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Karl Marx

Le Capital - Livre 3e
4e section : Transformation du capital-marchandise et du capital-argent
en capital commercial et en capital financier (capital marchand)

Chapitre 19 : Le capital financier

 

 

Source:

Le Capital - Livre troisième - Tome I
Paris, Éditions sociales, 1969, p. 324‑331

 

 

 

 

 

 

 

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Textes de Karl Marx ‑ Sommaire

 

 

 

 

 

 

L'argent effectue des mouvements purement techniques dans le procès de circulation du capital industriel et, pouvons-nous ajouter maintenant, du capital commercial, puisque celui-ci se charge d'une partie de la circulation du capital industriel, faisant de cette partie son mouvement propre. La transformation de ce capital en capital financier est justement opérée par ces mouvements qui, rendus autonomes, deviennent la fonction d'un capital particulier; ce dernier effectue ces mouvements, et eux seulement, comme les opérations qui lui sont propres. Dans ce cas, une fraction du capital industriel et aussi du capital commercial existerait non seulement de façon permanente sous la forme argent comme capital-argent en général, mais comme capital-argent assumant ces fonctions techniques. Une certaine fraction, sous forme de capital-argent, se sépare donc du capital total et devient autonome; sa fonction exclusive, du point de vue capitaliste, est d'assumer les opérations susdites pour l'ensemble des capitalistes industriels et commerciaux. Comme cela se passe pour le capital commercial, une fraction du capital industriel existant sous forme de capital-argent dans le procès de circulation se sépare du reste afin d'effectuer ces opérations du procès de reproduction pour l'ensemble du capital restant. Les mouvements de ce capital-argent ne sont donc, eux aussi, que les mouvements d'une fraction devenue autonome du capital industriel dans le cours de son procès de reproduction.

C'est seulement dans la mesure où du capital nouveau est investi ‑ ce qui est également le cas dans l'accumulation ‑ que du capital sous forme d'argent apparaît comme point de départ et point final du mouvement. Mais point de départ et point final deviennent étape transitoire pour tout capital déjà impliqué dans son procès. Étant donné que le capital industriel, entre sa sortie de la sphère de production et le moment où il y entre à nouveau, doit accomplir la métamorphose M´‑A‑M, A n'est en fait, comme nous l'avons vu déjà pour la circulation simple de marchandises, que le résultat final d'une des phases de la métamorphose pour devenir le point de départ de la phase opposée, complémentaire de la première. Bien que le M‑A du capital industriel se traduise toujours pour le capital marchand par A‑M‑A, son véritable procès, dès que le capital est engagé, est néanmoins toujours M‑A‑M. Mais le capital marchand effectue simultanément les actes M‑A et A‑M, ce qui ne veut pas dire qu'un capital se trouve au stade de M‑A alors qu'un autre est au point A‑M, mais qu'un seul et même capital achète et vend toujours en même temps pour assurer la continuité du procès de production; il revêt donc constamment les deux formes en même temps. Pendant qu'une fraction s'en convertit en argent, pour être ultérieurement reconvertie en marchandise, l'autre fraction se transforme au même moment en marchandise pour être reconvertie ensuite en argent.

Il dépend de la forme de l'échange des marchandises que l'argent opère ici comme moyen de circulation ou comme moyen de paiement. Dans les deux cas, le capitaliste verse constamment de l'argent à un grand nombre de personnes en même temps qu'il en reçoit en paiement d'un grand nombre de personnes. Cette opération purement technique du paiement et de l'encaissement d'argent constitue un travail à part qui, au cas où l'argent opère comme moyen de paiement, nécessite des calculs de différences des opérations de compensation. Ce travail fait partie des frais de circulation; il ne crée donc pas de valeur. Pour l'abréger, il est exécuté par une catégorie spéciale d'agents ou de capitalistes pour tout le reste de la classe capitaliste.

Une certaine fraction du capital doit toujours exister sous forme de trésor, de capital-argent potentiel: réserve de moyens d'achat et de moyens de paiement, capital inemployé qui, sous forme d'argent, attend son utilisation; c'est sous cette forme d'ailleurs qu'une partie du capital reflue sans cesse. Ceci nécessite, outre l'encaissement, le paiement et la comptabilité, la garde du trésor qui, à son tour, constitue une opération particulière. Cette opération consiste dans la conversion continue du trésor en moyens de circulation et de paiement, et dans sa reconstitution à partir de l'argent des ventes et des paiements échus. C'est ce mouvement constant d'une fraction du capital existant sous forme d'argent, mais indépendant de la fonction même du capital, c'est cette opération purement technique qui occasionne un travail et des frais particuliers: ce sont des frais de circulation.

Par la division du travail, ces opérations techniques qu'entraînent les fonctions du capital sont assurées, dans la mesure du possible, pour toute la classe capitaliste par une catégorie d'agents ou de capitalistes qui se chargent exclusivement de cette fonction et la concentrent entre leurs mains. Comme pour le capital marchand, il s'agit ici d'une division du travail dans un double sens. La fonction dont il s'agit devient une branche particulière des affaires et, parce qu'elle est accomplie ainsi pour l'appareil monétaire de toute la classe capitaliste, elle est concentrée et réalisée à une grande échelle. Et ensuite une nouvelle division du travail intervient à l'intérieur de cette branche particulière des affaires, d'un côté par le moyen d'une division en divers départements indépendants, d'un autre côté par le perfectionnement du lieu de travail à l'intérieur de ces départements (grands bureaux, comptables et caissiers nombreux, division du travail étendue). Le déboursement et l'encaissement de l'argent, les opérations de compensation, l'établissement des comptes courants, la garde de l'argent, etc., toutes ces choses, séparées des actes qui exigent de telles opérations techniques, font du capital avancé pour ces fonctions le capital financier.

Les différentes opérations qui, en devenant autonomes sous forme d'affaires particulières, sont à l'origine du commerce d'argent résultent des diverses déterminations et des fonctions de l'argent lui-même, fonctions que le capital, sous forme de capital-argent, doit, lui aussi, assumer.

J'ai indiqué par ailleurs comment l'usage de la monnaie s'est développé dans l'échange de produits entre diverses communautés[1].

Par conséquent, le commerce de l'argent, le commerce avec de la marchandise-argent se développe d'abord par les relations internationales. Dès qu'il existe différentes monnaies nationales, les commerçants acheteurs à l'étranger sont tenus de changer leur monnaie nationale en monnaie locale et inversement, ou encore de troquer les différentes monnaies contre de l'argent ou de l'or pur non frappé qui sert de monnaie universelle; d'où le commerce du change qu'il faut considérer comme une des bases naturelles du commerce moderne de l'argent[2]. Il a fait naître les banques de change où l'argent (ou l'or) est utilisé comme monnaie universelle ‑ aujourd'hui comme monnaie bancaire ou commerciale ‑ par opposition à la monnaie courante. Dans la mesure où l'affaire de change est simplement un ordre à payer à des voyageurs, ordre émis par un agent de change d'un pays donné à des agents étrangers, elle a déjà été connue à Rome et en Grèce où elle s'est développée à partir de la fonction de changeur proprement dite.

Le commerce de l'or et de l'argent comme marchandises (matières premières pour la fabrication d'articles de luxe) constitue la base naturelle du commerce de lingots (bullion trade), commerce qui assure la fonction de l'argent comme monnaie universelle. Comme nous l'avons déjà montré (cf. Livre Ier, chap. III, [tome I], p. 147‑150 [3]), ces fonctions sont doubles: va-et-vient entre les différentes sphères nationales de circulation pour la balance des paiements internationaux et lors des déplacements de capitaux à faire fructifier; en même temps mouvements à travers le marché mondial, à partir des sources de production, des métaux précieux et répartition de rapprovisionnement entre les différentes sphères de circulation nationales. En Angleterre, pendant la plus grande partie du XVIIe siècle, les orfèvres faisaient encore office de banquiers. Nous ne nous occuperons pas pour l'instant de savoir comment la balance des paiements internationaux se développe dans le commerce du change, etc., de même que nous écarterons tout ce qui concerne les affaires relatives aux titres, bref toutes les formes particulières du système de crédit qui ne nous intéressent pas ici.

En tant que monnaie universelle, la monnaie nationale dépouille son caractère local; les diverses monnaies nationales trouvent leur expression l'une dans l'autre, ce qui les réduit toutes à leurs teneurs en or ou en argent, tandis que ces métaux, en leur qualité de marchandise circulant comme monnaie universelle, doivent être en même temps ramenés à leur rapport mutuel de valeur qui change sans cesse. C'est de cette fonction d'intermédiaire que les manieurs d'argent font leur affaire particulière. L'agence de change et le commerce de lingots sont ainsi les formes les plus primitives du commerce de l'argent et naissent de la double fonction de l'argent: comme monnaie nationale et comme monnaie universelle.

Il résulte du procès de production capitaliste, tout comme du commerce en général, même dans un mode de production précapitaliste:

Premièrement, la thésaurisation de l'argent, c'est-à-dire ici de cette partie du capital qui doit toujours exister sous forme d'argent comme fonds de réserve de moyens de paiement et d'achat. Voilà la première forme du trésor, tel qu'il réapparaît dans la production capitaliste et tel qu'il se constitue du moins pour le capital marchand, lorsque celui-ci se développe. Les deux aspects se retrouvent aussi bien dans la circulation nationale qu'internationale. Ce trésor circule constamment, se répand sans cesse dans la circulation et en revient toujours. La seconde forme du trésor est celle d'un capital sous forme d'argent momentanément inemployé, laissé en jachère, dans lequel il faut également compter le capital-argent nouvellement accumulé et pas encore investi. Cette thésaurisation, en tant que telle, entraîne nécessairement les fonctions suivantes: d'abord sa garde, puis une comptabilité, etc.

Mais deuxièmement, il se rattache à tout ceci le débours d'argent lors de l'achat et son encaissement lors de la vente, les paiements au comptant et le recouvrement des factures, la compensation des créances, etc. Tout d'abord, le banquier accomplit ces fonctions comme simple caissier pour les commerçants et les capitalistes industriels[4].

Le commerce de l'argent se trouve complètement développé même dans ses tout premiers débuts, dès qu'à ses autres fonctions s'ajoutent celles du prêt et de l'emprunt ainsi que le commerce à crédit. Nous y reviendrons à la section suivante lors de l'étude du capital porteur d'intérêt.

Le commerce des lingots lui-même, le transfert d'or et d'argent d'un pays à l'autre est uniquement le résultat du commerce de marchandises. Il est défini par le cours du change qui exprime l'état des paiements internationaux et du taux d'intérêt sur les différents marchés, Le commerçant en lingots comme tel ne fait que traduire ces résultats.

Lors de notre étude sur la monnaie, nous avons vu (Livre Ier, chap. III) comment ses mouvements se développent et ses formes se déterminent à partir de la simple circulation de marchandises; nous avons constaté comment le mouvement de la masse d'argent circulant comme moyen d'achat et de paiement est déterminé par la métamorphose des marchandises, le volume et la vitesse de cette métamorphose qui, nous le savons maintenant, n'est elle-même qu'un élément du procès total de reproduction. Quant à l'obtention de la matière argent ‑ or et argent ‑ depuis ses sources de production, elle se ramène à un échange direct de marchandises, échange de la marchandise or et argent contre toute autre marchandise; à ce titre, elle est elle-même un élément de l'échange de marchandises tout comme l'obtention du fer ou d'autres métaux. Quant au mouvement des métaux précieux sur le marché mondial, il est déterminé par l'échange international de marchandises au même titre que le mouvement de la monnaie en tant que moyen national d'achat et de paiement l'est par l'échange de marchandises à l'intérieur d'un pays. (Nous écartons ici le mouvement des métaux précieux sur le marché mondial dans la mesure o il représente un transfert de capitaux à titre de prêt, transfert qui se fait également sous forme de capital-marchandise.) Si les allées et venues des métaux précieux d'une sphère de circulation nationale dans une autre sont uniquement occasionnées par la dépréciation d'une monnaie nationale ou par le bimétallisme, elles sont étrangères à la circulation de l'argent proprement dite et ne signifient que la correction d'errements arbitrairement provoqués pour des raisons d'État. En ce qui concerne enfin la thésaurisation en vue de constituer des fonds de réserve de moyens de paiement ou d'achat pour le commerce intérieur ou extérieur ou bien simplement sous la forme d'un capital momentanément en jachère, elle est dans les deux cas une précipitation nécessaire du procès de circulation.

Comme la circulation monétaire, pour ce qui est de son volume, de ses formes et de ses mouvements n'est que le simple résultat de la circulation de marchandises qui, d'un point de vue capitaliste. représente elle-même seulement le procès de circulation du capital (y compris l'échange de capital contre revenu, de revenu contre revenu pour autant que ce dernier est dépensé dans le commerce de détail), il va de soi que le commerce de l'argent ne se borne pas à mettre en oeuvre la circulation monétaire, simple résultat et forme apparente de la circulation de marchandises. La circulation monétaire elle-même comme élément de la circulation des marchandises est une donnée du commerce de l'argent; ce sont ses opérations techniques qu'il met en oeuvre, concentre, abrège et simplifie. Le commerce de l'argent ne constitue pas le trésor; mais il fournit les moyens techniques pour réduire à son minimum économique cette thésaurisation (à condition qu'elle soit volontaire et ne soit pas l'expression d'un capital inemployé ou de troubles dans le procès de reproduction); d'ailleurs si les fonds de réserve en moyens d'achat et de paiement sont organisés pour la classe capitaliste dans son ensemble, ils peuvent être moins importants que si chaque capitaliste les constituait pour son propre compte. Le commerce de l'argent n'achète pas les métaux précieux, mais se borne à assurer leur répartition dès que le commerce des marchandises les a acquis. Le commerce de l'argent facilite les opérations de compensation lorsque l'argent fait fonction de moyen de paiement et diminue, par le mécanisme artificiel de ces compensations, la masse d'argent nécessaire pour cela; mais il ne détermine ni le lien ni le volume des paiements réciproques. Par exemple, les traites et les chèques qui s'entre-échangent dans les banques et les Clearing Houses (chambres de compensation) représentent des transactions tout à fait indépendantes et sont le résultat d'opérations réelles dont il s'agit seulement d'améliorer la compensation technique. Si l'argent circule comme moyen d'achat, le volume et le nombre des achats et des ventes sont totalement indépendants du commerce de l'argent qui peut tout au plus abréger les opérations techniques qui les accompagnent, ce qui diminue la masse de l'argent liquide nécessaire à leur rotation.

Nous considérons ici le commerce de l'argent sous sa forme simple, c'est-à-dire séparée du système de crédit; comme tel, il n'intervient donc que dans la technique d'une des phases de la circulation de marchandises, à savoir la circulation de l'argent, ainsi que dans les diverses fonctions de l'argent qui en résultent.

Ceci distingue donc essentiellement le commerce de l'argent du commerce des marchandises, ce dernier mettant en oeuvre la métamorphose de la marchandise et son échange et faisant même apparaître les procès du capital-marchandise comme celui d'un capital distinct du capital industriel. Si, donc, le capital commercial possède un mode de circulation qui lui est propre: A‑M‑A, où la marchandise change deux fois de main, ce qui fait refluer l'argent, par opposition à M‑A‑M où c'est l'argent qui change deux fois de propriétaire provoquant par là l'échange de marchandises, il n'est pas possible de démontrer l'existence d'une telle forme particulière pour le capital financier.

Si une catégorie particulière de capitalistes se charge d'avancer du capital-argent pour cette mise en train technique de la circulation de l'argent (capital représentant à une échelle réduite le capital additionnel que commerçants et capitalistes industriels devraient, sinon, avancer eux-mêmes dans ce but), nous retrouvons ici la formule générale du capital A‑A´. Celui qui avance A produit pour son compte A + ∆A. Mais la mise en œuvre de A‑A´ ne se rapporte pas ici aux éléments matériels, mais aux processus techniques de la métamorphose.

Il est évident que la masse du capital-argent que les banquiers traitent est le capital-argent en circulation des commerçants et des industriels et que les opérations que les banques accomplissent ne sont que les opérations de ceux auxquels ces banques servent d'intermédiaires.

Il est non moins évident que le profit des banquiers n'est qu'une retenue sur la plus-value puisqu'ils ont seulement affaire à des valeurs réalisées (même si elles sont réalisées sous forme de créances).

Tout comme pour le commerce des marchandises, l'opération est ici double, car une partie des opérations techniques rattachées à la circulation de l'argent doit être accomplie par les commerçants et les producteurs de marchandises eux-mêmes.

 

 

 

 

 

Notes



[1].       Contribution..., [p. 13] [K. Marx, Contribution à la critique de l'économie politique, Paris, Éditions sociales, 1972].

[2].       "De la grande diversité des monnaies quant à l'aloi et aux frappes, de la multitude de princes et de villes ayant le droit de battre monnaie, résultait l'obligation, dans les affaires commerciales, de se servir de monnaie locale chaque fois que des compensations (en monnaie) étaient nécessaires. En visitant les marchés étrangers, les commerçants se munissaient par conséquent d'argent pur, non frappé et quelque fois d'or pour pouvoir s'acquitter de leur paiements comptant. De même, au moment du retour, ils échangeaient la monnaie locale perçue contre de l'argent ou de l'or non frappé. Les affaires de change, le commerce de l'argent, l'échange de métaux précieux bruts contre une monnaie locale et vice-versa devenaient une industrie répandue et de bon rapport." (Hüllmann; Städtewesen des Mittelalters, Bonn, 1826-29, p. 437, 438.) "La banque de change ne tire pas son nom de la lettre de change mais du change des diverses sortes de monnaies. Bien avant la fondation de la banque de change d'Amsterdam, en 1609, il existait déjà dans les villes commerçantes des Pays-Bas des changeurs et des maisons de change et même des banques de change ... C'était l'affaire de ces changeurs de changer contre des pièces de monnaies légalement en cours les nombreuses et diverses sortes de monnaies, importées dans le pays par les commerçants étrangers. Peu à peu, leur champ d'action s'élargit ... ils deviennent les caissiers et les banquiers de leur temps. Cependant le gouvernement d'Amsterdam sentait un danger dans le fait que la fonction de caissier se trouvait réunie à l'affaire de change et pour y parer il décidait la fondation d'un grand établissement qui conférait aussi bien au change qu'aux encaissements une autorité publique. Cet établissement était la célèbre banque de change d'Amsterdam de 1609. De même, les banques de change de Venise, de Gênes, de Stockholm, de Hambourg doivent leur existence à la nécessité permanente de changer toutes sortes de monnaies. De tous ces établissements, la banque de Hambourg est la seule qui existe encore aujourd'hui, parce que le besoin d'une telle institution continue à se faire sentir dans cette ville commerçante ne possédant pas de système monétaire propre, etc." (S. Vissering: Handboek van praktische Staatshuishoudkunde, Amsterdam, 1860, I, p. 247).

[3].       [321ignition] Le Capital, Livre 1er, Paris, Messidor/Éditions sociales, 1983, p. 160 164.

[4].       "L'institution des caissiers n'a peut-être conservé nulle part aussi purement son caractère primitif et indépendant que dans les villes commerçantes des Pays-Bas (Cf. sur l'origine de la confrérie des caissiers à Amsterdam, E. Luzac: Holland's Rijkdom, [Leyde, 1783, partie III). Leurs fonctions concordent partiellement avec celles de l'ancienne banque de change d'Amsterdam. Le caissier reçoit des commerçants qui l'emploient une certaine somme d'argent pour laquelle il leur ouvre un "crédit" dans ses livres. En outre, les commerçants lui envoient leurs créances à recouvrer qu'il encaisse pour eux et pour lesquelles il les crédite; par contre, sur leur ordre de payer (kassiers briefjes) il effectue des paiements et charge le compte courant des montants correspondants. Pour ces recettes et ces paiements, il compte alors une minime provision qui ne lui rapporte un salaire correspondant à son travail que par l'importance des transactions qu'il réalise dans l'ensemble. Lorsqu'il faut établir une balance de paiements entre deux commerçants travaillant tous deux avec le même caissier, ces paiements s'effectuent très simplement par des opérations comptables tandis que les caissiers établissent la balance de leurs ordres réciproques de jour en jour. L'affaire de caissier à proprement parler consiste justement dans cette médiation de paiement; elle exclut par conséquent les entreprises industrielles, les spéculations et l'ouverture de crédits à découvert, car il est ici de règle que le caissier n'effectue pas de paiement supérieur à l'avoir de celui auquel il a ouvert un compte dans ses livres." (Vissering: Handboek van praktische Staatshuishoudkunde, Amsterdam, 1860, p. 134.) Sur les associations de caissiers de Venise: "Pour parer aux besoins et pour des raisons locales, le transport de sommes d'argent y étant plus incommode qu'en d'autres lieux, les commerçants en gros de Venise fondèrent des groupements de caisses pourvues d'une sécurité, d'un contrôle et d'une administration convenables; leurs membres déposaient certaines sommes sur lesquelles ils établissaient des ordres à leurs créanciers, à la suite de quoi la somme payée était inscrite sur la feuille du débiteur dans le livre établi à cet effet et ajoutée à la somme que le créancier détenait à son compte. Premiers débuts de ce qu'on appelle les banques de virement. Ces associations sont certainement très anciennes. Mais si on les fait remonter au XIIe siècle, on les confond alors avec les établissements d'emprunt public fondés en 1171." (Hüllmann; Städtewesen des Mittelalters, Bonn, 1826-29, I, p. 453 sq.). La citation est en partie librement reproduite (N. R.)