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Indonésie 1954‑1966 - Textes du Parti communiste de Chine

 

 

Les textes ci-dessous sont reproduits d'après un dossier sur l'histoire du Parti communiste d'Indonésie, en relation avec le coup d'État de 1965, publié par le CEMOPI.

 

 

 

 

 

 

Bulletin international
Nouvelle série n° 16‑17 (98‑99) juillet 2001
Nouvelle série n° 18‑19 (100‑101) - troisième et quatrième trimestres 2001
édité par le CEMOPI
(Centre d'étude sur le mouvement ouvrier et paysan international),
France

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Indonésie 1954‑1966 - Sommaire

 

 

 

 

 

 

Changements soudains et brutaux dans la situation politique en Indonésie - Récit des événements par l’Agence Hsinhua, 19 octobre 1965

Peuple indonésien, unissez-vous et luttez pour renverser le régime fasciste, Éditorial de Hongqi, 1967

Changements soudains et brutaux dans la situation politique en Indonésie

Récit des événements par l'Agence Hsinhua, 19 octobre 1965[1]

En Indonésie, des changements soudains et brutaux sont apparus dans la situation politique intérieure depuis la nuit du 30 septembre dernier. Les autorités des forces terrestres, dans la capitale indonésienne, Djakarta, comme dans certaines autres villes placées sous leur contrôle militaire, pourchassent et arrêtent massivement communistes et progressistes; elles ont incendié ou détruit le siège central du Parti communiste d'Indonésie et les bureaux de nombreuses organisations de masse, interdit la publication de nombreux journaux de gauche ou du centre, dont le Harian Rakjat, organe du Comité central du Parti communiste d'Indonésie, fermé de nombreuses écoles et d'autres institutions, déclaré illégaux le Parti communiste d'Indonésie et beaucoup d'autres organisations progressistes de masse.

En raison du contrôle des télécommunications par les autorités des forces terrestres indonésiennes, notre agence n'a reçu aucune information de son correspondant à Djakarta du 1 octobre à la matinée du 16. Par conséquent, nous ne pouvons donner qu'un aperçu de l'évolution de la situation politique en Indonésie au cours de la première quinzaine de ce mois, d'après des informations fournies par la radio et des journaux indonésiens et des agences de presse étrangères.

Le mouvement du 30 septembre annonce avoir agi contre un mouvement subversif parrainé par la Central Intelligence Agency (CIA) américaine

Selon une émission du 1 octobre de la radio de la République d'Indonésie, le mouvement du 30 septembre dirigé par le lieutenant-colonel Untung, commandant du bataillon Tjakrabirawa de la garde personnelle du président Sukarno, a publié un communiqué de presse où il était indiqué que le mouvement du 30 septembre, à Djakarta, avait été déclenché contre les membres d'un prétendu “conseil des généraux” formé au sein des forces terrestres, avec le concours d'autres armes des forces armées.

Le même communiqué de presse poursuivait: "Le conseil des généraux incarne un mouvement subversif parrainé par la “Central Intelligence Agency” américaine. Récemment, il a été très actif en particulier après la grave maladie dont le président Sukarno a souffert dans la première décade d'août. Son espoir de voir le malade succomber ne s'est pas réalisé. Pour parvenir à ses fins, le conseil des généraux avait projeté de faire montre de sa force à l'occasion de la Journée des forces armées, le 5 octobre, en envoyant à Djakarta des troupes venues de l'est, du centre et de l'ouest de Java. Le conseil des généraux avait même pensé à un coup d'État avant le 5 octobre grâce à la concentration d'importantes forces militaires à Djakarta."

Le même communiqué continuait: "Selon le lieutenant-colonel Untung, qui dirige le mouvement du 30 septembre, il ne s'agit que d'une action se situant dans le cadre de l'armée de terre et qui vise le conseil des généraux, conseil qui a souillé l'honneur des forces terrestres et nourri des desseins criminels à l'égard de la République d'Indonésie et du président Sukarno."

Le communiqué ajoutait que le lieutenant-colonel Untung avait estimé qu´"il était de son devoir de garantir la sécurité du Président et de la République d'Indonésie; c'est pourquoi il a été dans l'obligation de lancer le mouvement". Le communiqué annonçait enfin qu'un certain nombre de généraux avaient été arrêtés et que le président Sukarno était sain et sauf.

Le mouvement du 30 septembre fit également connaître la formation du Conseil révolutionnaire d'Indonésie. Son communiqué de presse soulignait que le conseil "appliquerait avec fermeté les cinq “trésors” de la révolution (c'est-à-dire primo, le Nasakom[2]: l'unité entre nationalistes, croyants et communistes; secundo, le Pantjasila[3]: les 5 principes pour l'édification du pays: nationalisme, internationalisme ou humanitarisme, système de consultations ou démocratie, prospérité sociale et croyance en Dieu; tertio, le Manifeste politique[4] - discours prononcé le 17 août 1959 par Sukarno et intitulé “La redécouverte de notre révolution”; quarto, les 3 principes efficaces[5] formulés par Sukarno dans son discours du 17 août 1964, intitulé “Une année de vie dangereuse”: indépendance politique, confiance en soi sur le plan économique et culture à caractéristique nationale; quinto, compter sur ses propres forces[6] - NdLR) et mettrait en application les décisions prises par la Conférence consultative provisoire du Peuple[7], le Parlement de Coopération[8] et le Conseil consultatif suprême[9]. Afin de réaliser la paix dans le Sud-Est asiatique et dans le monde, il ne modifierait ni la politique étrangère indépendante de l'Indonésie, politique d'opposition active à l'impérialisme, au colonialisme et au néo-colonialisme, ni sa position en ce qui concerne la seconde conférence afro-asiatique, la conférence des nouvelles forces montantes et l'affrontement avec la “Malaysia”[10].

Le Harian Rakjat, organe du Comité central du Parti communiste d'Indonésie, a publié ce communiqué le 2 octobre et noté dans un éditorial que "quel qu'en soit le prétexte, le coup d'État que projetait le “conseil des généraux” est, de toute façon, une action contre-révolutionnaire qui doit être condamnée". "Il s'agit d'un problème au sein des forces terrestres. Cependant, notre peuple, politiquement conscient et qui connaît bien ses tâches révolutionnaires, est convaincu que l'action du mouvement du 30 septembre pour sauver la révolution et le peuple est juste." L'éditorial du Harian Rakjat a encore souligné qu'il s'agissait d'une "action patriotique et révolutionnaire". "Le mouvement du 30 septembre bénéficiera du soutien et de la sympathie du peuple. Nous appelons le peuple tout entier à redoubler de vigilance et à être prêt à faire face à toutes les éventualités."

Selon une information de l'agence d'information Antara, le président Sukarno a publié le 1 octobre un communiqué dans lequel il affirmait: "Je suis actuellement en bonne santé et j'ai en main, comme par le passé, la direction de l'État et de la révolution. La direction des forces armées de la République d'Indonésie est pour le moment directement entre les mains du président et du commandant suprême des forces armées de la République d'Indonésie. J'ai temporairement nommé Pranoto Reksosamudro, major-général de l'Armée nationale indonésienne, ministre et troisième assistant du commandant de l'armée de terre, et l'ai chargé des affaires courantes des forces terrestres."

Suharto lance des troupes importantes dans la répression du mouvement du 30 septembre

Le 1 octobre, le major-général Suharto a fait intervenir un grand nombre d'unités de l'armée et a placé Djakarta sous son contrôle. Le soir même, la radio de la République d'Indonésie a diffusé le communiqué publié par le bureau de l'information de l'armée où il était annoncé: "La situation générale a été reprise en main et de nouvelles mesures de sécurité sont énergiquement mises en vigueur." Le communiqué ajoutait que le président Sukarno et le ministre coordinateur de la Défense et de la Sécurité, Abdul Haris Nasution, étaient "sains et saufs". Il déclarait encore que Suharto assumait pour le moment le commandement de l'armée.

Après que les troupes de Suharto se furent assuré le contrôle de Djakarta, la radio de la République d'Indonésie diffusa le 3 octobre de bonne heure une allocution prononcée par le président Sukarno le jour précédent. Après avoir confirmé la nomination du major-général Pranoto Reksosamudro, le président Sukarno déclara: "J'ai confié au major-général Suharto, commandant de la réserve stratégique des forces terrestres, la responsabilité de rétablir la sécurité et l'ordre en ce qui concerne l'“incident du 30 septembre” suivant la politique arrêtée par moi-même." Dans le but de régler sans tarder le problème de l'“incident du 30 septembre”, ajouta-t-il, "j'ai déjà ordonné qu'une atmosphère de calme et d'ordre soit immédiatement créée et, à cette fin, il est nécessaire d'écarter toutes les possibilités d'un conflit armé."

Dans la soirée du 3 octobre, la radio de la République d'Indonésie a diffusé un nouvel ordre du président Sukarno dans lequel, vu les malentendus qui avaient provoqué des conflits au sein de l'armée de terre, il annonçait pour dissiper les doutes de la population, qu'on avait tort d'accuser les forces aériennes d'être impliquées dans “l'incident du 30 septembre” et que c'était de sa propre volonté qu'il s'était rendu dans la matinée du 1 octobre à la base aérienne d'Halim, près de Djakarta. Il ajoutait: "Nous devons continuer à être vigilants et à ne tolérer qu'aucune discorde ne soit semée entre les forces aériennes et les forces terrestres de l'Indonésie, afin d'empêcher l'impérialisme, le colonialisme, le néo-colonialisme et d'autres d'en tirer profit." Il a encore ordonné à toutes les forces armées de s'unir.

Le jour suivant (le 4 octobre), Suharto a exprimé ouvertement, à la radio de la République d'Indonésie, ses doutes sur la déclaration de Sukarno selon laquelle les forces aériennes n'étaient pas impliquées dans le mouvement du 30 septembre. Il a dit que six généraux et un autre officier des forces terrestres avaient été tués par le mouvement du 30 septembre. "Il se peut qu'il y ait quelque chose de vrai, a-t-il dit, dans la déclaration du président Sukarno qui nie l'implication des forces aériennes dans l'incident, mais il est impossible que certains individus des forces aériennes n'y aient pas été impliqués." Il a souligné que, en qualité de membre des forces terrestres, il espérait que les forces aériennes "liquideraient ceux qui, dans leurs rangs, s'étaient trouvés impliqués dans l'aventure".

La terreur règne à Djakarta

Immédiatement après s'être emparées du contrôle de Djakarta, les troupes de Suharto annonçaient que la cinquième région militaire, dont faisait partie la capitale, était placée en état d'urgence à partir du 1 octobre. Des soldats casqués et entièrement armés des forces terrestres patrouillèrent dans la ville. Des tanks, des voitures blindées et des unités d'artillerie furent mis en place à des points-clés et des canons anti-aériens braqués vers le ciel. Le couvre-feu, de la tombée du jour à l'aube, fut décrété.

Les journaux Harian Rakjat et Warta Bhakti reçurent le 2 octobre l'ordre de ne plus paraître, l'agence d'information Antara fut fermée le 3 octobre, et placée, à partir du 11 octobre, sous contrôle militaire.

Dans un communiqué publié le 3 octobre, le commandant de la cinquième région militaire du Grand Djakarta ordonna à ceux qui avaient reçu des armes du mouvement du 30 septembre de les remettre dans le délai de trois jours, affirmant que quiconque n'obéirait pas à cet ordre serait "passible de la peine de mort". Selon des agences de presse étrangères, Ibrahim Aji, commandant de la division Siliwangi, dit dans un discours radiodiffusé le 4 octobre que la force armée serait utilisée contre ceux qui auraient refusé de livrer leurs armes. Il ajouta: "Ceux qui désobéiront seront abattus." En même temps, les autorités des forces terrestres procédèrent à des arrestations massives à Djakarta.

Les journaux et la radio contrôlés par les autorités des forces terrestres se sont livrés à une bruyante agitation à propos de l'exécution, au cours de l'incident du 30 septembre, de Yani, ancien commandant de l'armée de terre, et de certains autres généraux. Le journal Les Forces armées a attaqué le 4 octobre le Parti communiste d'Indonésie en déclarant: "Ces démons écoeurants qui parlent, à tout bout de champ, de démons urbains et ruraux sont eux-mêmes de véritables démons." Après cela, des attaques ouvertes furent lancées contre le Parti communiste d'Indonésie par certains partis et certaines organisations politiques de la capitale contrôlées par l'armée. Ils ont dit que le Parti communiste d'Indonésie était le “cerveau” de “l'incident du 30 septembre”. Dans des déclarations radiodiffusées le 5 octobre, le Comité central de l'Association indonésienne des Enseignants musulmans[11] et certaines autres organisations ont appelé à la dissolution immédiate du Parti communiste d'Indonésie, de la Ligue de la Jeunesse populaire[12], du Mouvement des Femmes indonésiennes[13], du Syndicat des Travaux publics d'Indonésie[14] et de certaines autres organisations. Ils ont demandé aussi l'interdiction sine die de tous les journaux et autres publications qui avaient soutenu ou aidé directement ou indirectement le mouvement du 30 septembre.

Le journal Les Forces armées a réclamé le 5 octobre "la liquidation du “mouvement du 30 septembre” et la pendaison de ses mercenaires".

C'est dans cette atmosphère de terreur qu'eurent lieu ce jour-là les obsèques des généraux tués et Nasution, ministre coordinateur de la Défense et de la Sécurité, y prit la parole. Il qualifia le mouvement du 30 septembre de “trahison” et fit l'éloge funèbre de ces “héros”. Il déclara: "Nous, les survivants, avons le devoir de poursuivre notre lutte." Ce jour-là et les jours suivants, selon d'autres informations, des meetings et des manifestations anticommunistes eurent lieu à Djakarta. Des voyous y scandèrent des slogans anticommunistes tels que “Dissolution du Parti communiste d'Indonésie!” et “Pendons Aidit!”

Le président Aidit condamne le “conseil des généraux”, appelle tout le Parti à redoubler de vigilance, à renforcer l'unité et à mettre en pièces les “cinq fléaux”

Le 6 octobre, le journal Djalan Rakjat de Surabaya (Java oriental) a publié une lettre adressée le 2 octobre au Comité régional du Parti communiste d'Indonésie du Grand Java oriental par le camarade D. N. Aidit, président du PCI qui y déclarait: "L'incident du 30 septembre est une affaire intérieure des forces terrestres et le Parti communiste d'Indonésie n'interviendra pas." "Il est de notoriété publique que la position constante du Parti communiste d'Indonésie est de se déclarer d'accord avec toutes les mesures visant à épurer l'appareil révolutionnaire et à sauvegarder la sécurité du président Sukarno et de la République d'Indonésie. Quant au conseil des généraux, le Parti communiste d'Indonésie le désapprouve et le condamne."

Le président Aidit a donné instruction à "tous les membres du Parti communiste d'Indonésie de continuer à accomplir leurs tâches pressantes, c'est-à-dire à combattre les cinq fléaux: les trois démons des villes (les capitalistes bureaucratiques, les spéculateurs et les fonctionnaires véreux - NdLR), les sept démons des campagnes (propriétaires terriens despotes, usuriers, acheteurs de récoltes sur pied, intermédiaires malhonnêtes, capitalistes bureaucratiques, bandits de village et fonctionnaires corrompus - NdLR), la “Malaysia”, le démon mondial qu'est l'impérialisme américain et le révisionnisme moderne."

Il a appelé tous les membres du Parti "à redoubler de vigilance et à renforcer l'unité révolutionnaire autour du Nasakom qui en est le coeur et l'âme, afin de mettre en application les cinq trésors de la révolution". Il leur a demandé aussi de "maintenir et de renforcer l'unité du Parti et d'observer strictement la discipline du Parti et de la nation".

Le président Aidit conclut sa lettre en soulignant que ces instructions s'adressaient également aux autres Comités régionaux et à tous les membres et stagiaires du Parti communiste d'Indonésie dans l'ensemble du pays.

Le 5 octobre, le Bureau politique du Comité central du Parti communiste d'Indonésie publia une déclaration, indiquant que le mouvement du 30 septembre était un problème au sein des forces terrestres et que le Parti communiste d'Indonésie n'interviendrait pas. La déclaration exprimait en outre le soutien du Parti aux instructions données par le président Sukarno pour le règlement de la question du mouvement du 30 septembre.

Le président Sukarno préside une réunion du Cabinet

Dans la soirée du 6 octobre, une déclaration faite à la presse par Subandrio, premier vice-premier ministre, et diffusée par la radio de la République d'Indonésie, indiqua qu'une réunion du Cabinet avait eu lieu le jour même à Bogor sous la direction du président Sukarno pour discuter de l'“événement du 30 septembre”.

Selon cette déclaration, le président Sukarno donna tout d'abord certaines explications. Il dit que "l'événement du 30 septembre est un événement qui appartient au processus de la révolution et non à une période où il semblerait que la révolution a déjà été accomplie". Par conséquent, ajouta-t-il, "il fait partie de notre révolution, tout comme d'autres événements qui ont eu lieu auparavant". Le Président déclara ensuite qu'"il ne jugeait pas justifié l'établissement du Conseil révolutionnaire". Il qualifia les officiers des forces terrestres tués dans l'“événement du 30 septembre” de “héros révolutionnaires” et affirma qu'il fallait honorer leur mémoire. "À l'heure actuelle, dit-il encore, on ne doit pas s'accuser les uns les autres", ni chercher à "approfondir la haine que l'un a pour l'autre". "Il faut créer une atmosphère de calme." Il conclut en disant qu'il "chercherait une solution politique, une solution politique équitable".

Arrestations massives, fermeture des écoles et incendie du siège central du Parti communiste

Après la réunion du Cabinet, la radio de la République d'Indonésie sous le contrôle des autorités des forces terrestres a continué de diffuser à profusion des déclarations faites par certains partis et certaines organisations politiques, réclamant à cor et à cri la répression sur une large échelle du “mouvement du 30 septembre” et le châtiment de ses partisans, la dissolution du Parti communiste d'Indonésie et de la Ligue de la Jeunesse populaire ainsi que de certaines autres organisations populaires. Le journal Les Forces armées a demandé le 9 octobre d´"écraser le Parti communiste d'Indonésie de Aidit". "Préparez les potences!", a déclaré le journal, le 8 octobre.

En même temps, les arrestations massives se poursuivaient avec une vigueur accrue. La radio de la République d'Indonésie annonçait, le 8 octobre, l'arrestation de certains dirigeants de la Ligue de la Jeunesse populaire. D'après des agences d'information étrangères, l'armée de terre perquisitionnait et arrêtait nuit et jour. Les forces terrestres elles-mêmes admettaient dans la soirée du 17 que depuis le 30 septembre, elles avaient procédé à trois mille arrestations. Njono, premier secrétaire du Comité municipal de Djakarta du Parti communiste d'Indonésie se trouvait, disait-on, parmi les détenus. Le directeur du Bureau d'information de l'armée de terre annonça que le lieutenant-colonel Untung et le colonel Latief, membre du Conseil révolutionnaire du mouvement du 30 septembre, avaient été arrêtés. Des arrestations massives avaient lieu également à Java, à Sumatra et dans d'autres régions.

Des informations d'agences étrangères ont indiqué: "Tout endroit connu pour être fréquenté par des membres du Parti communiste a été attaqué"; "dans les rues, on voit de gros camions transportant des membres du Parti, les mains liées derrière le cou"; "les prisons de Djakarta seraient combles et la cave d'un grand magasin aurait été provisoirement transformée en lieu de détention".

Il a aussi été rapporté qu'une bande de voyous avait manifesté le 8 octobre à Djakarta et incendié le siège central du Parti communiste d'Indonésie. Le 9 octobre, le bureau du Mouvement des Femmes d'Indonésie était également incendié. Le 10, les sièges de la Ligue de la Jeunesse populaire et de l'Organisation centrale des Syndicats d'Indonésie[15] ont été mis à sac et le 12 octobre, les logements des dirigeants du Parti communiste d'Indonésie étaient également saccagés. AP [Agence Associated Press] a indiqué à propos de la manifestation du 8: "Des manifestants transportés par des camions sont passés devant l'ambassade des États-Unis en criant: “Vivent les États-Unis!”"

Le ministre indonésien de l'Enseignement supérieur et des Sciences annonça la fermeture de 14 établissements d'enseignement supérieur à partir du 11 octobre en raison du soutien direct ou indirect qu'ils apportaient au “mouvement du 30 septembre”. Selon Radio Djakarta c'étaient: l'Université de la République, l'Université populaire d'Indonésie, l'Académie des Sciences sociales d'Aliarcham, l'Académie des Sciences politiques Bachtarudin, l'Institut de Technologie Anwairi, l'Académie de Journalisme Dr Rivai, l'Institut des Belles-Lettres Multatuli, l'Académie des Sciences économiques Dr Ratulangi, l'Académie d'Histoire Ronggowarsito, l'Université populaire, l'Université Surakarta Kotapradja, l'Institut de Journalisme Suprapto de Surabaya, l'Institut de Journalisme et de Publicité Sarinah Satria de Malang et l'Académie de l'Agriculture et du Mouvement paysan Egom de Bogur. Ce ministre a également annoncé l'interdiction temporaire de la Fédération du Mouvement des Étudiants d'Indonésie ainsi que d'autres organisations estudiantines.

D'après des agences de presse étrangères, à Djakarta, l'Université de la République a été incendiée, le 14 octobre, par une bande de voyous. "Armés de couteaux, de pierres et de bâtons", ils ont attaqué les étudiants. "Ils ont cassé tout ce qu'ils rencontraient" en hurlant "Pendons le patron du Parti communiste D. N. Aidit!" et "Interdiction du Parti communiste qui a conçu le mouvement du 30 septembre!" Peu après, les troupes et la police ont mitraillé les étudiants de l'Université de la République. Il a été rapporté qu'au cours de cet incident, cinq personnes avaient été tuées, 250 autres blessées et un grand nombre d'étudiants arrêtés.

Provocation de sentiments et d'incidents anti-chinois

Les journaux de l'armée de terre indonésienne se sont efforcés ces derniers jours, tant dans leurs informations que dans leurs commentaires, de susciter des sentiments anti-chinois. Dès le 6 octobre, le journal des Forces terrestres Berita Yudha posait la question de façon détournée: "Se peut-il que l'aventure contre-révolutionnaire du “mouvenient du 30 septembre” ne s'appuie que sur ses seules forces sans aucun soutien ou aucune assistance matérielle et morale d'une très grande quantité de gens à l'intérieur et à l'extérieur du pays?" Le même jour, le journal Les Forces armées réclamait la "liquidation des bases politiques étrangères". Le même quotidien, dans son édition du 10 octobre, déclarait avec machiavélisme que le mouvement du 30 septembre avait "choisi le 1 octobre, fête nationale de la République populaire de Chine, pour déclencher une tragédie nationale".

Ces derniers jours, les incidents anti-chinois n'ont cessé de se succéder à Djakarta et ailleurs. Il a été rapporté que le 8 octobre, des voyous avaient été incités à “manifester” devant le consulat général de Chine à Djakarta. Certains d'entre eux collèrent sur l'entrée un grand nombre de tracts anti-chinois signés “Mouvement anticommuniste” et sur lesquels on lisait "La Chine a monté le mouvement du 30 septembre. Les Chinois hors d'ici immédiatement!" "Le Parti communiste d'Indonésie est armé par la Chine! Pendons les Chinois!" "C'est la Chine qui tire les ficelles derrière le Parti communiste d'Indonésie! Rupture immédiate des relations diplomatiques avec la Chine!" Selon une information de Reuter, lors d'une manifestation qui s'est déroulée le 14 octobre, "les manifestants scandaient “Communistes ‑ Non!”, devant l'ambassade des États-Unis, et “Ecrasons la Chine!”, devant le consulat de Chine."

Un incident particulièrement grave s'est déroulé le 16 octobre: des soldats indonésiens s'introduisirent au mépris de toute légalité dans le Bureau du Conseiller commercial de l'ambassade de Chine en Indonésie et y perquisitionnèrent impudemment ainsi que dans les logements. Des diplomates chinois furent insultés et fouillés sous la contrainte.

Suharto, nommé ministre et commandant de l'armée de terre, proclame qu'il "continuera à éliminer les débris du mouvement du 30 septembre ‑ clique contre-révolutionnaire d'aventuriers"

Le président Sukarno nommait le 14 octobre, à Djakarta, le major-général Suharto ministre et commandant de l'armée de terre. En même temps Sukarno relevait Pranoto Reksosamudro du poste qu'il lui avait lui-même assigné le 1 octobre.

Selon Radio Djakarta, le président Sukarno présidait au Palais d'État, le 16 octobre, à l'investiture de Suharto. Dans son allocution, il déclarait qu'il lui confiait le commandement de l'armée de terre et lui ordonnait de "restaurer la loi et l'ordre". Il ajoutait qu'il était nécessaire "de créer une atmosphère de calme, qui ne soit ni chargée de passion ni enflammée par la droite ou par la gauche". "Pour arriver à une solution politique, j'ai besoin de rechercher des faits substantiels et précis et je n'ai que faire de faits maquillés de rouge, de vert ou de jaune."

Au cours d'une réunion du Commandement opérationnel suprême, qui a eu lieu dans la soirée du l6 octobre, Suharto a été nommé chef d'état-major de ce commandement par Sukarno qui l'a chargé, en plus de ses autres responsabilités, d'ouvrir une enquête sur l'incident du 30 septembre.

Peu après son entrée en fonction, Suharto publiait son premier ordre dans lequel il affirmait avoir acquis la “confiance” de Sukarno. Il requérait tous ses subordonnés de "continuer à éliminer les débris du “mouvement du 30 septembre” - clique contre-révolutionnaire d'aventuriers".

Selon une information du journal Les Forces armées, le Commandement opérationnel suprême a décrété la mise hors la loi de tous les partis politiques et de toutes les organisations de masse considérés impliqués dans le mouvement du 30 septembre. Le 18, le quartier général de la région militaire de Djakarta publiait le décret d'interdiction du Parti communiste d'Indonésie et d'organisations progressistes dont la Ligue de la Jeunesse populaire, le Mouvement des Femmes d'Indonésie, le Front du Mouvement paysan d'Indonésie[16], la Fédération du Mouvement des Etudiants indonésiens, l'Association des Étudiants universitaires d'Indonésie[17], l'Association de la Jeunesse et des Étudiants d'Indonésie et l'Association des Travailleurs scientifiques d'Indonésie.

L'impérialisme américain et la “Malaysia” applaudissent

Quelques jours après l'incident du 30 septembre, le 5 octobre, AP cite de Singapour une source diplomatique occidentale: "Si le major-général Suharto et le ministre de la Défense Abdul Haris Nasution, tous deux dirigeants de la droite, n'agissent pas, ils auront perdu une occasion qu'ils ne retrouveront probablement plus. En fait, s'ils ne passent pas à l'action, ils pourraient bien signer leur propre arrêt de mort."

Selon des agences de presse occidentales, les États-Unis et la “Malaysia” se sont frotté les mains devant l'évolution de la situation en Indonésie. Hensley, correspondant d'UPI à Washington, soulignait le 13 octobre: "Les officiels sont très satisfaits de l'action énergique engagée depuis le 30 septembre par Nasution et les forces terrestres contre les communistes." Ce même correspondant citait, le 12 octobre, une source britannique indiquant que Dean Rusk, secrétaire d'État américain, et Michael Stewart, ministre des Affaires étrangères de Grande-Bretagne, "avaient estimé, au cours de leurs derniers entretiens à Washington que la situation en Indonésie où les forces terrestres étaient passées à l'action contre les communistes “tenus pour responsables du coup d'État” évoluait dans un sens fort satisfaisant pour Washington et Londres".

Un correspondant d'AP écrivait le 14 octobre de New York: "Maintenant tout dénote que les forces terrestres mènent le jeu ... une junte militaire ‑ dirigée par des hommes tels que Suharto et Abdul Haris Nasution, les chefs des forces armées."

Rahman, “premier ministre” de la “Malaysia”, instrument des impérialistes américains et britanniques, déclara, lui aussi, le 11 octobre: "Je suis très heureux de l'évolution actuelle des événements en Indonésie." Si les forces terrestres y prennent le pouvoir et éliminent les communistes, "je pense que ce sera la fin de l'affrontement". "Si on appelle à l'aide, ajouta-t-il, j'irai."

Comment l'agence de presse et les journaux soviétiques rapportent et commentent ces événements

L'agence de presse soviétique TASS, faisant état du déploiement de forces effectué par le général Suharto pour réprimer le mouvement du 30 septembre, cita des agences de presse occidentales selon lesquelles l'armée indonésienne "a étouffé un coup d'État". Le 12 octobre, elle reprenait une information du journal de l'armée indonésienne, Berita Yudha, qui mettait Nasution sur le même pied que Sukarno, les qualifiant de “dirigeants de la révolution” et ajoutait: "Ils ont discuté des événements regrettables qui se sont abattus sur notre peuple et notre pays à cause de la trahison de ceux qui se réclamaient du “mouvement du 30 septembre”. Les entretiens leur ont permis de se comprendre et d'affirmer leur identité de vues sur l'épuration de tous ceux qui y étaient impliqués."

Dans un commentaire du 16 octobre, le journal soviétique Izvestia est allé jusqu'à qualifier le mouvement du 30 septembre de “rébellion” et le lieutenant-colonel Untung, le colonel Latif et d'autres de “rebelles”. Ce journal, organe du gouvernement soviétique, note: "Des troupes fidèles au commandement militaire et amenées des provinces ont étouffé la rébellion ... Ce qui reste de rebelles s'est enfui dans les montagnes."

Ce journal officiel du gouvernement soviétique a même suggéré d'un air assez satisfait que si les forces indonésiennes de droite avaient déclenché cette campagne anticommuniste, c'était parce que "plusieurs communistes figuraient dans le conseil révolutionnaire" issu du mouvement du 30 septembre et que "le Harian Rakjat, organe du Parti communiste [d'Indonésie] n'ayant pas su débrouiller la situation confuse qui régnait les premiers jours, avait présenté cette rébellion comme ayant le soutien du peuple."


Peuple indonésien, unissez-vous et luttez pour renverser le régime fasciste

Éditorial de Hongqi, 1967[18]

Après son coup d'État contre-révolutionnaire déclenché en 1965, la clique militaire de droite Suharto-Nasution, laquais fidèle de l'impérialisme américain et alliée anticommuniste des révisionnistes soviétiques, a instauré en Indonésie une dictature fasciste d'une atrocité sans précédent.

Depuis plus d'un an, cette clique a pratiqué à fond une politique contre-révolutionnaire traîtresse, dictatoriale, anticommuniste, anti-populaire.

Elle a semé partout en Indonésie une terreur blanche qui n'a pas d'analogue dans l'Histoire, massacré des centaines de milliers de communistes et de révolutionnaires et jeté en prison autant de fils et de filles éminents du peuple indonésien. L'Indonésie n'est plus qu'un vaste enfer. Cette clique a tenté, vainement, d'éliminer par une répression sanglante le Parti communiste d'Indonésie et d'étrangler la révolution indonésienne.

Elle voue une haine mortelle à la Chine socialiste qui soutient fermement la lutte révolutionnaire du peuple indonésien. Elle a lancé à maintes et maintes reprises des provocations graves contre le peuple chinois, déclenché une campagne contre la Chine et les ressortissants chinois et soumis ces derniers à des persécutions racistes inhumaines en vue de saboter l'amitié traditionnelle existant entre le peuple chinois, les ressortissants chinois en Indonésie, d'une part, et le peuple indonésien de l'autre, et de contrecarrer le soutien du peuple chinois à la révolution du peuple indonésien.

Les persécutions de toutes sortes que la clique militaire de droite Suharto-Nasution exerce contre le Parti communiste et le peuple indonésiens ne peuvent, en fin de compte, que hâter le plein essor de la révolution indonésienne et la ruine de cette clique. Les héroïques communistes et peuple indonésiens ne se laisseront nullement effrayer, soumettre, ni exterminer. Le peuple indonésien veut la révolution, et sa détermination est inébranlable. Le peuple chinois tient à le soutenir dans sa révolution et sa détermination est également inébranlable Aucune force réactionnaire ne parviendra jamais à les empêcher d'agir de la sorte.

À présent, les communistes et les autres révolutionnaires indonésiens regroupent leurs forces en vue de livrer un nouveau combat. Il n'y a pas longtemps, la revue Tribune de l'Indonésie a publié successivement une déclaration du Bureau politique du Comité central du Parti communiste d'Indonésie, en date du 17 août 1966, et une autocritique qu'il avait faite en septembre de la même année ces deux documents constituent une proclamation appelant les communistes, la classe ouvrière, la paysannerie, les intellectuels révolutionnaires et toutes les autres forces révolutionnaires anti-impérialistes et anti-féodales en Indonésie à s'unir en vue de livrer un nouveau combat.

Ces deux documents portent de rudes coups à l'impérialisme américain, à son valet, la dictature fasciste militaire Suharto-Nasution, et à la clique dirigeante révisionniste du Parti communiste de l'Union soviétique. Ils encouragent puissamment le peuple révolutionnaire indonésien.

Dans ces deux documents, le Bureau politique du Parti communiste d'Indonésie a fait le bilan des expériences et des leçons â tirer de la lutte révolutionnaire menée par le peuple indonésien sous la direction de ce Parti, stigmatisé les erreurs d'opportunisme de droite commises dans le passé par la direction du Parti, indiqué la voie que doit emprunter la révolution indonésienne et fixé les principes de la lutte ultérieure.

Le Bureau politique du Comité central du Parti communiste d'Indonésie estime dans ces documents que "l'Indonésie est un pays semi-colonial et semi-féodal. La dictature fasciste militaire Suharto Nasution est le régime des classes les plus réactionnaires d'Indonésie ‑ la bourgeoisie compradore, les capitalistes bureaucratiques et les propriétaires fonciers. À l'étape actuelle, la tâche primordiale de la révolution est de renverser ce régime contre-révolutionnaire, de mettre fin à la domination réactionnaire de l'impérialisme et du féodalisme en Indonésie, de réaliser la dictature démocratique populaire et de fonder une Indonésie nouvelle, démocratique et entièrement indépendante."

Ces documents soulignent: "Pour remporter la victoire totale, la révolution indonésienne doit suivre la voie de la révolution chinoise. Cela revient à dire qu'elle doit inévitablement prendre comme principale forme de lutte, la lutte populaire armée opposée à a contre-révolution armée, qui est, en essence, la révolution agraire des paysans armés sous la direction du prolétariat."

Le Bureau politique du Parti communiste d'Indonésie stigmatise la ligne révisionniste du XXe Congrès du PCUS. Il indique que cette ligne contre-révolutionnaire a causé au Parti communiste d'Indonésie de graves dégâts et au mouvement révolutionnaire du peuple indonésien d'immenses pertes. Le révisionnisme moderne, ayant pour centre la direction du PCUS, constitue le plus grand danger aussi bien pour le mouvement communiste international que pour le Parti communiste d'Indonésie. La leçon sanglante qu'est le massacre de milliers et de milliers d'Indonésiens a prouvé, une fois de plus, que la voie révisionniste du “passage pacifique”, prônée par la direction du PCUS, est la voie pour enterrer la révolution, la voie qui signifie la mort pour le Parti et ses militants.

Les documents considèrent que, dans le passé, la direction du Parti est allée à l'encontre de la théorie marxiste-léniniste sur l'État, en soulignant unilatéralement la possibilité de la prétendue voie pacifique et parlementaire. Elle prétendait que le pouvoir d'État bourgeois de l'Indonésie avait un double aspect, “pro-populaire” et “anti-populaire”. Elle espérait réaliser pacifiquement la transformation fondamentale du pouvoir en développant l'aspect “pro-populaire”. C'était là une pure illusion du “passage pacifique”.

Les documents critiquent la théorie de la “combinaison de trois formes de lutte”, à savoir la combinaison de la guerre de partisans à la campagne, du mouvement ouvrier dans les villes et du travail d'agitation dans l'armée ennemie. Ils indiquent que dans le passé, la direction du Parti "a conduit chacune des “trois formes de lutte” en suivant la “voie pacifique” et non la voie révolutionnaire". En réalité, elle a abandonné la lutte armée. Les documents soulignent que les marxistes-léninistes indonésiens doivent rejeter résolument cette théorie erronée, porter haut levé l'étendard de la révolution populaire armée, et installer des bases d'appui révolutionnaires, selon l'expérience de la révolution chinoise, pour transformer la campagne arriérée en un puissant et solide bastion révolutionnaire sur les plans militaire, politique et culturel.

Le Bureau politique du Parti communiste d'Indonésie estime qu'une tâche importante du Parti est l'établissement d'un large front uni anti-impérialiste et anti-féodal dirigé par la classe ouvrière et basé sur l'alliance des ouvriers et des paysans. Pour établir un tel front uni, le Parti doit avoir un programme, des principes et des tactiques corrects et, notamment, il doit se rendre maître dans la lutte armée où les combattants font corps avec les paysans et jouissent de leur soutien.

Les documents critiquent le mot d'ordre de “coopération et assistance mutuelle de la nation ayant le Nasakom pour noyau”, estimant que cette formule a estompé le contenu de classe du front uni. Dans le passé, la direction du Parti a supprimé l'indépendance du prolétariat et a fait de ce dernier un accessoire de la bourgeoisie nationale dans le front uni qu'elle a établi avec celle-ci. Auparavant, la direction du Parti a placé trois composantes du marxisme et “trois parties de la doctrine du frère Sukarno” sur le même plan, reconnaissant sans principe que Sukarno était un grand dirigeant révolutionnaire. L'attitude erronée du Parti à l'égard de Sukarno est une expression importante du fait que le Parti a perdu son indépendance dans le front uni.

Ces documents soulignent que le Parti communiste d'Indonésie, dans son édification, est confronté à une tâche ardue. Du Parti il faut faire un parti marxiste-léniniste qui rejette l'opportunisme de tout acabit et s'oppose résolument au légalisme, au subjectivisme et au révisionnisme moderne.

Les documents indiquent que les principales erreurs que le Parti a commises dans son édification sont “le libéralisme et le légalisme”. Ils critiquent la tendance à rechercher de manière aveugle la quantité dans le recrutement des membres du Parti, et soulignent que le caractère de masse du Parti ne se manifeste pas en premier lieu dans la quantité de ses membres, mais s'exprime dans sa liaison étroite avec les masses, dans la ligne politique qui sauvegarde les intérêts de ces dernières et dans l'application conséquente et intégrale de la ligne de masse.

Pour édifier un parti révolutionnaire marxiste-léniniste, le Bureau politique du Parti communiste d'Indonésie appelle le Parti tout entier à renforcer l'éducation dans l'esprit du marxisme-léninisme, de la pensée de Mao Tsé-toung, à faire le bilan des expériences historiques du Parti et à déclencher un mouvement de rectification.

Les documents font ressortir ceci: "Les expériences de lutte acquises par le Parti aux différentes étapes du passé montrent que l'étude des doctrines de Marx, d'Engels, de Lénine et de Staline, en particulier de la pensée de Mao Tsé-toung, revêt une très grande importance pour les marxistes-léninistes indonésiens résolus à sauvegarder le marxisme-léninisme et à combattre le révisionnisme moderne. Le camarade Mao Tsé-toung a continué, défendu et développé brillamment le marxisme-léninisme et l'a fait accéder au plus haut sommet de notre époque."

Après avoir dressé le bilan de l'expérience historique de la révolution indonésienne, la déclaration et l'autocritique du Bureau politique du Comité central du Parti communiste d'Indonésie aboutissent à une conclusion aussi importante que celle-ci:

Pour que la révolution démocratique populaire remporte la victoire, les marxistes-léninistes indonésiens doivent porter haut levés les trois drapeaux du Parti:

Le premier drapeau, c'est l'édification d'un parti marxiste-léniniste qui rejette le subjectivisme, l'opportunisme et le révisionnisme moderne. Le deuxième drapeau, c'est la lutte armée populaire qui est dans son essence une lutte de la révolution agraire menée, sous la direction de la classe ouvrière, par les paysans armés contre le féodalisme. Le troisième drapeau, c'est l'établissement d'un front uni révolutionnaire dirigé par la classe ouvrière et basé sur l'alliance des ouvriers et des paysans.

Cette conclusion est conforme au marxisme-léninisme, à la pensée de Mao Tsé-toung, et jouera un rôle directeur important dans la révolution indonésienne.

La voie frayée par le camarade Mao Tsé-toung à la révolution chinoise se résume en ces termes: “le pouvoir est au bout du fusil”; c'est celle de l'appui sur les paysans, de l'établissement de bases révolutionnaires rurales pour encercler les villes à partir des campagnes et conquérir finalement les villes.

Faisant le bilan des expériences de la révolution chinoise, le camarade Mao Tsé-toung a dit:

Nous avons acquis beaucoup d'expériences précieuses. Un parti discipliné, armé de la théorie marxiste-léniniste, pratiquant l'autocritique et lié aux masses populaires; une armée dirigée par un tel parti; un front uni de toutes les classes révolutionnaires et de tous les groupements révolutionnaires placés sous la direction d'un tel parti; voilà les trois armes principales avec lesquelles nous avons vaincu l'ennemi. Et c'est ce qui nous distingue de nos prédécesseurs. Nous avons remporté la victoire fondamentale en comptant sur ces trois armes.

Alors qu'il dirigeait le peuple chinois dans sa lutte pour la prise du pouvoir, le Parti communiste chinois a connu, au cours de la révolution, aussi bien de grandes victoires que de sérieux revers. La défaite ou la victoire du Parti, son recul ou son progrès, le rétrécissement ou le grossissement de ses rangs, son développement et sa consolidation sont étroitement liés au fait que sa ligne politique permet de résoudre correctement ou non le problème de la lutte armée et celui du front uni. La lutte armée et le front uni sont les deux armes fondamentales pour vaincre l'ennemi. Le front uni doit être celui qui mène une lutte armée. Les organisations du Parti sont de vaillants combattants qui tiennent en main ces deux armes. Voilà les relations entre lutte armée, front uni et organisation du Parti.

Le camarade Mao Tsé-toung a dit:

Avoir une juste compréhension de ces trois questions et de leurs relations réciproques, c'est donner une direction juste à toute la révolution chinoise.

À présent, une grave terreur blanche continue à régner en Indonésie. Au Parti communiste d'Indonésie incombent des tâches extrêmement difficiles et complexes. Sa lutte se trouve à un tournant critique: de la ville à la campagne, de la lutte pacifique à la lutte armée, de la lutte légale à la lutte illégale, de la lutte ouverte à la lutte clandestine. Opérer un tel changement n'est pas une tâche aisée pour un parti qui s'est livré pendant une longue période principalement à des activités ouvertes et légales dans les villes. Il est possible qu'il rencontre de nombreuses difficultés. On est forcé par la réalité de la lutte révolutionnaire d'opérer ce changement, d'apprendre la lutte armée et de la maîtriser à tout prix. En réalité, si on prend sa résolution, surmonte toutes les difficultés, on y parviendra.

Le camarade Mao Tsé-toung a indiqué:

La guerre révolutionnaire est l'affaire du peuple; dans cette guerre, le plus souvent, on ne se bat pas seulement après avoir appris à combattre, on commence par combattre et ensuite on apprend; car combattre, c'est apprendre. Entre le civil et le militaire, il existe une certaine distance, mais il n'y a pas entre eux de Grande Muraille, et cette distance peut être rapidement franchie. Faire la révolution, faire la guerre, voilà le moyen qui permet de la franchir.

Nous sommes convaincus que les marxistes-léninistes indonésiens, guidés par le marxisme- léninisme, la pensée de Mao Tsé-toung, toujours victorieux, surmonteront d'innombrables obstacles pour réaliser ce changement historique et conduire le peuple indonésien dans la voie qui mènera la révolution à la victoire.

Le Parti communiste et le peuple chinois suivent avec une attention soutenue la lutte menée par le Parti communiste et le peuple indonésiens. Nos coeurs sont avec nos frères de classe d'Indonésie. Nous nous tenons fermement du côté du Parti communiste d'Indonésie, du peuple révolutionnaire indonésien et soutenons sans défaillance la lutte que celui-ci mène sous la direction du Parti communiste pour renverser le pouvoir fasciste de Suharto-Nasution et établir une Indonésie nouvelle, démocratique et complètement indépendante.

Le camarade Mao Tsé-toung disait:

Le déchaînement furieux des forces ténébreuses de l'intérieur et de l'extérieur a plongé la nation dans le malheur; mais ce déchaînement même s'il démontre la puissance qu'il reste encore aux forces ténébreuses, prouve d'autre part que ce sont leurs dernières convulsions et que les masses populaires se rapprochent peu à peu de la victoire.

Les documents du Bureau politique du Parti communiste d'Indonésie indiquent à juste titre que l'actuelle dictature militaire des généraux de droite de l'armée terrestre et l'impérialisme américain qui la soutient sont tous des tigres en papier. En apparence, ils sont effrayants, mais en réalité ils sont faibles.

Les nuages ne sauraient cacher le soleil dont les rayons lumineux éclaireront toute l'Indonésie. La victoire finale appartiendra au Parti communiste d'Indonésie et au peuple indonésien.


Notes

 

 

 

 



[1]Pékin Information, n° 43, 25 octobre 1965, pp. 7‑12.

[2]. Cf. Glossaire Indonésie 1914‑1966. [Note 321Ignition.]

[3]. Cf. Glossaire Indonésie 1914‑1966. [Note 321Ignition.]

[4]. Cf. Glossaire Indonésie 1914‑1966. [Note 321Ignition.]

[5]. Cf. Glossaire Indonésie 1914‑1966. [Note 321Ignition.]

[6]. Cf. Glossaire Indonésie 1914‑1966. [Note 321Ignition.]

[7]. Cf. Glossaire Indonésie 1914‑1966. [Note 321Ignition.]

[8]. Cf. Glossaire Indonésie 1914‑1966. [Note 321Ignition.]

[9]. Cf. Glossaire Indonésie 1914‑1966. [Note 321Ignition.]

[10]. Cf. Glossaire Indonésie 1914‑1966. [Note 321Ignition.]

[11]. Le Nahdlatul Ulama. Cf. Glossaire Indonésie 1914‑1966. [Note 321Ignition.]

[12]. Cf. Glossaire Indonésie 1914‑1966. [Note 321Ignition.]

[13]. Cf. Glossaire Indonésie 1914‑1966. [Note 321Ignition.]

[14]. Cf. Glossaire Indonésie 1914‑1966. [Note 321Ignition.]

[15]. Cf. Glossaire Indonésie 1914‑1966. [Note 321Ignition.]

[16]. Cf. Glossaire Indonésie 1914‑1966. [Note 321Ignition.]

[17]. Cf. Glossaire Indonésie 1914‑1966. [Note 321Ignition.]

[18]. Éditorial du Hongqi, n° 11, 1967, publié dans Pékin Information, n° 29, 17 juillet 1967, pp. 16‑18.