définitif des transformations politiques et économiques à réaliser[56]:

                                           Dans la république démocratique elle [la classe ouvrière] dispose de la forme d'état dont la préservation et le renforcement est une nécessité indispensable pour sa lutte libératrice. [...] En vue de la protection de la liberté conquise, le parti social-démocrate est décidé à recourir jusqu'aux moyens ultimes. Elle considère la république démocratique comme la forme d'état irrévocablement établie par le développement historique, et toute attaque contre elle comme une atteinte aux droits vitaux du peuple.

                                      Cf.  .

- Eduard Bernstein au congrès de Görlitz du SPD[57]:

                                           Le Parti populaire allemand constitue une force sociale, elle est à vrai dire le parti de la bourgeoisie allemande. Derrière elle se tient la finance allemande, la grande industrie allemande et l'intelligence en Allemagne. Nous devons tenter de faire en sorte que ce parti roule pour la république.

- Philipp Scheidemann au congrès de Görlitz du SPD[58]:

                                           Que nous pouvons entrer dans un gouvernement uniquement avec des partis qui respectent la constitution, cela est évident. Mais est-ce que cela veut dire que nous pouvons entrer dans un gouvernement uniquement avec des partis qui ont approuvé la constitution? Je dis: non. Car sinon une alliance avec l'USP serait après tout aussi impossible, et pourtant nous leur avons proposé à plusieurs reprises par conviction sincère, d'entrer avec nous au gouvernement. Comme les Indépendants, de même le Parti populaire allemand a refusé la constitution. Pour nous, il ne doit pas être déterminant, ce qu'un parti a fait auparavant, mais ce qu'il est prêt à faire. [....] Nous devons donc à chaque constitution d'un gouvernement établir un certain programme minimum. Des partis qui sont prêts à accepter un tel programme et de nous accorder certains ministères, ne peuvent être exclus durablement de la participation au gouvernement.

"Lieb Vaterland, magst ruhig sein"

Ligne d'un poème patriotique écrit en 1840, mis en musique en 1854. Il s'agit de la défense contre la France. Le refrain complet est:

                                           Lieb Vaterland, magst ruhig sein
Fest steht und treu die Wacht, die Wacht am Rhein!

                                      Traduction:

                                           Chère patrie, tu peux être tranquille
Ferme et fidèle se tient la garde, la garde sur le Rhin

- "Deutsche Allg...", c'est-à-dire Deutsche Allgemeine Zeitung (DAZ)

Quotidien fondé en 1861 comme Norddeutsche Allgemeine Zeitung in Berlin, à partir de 1863 subventionné par l'état; devient Deutsche Allgemeine Zeitung en 1918[59]. Le DAZ est lié au Parti populaire allemand (Deutsche Volkspartei, DVP), fondé le 15 décembre 1918. En 1920 Hugo Stinnes acquiert la maison d'édition publiant le journal, après la mort de Stinnes la DAZ change plusieurs fois de propriétaire et est finalement acquis par Hugo Stinnes Jr., en 1932.

"Die Glocke", "Parvus"

Parvus est le pseudonyme d'Alexander Helphand, né en Russie[60]. En 1891 il arrive à Berlin et rejoint les social-démocrates. Il entre aussi en contact avec les social-démocrates russes, il se trouve en Russie lors de la révolution de 1905. En 1907 il revient en Allemagne. Dès le déclenchement de la guerre, il se place ouvertement aux côtés du gouvernement allemand. À Berlin il fonde le journal "Die Glocke" qui défend des positions chauvines. Pendant la guerre il est installé à Copenhague et organise toutes sortes de transactions lucratives, puis en 1920 il revient à Berlin. Il poursuit ses liens avec les social-démocrates, notamment Philipp Scheidemann. À partir de 1922 il finance ensemble avec H. Stinnes une publication paraissant en 5 langues "Der Wiederaufbau". Il décède en 1924.

 

45. ‑ und seine Folgen

"‑ et ses conséquences"

 

46. Der deutsche Spießer ist ein Darm, Gefüllt mit Furcht und Hoffnung, daß Gott erbarm (Herwegh)

"Le philistin allemand est un intestin rempli de peur et d'espoir, au point d'apitoyer dieu"

- Le philistin allemand:

Grosz attribue la phrase sur le philistin allemand à Georg Herwegh. Cependant on trouve cette appréciation déjà dans l'oeuvre de Johann Wolfgang von Goethe[61]:

                                           Was ist ein Philister?
Ein hohler Darm,
Mit Furcht und Hoffnung ausgefüllt.
Daß Gott erbarm!

                                      Traduction:

                                           Qu'est-ce un philistin?
Un boyau creux,
rempli de peur et d'espoir.
Que dieu ait pitié!

- Georg Herwegh[62]:

Écrivain et journaliste allemand. En 1839 il quitte l'Allemagne pour la Suisse. En 1841 il publie un recueil de poèmes "Gedichte eines Lebendigen" (poèmes d'un vivant), qui lui valent d'être qualifié comme "porte-étendard de l'orientation politique de la littérature"[63]. La même année débute une amitié de trente ans avec Ludwig Feuerbach, et à Paris il rencontre Heinrich Heine. En 1842 il devient collaborateur de la Rheinische Zeitung que dirige Karl Marx à Cologne; il rencontre aussi Mikhaïl Bakounine, dont les positions anarchistes exercent une certaine influence sur lui. En 1843, il entre en contact avec les Handwerkervereine allemands ‑ associations d'artisans à but culturel ‑ et fait connaissance d'August Becker et Wilhelm Weitling. Puis il s'installe à Paris. Il y rencontre Marx, Bakunin, Arnold Ruge, Moses Hess, Victor Hugo, George Sand, Alphonse Lamartine, Pierre Jean de Béranger. Au moment de la Révolution de Février 1848, de Paris, il devient président du "Deutsche demokratische Gesellschaft" (Société démocratique allemande) et lorsqu'éclate une insurrection en Baden, ce comité forme la "Deutsche demokratische Legion" (Légion démocratique allemande) qui vient au renfort des insurgés avec une petite troupe armée. L'entreprise échoue, Herwegh est contraint de fuir et s'installe en Suisse. En 1860, il entame une amitié avec Ferdinand Lasalle. En 1863, il devient représentant en Suisse de l'Allgemeiner Deutscher Arbeiterverein (Association ouvrière générale allemande). En 1866 il s'installe de nouveau en Allemagne. Il est désigné comme correspondant honorifique de la Ie Internationale; il coopère au journal de la social-démocratie, le Volksstaat, où il publie des poèmes politiques. Il décède en 1875.

 

47. ...diese Kriegsverletzten wachsen sich nachgerade zur Landplage aus!

"...ces mutilés de guerre se convertissent carrément en fléau national!"

 

48. Eigner Herd ist Goldes Wert

"Rien ne vaut son chez-soi"

- " Eigner Herd ist Goldes Wert":

Le dicton complet dit: "Eigner Herd ist Goldes wert; Ist er gleich arm, hält er doch warm." ("Un fourneau à soi vaut de l'or; qu'il soit misérable, il tient chaud quand même."

 

49. Juden raus!

"Juifs dehors!"

 

50. Der Dolchstoß von rechts

"Le coup de poignard venant de droite"

Sur le bras, est écrit: "Wucher" ("agissements de profiteurs").

- "Dolchstoß-Legende"[64]:

Dans les années d'après-guerre la propagande d'extrême-droite s'appuie entre autre sur la "Dolchstoß-Legende" (la légende au sujet du coup de poignard). Elle attaque les forces politiques de gauche comme responsables de la défaite de 1918, en rapport avec des positions défaitistes, matérialisées notamment par les grèves organisées durant la guerre ainsi que l'insurrection de novembre 1918.

Paul von Hindenburg, le 18 novembre 1919 devant une commission d'enquête de l'assemblée nationale concernant les causes de la défaite  militaire, parle de menées secrètes et méthodiques produisant la désintégration de la marine et de l'armée. Il affirme que l'armée allemande a été "achevée par un coup de poignard dans le dos"[65].

Cependant, la social-démocratie s'inscrit implicitement dans cette même vision. Lorsque Friedrich Ebert accueille le 10 décembre 1918 des troupes rentrant à Berlin, il déclare[66]: "Aucun ennemi ne l'a emporté sur vous." (Cf.  .)

 

51. Vier Jahre Mord

"Quatre années d'assassinat"

 

52. Wenn die Soldaten nicht solche Dummköpfe wären, würden sie mir schon längst davongelaufen sein (Fridericus Rex)

"Si les soldats n'étaient pas de tels imbéciles, ils se seraient déjà depuis longtemps échappés de moi en courant."

Ce dessin porte par ailleurs le titre "Alles kehrt einmal wieder" ("Tout revient un jour ou l'autre")

- Fridericus Rex:

C'est le roi Friedrich II de Prusse (surnommé également “der alte Fritz”, c'est-à-dire le vieux Fred), qui régna de 1740 jusqu'à sa mort en 1786. En 1920, 1921 et 1923 sont produits successivement quatre films qui forment une série intitulée "Fridericus Rex" traitant de la vie de ce roi. Il s'agit de propagande en faveur de la restauration de la monarchie.

"Fridericus Rex, unser König und Herr:

Chanson datant de 1832, dont voici la dernière strophe[67]:

                                           Friedricus, mein König, den der Lorbeerkranz ziert
Ach hättest du nur öfters zu plündern permittiert
Friedericus Rex, mein König und Held
Wir schlügen den Teufel für dich aus der Welt!

                                      Traduction:

                                           Friedericus Rex, mon roi, qu'orne la couronne de laurier,
Ah, si seulement t'avais permis plus souvent les pillages,
Friedericus Rex, mon roi et héro,
Pour toi nous bouterions le diable hors du monde!

- "Alles kommt einmal wieder"

C'est le titre d'une chanson faisant partie du spectacle musical "Was träumt Berlin" ("De quoi rêve Berlin") créé en 1915. Voici la première et la dernière strophe de la chanson[68]:

                                           Alles kommt einmal wieder,
wie es
vor Jahren war.
Singt man erst Friedenslieder
herrlich und wunderbar,
dann wird sich alles zeigen
in einem duft'gen Kleid,
anstatt der Trommel verkünden die Geigen
das Nahen der neuen Zeit.

[...]

Nicht alle kommen wieder,
nicht alle kommen zurück.
Oft singt in Siegesliedern man von verlorenem Glück.
Deckt auch der grüne Rasen
manchen so tapferen Held,
bald werden jubelnd Fanfaren
blasen Deutschland voran in der Welt.

                                      Traduction:

                                           Tout vient à nouveau un jour,
tel que c'était il y a des années.
Dès qu'on chante des chansons de paix,
magnifique et merveilleux
alors tout apparaitra
dans une robe éthérée,
à la place des tambours, les violons annoncent
l'approche de l'époque nouvelle.

[...]

Tous ne viennent pas à nouveau
Tous ne reviennent pas.
Souvent dans des chansons de victoire on chante du bonheur perdu.
Même si la pelouse verte couvre
plus d'un héros oh combien vaillant
bientôt, en jubilant, des fanfares
joueront dans le monde en précédant l'Allemagne.

 

53. Wenn die Arbeiter aufhören wollen Sklaven zu sein, müssen sie ihren Herren die Knute entreißen

"Si les travailleurs veulent cesser d'être esclaves, ils doivent arracher le fouet de la main de leurs maitres"

Sur la manche du fouet est écrit: "Klassenjustiz" ("justice de classe").

 

54. Freut Euch des Lebens!

"Réjouissez-vous de la vie!"

"Freut euch des Lebens":

Titre d'une chanson datant de 1793, dont voici le début[69]:

                                           Freut euch des Lebens
weil noch das Lämpchen glüht
Pflücket die Rose
eh sie verblüht!

                                      Traduction:

                                           Réjouissez-vous de la vie,
car le lumignon est encore incandescent.
Cueillez la rose
avant qu'elle ne fane!

 

55. Die Ehe ist der Anfang und der Gipfel der Kultur (Goethe)

"Le mariage est le début et le sommet de la culture"

Die Wahlverwandtschaften (Les affinités électives):

La phrase sur le mariage est extraite de ce roman de Johann Wolfgang von Goethe. Comme dans toutes les oeuvres littéraires, les pensées attribuées par l'auteur à tel ou tel personnage peuvent être éloignées de sa propre vision. Voici ce que Goethe écrit lui-même dans une de ses lettres adressées à Friedrich Schiller[70]:

                                           Avec toutes les affaires il en est comme avec le mariage: on s'émerveille de ce qu'on a réussi à faire, quand on est accouplé, et voilà que le diable se déchaine d'autant plus. Cela vient de ce que dans le monde rien n'est là séparément et que toute chose d'effectif doit être considérée, non pas comme une fin, mais comme un début.

 

56. Wir halten fest und treu zusammen

"Solidement et fidèlement nous nous serrons les coudes"

‑ "Wir halten fest und treu zusammen"

Cette phrase est extraite d'une chanson populaire communément appelée "Kaisermarsch Hipp Hipp Hurra" ("marche de l'Empereur hip-hip-hourra"), dont voici la dernière strophe et le refrain[71]:

                                           Und ruft der Feind uns einst zur Wehr
dann ziehn wir in den Streit
es findet uns zu Land und Meer
in Kampfeslust bereit
Käm er in hellen Haufen gleich
wir trotzten aller Not
Mit Gott für Kaiser und für´s Reich
gehn wir gern in den Tod

Es soll Begeisterung uns entflammen
hipp hipp hurra
wir halten fest und treu zusammen
hipp hipp hurra

                                      Traduction:

                                           Et si un jour l'ennemi nous appelle à nous défendre
alors nous nous élançons au conflit
il nous trouve sur terre et mer
prêts, pleinement belliqueux
Même s'il vient direct en bandes nombreuses
nous bravons tout détresse
Avec Dieu, pour l'Empereur et pour l'Empire
volontiers nous allons à la mort.

Que l'enthousiasme nous enflamme
hip hip hourra
Solidement et fidèlement nous nous serrons les coudes
hip hip hourra

 

57. Wacht auf, Verdammte dieser Erde

"Réveillez-vous, damnés de cette terre"

- L'Internationale:

Après la défaite de la Commune de Paris en 1871, Eugène Pottier écrit un texte intitulé "L'Internationale" en référence à l'Association internationale des travailleurs (Internationale Arbeiterassoziation, connue aussi sous la désignation de Première Internationale) constituée en 1864 sur la base de la contribution essentielle de Karl Marx. En 1888, le texte est mis en musique par Pierre Degeyter. Plus tard, après 1900, Emil Luckhardt écrit une version en langue allemande. Au cours des années 1930, Erich Weinert écrit une version qui reprend plus fidèlement l'ensemble du texte français. Ci-dessous figurent le texte original, ainsi que les versions allemandes mentionnées (leurs retraductions littérales d'allemand en français, et les textes allemands).

 

 

Texte d'Eugène Pottier[72]

Traduction du texte d'Emil Luckhardt

 

C'est la lutte finale:
Groupons-nous, et demain,
L'Internationale
Sera le genre humain.

Peuples, entendez les signaux!
En marche, vers l'ultime bataille!

L'Internationale,
par la lutte, conquiert le droit de l'homme.

 

Debout! les damnés de la terre!
Debout! les forçats de la faim!
La raison tonne en son cratère,
C'est l'éruption de la fin,
Du passé faisons table rase,
Foule esclave, debout! debout!
Le monde va changer de base:
Nous ne sommes rien, soyons tout!

Réveillez-vous, damnés de cette terre,
qu'on force encore en permanence à avoir faim!
Le droit, comme la braise dans la fournaise du cratère,
pousse maintenant avec puissance vers la percée.
Faites table rase des tourmenteurs!
Armée des esclaves, réveille-toi!
Ne supportez plus longtemps d'être un néant,
pour devenir tout, affluez en masse!

 

Il n'est pas de sauveurs suprêmes:
Ni Dieu, ni César, ni tribun,
Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes!
Décrétons le salut commun!
Pour que le voleur rende gorge,
Pour tirer l'esprit du cachot,
Soufflons nous-mêmes notre forge,
Battons le fer quand il est chaud!

Aucun être supérieur ne nous sauve,
aucun dieu, ni empereur, ni tribun.
Nous libérer de la misère,
cela uniquement nous-mêmes pouvons le faire!
Un mot creux, les droits du pauvre!
Un mot creux, le devoir du riche!
On nous désigne comme immature, et comme valets,
maintenant ne supportez plus longtemps l'infamie!

 

L'État comprime et la loi triche;
L'Impôt saigne le malheureux;
Nul devoir ne s'impose au riche;
Le droit du pauvre est un mot creux.
C'est assez languir en tutelle,
L'Égalité veut d'autres lois;
"Pas de droits sans devoirs, dit-elle,
Égaux, pas de devoirs sans droits!"

 

 

Hideux dans leur apothéose,
Les rois de la mine et du rail
Ont-ils jamais fait autre chose
Que dévaliser le travail:
Dans les coffres-forts de la bande
Ce qu'il a créé est fondu.
En décrétant qu'on le lui rende
Le peuple ne veut que son dû.

Des souterrains, solidement fortifiés,
ils abritent ce que l'on t'a soustrait.
Là se trouve le bien qui t'appartient
et que l'on t'a escroqué.
Exploité tu as été!
Sucé jusqu'à la moelle!
Sur terre tout autour, au Sud et au Nord,
le droit est faible, l'arbitraire fort!

 

Les rois nous soûlaient de fumées,
Paix entre nous, guerre aux tyrans!
Appliquons la grève aux armées,
Crosse en l'air et rompons les rangs!
S'ils s'obstinent, ces cannibales,
A faire de nous des héros,
Ils sauront bientôt que nos balles
Sont pour nos propres généraux.

Avec de la fumée de batailles on veut nous aveugler,
cependant, entre nous, que règne la paix!
Le service refusez, vous, soldats.
Haut les fusils, rompez les rangs!
Si les cannibales s'obstinent
à ce que nous combattions avec l'arme assassine,
alors qu'ils se rendent compte bientôt,
vers qui nous dirigeons notre ligne de mire!

 

Ouvriers, paysans, nous sommes
Le grand parti des travailleurs;
La terre n'appartient qu'aux hommes,
L'oisif ira loger ailleurs.
Combien de nos chairs se repaissent!
Mais, si les corbeaux, les vautours,
Un de ces matins, disparaissent,
Le soleil brillera toujours!

En ville et dans les campagnes, vous, gens du travail,
nous sommes le plus fort des partis.
Les oisifs, écartez-les!
Ce monde doit être nôtre;*
que notre sang ne soit plus en pâture
aux corbeaux et aux puissants vautours!**
Seulement lorsque nous les aurons évincés,
alors le soleil brillera sans cesse!

 

 

Déjà exultent des signaux de victoire,
Élevons-nous, en avant, le jour fait irruption!
L'Internationale
sera le genre humain!

 

 

Variantes:

* Ce monde sera nôtre
** et aux vautours nocturnes!

 

 

Texte d'Eugène Pottier

Traduction du texte d'Erich Weinert

 

C'est la lutte finale:
Groupons-nous, et demain,
L'Internationale
Sera le genre humain.

À la lutte finale! Vous tous,
peuples réunis!
L'Internationale
sera l'humanité entière!

 

Debout! les damnés de la terre!
Debout! les forçats de la faim!
La raison tonne en son cratère,
C'est l'éruption de la fin,
Du passé faisons table rase,
Foule esclave, debout! debout!
Le monde va changer de base:
Nous ne sommes rien, soyons tout!

Debout, vous, damnés de la planète,
debout, valets affamés, hors du marais!
Raison se dégage des aurores.
Des gouffres, son grondement annonce triomphe.
Finissez-en enfin avec ce qui fut!
Le monde s'écroule. Le jour est proche,
car aujourd'hui c'est nous les récompensés.
Nous n'étions rien, maintenant nous voilà!

 

Il n'est pas de sauveurs suprêmes:
Ni Dieu, ni César, ni tribun,
Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes!
Décrétons le salut commun!
Pour que le voleur rende gorge,
Pour tirer l'esprit du cachot,
Soufflons nous-mêmes notre forge,
Battons le fer quand il est chaud!

Nous savons qu'à nous rendre heureux,
il n'y a ni dieu, ni empereur, ni tribun.
Camarades, la cause de notre liberté
ne peut reposer qu'entre nos mains!
Empoignez, jusqu'à ce qu'il hurle, le monstre,
et procurez à l'esprit une voie libre!
Nous attisons maintenant notre propre feu.
Battez l'acier, il est encore brulant!

 

L'État comprime et la loi triche;
L'Impôt saigne le malheureux;
Nul devoir ne s'impose au riche;
Le droit du pauvre est un mot creux.
C'est assez languir en tutelle,
L'Égalité veut d'autres lois;
"Pas de droits sans devoirs, dit-elle,
Égaux, pas de devoirs sans droits!"

État et loi marchent sur des cadavres.
L'impôt tourne à l'assassinat de masse.
Où y a-t-il des devoirs pour le riche?
Le droit du pauvre? Un mot creux!
Assez! Maintenant parlent les valets,
et la loi de l'égalité parle:
Plus un seul devoir sans droits
et pas de droits sans devoir!

 

Hideux dans leur apothéose,
Les rois de la mine et du rail
Ont-ils jamais fait autre chose
Que dévaliser le travail:
Dans les coffres-forts de la bande
Ce qu'il a créé est fondu.
En décrétant qu'on le lui rende
Le peuple ne veut que son dû.

Hideux enflent ces idoles,
les maitres du puits et du rail.
Ils ont fait de notre sang des trésors,
ils ont dilapidé notre bien.
Dans des trésors d'acier il git enterré.
Quand solderons-nous la facture?
C'est que le peuple simplement veut recouvrir,
ce qu'on a volé au peuple.

 

Les rois nous soulaient de fumées,
Paix entre nous, guerre aux tyrans!
Appliquons la grève aux armées,
Crosse en l'air et rompons les rangs!
S'ils s'obstinent, ces cannibales,
A faire de nous des héros,
Ils sauront bientôt que nos balles
Sont pour nos propres généraux.

Les maitres nous soulaient.
Le sortilège doit prendre fin.
Donc dans l'armée insufflez l'étincelle de la liberté!
Alors il frappera dans le tas avec la crosse.
S'il nous forcent, ces barbares,
à jouer au soldat une fois de plus,
nous réserverons nos balles
pour notre propre général.

 

Ouvriers, paysans, nous sommes
Le grand parti des travailleurs;
La terre n'appartient qu'aux hommes,
L'oisif ira loger ailleurs.
Combien de nos chairs se repaissent!
Mais, si les corbeaux, les vautours,
Un de ces matins, disparaissent,
Le soleil brillera toujours!

Travailleurs, paysans, finissez-en!
Nous sommes le parti des producteurs!
Le monde doit se trouver entre nos mains.
La chasse aux riches est ouverte.
Ils suçaient du sang de nos plaies.
Arrachez-leur l'auréole!
Seulement quand la race de vautours aura disparu,
notre monde sera plein de soleil

 

 

Texte d'Emil Luckhardt[73]

Texte d'Erich Weinert[74]

 

Völker, hört die Signale!

Auf, zum letzten Gefecht!
Die Internationale

erkämpft das Menschenrecht.

Zum letzten Kampf! Ihr alle,
Ihr Völker im Verein!
Die Internationale
Wird alle Menschheit sein!

 

Wacht auf, Verdammte dieser Erde,
die stets man noch zum Hungern zwingt!
Das Recht wie Glut im Kraterherde
nun mit Macht zum Durchbruch dringt.
Reinen Tisch macht mit den Bedrängern!
Heer der Sklaven, wache auf!
Ein Nichts zu sein, tragt es nicht länger,
alles zu werden, strömt zuhauf!

Auf, ihr Verdammte des Planeten,
auf, Hungerknechte, aus dem Sumpf!
Vernunft bricht aus den Morgenröten.
Aus Schlünden donnert sie Triumph.
Macht endlich Schluß mit dem Gewesnen!
Es stürzt die Welt. Der Tag ist nah,
denn heut sind wir die Auserlesnen.
Wir waren nichts, jetzt sind wir da!

 

Es rettet uns kein höh'res Wesen,
kein Gott, kein Kaiser, noch Tribun.
Uns aus dem Elend zu erlösen,
können wir nur selber tun!
Leeres Wort: des Armen Rechte!
Leeres Wort: des Reichen Pflicht!
Unmündig nennt man uns und Knechte,
ertragt die Schmach nun länger nicht!

Wir wissen, dass uns glücklich mache
kein Gott, kein Kaiser, kein Tribun.
Genossen, unsrer Freiheit Sache
kann nur in unsren Händen ruhn!
Packt, bis es brüllt, das Ungeheuer,
und schafft dem Geist ein freies Gleis!
Wir blasen jetzt ins eigne Feuer.
Schlagt auf den Stahl, er ist noch heiß!

 

 

Staat und Gesetz gehen über Leichen.
Die Steuer wird zum Massenmord.
Wo gibt es Pflichten für den Reichen?
Des Armen Recht? Ein leeres Wort!
Genug! Es sprechen jetzt die Knechte,
und das Gesetz der Gleichheit spricht:
Nicht eine Pflicht mehr ohne Rechte
und keine Rechte ohne Pflicht!

 

Gewölbe, stark und fest bewehret
die bergen, was man dir entzog.
Dort liegt das Gut, das dir gehöret
und um das man dich betrog.
Ausgebeutet bist du worden!
ausgesogen bis aufs Mark!
Auf Erden rings, in Süd und Norden,
das Recht ist schwach, die Willkür stark!

Abscheulich blähn sich diese Götzen,
die Herrn von Schacht und Eisenbahn.
Sie machten unser Blut zu Schätzen,
sie haben unser Gut vertan.
In Stahltresoren liegt’s vergraben.
Wann machen wir die Rechnung glatt?
Das Volk will ja nur wiederhaben,
was man dem Volk gestohlen hat.

 

Mit Schlachtenrauch will man uns blenden,
doch zwischen uns soll Friede sein!
Den Dienst verweigert ihr, Soldaten
Gewehre hoch, durchbrecht die Reih'n!
Wenn drauf bestehn die Kannibalen,
daß mit dem Mordstahl kämpfen wir,
so sollen sie es bald erfahren,
auf wen wir richten das Visier!

Die Herrscher machten uns betrunken.
Der Zauber muß zu Ende sein.
Drum werft ins Heer der Freiheit Funken!
Dann schlägt es mit dem Kolben drein.
Wenn sie uns zwingen, die Barbaren,
Soldat zu spielen noch einmal,
wir werden unsre Kugeln sparen
für unsren eignen General.

 

In Stadt und Land, ihr Arbeitsleute,
wir sind die stärkste der Partei'n.
Die Müßiggänger schiebt beiseite!
Diese Welt muß unser sein;*
unser Blut sei nicht mehr der Raben
und der mächt'gen Geier Fraß!**
Erst wenn wir sie vertrieben haben,
dann scheint die Sonn' ohn' Unterlaß!

Arbeiter, Bauern, kommt zum Ende!
Wir sind der Schaffenden Partei!
Die Welt gehört in unsre Hände.
Der Reichen Schonzeit ist vorbei.
Sie sogen Blut aus unsren Wunden.
Reißt ihnen ab den Heiligenschein!
Erst wenn das Geiervolk verschwunden,
wird unsre Welt voll Sonne sein!

 

Schon jubeln Sieges-Signale,
empor, vorwärts, der Tag dringt ein!
Die Internationale
wird die Menschheit sein!

 

 

Variantes:

* Diese Welt wird unser sein
** und der nächt´gen Geier Fraß!

 

 

 

 

 



[1]. http://www.volksliederarchiv.de/text2796.html

[2]. http://www.rilke.de/gedichte/das_buch_von_der_armut_und_vom_tode.htm

[3]. http://www.bundesarchiv.de/aktenreichskanzlei/1919-1933/0000/adr/adrmr/kap1_1/para2_56.html

[4]http://www.zeno.org/Literatur/M/Schiller,+Friedrich/Dramen/Die+Räuber/1.+Akt/1.+Szene

Friedrich Schiller: Oeuvres dramatiques, Vol. 1, Paris, Ladvocat, 1821.

[5]"Löwen und Leoparden füttern ihre Jungen, Raben tischen ihren Kleinen auf dem Aas."

http://www.zeno.org/Literatur/M/Schiller,+Friedrich/Dramen/Die+Räuber/1.+Akt/2.+Szene

Friedrich Schiller: Oeuvres dramatiques, Vol. 1, Paris, Ladvocat, 1821.

[6]. "Spartakus kämpft jetzt um die ganze Macht. [...] Wo Spartakus herrscht, ist jede persönliche Freiheit und Sicherheit aufgehoben. [...] Die Regierung trifft alle notwendigen Maßnahmen, um diese Schreckensherrschaft zu zertrümmern und ihre Wiederkehr ein für alle mal zu verhindern. [...] Die Stunde der Abrechnung naht."

H. Michaelis, E. Schraepler (Hg.): Ursachen und Folgen - Vom deutschen Zusammenbruch 1918 und 1945 bis zur staatlichen Neuordnung Deutschlands in der Gegenwart - Band 3 - Der Weg in die Weimarer Republik, p. 67 (Bibliographie )

[7]. http://www.volksliederarchiv.de/text1812.html

[8]"Ich frage Sie: wer kann als ehrlicher Mann ‑ ich will gar nicht sagen als Deutscher - nur als ehrlicher, vertragstreuer Mann solche Bedingungen eingehen? Welche Hand müsste nicht verdorren, die sich und uns in solche Fesseln legte? [...] Dieser Vertrag ist nach der Auffassung der Reichsregierung unannehmbar."

http://www.deutschlanddokumente.de/vvtScheidemann.htm

[9]. http://www.akpool.de/ansichtskarten/24156922-kuenstler-ak-immer-feste-druff-kriegshumor-frankreich

[10]. http://www.volksliederarchiv.de/text609.html

[11]. http://www.akpool.de/ansichtskarten/24211793-ansichtskarte-postkarte-deutschlands-schirm-und-schutz-wilhelm-ii-npg-4821

[12]Johann Lewalter (Hg.): Deutsche Volkslieder - In Niederhessen aus dem Munde des Volkes gesammelt, Heft I, Hamburg, Gustav Fritzsche, 1892.

http://www.volksliederarchiv.de/text1906.html

[13]"Hier wird das hohe europäische Ideal der freien Persönlichkeit im weiteren Sinne der Selbstbestimmung eines Volkes, ins Anarchistische umgebogen mit dem Zweck, die Familie als Grundlage des Staates zu zersetzen."

Alfred Rosenberg: Die Protokolle der Weisen von Zion und die jüdische Weltpolitik, München, Deutscher Volksverlag, 1923, p. 74. (Bibliographie )

https://archive.org/details/AlfredRosenberg-DieProtokolleDerWeisenVonZionUndDieJuedische

[14]"Die Familie ist die Grundlage des Staates. In ihr finden sich die fünf Pfeiler des Gesellschaftslebens: Religiosität, Gehorsam, Achtung vor der Autorität, Opfersinn, Gemeinsinn."

Heinrich Pesch: Lehrbuch der Nationalökonomie - Band 2, Freiburg im Breisgau, Herder, 1909, p. 204. (Bibliographie )

[15]Deutsche Romanbibliothek, Band 1, München, Deutsche Verlags-Anstalt, 1873.

[16]http://www.zeno.org/Literatur/M/Schiller,+Friedrich/Dramen/Wilhelm+Tell/2.+Akt/1.+Szene

Friedrich Schiller: Guillaume Tell, Genève, Élie Carey, 1852.

[17]"Ich will alles um mich her ausrotten, was mich einschränkt, daß ich nicht Herr bin.

http://www.zeno.org/Literatur/M/Schiller,+Friedrich/Dramen/Die+Räuber/1.+Akt/1.+Szene

Friedrich Schiller: Oeuvres dramatiques, Vol. 1, Paris, Ladvocat, 1821.

[18]"Da donnern sie Sanftmut und Duldung aus ihren Wolken, und bringen dem Gott der Liebe Menschenopfer."

http://www.zeno.org/Literatur/M/Schiller,+Friedrich/Dramen/Die+Räuber/2.+Akt/3.+Szene

Friedrich Schiller: Oeuvres dramatiques, Vol. 1, Paris, Ladvocat, 1821.

[19]. http://www.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche.asp?num_dept=4823

[20]. "Unzweideutiger Gegner einer Fortsetzung der Erfüllungspolitik ist Herr Stinnes freilich unter allen Umständen, selbst auf die Gefahr hin, daß es zu einer Besetzung des Ruhrgebietes kommt. Es muß den Gegnern endlich zum Bewußtsein gebracht werden, daß die ewigen Drohungen mit der Ruhrbesetzung einmal ein Ende haben müssen."

C. Geyer: Drei Verderber Deutschlands: ein Beitrag zur Geschichte Deutschlands und der Reparationsfrage von 1920 bis 1924, (Bibliographie )

[21]. K. Obermann: Die Beziehungen des amerikanischen Imperialismus zum deutschen Imperialismus in der Zeit der Weimarer Republik, 1918-1925, (Bibliographie )

[22]. Ch. S. Maier: Recasting Bourgeois Europe - Stabilization in France, Germany and Italy in the Decade after World War I, p. 387 (Bibliographie )

[23]. http://www.bundesarchiv.de/aktenreichskanzlei/1919-1933/0000/str/str1p/kap1_1/para2_6.html

R. Tschirbs: Tarifpolitik im Ruhrbergau 1918‑1933, S. 197 (Bibliographie )

H. Spethmann: Zwölf Jahre Ruhrbergbau - Aus seiner Geschichte von Kriegsanfang bis zum Franzosenabmarsch, 1914-1925 - Band 3, (Bibliographie )

[24]"Die Industrie sei der Überzeugung, daß es ein schwerer Fehler gewesen sei, den sozialistischen Einflüssen nachzugeben und nach einem verlorenen Kriege auch noch eine verkürzte Arbeitszeit einzuführen. Viele Schwierigkeiten hätten vermieden werden können, wenn mehr Kohle gefördert worden wäre, und es müsste unsere Aufgabe sein, wieder genügend Kohle zu fördern, um ausser Deutschland auch Frankreich, Belgien, Holland und die Schweiz voll versorgen zu können. Der rheinisch-westfälische Bergbau habe sich daher entschlossen, am kommenden Montag die Vorkriegsarbeitszeit wieder einzuführen, das heisst achteinhalb Stunden einschliesslich Ein- und Ausfahrt für Untertagsarbeiter und zehn Stunden für Übertagsarbeiter. Die Industrie sei aber nicht in der Lage, ihre Absichten auszuführen ohne die Unterstützung der Okkupationsmächte, und das sei einer der Gründe für unseren Besuch."

S. G. Papeke: Anpassung oder Widerstand? - Gewerkschaften im autoritären Staat, (Bibliographie )

http://www.reichstagsprotokolle.de/Blatt2_w1_bsb00000045_00430.html

[25]. http://www.bundesarchiv.de/aktenreichskanzlei/1919-1933/0000/str/str1p/kap1_2/kap2_111/index.html

[26]. Citation retraduite de l'allemand: "das deutsche Volk als degeneriert und insbesondere die Arbeiterschaft für hoffnungslos verlottert".

[27]. Citation retraduite de l'allemand: "die Haltung des deutschen Mobs, welche freiwillig in Arbeitsfeiern beharren, das Haupthindernis für die Wiedereinrichtung eines normalen Lebens darstellt".

[28]. "1. Abschaffung des Betriebsrätegesetzes; 2. Einführung der zehnstündigen Arbeitszeit und der Akkordarbeit; 3. Aufnahme jeder zugewiesenen Arbeit widrigenfalls Ausweisung erfolgt; 4. für die Eisenbahner gelten die bereits bekannten Bedingungen; 5. Unterdrückung jeder Auflehnung mit Waffengewalt; 6. Verschärfung des Stadtschutzes."

http://www.bundesarchiv.de/aktenreichskanzlei/1919-1933/0000/str/str1p/kap1_2/kap2_111/index.html

[29]. http://www.bundesarchiv.de/aktenreichskanzlei/1919-1933/0000/str/str1p/kap1_2/kap2_97/para3_1.html

[30]R. Blessing: Der mögliche Frieden - die Modernisierung der Aussenpolitik und die deutsch-französischen Beziehungen 1923-1929, (Bibliographie )

L. Gall: Walther Rathenau - Portrait einer Epoche, (Bibliographie )

http://www.bundesarchiv.de/aktenreichskanzlei/1919-1933/0000/wir/wir1p/kap1_1/para2_2.html

http://www.bundesarchiv.de/aktenreichskanzlei/1919-1933/0000/wir/wir1p/kap1_2/kap2_100/para3_6.html

http://alex.onb.ac.at/cgi-content/alex?apm=0&aid=drb&datum=19220004&seite=00000625 et suiv.

[31]R. Lewinsohn: Die Umschichtung der europäischen Vermögen, (Bibliographie )

[32]H. A. Winkler: Weimar 1918‑1933 - Die Geschichte der ersten Deutschen Demokratie, S. 182 (Bibliographie )

S. A. Schuker (Hg.): Deutschland und Frankreich - Vom Konflikt zur Aussöhnung - Die Gestaltung der westeuropäischen Sicherheit 1914‑1963, (Bibliographie )

http://query.nytimes.com/mem/archive-free/pdf?res=9802EEDB1039EF3ABC4E53DFBF668389639EDE

G. D. Feldman: Hugo Stinnes - Biographie eines Industriellen, 1870-1924, S. 781 ff, S. 910 (Bibliographie )

H. Michaelis, E. Schraepler (Hg.): Ursachen und Folgen - Vom deutschen Zusammenbruch 1918 und 1945 bis zur staatlichen Neuordnung Deutschlands in der Gegenwart - Band 4 - Die Weimarer Republik 1919‑1922, S. 411 (Bibliographie )

[33]. J. N. Jeanneney: François de Wendel en République, l'Argent et le pouvoir (1914‑1940), (Bibliographie )

[34]G. Hortzschansky: Der nationale Verrat der deutschen Monopolherren während des Ruhrkampfes 1923, (Bibliographie )

[35]. "1. Alle Deutschen leisten ohne höhere Bezahlung so lange Überstunden, bis. Deutschland wieder über eine aktive Handelsbilanz verfügt.

2. Sicherung der Verzinsung und Amortisation einer Goldanleihe, mit der der Wiederaufbau Frankreichs und Belgiens und die Stabilisierung der deutschen Währung bewirkt werden soll.

3. Die deutsche Regierung hebt alle Kontrollen über den binnen- und außenwirtschaftlichen Geschäftsverkehr auf.

4. Deutschland, wieder mit normalen Löhnen und unter normalen Bedingungen arbeitend, erhält überall in der Welt die Meistbegünstigungsklausel zugebilligt und Zugang zu allen Rohstoffen und Kolonialgebieten ohne Rücksicht darauf, unter welcher Flagge sie stehen, und zu den gleichen Bedingungen wie die übrige Welt.

5. Für eine Periode von fünf Jahren werden alle Streiks in den für die Volkswirtschaft vitalen Bereichen verboten.

6. Nach der Stabilisierung und nach der Sicherung einer Reparationsanleihe wird die Mark ihren internationalen Kurs „finden" dürfen.

7. Jene Personen der Mittelklasse und jene Rentner, die durch die Inflation ihrer Existenzgrundlage beraubt wurden, sollen vom Staat temporär durch jährliche Unterstützungen versorgt werden."

http://www.ifz-muenchen.de/heftarchiv/1979_3.pdf

[36]Ch. S. Maier: Recasting Bourgeois Europe..., p. 387 (Bibliographie )

[37] R. Haus: Lothringen und Salzgitter in der Eisenerzpolitik der deutschen Schwerindustrie von 1871‑1940, (Bibliographie )

J. Bariéty: Les relations franco-allemandes après la première guerre mondiale, (Bibliographie )

H. Köller: Kampfbündnis an der Seine, Ruhr und Spree, (Bibliographie )

H. F. Simon: Reparation und Wiederaufbau, (Bibliographie )

[38]A. Vallentin: Stresemann - Vom Werden einer Staatsidee, (Bibliographie )

[39]. http://www.bundesarchiv.de/aktenreichskanzlei/1919-1933/0000/cun/cun1p/kap1_2/para2_42.html

[40]R. Blessing: Der mögliche Frieden - die Modernisierung der Aussenpolitik und die deutsch-französischen Beziehungen 1923-1929, (Bibliographie )

[41]S. Grüner: Paul Reynaud, (Bibliographie )

[42]Ch. S. Maier: Recasting Bourgeois Europe..., p. 408 (Bibliographie )

G. D. Feldman: Hugo Stinnes - Biographie eines Industriellen, 1870-1924, p. 910 (Bibliographie )

E. Fimmen: Labour's alternative - the United States of Europe or Europe limited, (Bibliographie ) (http://www.globallabour.info/en/2006/09/chapter_2.html)

[43]L. W. Benner: Entwicklung, finanzieller Aufbau und Finanzierungsmethoden der deutschen Kali-Industrie, (Bibliographie )

K. Dietrich: Die Kaliindustrie seit der Währungsstabilisierung, (Bibliographie )

K. Pritzkoleit: Männer, Mächte, Monopole - hinter den Türen der westdeutschen Wirtschaft, (Bibliographie )

http://media.k-plus-s.com/pdf/wachstum_erleben.pdf

[44]. "‑ November 19. In any discussion of reparations or of reconstruction, personalities and their ambitions must be taken into account. In Germany the outstanding personality is without doubt Hugo Stinnes, a man of vast power, of tremendous imagination, of a vigorous strength that suggests Bismarck. President Ebert says that politically Stinnes is a child. This is to some extent true in that he fails to understand he cannot manipulate peoples as he manipulates his own workmen. But with his almost unbelievable, if still partly potential wealth, which is not concentrated in one industry, one place or even one country, he may be able to move communities at will in a way that would appear impossible. The man who is childish in his ideas, in the opinion of the trained politician, may sooner or later make himself the master of politicians. Stinnes has a genius for organization and for coordination of great interests that carries him far beyond the sphere of the mere industrial magnate. He is consolidating his interests throughout Germany and Austria, acquiring interests in Italy and Czechoslovakia and Silesia with a view of recreating, along industrial rather than military lines, the old German Empire. His agreement with Lubersac contemplates not only the rebuilding of the devastated regions and the evacuation of the Rhine Territories, but the inauguration of great Franco- German cartels which would mean the elimination of competition, industrial peace between the two countries, the certain enrichment of the French industrials (the appeal to the French  pocketbook must be strong). But it means also a gigantic trust, a German trust with a French tail, which would certainly attempt to dominate the world. The vision of Stinnes reaches far. He sees the road to the East opening again; the disappearance of Poland; German exploitation of Russia and Italy. It is peaceful and reconstructive in purpose. Would it not all lead to another war eventually, unless we and the rest of the world are willing to put ourselves under German suzerainty? I am not sure of this but the idea is worth considering. Stinnes, furthermore, seems to be making the mistake which Bismarck made years ago. He wants to dominate, to be himself the State. His idea approximates socialism ‑ little as the socialists would admit it ‑ because State control must mean personal control, as it does now in Russia. The plan of Stinnes, like socialism, kills personal initiative and the safety and progress of the world seem to me to depend largely on the building up of as many strong and independent personalities as possible. The strongest man in Germany, Stinnes seems to me, as I think of our long talk, one of the truly dangerous men of the world. ‑ November 21 (Cont'd) The Stinnes-Lubersac plan of reconstruction of the devastated regions as full French reparation with the immediate evacuation of the occupied regions and the Saar, and the removal of restrictions against the Germans will be accepted by Poincare if the United States will take the guarantee of Germany not to go to war. Whether this means that France is in more desperate straits financially than we realize or whether it means that Poincare has acquired common sense, it at least bears out the idea that the French are looking for a formula which will enable them to back down gracefully. The pressure that we can bring to bear is through Europe's debt to us. Cancellation, even if it were immediately possible, would seem to me stupid and would get us nowhere [...] If [...] some arrangement can be made by which we can give France the security against renewed German invasion, the technical form of which would save the face of the French Government, thereby permitting the Stinnes-Lubersac plan to take effect, the reparation question is in a fair way of settlement [...]"

G. W. F. Hallgarten: Hitler, Reichswehr und Industrie - Zur Geschichte der Jahre 1918‑1933, (Bibliographie )

[45]. http://www.dhm.de/lemo/objekte/pict/f64_1108/

[46]http://www.ifz-muenchen.de/heftarchiv/1979_3.pdf

[47]A. Vallentin: Stresemann..., (Bibliographie )

[48]. "Eine Note, Herr Stinnes, und keinen Brief." - "Im Verkehr von Großmacht zu Großmacht gibt es ja nur Noten."

A. Vallentin: Stresemann..., (Bibliographie )

[49]http://www.zeno.org/Literatur/M/Hölty,+Ludwig+Christoph+Heinrich/Gedichte/Sämtliche+Gedichte/Der+alte+Landmann+an+seinen+Sohn

[50]"Kaum hat der internationale Jude Rathenau die deutsche Ehre in seinen Fingern, so ist davon nicht mehr die Rede... Die deutsche Ehre ist keine Schacherware für internationale Judenhändel!... Die deutsche Ehre wird gesühnt werden. Sie aber, Herr Rathenau, und Ihre Hinterleute werden vom deutschen Volke zur Rechenschaft gezogen werden."

H. A. Winkler: Weimar 1918‑1933..., S. 173 (Bibliographie )

[51]"Da trat aus allen den Mißhandlungen, die man uns heute ungestraft antun darf, das Bild des geachteten und gefürchteten deutschen Kaiserreichs vor unsere Augen, das Glück unserer Vergangenheit und die Sehnsucht unserer Zukunft."

K. Helfferich: Reichstagsreden 1920-1922 - Mit einem Anhang -  Reden vom 12. und 14. November 1919 vor dem Untersuchungsausschuss der Nationalversammlung, (Bibliographie )

[52]. V. Ullrich: Fünf Schüsse auf Bismarck - historische Reportagen 1789‑1945, p. 154 (Bibliographie )

[53]"Nie wird der Augenblick kommen, wo der Kaiser, als Sieger der Welt, mit seinen Paladinen auf weißen Rossen durchs Brandenburger Tor zieht."

H. A. Winkler: Weimar 1918‑1933..., S. 173 (Bibliographie )

[54]. http://www.bild.bundesarchiv.de/archives/barchpic/search/?search[form][SIGNATUR]=Bild+146-1979-122-29A&search[view]=detail

[55]http://www.1000dokumente.de/index.html?c=dokument_de&dokument=0004_spd&object=context

[56]"In der demokratischen Republik besitzt sie die Staatsform, deren Erhaltung und Ausbau für ihren Befreiungskampf eine unerläßliche Notwendigkeit ist. [...] Die Sozialdemokratische Partei ist entschlossen, zum Schutz der errungenen Freiheit das Letzte einzusetzen. Sie betrachtet die demokratische Republik als die durch die geschichtliche Entwicklung unwiderruflich gegebene Staatsform, jeden Angriff auf sie als ein Attentat auf die Lebensrechte des Volkes."

http://www.1000dokumente.de/index.html?c=dokument_de&dokument=0004_spd&object=translation

[57]"Die Deutsche Volkspartei hat eine soziale Macht, sie ist eigentlich die Partei der deutschen Bourgeoisie. Hinter ihr steht die deutsche Finanz, die deutsche Großindustrie und die Intelligenz in Deutschland. Wir müssen versuchen, diese Partei vor den Wagen der Republik zu spannen."

Protokoll über die Verhandlungen des Parteitages: cf. http://library.fes.de/parteitage/pdf/pt-jahr/pt-1921.pdf

(Cf. dans cette brochure: Redner Bernstein S. 181 ff., Zitat: S. 182)

[58]"Daß wir nur mit Parteien in eine Regierung gehen können, die die Verfassung respektieren, ist selbstverständlich. Aber heißt das, daß wir nur mit Parteien in eine Regierung gehen können, die der Verfassung zugestimmt haben? Ich sage: Nein. Denn sonst wäre ja auch ein Zusammengehen mit der USP. unmöglich, und doch haben wir ihr wiederholt aus ehrlicher Überzeugung angeboten, mit in die Regierung hineinzugehen. Wie die Unabhängigen, so hat auch die Deutsche Volkspartei die Verfassung abgelehnt. Für uns darf nicht maßgebend sein, was eine Partei früher getan hat, sondern das, was sie zu tun bereit ist. Von einer Theorie der politischen Erbsünden müssen wir uns freimachen. (Bravo!) Zu der Zeit, als die Parole ausgegeben wurde: Unter keinen Umständen mit der Volkspartei ‑, war sie zweifellos richtig. Wir konnten nicht mit einer Partei in die Regierung, die die Monarchie propagiert. (Sehr gut!) Wir können nicht in eine Regierung mit einer Partei, von der wir annehmen mußten, daß sie bestimmte Geldquellen, die zu erschließen wir für unerläßlich halten, ablehnt. Wir müssen also bei jeder Regierungsbildung ein bestimmtes Mindestprogramm ausstellen. Parteien, die bereit sind, ein solches Programm anzunehmen und bestimmte Ministerien uns zu überlassen, können nicht dauernd von der Teilnahme an der Regierung zurückgewiesen werden. (Sehr wahr!)"

Protokoll über die Verhandlungen des Parteitages: cf. http://library.fes.de/parteitage/pdf/pt-jahr/pt-1921.pdf

(Cf. dans cette brochure: S. 175-176)

[59]S. Grebner: Der Telegraf - Entstehung einer SPD-nahen Lizenzzeitung in Berlin 1946 bis 1950, (Bibliographie )

Historische Kommission des Börsenvereins der Deutschen Buchhändler (Hg.): Geschichte des Deutschen Buchhandels im 19. und 20. Jahrhundert - Band 2 - Weimarer Republik - Teil 1, (Bibliographie )

http://www.bundesarchiv.de/aktenreichskanzlei/1919-1933/0000/feh/feh1p/kap1_2/para2_72.htm

http://www.bundesarchiv.de/aktenreichskanzlei/1919-1933/0000/mu1/mu11p/kap1_2/kap2_81/para3_5.html

http://www.bundesarchiv.de/aktenreichskanzlei/1919-1933/0000/mu1/mu11p/kap1_2/kap2_96/para3_1.html

[60]. http://www.deutsche-biographie.de/sfz29615.html

U. Daniel, I. Marszolek, W. Pyta, Th. Welskopp: Politische Kultur und Medienwirklichkeiten in den 1920er Jahren, (Bibliographie )

E. Kolb: Friedrich Ebert als Reichspräsident - Amtsführung und Amtsverständnis, S. 269 (Bibliographie )

A. Th. Lane (ed.): Biographical Dictionary of European Labor Leaders - Vol. 1 - A‑L, (Bibliographie )

[61]. Poème faisant partie d'une série de petits poèmes satiriques dénommés "Zahme Xenien" écrits entre 1815 et 1832. Ensemble avec d'autres, il a été publié pour la première fois en 1893 sous forme de recueil.

http://www.zeno.org/Literatur/M/Goethe,+Johann+Wolfgang/Gedichte/(Gedichte.+Nachlese)/Zahme+Xenien/7.+[»Deine+Werke+zu+höchster+Belehrung]

[62]http://www.zeno.org/Literatur/M/Herwegh,+Georg/Biographie

[63]"Bannerträger der politischen Richtung der Literatur"

[64]. http://www.historisches-lexikon-bayerns.de/artikel/artikel_44479

http://www.dhm.de/lemo/html/weimar/innenpolitik/dolchstoss/

[65]"Die deutsche Armee ist von hinten erdolcht worden."

G. Hirschfeld, G. Krumeich, I. Renz (Hg.): Enzyklopädie Erster Weltkrieg, (Bibliographie )

[66]. "Kein Feind hat euch überwunden."

[67]. http://www.volksliederarchiv.de/text2884.html

[68]. Monika Sperr (Hg.): Das Grosse Schlager-Buch - deutsche Schlager 1800‑heute, Berlin, Rogner & Bernhard, 1978.

[69]http://www.volksliederarchiv.de/text627.html

[70]. "Es geht mit allen Geschäften wie mit der Ehe: man denkt wunder, was man zu Stande gebracht habe, wenn man kopuliert ist, und nun geht der Teufel erst recht los. Das macht, weil nichts in der Welt einzeln steht und irgend ein Wirksames, nicht als ein Ende, sondern als ein Anfang betrachtet werden muß."

F. Schiller, J. W. Goethe: Briefwechsel zwischen Schiller und Goethe - 1794‑1805 - Band 3 - 1799‑1805, (Bibliographie )

[71] http://www.volksliederarchiv.de/text3330.html

[72]. Eugène Pottier: Chants révolutionnaires, Paris, Dentu, 1887

[73]. http://www.volksliederarchiv.de/text986.htm

[74]. http://www.kampflieder.de/deutsches-lied.php?id=2248