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11e Plénum du Comité exécutif Thèses : Les tâches des sections de l'IC Avril 1931 |
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Source: Thèses et résolutions de la XIe Assemblée plénière du Comité exécutif de l'Internationale communiste (Avril 1931), Paris, Bureau d'éditions, 1931, p. 5‑25 [1]. Le document en allemand ► |
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Établi: novembre 2016 |
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Thèses adoptées par la 11e Assemblée plénière du C.E. de l'I.C. sur le rapport du camarade Manouilski et sur les corapports des camarades: Thaelmann, Lenski et Tchémodanov, sur la situation et les tâches des Partis communistes d'Allemagne et de Pologne et de l'Internationale communiste des Jeunes. I. La crise du système capitaliste, l'essor croissant du socialisme dans l'U.R.S.S.La plus grande crise économique mondiale de l'histoire, qui s'est développée au cours de la dernière année sur la base de la crise générale du capitalisme et qui s'est étendue à tous les pays capitalistes et à toutes les branches importantes de la production, et le progrès formidable de l'édification socialiste dans l'U.R.S.S. ont mis en relief, avec une force inouïe, les contradictions entre le système du socialisme en construction et le système du capitalisme en décomposition. Les contradictions entre le système capitaliste et le système socialiste ne se sont jamais développées avec une telle force, et les avantages du système socialiste sur le système capitaliste ne se sont jamais révélés d'une façon aussi frappante que maintenant. L'impuissance du système d'économie capitaliste basé sur l'exploitation et l'esclavage et soumis à la concurrence du marché, et la supériorité du système d'économie socialiste reposant sur un plan et basé sur la socialisation des moyens de production, sur l'abolition de l'exploitation, sur l'amélioration systématique du niveau culturel et matériel des travailleurs, sont apparues avec la plus grande clarté. Ce contraste croissant de deux systèmes, constituant le principal pivot des rapports internationaux d'aujourd'hui, exerce sa répercussion sur le développement ultérieur des contradictions à l'intérieur du monde capitaliste, contradictions qui se sont particulièrement renforcées à la suite de la crise. Les impérialistes, n'ayant plus, grâce à la révolution d'Octobre, la possibilité d'exploiter et d'asservir les peuples de l'U.R.S.S. et menacés directement par l'industrialisation de l'U.R.S.S. qui permet le développement économique du pays de la dictature du prolétariat, développement économique indépendant de la technique des pays capitalistes, se lancent avec d'autant plus de fureur dans la lutte qui les oppose les uns aux autres pour des marchés toujours plus rétrécis sous l'influence de la crise et de la misère croissante des masses. Les impérialistes s'efforcent de sortir de la crise aux dépens des travailleurs, aux dépens de leurs concurrents, aux dépens des colonies et de l'U.R.S.S.; ceci conduit à une politique effrénée de protectionnisme et de dumping, à l'aggravation de la lutte des impérialismes pour l'hégémonie mondiale, pour un nouveau partage des colonies, à une préparation plus intense de nouvelles guerres impérialistes et de l'intervention militaire contre l'U.R.S.S. L'année écoulée depuis le Présidium de février[2] a marqué un tournant historique. Elle nous a montré la crise croissante et la condamnation à mort du système capitaliste et, d'autre part, l'essor victorieux de l'édification socialiste. La stabilisation capitaliste touche sa fin. En U.R.S.S. s'achève la construction des fondations de l'économie socialiste. 1. Dans les pays du capitalisme, le développement de la crise industrielle s'exprime: a) par une incessante réduction de la production; b) par une forte diminution de la consommation et une contraction du marché intérieur par suite de l'appauvrissement des grandes masses; c) par une réduction formidable du commerce extérieur. En U.R.S.S., où non seulement il n'y a pas de crise, mais où l'on assiste à un essor, la production s'accroît à un rythme inconnu dans les pays capitalistes. Non seulement le plan quinquennal du développement industriel se réalise, mais il est dépassé. Il se réalise en trois ans dans les principales branches de l'industrie. Dans un certain nombre des plus importantes branches (pétrole, construction de machines, etc.), le plan quinquennal est déjà réalisé en deux ans et demi. Les investissements dans l'industrie, dans les transports et dans l'électrification croissent rapidement (60 % en 1930, 80 % en 1931). Grâce à l'émulation socialiste, grâce à l'application de la technique la plus perfectionnée, le rendement du travail augmente sans cesse; les masses consomment toujours plus; par sa politique suivie des prix fixes, l'État prolétarien règle les échanges entre l'industrie et l'agriculture, assure l'augmentation systématique du salaire réel ainsi que du revenu du paysan. 2. Dans les pays du capitalisme, la crise économique, se combine avec la crise agraire, accélère formidablement la paupérisation des millions de paysans, ruinés par la chute des prix des denrées agricoles et écrasés par les impôts élevés, les redevances, les fermages et les dettes usuraires. Le processus de dégradation de la petite et moyenne production agricole est très prononcé. Pour surmonter la crise, les gouvernements bourgeois prennent des mesures tendant à réduire les surfaces ensemencées en principales cultures alimentaires et industrielles. La mécanisation croissante de l'agriculture dans certains pays capitalistes, en s'étendant surtout aux exploitations capitalistes, accélère davantage encore la paupérisation rapide des grandes masses paysannes travailleuses. En U.R.S.S., le formidable progrès de l'agriculture (accroissement des terres cultivées, meilleur rendement des terres) est déterminé par l'orientation définitive des masses paysannes pauvres et moyennes vers la collectivisation sous la direction de la classe ouvrière. En deux ans, le plan quinquennal de collectivisation a été plus que réalisé. Grâce à la transformation socialiste des campagnes (kolkhozes et sovkhozes), le niveau matériel et culturel des paysans travailleurs s'élève, le plan quinquennal de la production des céréales pour le commerce est réalisé en deux ans, l'agriculture est mécanisée grâce aux machines et tracteurs qui lui sont fournis, et d'année en année augmentent les investissements de capitaux de l'État prolétarien dans l'agriculture. Les koulaks sont liquidés comme classe sur la base de la collectivisation générale et, en s'organisant dans les kolkhoz, la grande masse des paysans moyens devient l'appui solide de la dictature du prolétariat. La situation des travailleurs dans les pays capitalistes et en U.R.S.S.3. Dans les pays du capitalisme, la bourgeoisie s'est déchaînée avec fureur contre la classe ouvrière et les masses travailleuses et, par des mesures de brigandage économique, s'efforce de rejeter sur les travailleurs toutes les conséquences de la crise (licenciements massifs et chômage, baisse des salaires, augmentation des impôts frappant la classe ouvrière, les travailleurs des campagnes et la population pauvre des villes, majoration des douanes, maintien artificiel des prix de détail élevés, réduction des assurances sociales, etc.). Cette offensive du capital condamne le prolétariat à la misère la plus atroce. Le chômage a pris des proportions que l'histoire n'a jamais connues, car il y a jusqu'à 35 millions de chômeurs parmi les ouvriers de l'industrie (sans compter les millions de prolétaires agricoles, en particulier des colonies et semi-colonies, dont la statistique ne tient pas compte); cette masse de chômeurs fait pression sur le marché du travail et les capitalistes s'en servent pour réduire sans limite les salaires des ouvriers qui travaillent encore. Cette offensive du capital ne vise pas seulement la classe ouvrière, mais aussi les autres .grandes couches travailleuses des villes et des campagnes, poussées par leurs intérêts vitaux dans la voie du front unique avec le prolétariat contre le capital monopolisateur qui les rançonne. La mortalité, la prostitution, les suicides augmentent parmi les travailleurs. L'offensive du capital est particulièrement féroce dans les colonies, où la classe ouvrière, subissant le double joug de la bourgeoisie impérialiste et indigène, est entièrement livrée à l'exploitation la plus barbare. Dans ces conditions de crise, le caractère esclavagiste du travail salarié dans les entreprises capitalistes, dans l'industrie et dans l'agriculture, dans les colonies et dans les pays capitalistes apparaît partout nettement. En U.R.S.S., l'industrialisation socialiste du pays, de même que la transformation socialiste de l'agriculture ont amélioré la situation matérielle et culturelle de la classe ouvrière et des masses travailleuses en général. Le chômage a disparu et le prolétariat augmente considérablement (en 1931, 2 millions de nouveaux ouvriers seront enrôles dans la production). D'une façon générale, l'application de la journée de 7 heures s'étendra dans l'industrie soviétique; en même temps le salaire réel des ouvriers d'industrie augmentera en 1931 de 6 % (ces deux dernières années, il a augmenté de 12,1 %). Les dépenses des assurances sociales et à l'amélioration des conditions de vie des ouvriers et des employés ont augmenté, au cours de ces deux années, de 3.199 millions de roubles, et l'augmentation prévue pour 1931 est de 2.138 millions. L'enthousiasme créateur des masses a grandi, donnant naissance à de nouvelles formes socialistes du travail (émulation socialiste, travail de choc, etc.). 4. Dans les pays du capitalisme, le développement et l'aggravation de la crise économique mondiale amènent un renforcement considérable de la réaction politique des classes dirigeantes tant dans les pays de la démocratie bourgeoise, forme masquée de la dictature de la bourgeoisie, que dans les pays du fascisme, forme cynique et nue de la dictature bourgeoise. Pour parvenir à une solution capitaliste de la crise en réduisant le niveau de vie des grandes masses travailleuses, par une nouvelle aggravation de leur asservissement politique et économique, la bourgeoisie organise des bandes fascistes terroristes, détruit les organisations révolutionnaires, ouvrières et autres, supprime aux ouvriers et aux paysans travailleurs la liberté de presse et de réunion, écrase les grèves par l'arbitrage obligatoire et pas la violence, brise impitoyablement les mouvements paysans révolutionnaires. En U.R.S.S., le pouvoir de la classe ouvrière, tout en extirpant les derniers restes de la classe des exploiteurs, assure la démocratie prolétarienne la plus large et l'élévation du niveau culturel et politique des couches les plus arriérées d'ouvriers et de paysans. En 1931, 60,9 millions de travailleurs (12,8 millions dans les villes et 48,1 millions dans les campagnes) ont pris part aux élections. L'activité politique et l'initiative créatrice des masses travailleuses se développent rapidement par l'intermédiaire des Soviets, des syndicats, des brigades de choc dans les 'fabriques, dans les sovkhoz et dans les kolkhoz; elles réalisent, sous la direction du P.C. de l'U.R.S.S., l'union fraternelle de la classe ouvrière avec les paysans travailleurs dans l'oeuvre d'industrialisation socialiste et de la collectivisation des campagnes. Les impérialistes préparent la guerre5. En U.R.S.S., le pouvoir de la classe ouvrière signifie une forme politique de paix, l'établissement de rapporte fraternels avec tous les peuples, une lutte conséquente pour le désarmement complet, l'union des travailleurs de tous les peuples de l'U.R.S.S., l'essor économique, politique et culturel des nationalités autrefois opprimées par le tsarisme, l'essor du pays de la dictature prolétarienne, principal obstacle à de nouvelles guerres impérialistes. Dans les pays du capitalisme, le caractère de rapine de l'État impérialiste et de dictature d'une poignée de magnats de la finance, s'exprime, entre autres, dans les conditions de la crise, par une agressivité croissante, par les efforts des impérialistes pour élargir leurs possessions coloniales et leurs “sphères d'influence”, renforçant toutes les formes d'esclavage colonial et cherchant à faire retomber les suites de la crise principalement sur les pays les plus faibles et les plus dépendants et sur les peuples asservis. La crise accentue particulièrement le principal antagonisme à l'intérieur du monde capitaliste, la lutte entre l'Angleterre et les États-Unis pour l'hégémonie mondiale; ceci s'exprime par la pression qu'exerce l'impérialisme américain sur les Dominions britanniques, par la politique douanière de la Grande-Bretagne ("conférence d'Empire"[3]), par une recrudescence des conflits pour les “sphères d'influence” en Amérique latine et en Chine. La crise donne libre cours à toutes les contradictions du système de Versailles[4]: contradictions entre les pays vainqueurs et les pays vaincus, en premier lieu entre la clique impérialiste de France, qui s'efforce de défendre et de renforcer son hégémonie politique et militaire sur le continent européen, et la bourgeoisie de l'Allemagne vaincue, qui se heurte, dans l'application du plan Young[5], à la résistance croissante des masses travailleuses; la rivalité impérialiste dans le camp des pays vainqueurs s'accroît: c'est la lutte entre la France et l'Italie pour la Méditerranée et les colonies d'Afrique du Nord; les contradictions entre les vassaux des principaux rapaces impérialistes s'accentuent (Balkans, Tchécoslovaquie, Hongrie, etc.). Il s'ensuit une aggravation des questions de la révision du plan Young, des dettes interalliées, des frontières (corridor polonais[6]), de la lutte de l'Allemagne pour rattacher l'Autriche (union douanière) et s'assurer des colonies, pour abolir la limitation des armements. Il en découle tout un nouveau système d'alliances politiques et militaires, l'accroissement effréné de nouveaux armements, dissimulés derrière les conférences de désarmement de la S.D.N.[7], l'augmentation des dépenses militaires, qui absorbent entre le tiers et la moitié des budgets des États, le réarmement des flottes (conférence de Londres[8]), le renforcement de l'aviation de guerre, la préparation de la guerre chimique, la mécanisation des armées et la formation de cadres de classe pour les armées capitalistes. Il en résulte un renforcement du joug impérialiste dans les colonies, de l'oppression d'un grand nombre de peuples de l'Europe par la bourgeoisie des nations dominantes en Pologne, en Tchécoslovaquie, en Yougoslavie, en Roumanie, en Grèce, en Italie, en France (Alsace-Lorraine). La politique impérialiste de la dictature bourgeoise, tout en accentuant les contradictions du système impérialiste mondial, tout en créant partout des foyers de nouvelles conflagrations, mène à de nouvelles guerres impérialistes monstrueuses et inévitables. Loin de supprimer les contradictions entre les différents États impérialistes, la politique impérialiste de la dictature bourgeoise signifie la préparation acharnée d'une intervention militaire contre l'U.R.S.S., d'une guerre profondément impérialiste et contre-révolutionnaire pour l'asservissement des peuples de l'Union soviétique et le rétablissement du capitalisme. Le dilemme décisif: dictature de la bourgeoisie ou dictature du prolétariat6. Le développement de la lutte de classes dans les conditions d'un déploiement continu de la crise économique mondiale place les grandes masses des travailleurs devant le dilemme décisif: dictature de la bourgeoisie ou dictature du prolétariat; esclavage politique et économique ou suppression de l'exploitation et de l'oppression capitaliste; oppression coloniale et guerres impérialistes ou paix et rapports fraternels entre les peuples; anarchie capitaliste et crise ou système de l'économie socialiste abolissant les crises de l'anarchie. Les contradictions croissantes entre le monde capitaliste et le monde socialiste, entre la dictature de la bourgeoisie et la dictature du prolétariat aggravent profondément la menace d'intervention armée contre l'U.R.S.S. L'aggravation de la lutte de classe dans les pays capitalistes, les efforts de la bourgeoisie pour sortir de la crise au détriment de l'U.R.S.S., la peur devant le socialisme en voie de triompher, l'effondrement des espoirs misant sur une dégénérescence capitaliste de l'U.R.S.S. et sur un appui des classes contre-révolutionnaires en voie de déclin (koulaks, bourgeoisie, nepmen des villes), tout cela incite la bourgeoisie mondiale à adopter une tactique d'agression de l'intérieur par le blocus économique et l'intervention armée. Les procès du Parti industriel[9] et du “Bureau menchévik en U.R.S.S. ”[10] ont révélé l'existence, en U.R.S.S., d'une vaste conspiration internationale, ayant à sa tête l'impérialisme français qui suce tout le sang des peuples asservis par le traité de Versailles, qui soutient et organise les régimes fascistes en Europe et joue le rôle de la Russie tsariste en se faisant le gendarme de l'Europe; ces procès ont montré que les impérialistes; aidés de la IIe Internationale, préparaient pour le printemps de 1930 et préparent encore maintenant une guerre contre-révolutionnaire contre l'U.R.S.S., en utilisant à cet effet les États vassaux de l'impérialisme français et anglais: la Pologne, la Roumanie, la Finlande. Pour préparer activement l'intervention en 1930, Hoover avait créé, sous l'enseigne d'un comité d'aide aux fermiers américains, une organisation de ravitaillement des armées interventionnistes, dirigée directement par le colonel Legge, ancien chef du ravitaillement des armées alliées pendant la guerre impérialiste[11]. Les conférences agraires, les conférences de “désarmement”, les conférences de l'Union européenne[12], les campagnes antisoviétiques contre les “persécutions religieuses” sous la direction du pape et des représentants des autres cultes, contre le “dumping soviétique”, contre le “travail forcé” en U.R.S.S. poursuivaient et poursuivent ces mêmes buts de préparation de l'intervention. II. L'aggravation de la lutte de classes, la poussée révolutionnaire et la crise révolutionnaire croissante dans différents pays capitalistes1. La nouvelle aggravation, résultant de la crise économique, des principales contradictions du capitalisme, qui eut tout d'abord sa répercussion sur les points les plus faibles, le mécontentement croissant des grandes masses, l'influence grandissante du communisme, le prestige accru du pays de la dictature prolétarienne, tout cela conduit la bourgeoisie à utiliser toujours plus ouvertement l'appareil de violence de sa dictature, d'une part, et amène, d'autre part, à une poussée révolutionnaire croissante et à la maturation, dans certains pays, des prémices d'une crise révolutionnaire. Né de la soi-disant démocratie bourgeoise, forme masquée de dictature bourgeoise, le fascisme, forme ouverte de cette dictature, accentue toutes les méthodes de répression et d'asservissement des travailleurs, méthodes propres au régime capitaliste et inséparables du système de dictature de la bourgeoisie. La bourgeoisie instaure et crée le régime fasciste qui, mêlé aux vestiges de la démocratie bourgeoise, détruit les organisations de classe du prolétariat, interdit les partis communistes, en créant des organisations militaires terroristes, en supprimant ou non les formes parlementaires. Pour atténuer l'influence révolutionnaire du pays de la dictature prolétarienne sur la multitude des masses opprimées et asservies du monde entier et enrayer le mouvement révolutionnaire des ouvriers, des paysans et des peuples coloniaux, les fascistes cherchent à tromper les masses par la démagogie sociale qui masque les buts contre-révolutionnaires de la dictature bourgeoise. Jouant sur la misère et la détresse des masses travailleuses, excitant la haine nationale, l'esprit impérialiste de revanche dans les pays vaincus, misant sur l'antisémitisme, spéculant en Allemagne sur le plan Young, masquant leur rôle de serviteurs du capital sous une phraséologie anticapitaliste mensongère, les fascistes à la solde du capital financier (Hitler), utilisent le mécontentement des masses pour renforcer la dictature de la bourgeoisie et réprimer impitoyablement la classe ouvrière. L'accroissement du fascisme ne fut possible, ces derniers temps, que grâce au soutien, par la social-démocratie internationale, dans toute la période d'après-guerre, de la dictature de la bourgeoisie, quelles qu'aient été ses formes. En opposant la forme “démocratique” de la dictature de la bourgeoisie au fascisme endormant la vigilance des masses dans la lutte contre la réaction politique croissante et contre le fascisme, en dissimulant le caractère contre-révolutionnaire de la démocratie bourgeoise, forme de la dictature de la bourgeoisie, la social-démocratie devient un facteur et un agent actif de la fascisation de l'État capitaliste. Le succès de la lutte contre le fascisme exige des partis communistes la mobilisation des masses sur le principe du front unique à la base contre toutes les formes de la dictature bourgeoise, contre toutes ses mesures réactionnaires, qui frayent la voie à la dictature fasciste ouverte. Cette lutte exige, dans certains partis, une correction rapide et décisive des erreurs commises qui se résument à opposer, d'une façon libérale, le fascisme à la démocratie bourgeoise et les formes parlementaires de la dictature de la bourgeoisie à ses formes ouvertement fascistes; ces erreurs constituent un reflet de l'influence social-démocrate dans les rangs communistes. La poussée révolutionnaire2. Depuis la dernière session plénière du Présidium du C.E. de l'I.C.[13], la poussée révolutionnaire continue; elle est liée à une profonde réduction du niveau de vie de la classe ouvrière, à un formidable développement du chômage, à la ruine des employés et de la petite bourgeoisie des villes, à la spoliation en masse de la paysannerie, à la paupérisation extrême des colonies, au renforcement du rôle révolutionnaire de l'U.R.S.S. Le développement de l'essor révolutionnaire s'est exprimé: a) Par une aggravation continue des grèves et du mouvement des chômeurs; b) par l'extension et la consolidation des Soviets et de l'Armée rouge sur une grande partie du territoire de la Chine; c) par le renforcement du mouvement révolutionnaire dans les colonies; d) par le développement du mouvement révolutionnaire paysan; e) par l'influence politique et organique croissante de différents partis communistes importants (Allemagne, Chine. Tchécoslovaquie, Pologne); f) par une opposition croissante au sein de la social-démocratie; g) par une opposition croissante des masses petites-bourgeoises urbaines, des employés et des fonctionnaires. Se développant d'une façon inégale, suivant le degré et le rythme de développement de la crise et l'aggravation des contradictions intérieures et extérieures du capitalisme dans chaque pays, la poussée révolutionnaire croissante fait mûrir les tendances de la crise politique révolutionnaire dans les pays du capitalisme où la crise économique, coïncidant avec les conditions de la crise générale d'après-guerre du capitalisme, est particulièrement accentuée; il en est ainsi pour l'Allemagne, écrasée sous le fardeau du traité de Versailles et du plan Young et privée de l'exploitation des colonies, et pour la Pologne, déchirée par les contradictions nationales et écrasée sous le poids du militarisme, et où le rôle de l'impérialisme polonais dans la préparation de la guerre contre l'U.R.S.S. a permis la maturation des prémices de la crise révolutionnaire. Par suite de l'aggravation de la crise économique, les prémices de la crise révolutionnaire en Espagne se multiplient de façon accélérée. Ce processus y est d'ailleurs facilité par la persistance de fortes survivances féodales[14]. Dans différentes colonies et semi-colonies importantes (Chine, Indes) où des masses nombreuses se dressent dans la lutte nationale-révolutionnaire contre tout le système colonial impérialiste, sous l'influence de la crise économique étroitement liée à la crise agraire, au renforcement de l'exploitation impérialiste et féodale usuraire, à la paupérisation profonde des masses, une profonde crise révolutionnaire mûrit rapidement. Nés de la crise économique générale actuelle et se développant sur la base de la poussée révolutionnaire des masses, ces éléments de la crise révolutionnaire sont liés à l'aggravation extraordinaire de la misère et de la détresse des masses, à l'activité révolutionnaire croissante de ces masses, à l'ébranlement de tout le système international et intérieur de domination capitaliste, au regroupement rapide des forces de classes, à la crise des couches supérieures qui cherchent, à leurs contradictions, une issue dans la voie du fascisme, dans de nouvelles guerres impérialistes et dans une intervention armée contre l'U.R.S.S. La lutte des masses en Allemagne et en Pologne...3. En Allemagne, la bourgeoisie, ayant chassé le gouvernement Müller[15], s'engage toujours plus énergiquement, avec l'appui direct de la social-démocratie, dans la voie de la réalisation de la dictature fasciste. En même temps, tout en utilisant la social-démocratie comme principal instrument pour saboter et faire échouer la lutte des ouvriers, la bourgeoisie des trusts et son État soutiennent, organisent et utilisent le mouvement fasciste (national-socialiste) des masses petites-bourgeoises, pour faire dévier leur mécontentement et l'utiliser à la consolidation du capitalisme. La maturation progressive des prémices de la crise révolutionnaire s'exprime: par l'accroissement révolutionnaire des forces du prolétariat (augmentation de 50 % des effectifs du Parti communiste, renforcement des organisations révolutionnaires de masse); par le début d'un ébranlement de la base de masse de la social-démocratie; par le déclenchement d'une lutte de masse contre l'instauration de la dictature fasciste et le refoulement du mouvement fasciste grâce au programme d'émancipation nationale et sociale des masses travailleuses; par le ralliement de nouvelles couches d'exploités à la révolution prolétarienne sous le mot d'ordre de la révolution populaire[16]; par une incertitude croissante des classes dirigeantes, entraînant des regroupements politiques parmi la bourgeoisie; par le mécontentement croissant des grandes masses contre le fardeau du traité de Versailles et du plan Young. La lutte victorieuse contre le fascisme exige, en Allemagne, que le gouvernement Brüning[17] soit démasqué à temps comme un gouvernement qui instaure la dictature fasciste. La crise économique en Allemagne entraîne une aggravation extrême de la lutte de classes et des perturbations politiques croissantes qui accélèrent la maturation des prémices de la crise révolutionnaire. En Pologne, l'accentuation de la lutte révolutionnaire dans les villes et les campagnes (violentes manifestations de chômeurs, lutte contre les saisies fiscales, redevances pour la construction des routes, etc.), le renforcement de la lutte des nationalités opprimées (Ukraine occidentale), l'effervescence dans les masses des partis social-fascistes et fascistes, le rétrécissement continu de la base du pilsudskisme[18] et des organisation qui lui servent de moyen d'action sur les masses (mécontentement croissant au sein du Parti "ouvrier" fasciste[19], du PPS social-fasciste[20] et des partis paysans fascistes[21])[22], les frictions toujours plus grandes à l'intérieur du camp fasciste; le renforcement du Parti communiste. ... En Espagne[23]Les éléments de la crise révolutionnaire en Espagne ‑ où l'exploitation de la classe ouvrière et la ruine des masses paysannes déterminée par la crise, par les exigences de l'Église et par le régime agricole semi-féodal auxquels ces masses sont exposées tout en devant encore subir l'oppression nationale comme en Catalogne et dans le pays basque ont atteint un degré inouï ‑ se manifestent par les phénomènes suivants: un essor extraordinaire des grèves économiques et politiques du prolétariat, la naissance des mouvements révolutionnaires de la paysannerie, un mouvement de masse chez la petite bourgeoisie contre la monarchie (démonstrations des étudiants, etc.), l'aggravation du mouvement national-révolutionnaire en Catalogne et dans le pays basque, la décomposition de l'armée et, enfin, la dissolution de la classe dominante et de ses partis. ... En Chine, aux Indes, en Indochine et dans les coloniesEn Chine, la crise révolutionnaire s'exprime par l'organisation des Soviets et de l'Armée rouge sur un territoire peuplé de plusieurs dizaines de millions d'habitants; la Chine occupe ainsi le premier rang dans le mouvement national-révolutionnaire du monde colonial. La création des Soviets et de l'Armée rouge est la condition du succès de l'hégémonie du prolétariat dans le mouvement national-révolutionnaire, dans la révolution antiimpérialiste et agraire, hégémonie qui s'est déjà cristallisée dans un embryon du pouvoir d'État. Grâce à l'expérience lumineuse des masses des régions soviétiques, les Soviets et l'Armée rouge, issue de la révolution agraire, entraînent à la lutte les ouvriers des centres industriels et les masses paysannes qui liquident la propriété féodale des hobereaux, partagent la terre dans l'intérêt de la grande masse des paysans, en ébranlant toujours plus le régime de torture du Kuomintang[24] contre-révolutionnaire. Le développement ultérieur du mouvement soviétique en Chine, qui révolutionne tout le monde colonial, est lié à l'extension et à la consolidation de la base territoriale des Soviets et de l'Armée rouge. Dans l'Inde, le mouvement révolutionnaire des masses contre l'impérialisme anglais se développe et s'accentue sous l'influence de la croissance du mouvement ouvrier et paysan, tandis que la bourgeoisie national-réformiste passe à un compromis de trahison et à une alliance contre-révolutionnaire avec l'impérialisme. Ce mouvement révolutionnaire entraîne des millions d'ouvriers, de paysans et de travailleurs pauvres des villes, fait éclater les entraves du ghandisme contre-révolutionnaire[25], commence à affranchir les masses travailleuses de l'influence de ce dernier et passe aux formes de la lutte révolutionnaire ouverte (conflits armés avec la police et la troupe, insurrections à Cholapour[26] et Pechawer[27], soulèvements paysans dans la Birmanie[28], le Berar[29], etc., insurrection à Cawnpour[30], actions ouvrières de masse[31] contre Ghandi et le Congrès national[32]). La réalisation de la direction prolétarienne du mouvement émancipateur révolutionnaire de masse est actuellement la condition la plus importante de la victoire de la révolution indienne et devient possible grâce au fait que les masses ouvrières se débarrassent de plus en plus de l'influence du national-réformisme et de sa variété de “gauche”, particulièrement dangereuse, et grâce à la formation d'un parti communiste. La classe ouvrière a en ce moment pour tâche d'organiser l'offensive révolutionnaire des classes opprimées contre l'impérialisme anglais et contre le Congrès national, la tâche de développer le mouvement ouvrier et paysan, d'organiser un fort parti communiste dans tout le pays ainsi que des syndicats rouges de masse, la tâche de préparer la grève politique générale. En Indochine, dans les conditions de la terreur la plus féroce, de fusillades en masse, de destruction de villages entiers par les occupants français, l'essor révolutionnaire est caractérise par la croissance ininterrompue du mouvement antiimpérialiste de la classe ouvrière, de la paysannerie et de la population pauvre des villes, qui subit en général l'influence communiste. Ce mouvement, qui revêt les formes de manifestations de masse, d'actions de partisans, de conflits armés avec la police et l'armée, s'accompagne de la création de Soviets dans le nord, où l'influence de la révolution chinoise est particulièrement forte en certains endroits. Parallèlement aux vaines tentatives de la bourgeoisie de trouver une solution aux contradictions essentielles du monde impérialiste, la poussée révolutionnaire qui se développe (surtout dans les colonies) crée les conditions favorables à la maturation des prémices de la crise révolutionnaire (en Allemagne et en Pologne), au développement ultérieur de la crise révolutionnaire (en Chine et dans l'Inde) et à la maturation des prémices de la crise révolutionnaire dans les autres pays capitalistes; cela dépend avant tout de la capacité des partis communistes de mobiliser et de diriger le mouvement des masses contre l'offensive du capital et contre la réaction politique, de leur capacité de montrer au prolétariat et aux autres travailleurs, grâce à leur propre expérience, la nécessite de la solution révolutionnaire de la crise du capitalisme. III. La social-démocratie, principal soutien social de la bourgeoisie.1. La crise économique mondiale a mis en lumière avec toute la clarté désirable le rôle de la social-démocratie internationale, en tant que principal soutien social de la dictature de la bourgeoisie. La social-démocratie fut aux côtés du capitalisme contre la classe ouvrière à toutes les étapes essentielles du développement de la lutte de classe depuis la guerre impérialiste mondiale et depuis l'apparition de la dictature prolétarienne. Elle a poussé des millions de prolétaires à la guerre impérialiste sous le signe de la “défense nationale”[33]. Elle a aidé sa “propre” bourgeoisie à mener l'intervention armée contre l'U.R.S.S. en 1918‑20. Elle a sauvé le capitalisme de la révolution prolétarienne immédiatement après la guerre (Allemagne, Autriche, Hongrie, Italie, Finlande). Elle a aidé activement la bourgeoisie à consolider l'économie capitaliste. Elle a attelé les masses ouvrières au joug de la rationalisation capitaliste. En ce moment de crise des plus graves, elle tend tous ses efforts pour sauver le système d'exploitation et d'esclavage de sa perte imminente. 2. Tout le développement de la social-démocratie depuis la guerre et depuis l'apparition du pouvoir soviétique en U.R.S.S. est un processus continu d'évolution vers le fascisme. En ce qui concerne l'offensive du capital contre la classe ouvrière, c'est un appui direct et indirect à la politique de réduction des salaires, une compression de tout le système d'assurances sociales, un soutien en faveur de la nouvelle vague de rationalisation la plus impitoyable, c'est l'organisation du sabotage et de l'échec des grèves, le perfectionnement de l'arbitrage en tant qu'arme pour briser les grèves et asservir la classe ouvrière. Dans le domaine de la spoliation économique et financière des masses populaires, c'est l'appui par tous les moyens de la politique des banques, des trusts et des cartels, de la politique de l'augmentation des prix sur les articles de grande consommation, le redoublement de la pression fiscale, le soutien actif du protectionnisme. Dans le domaine du brigandage colonial, c'est une répression directe du mouvement national-révolutionnaire dans les pays coloniaux et semi-coloniaux, ce sont des dizaines de milliers d'emprisonnés et de fusillés aux Indes, la destruction de villages par l'aviation; en Chine c'est le soutien direct de la politique du bourreau Tchang Kai Chek et la guerre ouverte que mènent les navires de guerre étrangers sur le Yangtsé contre les détachements de l'Armée rouge au sud de la Chine; ce sont les exécutions massives en Indochine. En ce qui concerne le brigandage impérialiste, c'est la collaboration active et directe au système de Versailles, aux intrigues dans les coulisses, à la diplomatie secrète, c'est l'appui, sous le signe du “pacifisme” de la course aux armements, des préparatifs de guerre, c'est le soutien des alliances militaires impérialistes. Gouvernement "ouvrier..."En Angleterre, le "Labour Party" promit, en prenant le pouvoir[34], d'atténuer le chômage et d'améliorer la condition des chômeurs, de lutter contre l'abaissement du standard de vie des ouvriers, de faire la paix avec l'Inde, de mener une ferme politique de désarmement. En réalité, le gouvernement "travailliste", réalisant la volonté de la bourgeoisie impérialiste, applique la rationalisation capitaliste, réduit les salaires au moyen de l'arbitrage, prolonge la journée de travail (bill sur l'industrie minière[35]), réduit le budget des assurances sociales, étouffe dans le sang le mouvement de libération révolutionnaire aux Indes, en Égypte, en Arabie, dépasse le gouvernement de Baldwin[36] dans la construction et le réarmement de la flotte de guerre, prépare avec l'impérialisme français le front unique pour l'intervention armée contre l'U.R.S.S. (rôle du gouvernement "ouvrier" dans l'accord naval entre la France et l'Italie[37]). Gouvernement de "coalition..."En Allemagne, la social-démocratie, alors qu'elle était récemment au pouvoir, déclencha, par les mains du gouvernement Müller, la première offensive contre les assurances sociales, commença la construction de nouveaux cuirassés; elle fusilla des ouvriers aux manifestations du 1er Mai 1929 à Berlin[38], elle interdit la Ligue du Front rouge[39], elle poursuivit la presse ouvrière, étouffa les grèves ouvrières. Chassée du gouvernement par la bourgeoisie dès que le plan Young et la loi antiouvrière sur la "défense de la République"[40] eurent été adoptés par elle, qu'elle eut frayé la route au gouvernement de dictature fasciste (Brüning) par différentes mesures réactionnaires, la social-démocratie, tout en étant au gouvernement et en dehors du gouvernement, vote pour les lois antiouvrières du gouvernement Brüning, organise les briseurs de grève, se fait l'initiatrice de la terreur policière contre les grévistes et les chômeurs, soutient activement les armements des impérialistes allemands (construction de nouveaux cuirassés[41], intervention) et devient le protecteur, le promoteur de la propagande antisoviétique et de la préparation de l'intervention armée. ... Et intervention antisoviétique3. Toute la politique contre-révolutionnaire, antiouvrière de la social-démocratie internationale trouve son couronnement dans la préparation du blocus et de l'intervention armée contre le premier État prolétarien du monde. Le tournant de la bourgeoisie mondiale vers l'intervention militaire ‑ car elle a perdu tout espoir en la dégénérescence capitaliste de l'U.R.S.S., en la victoire des éléments de droite dans le P.C. de l'U.R.S.S. ‑ l'offensive générale contre les éléments capitalistes en U.R.S.S. et la poussée révolutionnaire qui se développe dans les pays du capital ont renforcé l'orientation vers l'intervention et le sabotage de tous les partis de la IIe Internationale (avant tout de la social-démocratie allemande qui est le noyau de la IIe Internationale) comprenant que le triomphe du socialisme en U.R.S.S. sapera définitivement leur influence parmi les masses ouvrières des pays capitalistes. Le procès du “Bureau des menchéviks russes en U.R.S.S. ”[42] (social-démocrates), qui révéla le rôle hypocrite et ignoble de la social-démocratie, a montré que la IIe Internationale, en se posant comme objectif la restauration du capitalisme en U.R.S.S. au moyen d'une intervention militaire, en organisant, au moyen de son agence contre-révolutionnaire en U.R.S.S., le sabotage dans tous les domaines de l'économie nationale, en cherchant à saper le ravitaillement des ouvriers et des paysans, en s'efforçant sciemment de réduire le salaire réel des ouvriers, est devenue le détachement de combat de l'impérialisme mondial qui prépare la guerre contre l'U.R.S.S. Double face4. Sous la pression du mécontente ment croissant et de l'abandon en masse de la social-démocratie par les ouvriers, celle-ci manifeste son impuissance en face de la crise et du chômage; elle est obligée d'avoir recours à des manoeuvres démagogiques de “gauche” pour tromper les masses; en paroles, elle se prononce pour la réduction de la journée de travail, pour la semaine de 5 jours, pour l'extension des assurances sociales, pour le désarmement et la lutte contre le fascisme. Mais, en réalité, par ces manoeuvres, la social-démocratie aide le capital à réaliser son offensive contre le niveau de vie de la classe ouvrière, à consolider sa dictature, à accélérer la fascisation de l'État bourgeois, à freiner les aspirations spontanées des grandes masses ouvrières vers le front unique, à camoufler la préparation de la guerre contre l'U.R.S.S. Tous ces faits et d'autres faits analogues mettent en lumière de manière indubitable le rôle contre-révolutionnaire de la social-démocratie internationale, en tant que principale base de la bourgeoisie dans sa lutte contre le prolétariat. C'est pourquoi la tâche consistant à démasquer la social-démocratie, à démasquer la IIe Internationale, à affranchir les masses ouvrières de l'influence social-démocrate, à isoler et à vaincre la social-démocratie, est une tâche qui se pose à l'ordre du jour du Parti communiste; sans l'accomplissement de cette tâche, une lutte efficace du prolétariat pour la libération du joug capitaliste est impossible. IV. La situation des sections de l'I.C. et leurs taches immédiates1. La 11 Assemblée plénière du C.E. de l'I.C. constate avec satisfaction certains progrès sérieux des sections de l'Internationale communiste tant sur le terrain politique que sur le terrain d'organisation. Depuis la Xe Assemblée plénière, les droitiers du P.C. de l'U.R.S.S. ont été entièrement battus; ils reflétaient la résistance qu'opposent à l'offensive socialiste dans l'U.R.S.S. les éléments aspirant à la restauration capitaliste. Les groupements droitiers et conciliateurs ont été écrasés dans les partis communistes des pays capitalistes; ces groupements étaient le reflet de la pression de l'offensive du capitalisme et de la social-démocratie. Tout cela ‑ contribuant à la consolidation bolchévik des sections de l'I.C. sur la base d'une lutte victorieuse contre l'opportunisme de droite, qui demeure le principal danger, et contre l'opportunisme de “gauche”, qui l'alimente ‑ a créé les conditions propices pour résoudre la tâche principale des partis communistes: la conquête de la majorité de la classe ouvrière par la direction indépendante des luttes économiques et par la liquidation de la social-démocratie en tant qu'organisation de masse, en vue du renversement du capitalisme et de l'instauration de la dictature du prolétariat. Les succès depuis un anVoici quels sont les succès les plus importants des sections de l'I.C. au cours de la période écoulée: a) La création des Soviets et de l'Armée rouge en Chine, le rôle dirigeant du Parti communiste dans la révolution paysanne en Chine et en Indochine. b) Le progrès de l'influence politique de certains partis communistes: le progrès de l'influence de masse du Parti communiste d'Allemagne, dans la lutte révolutionnaire contre l'instauration de la dictature fasciste (victoire aux élections: 4,6 millions de voix[43]), les succès aux élections des conseils d'usines en Allemagne et en Tchécoslovaquie, le puissant développement, sous la conduite du Parti, du mouvement révolutionnaire des chômeurs. Les succès du P.C.A. et du Parti ouvrier bulgare aux élections municipales et régionales. c) Le rôle dirigeant croissant des partis communistes pour organiser la résistance à l'offensive du capital et la contre-offensive de la classe ouvrière, le développement de la direction indépendante des luttes économiques du prolétariat par le Parti communiste (en premier lieu en Allemagne). d) L'application avec succès, par le Parti communiste, de la ligne générale du 5e congrès de l'I.S.R.[44] tendant à la création d'un mouvement syndical révolutionnaire indépendant en Allemagne. e) Le progrès de l'influence des partis communistes parmi les paysans (par exemple le P.C. de Pologne). La croissance organique de certains partis communistes (P.C. de Chine, P.C. de Tchécoslovaquie, P.C. d'Italie); le Parti communiste d'Allemagne a réalisé un sérieux progrès dans la conquête de la majorité de la classe ouvrière et son expérience acquiert une grande portée internationale. f) La cristallisation d'un parti communiste dans l'Inde, comme parti entrant dans l'arène avec un programme révolutionnaire de combat et l'organisation d'un parti communiste en Indochine. Les faiblesses et les lacunes2. À côté de ces succès, la 11e session plénière constate dans le travail de la majeure partie des sections de l'I.C. certaines graves faiblesses et lacunes qui consistent surtout en ce que les partis communistes retardent sur la radicalisation des masses, qu'ils ne démasquent pas suffisamment la social-démocratie; ces faiblesses et lacunes sont particulièrement dangereuses dans les conditions de l'étape actuelle, élevée, de la lutte de classes. Ces lacunes ont trouvé leur expression dans les faits suivants: a) Le suivisme dans certains grands mouvements révolutionnaires: mouvements des chômeurs, grèves, mouvements paysans; la faiblesse du travail des -partis communistes dans les campagnes, en particulier parmi les ouvriers agricoles. b) Une mobilisation tardive des masses sur la base de la défense des intérêts quotidiens des ouvriers, une liaison insuffisante de la lutte pour ces revendications avec la lutte pour la dictature du prolétariat (faible activité de la plupart des sections de l'I.C. dans la Journée internationale de lutte contre le chômage du 25 février[45]). c) Une passivité intolérable pour répondre à l'offensive du fascisme, comme cela eut lieu en Finlande lors du coup d'État de Lappo[46], ce qui fut reconnu et critiqué par le Comité central et par la conférence du Parti communiste de Finlande. d) Une passivité- opportuniste en ce qui concerne l'action dans l'armée, la lutte contre la menace de guerre impérialiste et d'intervention militaire en U.R.S.S. (en particulier l'utilisation insuffisante, par la plupart des partis communistes, des procès du Parti industriel[47] et des menchéviks pour renforcer cette lutte). e) Un soutien absolument insuffisant par les partis communistes des pays impérialistes du mouvement révolutionnaire d'affranchissement des colonies et semi-colonies, une faible participation des partis communistes des nations dominantes aux mouvements révolutionnaires d'affranchissement des peuples opprimés des pays d'Europe. f) Une sous-estimation opportuniste ou sectaire et un mépris pour le travail, excessivement important, à l'intérieur des syndicats réformistes; une action insuffisante dans les usines, en particulier les grandes usines décisives et dans les principales industries; la faiblesse de la vie politique des cellules. g) Le travail d'organisation est en général faible; la consolidation organique de l'influence politique du Parti reste faible, il y a une intolérable passivité dans la lutte contre la fluctuation des effectifs. Partout où les communistes ne déploient pas une activité, suffisant dans la lutte contre le danger de droite en leur sein, où ils appliquent mécaniquement la tactique juste "classe contre classe" sans tenir compte du niveau du mouvement communiste, sans adapter cette tactique aux conditions spéciales du pays même, où ils identifient le fascisme et le social-fascisme, les chefs social-fascistes et la masse ouvrière social-démocrate, les communistes affaiblissent leur direction indépendante de la lutte de classe et le caractère offensif de leur lutte contre la social-démocratie, permettant ainsi à cette dernière de manoeuvrer en simulant la lutte contre le fascisme (Autriche, Pologne) et de tromper les masses qui la suivent. La principale tâche3. Tout en approuvant entièrement la ligne générale et l'activité du Présidium du C.E. de l'I.C. pour remédier aux faiblesses et lacunes signalées dans le travail des sections de l'I.C. la 11e Assemblée plénière estime nécessaire de concentrer l'attention des partis communistes sur les tâches immédiates essentielles que voici, qui découlent de la nouvelle conjoncture de la lutte de classe révolutionnaire. La principale tâche qui incombe maintenant à tous les partis communistes est la conquête de la majorité de la classe ouvrière, condition indispensable pour vaincre la bourgeoisie et pour préparer la classe ouvrière aux batailles décisives pour la dictature du prolétariat. La réalisation de cette principale tâche est intimement liée au renforcement du mouvement syndical révolutionnaire indépendant, à la transformation, au cours des mouvements de masse du prolétariat, de l'opposition syndicale révolutionnaire et des syndicats révolutionnaires indépendants en organisations de masse, capables de préparer réellement et de diriger les batailles économiques du prolétariat et de devenir le principal moyen d'action des partis communistes au sein des grandes masses ouvrières. L'inégalité du développement de la crise et de l'essor révolutionnaire exige de chaque parti communiste, dans la préparation des mouvements de masse, l'application concrète à la base de formes de front unique qui donneraient la possibilité d'entraîner à la lutte la grande masse des ouvriers et des ouvrières, des chômeurs, de la jeunesse ouvrière, des employés et des autres couches semi-prolétariennes. Cela exige l'analyse attentive de la situation générale, l'évaluation précise de la situation et du rapport des forces dans les diverses branches d'industrie et dans chaque entreprise, l'étude de toutes les particularités de la situation des diverses couches de la classe ouvrière, l'application de méthodes de lutte concrètes et appropriées: grèves économiques, grèves de protestation de courte durée, manifestations révolutionnaires, grèves politiques de masse, etc... Cela exige une lutte énergique contre le danger de droite, contre toutes les manifestations opportunistes, contre le suivisme, la passivité, le sectarisme. Les directions de la lutteÀ l'étape actuelle, les partis communistes doivent donner les directions essentielles suivantes à la lutte pour la majorité de la classe ouvrière, condition de la conquête de la dictature du prolétariat. 1. ‑ La lutte contre l'offensive du capital et l'organisation d'une large contre-offensive du prolétariat, contre la baisse des salaires, pour leur augmentation, contre les renvois en masse, contre le système de la journée de travail partielle, pour la journée de sept heures, avec salaire intégral, pour les assurances sociales aux frais de patrons et des capitalistes, pour l'assistance immédiate aux chômeurs. 2. ‑ La lutte contre la dictature bourgeoise[48] sous toutes ses formes, contre la terreur patronale et policière, pour la liberté des organisations ouvrières révolutionnaires[49], pour la liberté de presse, de réunion et de parole, pour la dissolution immédiate des organisations fascistes, pour leur désarmement et l'armement des ouvriers, pour leur défense contre les fascistes, contre la guerre impérialiste dans les colonies; la propagande, la préparation, l'organisation et la réalisation de grèves politiques de masse comme moyens de lutte de la classe ouvrière, contre la réaction politique de la dictature bourgeoise sous toutes ses formes; l'organisation de l'autodéfense des masses sur la base des usines. 3. ‑ La lutte contre la guerre impérialiste et l'intervention militaire contre l'U.R.S.S.: démasquer la préparation de l'intervention militaire par les .gouvernements impérialistes, lutter contre l'intervention dans les régions soviétiques de la Chine,[50] prendre à temps des mesures d'organisation pour le cas où les partis communistes devraient passer à un état de complète illégalité, renforcer l'action antimilitariste, renforcer l'action parmi la jeunesse ouvrière. Ils doivent conquérir la majorité des masses paysannes travailleuses et renforcer le rôle dirigeant du prolétariat dans les campagnes; les partis communistes doivent de toute leur force soutenir, diriger et organiser la lutte des paysans travailleurs contre le fardeau des impôts, des redevances, des fermages et des dettes, en liant ce mouvement avec la lutte contre les propriétaires fonciers, pour la confiscation des terres sans indemnité, contre la domination de la bourgeoisie, pour le pouvoir soviétique. La 11e Assemblée plénière, constatant le travail insuffisant des partis communistes dans la lutte contre la menace imminente d'intervention militaire, fait un devoir à toutes les sections de l'Internationale communiste de mener la lutte la plus active pour la défense de l'Union soviétique, contre la guerre impérialiste, pour la paix, en démasquant inlassablement les basses manoeuvres pacifistes de la IIe Internationale, l'Internationale social-fasciste, organisatrice et instigatrice des plus active de la guerre contre-révolutionnaire contre l'U.R.S.S. En préparant et en déployant toutes les formes de l'action révolutionnaire, il faut obligatoire mener contre les chefs social-démocrates et réformistes une lutte des plus acharnées, une lutte suivie et en tous sens. Il faut en même temps, à l'aide de la tactique du front unique à la base, mener l'action la plus opiniâtre pour conquérir les ouvriers social-démocrates et les adhérents des syndicats réformistes. En démasquant les manoeuvres de la social-démocratie, en comparant ses phrases de “gauche” et ses actes de trahison, les sections de l'I.C. doivent, sur la base d'une plate-forme concrète de revendications immédiates, révéler par des méthodes compréhensibles aux masses, chaque cas de trahison de la social-démocratie en organisant la lutte commune avec les ouvriers social-démocrates contre l'offensive du capital, contre la guerre impérialiste et contre la réaction fasciste. Ce n'est qu'en accomplissant un travail quotidien persévérant et systématique, ce n'est qu'en menant effectivement la lutte pour les intérêts immédiats des masses, en profitant même des moindres manifestations de protestation des masses ouvrières contre l'exploitation et la réaction fasciste, que les partis communistes sauront réaliser un large front unique à la base, briser la social-démocratie, créer des syndicats révolutionnaires de masse, qu'une opposition syndicale révolutionnaire pourra conquérir la majorité de la classe ouvrière et entraîner cette dernière aux batailles décisives pour la dictature du prolétariat. |
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[1]. [321ignition] Les annotations sont formulées par nous en tenant compte d'éventuelles notes figurant dans la source.
[2]. Une session élargie du Présidium du Comité exécutif de l'Internationale communiste se tient du 18 au 28 février 1930.
[3]. Conférences impériales
Les Conférences impériales (dénommées Conférences coloniales avant 1917) sont des réunions périodiques de dirigeants gouvernementaux des colonies à statut d'autonomie et des dominions composant l'empire britannique (British Commonwealth of Nations, à partir de 1926).
À la Conférence de 1930, est discutée l'instauration d'un système de préférence impériale basé sur des barrières tarifaires appliquées par l'ensemble de l'empire vis-à-vis du reste du monde. La Conférence de 1932 aboutit effectivement à l'adoption d'une série d'accords bilatéraux fixant des tarifs réduits à l'intérieur de l'empire et de tarifs élevés vis-à-vis du reste du monde. Les USA sont hostiles à ces mesures. Ainsi, en 1935, suite notamment à un changement de gouvernement au Canada, la pression exercée par les USA fait son effet; le Canada renonce au principe de la préférence impériale.
[4]. Traité de Versailles.
Pour rétablir l'état de paix avec l'Allemagne, les vingt-sept puissances vainqueurs alliées ou associées (en fait, trente‑deux, le Royaume-Uni parlant au nom du Canada, de l'Australie, de l'Afrique du Sud, de la Nouvelle-Zélande et de l'Inde) se réunissent en conférence de la paix à Paris, du 18 janvier 1919 au 10 aout 1920; lors de ses négociations sont élaborés, en outre, les quatre traités secondaires de Saint-Germain-en-Laye, Trianon, Neuilly-sur-Seine et Sèvres.
Les travaux sont en fait dominés par un directoire de quatre membres: Georges Clemenceau pour la France, David Lloyd George pour la Grande-Bretagne, Vittorio Emanuele Orlando pour l'Italie, Thomas Woodrow Wilson pour les USA. Le pacte de la Société des Nations (SDN) est incorporé au texte du traité de paix sous forme de préambule.
Les principales clauses territoriales concernent la restitution de l'Alsace-Lorraine à la France, l'administration de la Sarre par la SDN pendant quinze ans avant l'organisation d'un plébiscite et l'organisation d'un autre plébiscite au Schleswig et en Silésie, revendiquée par l'Allemagne et la Pologne. Toruń (antérieurement Thorn) est cédée à la Pologne, Dantzig (aujourd'hui Gdansk) devient une ville libre administrée sous le contrôle de la SDN, et le “corridor” de Dantzig qui assure à cet État un accès à la mer, isole ainsi la Prusse orientale du reste de l'Allemagne. Les Allemands des Sudètes sont intégrés à la Tchécoslovaquie. Enfin, l'Allemagne renonce à toutes ses colonies au profit des puissances alliées, la SDN ayant charge d'en attribuer le mandat à certaines d'entre elles.
Après suppression du service militaire, l'armée allemande est ramenée à 100.000 hommes et la marine à 15.000 (contre 400.000 au début de 1919). La fabrication d'un nouveau matériel de guerre (sous-marins, artillerie lourde et chars) est interdite, la flotte de guerre confisquée et les ouvrages fortifiés doivent être détruits sous le contrôle de la Commission des réparations. L'Allemagne doit, à titre transitoire, verser 20 milliards de marks‑or en attendant que la Commission des réparations fixe le montant des réparations destinées à rembourser les dommages de guerre.
Pour garantir l'exécution des clauses du traité, la rive gauche du Rhin ainsi que trois têtes de pont sur la rive droite doivent être occupées pendant quinze ans, au maximum, par les puissances alliés; la Rhénanie est démilitarisée et l'Allemagne doit reconnaitre sa responsabilité dans les dommages causés du fait de la guerre.
[5]. Le 31 mai 1929, une commission interalliée réunie à Paris adopte un plan pour le rééchelonnement sur 59 ans (jusqu'en 1988) du reliquat des réparations de guerre dues par l'Allemagne au titre du traité de Versailles.
Il prend le nom de plan Young, d'après l'un des membres de la Commission, Owen Young (président de General Electric). Il se substitue au plan Dawes adopté en 1924. Cependant les USA refusent que le remboursement des dettes des alliés à leur égard soit lié au paiement des réparations allemandes. Une nouvelle conférence tenue du 16 juin au 9 juillet 1932 à Lausanne, réduit le montant des réparations et concède un moratoire de trois ans. Finalement, le solde ne sera réglé qu'en 1980, par la République Fédérale Allemande.
[6]. Incorporée à l'État prussien en 1815, la ville de Dantzig (aujourd'hui Gdansk) devient avec le traité de Versailles (1919), le centre de la "ville libre de Dantzig", territoire doté d'un statut international sous mandat de la Société des Nations.
La Prusse orientale est alors séparée du reste de l'Allemagne par ce qu'on appelle le "couloir" ou "corridor" de Dantzig. L'accord de Varsovie du 24 octobre 1921 limite la souveraineté du territoire au profit de la Pologne. Après la prise du pouvoir par les national-socialistes, le gouvernement polonais entame des entretiens exploratoires avec Hitler, notamment au sujet de Dantzig. En avril 1933, les national-socialistes obtiennent la majorité à la Diète de Dantzig. Le 5 aout 1933, un accord est conclu entre la Pologne et les autorités de Dantzig. Les négociations bilatérales consécutives se caractérisent par l'exclusion de représentants de la Société des Nations, tandis que le régime national-socialiste met en sourdine les prises de positions hostiles à la Pologne à ce sujet. Parallèlement, des représentants de l'Allemagne explorent auprès de la Grande-Bretagne des possibilités du rattachement direct de Dantzig à l'Allemagne en échange d'une compensation territoriale de la Pologne à l'Est, ce qui suscite des protestations de la part de l'URSS. Le 9 octobre, un groupe d'experts allemands se rend à Varsovie pour conduire des entretiens visant à mettre fin à la guerre commerciale entre l'Allemagne et la Pologne. Le 14 octobre Hitler annonce la sortie de l'Allemagne de la Société des Nations et de la Conférence de Genève sur le désarmement. Pour contrebalancer cette accentuation de l'isolement internationale de l'Allemagne, celle-ci poursuit les pas vers une amélioration des relations avec la Pologne. Le 26 janvier 1934 les deux pays adoptent une déclaration commune de non-agression mutuelle. Le 28 avril 1939, Hitler dénonce cette déclaration. Il exige la réintégration de Dantzig à l'Allemagne; s'en suivra le 1er septembre 1939 l'invasion de la Pologne.
[7]. Conférences de la SDN sur la question du désarmement.
En 1925, le Conseil de la Société des Nations est chargé d'organiser une conférence pour tenter de parvenir à une réduction et à une limitation des armements. Une commission préparatoire est mise en place en mai 1926, avec la participation de vingt-six pays. En septembre de la même année, à l'assemblée générale de la SDN, l'Allemagne est admis comme membre. Les travaux de la commission préparatoire trainent en longueur, l'assemblée générale tenue en septembre 1930 exige une accélération, finalement une Conférence pour la réduction et la limitation des armements s'ouvre en février 1932 avec la participation de soixante‑deux États, dont cinq États non membres de la SDN. Elle siège encore en octobre 1933, sans aboutir à un résultat, quand l'Allemagne quitte la Société des Nations et se retire de la Conférence. Celle‑ci continue un temps de délibérer en l'absence de l'Allemagne dans l'expectative d'un éventuel retour de ce pays, puis les pourparlers sont ajournés indéfiniment.
[8]. Entre 1921 et 1935 se déroule une série de cinq négociations ayant pour objet la limitation de la capacité de la marine des plus grandes puissances maritimes.
Les négociations sont initiées par la Conférence de Washington de 1921‑1922 avec la participation de la Grande-Bretagne, des USA, du Japon, de la France et de l'Italie. Le traité à cinq (Angleterre, USA, Japon, France, Italie), du 6 février 1922, impose une limitation des armements navals, selon le nombre de navires chiffré pour chacun des pays signataires. Ces dispositions, qui consacrent l'égalité des flottes anglaise et américaine, resteront en vigueur jusqu'à la conférence de Londres en 1936. En 1927 se tient une réunion à Genève, qui reste sans résultat. En 1930 une réunion se tient à Londres avec la participation de la Grande-Bretagne, des USA, du Japon, de la France et de l'Italie. L'enjeu concerne à la fois le rapport entre le nombre respectif de navires pour chacun des pays, que le tonnage des navires. Les accords obtenus sont prévus d'expirer en 1936. Après cette conférence, les tractations multilatérales se poursuivent, notamment entre la France et la Grande-Bretagne et parallèlement entre la France et l'Italie. La France et la Grande-Bretagne élaborent un projet de dispositions en la matière, au sujet duquel les gouvernements britannique et italien arrivent à un accord de principe le 28 février 1931, l'Italie soumettant néanmoins des contrepropositions. Le 1er mars est conclu un accord tripartite en la matière. En 1935 se tient une seconde conférence de Londres, que le Japon et l'Italie quittent, mais la Grande‑Bretagne, la France et les USA signent un accord concernant le tonnage.
[9]. “Parti industriel” (Prompartija).
Du 25 novembre au 8 décembre 1930 a lieu à Moscou le procès du “Parti industriel”. Vers 1923‑1924 se constitue en URSS un réseau contrerévolutionnaire dit “Centre des ingénieurs”, recrutant des adhérents parmi le personnel d'ingénieurs, de techniciens et de professeurs des diverses institutions, entreprises, instituts de recherches scientifiques et écoles supérieures. Vers la fin de 1927 et au début de 1928 a lieu la transformation du Centre des ingénieurs en Parti industriel, structuré plus rigoureusement.
[10]. Procès de l'organisation contrerévolutionnaire des Menchéviks (mars 1931).
Au début de l'année 1928 se forme une organisation contrerévolutionnaire composée de menchéviks, dirigée par le dit “Bureau Fédéral Menchévik”. Elle renoue les liens anciens avec les dirigeants menchéviks émigrés à l'étranger (Rafael Abramovitch, Theodor Dan, Peter Garvy) et établit une coopération avec le Parti industriel.
Parmi les principaux accusés dans le cadre du procès de 1931 se trouvent Vladimir Groman, jusqu'en 1928 membre du Présidium du Gosplan, et A. M. Ginzburg, Professeur à l'Institut Économique Plekhanov, collaborateur du Soviet, Suprême de l'Économie Nationale et rédacteur principal du premier plan quinquennal élaboré par cet organisme.
[11]. En juin 1929, le président US Herbert Hoover promulgue l'Agricultural Marketing Act (loi sur la Commercialisation agricole) qui crée le Federal Farm Board (institution fédérale chargée des questions agricoles).
C'est un fonds spécialisé auquel est assigné l'objectif d'assister les agriculteurs à organiser la production et la commercialisation dans le cadre de coopératives. Cependant ces efforts de remédier à la crise dans le secteur agricole échouent; suite aux élections de novembre 1932, Franklin D. Roosevelt succède à Hoover comme président.
En 1891 Alexander Legge entre à la McCormick Harvesting Machine Company, il est amené à occuper des postes de direction; en 1902 la société est acquis par la International Harvester Company. En 1917‑1918 il exerce des fonctions au sein du War Industries Board (Comité des industries de guerre). En 1922 il est élu Président de International Harvester, poste qu'il occupe jusqu'à sa mort en 1933, à l'exception de la période de juillet 1929 à mars 1931 lorsqu'il est président du Federal Farm Board.
L'affirmation selon laquelle le Federal Farm Board serait associé aux préparatifs d'une intervention armée contre l'URSS, est basée sur un article publié en avril 1931 par la Pravda, signé du correspondant à New York du quotidien organe du PCUS.
[12]. En 1923, le comte Coudenhove-Kalergi publie un livre intitulé Pan Europe. Il propose une construction intergouvernementale sur le plan institutionnel.
C'est Aristide Briand qui incarne particulièrement ces tendances. Il propose le 5 septembre 1929, au cours d'une intervention à la Société des Nations, d'instituer "une sorte de lien fédéral" entre les 27 États européens membres de l'institution. Briand est alors président du conseil et ministre des Affaires étrangères. Il défend une logique de lien fédéral et refuse la délégation de souveraineté au profit d'institutions européennes
On peut aussi citer un dénommé Comité fédéral de coopération européenne (CFCE) présidé par Émile Borel, dans le cadre de la SDN, ainsi que l'Union douanière européenne (UDE) fondée en 1924 par l'Allemand Edgar Stern-Rubarth, auteur en 1930 d'un opuscule intitulé Europe.
[13]. Le 10e Plénum du Comité exécutif de l'Internationale communiste se tient du 3 au 19 juillet 1929.
[14]. L'Humanité, dans un supplément à son édition du 5 mai 1931, reproduit le présent document dans une version qui comporte quelques différences par rapport à la source que nous avons utilisée. Nous signalons certains cas, sans faire une comparaison systématique. (Cf. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4038906).
L'Humanité, 5 mai 1931: les deux phrases sur la situation en Espagne n'y figurent pas.
[15]. En 1919, après la prise de fonction de Friedrich Ebert (SPD) comme président du Reich, Hermann Müller conjointement avec Otto Wels est élu comme président du SPD. En mars 1920, après la mise en échec du putsch Lüttwitz-Kapp, Müller devient chancelier du Reich à la tête d'un gouvernement de coalition incluant SPD, Parti démocratique allemand (Deutsche Demokratische Partei, DDP) et Parti du centre (Zentrumspartei, Zentrum); cependant les résultats des élections de juin 1920 conduisent à sa démission. Au Congrès du SPD de 1921, il obtient l'approbation d'une résolution qui autorise le parti à former au niveau national de même que celui régional des coalitions avec le Parti populaire allemand (Deutsche Volkspartei, DVP). En juin 1928 il forme un gouvernement de coalition incluant SPD, DVP, Zentrum et DDP. Le 31 mars 1930, ce gouvernement est remplacé par un gouvernement avec à sa tête Heinrich Brüning (Zentrum), lequel se situe délibérément en dehors d'une coalition parlementaire figée.
[16]. L'Humanité, 5 mai 1931: "par le ralliement de nouvelles couches d'exploités à la révolution populaire".
[18]. Józef Piłsudski.
Piłsudski, au début de la Première guerre mondiale, commande une brigade polonaise au sein de l'armée austro-hongroise, mais ensuite il prend le parti des puissances alliées adverses. Il proclame la République à Varsovie le 11 novembre 1918, et est confirmé dans les fonctions de chef de l'État par la Diète constituante. En 1923 il se retire de la vie publique, mais le 12 mai 1926 il s'installe à la tête du pouvoir par un coup d'état. Cumulant les fonctions de chef de l'État, de Premier ministre et de ministre de la Guerre, il établit son pouvoir personnel; il conserve certaines apparences d'une démocratie parlementaire mais gouverne de façon autoritaire. En octobre 1927 plusieurs petits partis, groupes conservateurs et catholiques, des représentants de l'industrie, des fractions issus du Parti socialiste polonais (Polska Partia socjalistyczna, PPS) et des partis paysans, des associations professionnelles, sociales et culturelles, et de nombreux individus, fusionnent en une organisation appelée Bloc non-partisan pour la coopération avec le gouvernement (Bezpartyjny Blok Współpracy z rządem, BBWr); ce bloc fait la promotion d'un programme “d'assainissement” (en polonais: “sanacja”) de la vie politique. En 1930 une junte militaire assume le gouvernement, les dirigeants des partis d'opposition son arrêtés.
[19]. Parti ouvrier national (Narodowa Partja Robotnicza, NPR).
Le NPR a été constitué en 1920 par la fusion entre l'Union ouvrière nationale (Narodowy Związek Robotniczy) active avant 1914 dans la Pologne russe, et le Parti national d'ouvriers (Narodowe Stronnictwo Robotników) actif avant 1914 dans la Pologne prusse; après le coup d'état de Piłsudski, une faction du NPR s'en sépare sous le nom de NPR‑Lewica (Gauche) et soutient le régime de “sanacja”.
[20]. Parti socialiste polonais (Polska Partia socjalistyczna, PPS).
Le PPS a été fondé en 1893 suite à un congrès tenu à Paris en 1892. En 1906 il se divise; une composante se constitue en PPS‑Rewolucja (Révolution) principalement basé en Pologne russe avec aussi une présence en Prusse et en Galicie; l'autre composante devient PPS‑Lewica (Gauche). Le PPS‑Rewolucja et le Parti social-démocrate polonais de Galicie et de Silésie (Polska Partia socjal-Demokratyczna Galicji i Śląska cieszyńskiego, PPSD) fusionnent en avril 1919 sous le nom de PPS.
Józef Piłsudski adhère au PPS en 1893, en 1906 il se retrouve au PPS‑Rewolucja, puis au PPS issu de la fusion avec le PPSD. Le 11 novembre 1918, lors de la création de la République de Pologne, il est investi par intérim du pouvoir suprême de l'état et des forces armées. Durant la période d'élaboration de la constitution, sous un gouvernement social-démocrate Piłsudski-Moraschewski, le Parti communiste (KPRP) est interdit, l'appartenance à ce parti est considéré comme haute trahison et peut être sanctionné par l'emprisonnement ou la peine de mort. (Le Parti communiste restera illégal, mais utilisera différents moyens pour permettre à des membres de se présenter aux élections.)
[21]. Parti paysan (Stronnictwo Ludowo, SL).
En mars 1931 se constitue le SL, par l'unification de trois partis qui sont les suivants.
Parti paysan polonais "Piast" (Polskie Stronnictwo Ludowe "Piast", PSL‑Piast), créé en 1914 en Galicie; par la suite il établit des groupes locaux dans d'autres régions de Pologne. Il représente en général la paysannerie riche.
Parti paysan polonais "Libération" (Polskie Stronnictwo Ludowe "Wyzwolenie", PSL‑Wyzwolenie), créé en 1915 en ce qui était anciennement le Royaume de Pologne du Congrès; par la suite il établit des groupes locaux dans d'autres régions de Pologne. Il représente en général la paysannerie pauvre.
Parti paysan (Stronnictwo Chlopskie), créé en 1926 par la fusion entre l'Union paysanne (Zwiazek Chlopski) et un groupe ayant quitté le PSL‑Wyzwolenie.
[22]. [321ignition] Dans la source, le texte entre parenthèses est libellé comme suit: "mécontentement croissant dans le Parti “ouvrier” social-fasciste, dans le Parti socialiste polonais, dans les partis paysans fascistes". Nous l'avons rectifié sur la base de la version en allemand des thèses: "Zunahme der Unzufriedenheit innerhalb der faschistischen “Arbeiter”-Partei, der sozialfaschistischen PPS, und der faschistischen Bauernparteien".
[23]. L'Humanité, 5 mai 1931: tout ce paragraphe, sur la situation en Espagne, n'y figure pas.
[24]. Guomindang ou Kuomintang ("Parti nationaliste")
Au cours de l'année 1911, la Ligue d'union jurée (Tongmenghui), fondée par Sun Yat‑sen en 1905, intervient activement pour développer l'agitation contre le régime impérial qui s'effondre. Le 29 décembre, des représentants des diverses provinces choisissent Sun Yat‑sen comme président de la République. En février 1912 Yuan Shikai, chargé par la Cour de réprimer les révoltes, obtient l'abdication du jeune empereur Puyi; une Assemblée réunie à Nankin élit Yuan Shikai président de la République. Le Tongmenghui est transformé en Guomindang, ayant pour programme les “Trois Principes du peuple”: indépendance, souveraineté, bienêtre. Cependant en 1913 des soulèvements provoquent la dissolution du Guomindang par le régime. En 1914 le Japon s'empare des concessions allemandes en Chine (Qingdao, dans le Shandong) puis en 1915 impose à la Chine son protectorat. Yuan Shikai décède en 1916, la Chine entre alors dans une longue période de luttes entre les chefs républicains et les généraux. En Chine du Nord les dujun ("seigneurs de la guerre") rivaux, Zhang Zuolin, gouverneur de Mandchourie, Cao Kun, gouverneur du Zhili (aujourd'hui Hebei), etc., s'opposent dans des conflits armées qui se poursuivront jusqu'en 1927.
En 1921 est créé à Shanghai le Parti communiste chinois (PCC), qui adhère à l'Internationale communiste l'année suivante. En 1922 Sun Yat‑sen est porté à Canton à la présidence de la République chinoise et se donne pour objectif la reconquête de toute la Chine du Sud et la prise de Pékin, face aux deux factions ennemis, dont l'une soutenue par le Japon, l'autre par la Grande-Bretagne. À partir de 1923‑1924 il obtient le soutien de l'URSS et le Guomindang accepte le principe d'un front uni impliquant l'intégration des communistes en son sein. Puis, après la mort de Sun Yat‑sen en 1925, s'opère une scission au sein du Guomindang entre, d'une part, une fraction autour de Wang Jingwei et Song Qingling (veuve de Sun Yat‑sen) et, d'autre part, celle dirigée par Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek). En 1926 Jiang Jieshi l'emporte et exclut les communistes des organes dirigeants. Il organise une “expédition vers le Nord” dans l'objectif de reconquérir les provinces tenues par les divers seigneurs de la guerre. Le 12 avril 1927 un soulèvement des travailleurs de Shanghai, animé par le Parti Communiste Chinois, est réprimé par l'armée de Jiang Jieshi, le massacre fait des milliers de victimes. Nankin devient le siège du gouvernement du Guomintang de Jiang Jieshi. Les communistes sont privés de leurs bases urbaines, Mao Zedong, Zhou Enlai et Zhu De rassemblent des troupes pour former une armée populaire de libération qui se regroupe dans les montagnes du Hunan puis du Jiangxi.
En 1928 Jiang Jieshi marche vers le nord et entre en juin à Pékin, qui devient capitale. En 1931 est créé une République soviétique chinoise (capitale Ruijin au Jiangxi). En septembre les Japonais occupent la Mandchourie qui l'année suivante devient le Mandchoukouo, État prétendument indépendant, placé sous l'autorité de Puyi, dernier empereur mandchou.
[25]. Mohandas Karamchand Gandhi, dit “Mahatma”.
À partir de 1919 Gandhi intervient comme un des principaux dirigeants du Parti du Congrès (constitué en 1885 comme mouvement politique dénommé Congrès national indien). Le 6 février 1919 l'administration britannique en Inde proclame avec effet immédiat le Rowlatt Act, qui donne au gouvernement le pouvoir d'arrêter et emprisonner sans procédure quiconque pour des offenses politiques. Le 24 Gandhi et un certain nombre de ses partisans se réunissent à Ahmedabad (état du Gujarat), dans un lieu dénommé Sabarmati Ashram (connu aussi comme Satyagraha Ashram); est adopté un document d'engagement à la désobéissance civile. Le terme principal associé à cette campagne est “Satyagraha”, qui étymologiquement signifie l'étreinte (graha) de la vérité (satya). Le 30 mars se produisent des affrontements de protestation violents à Delhi, la police ouvre le feu. Gandhi émet un appel au calme et contre la violence. Le 10 avril il est arrêté. Des affrontements violents s'ensuivent à Ahmedabad, Amritsar, Lahore, la police ouvre le feu, les manifestants ripostent par des attaques violents contre des lieux liés au pouvoir britannique. Gandhi est relâché le 11, il réitère son appel à la non‑violence. Les affrontements se poursuivent, à Ahmedabad, Lahore, Mumbai (Bombay), Viramgam, Nadiad, Amritsar, Kolkata (Calcutta), Gujranwala. Le 13, un massacre est perpétré par les Britanniques durant une réunion publique de masse à Amritsar, dans un jardin dénommé Jallianwala Bagh. La loi martiale est proclamée dans le Pendjab. Le 14, Gandhi réprimande la population pour les comportements violents et annonce un jeûne de trois jours de sa part à titre de pénitence. Le 16, il assure le gouvernement de son soutien, dans une lettre adressée au commissaire de la division du Nord (Mumbai). Les affrontements se poursuivent, à Gujranwala, Delhi, dans le Pendjab, des dirigeants sont déportés. Finalement le 18, Gandhi annonce une suspension temporaire de la désobéissance civile.
En janvier 1922 Gandhi remet à nouveau à l'ordre du jour l'idée de la désobéissance civile, en y associant la revendication adressée à l'administration britannique que soit déclarée la politique de la non-interférence absolue vis-à-vis d'actions non violentes, ainsi que la liberté de la presse sans aucun contrôle administratif. Il fait part de cette demande au Vice-roi en lui adressant une lettre, qu'il signe: "Je reste, Votre Excellence, votre fidèle serviteur et ami. M. K. Gandhi." ["I remain, Your Excellency's faithful servant and friend."] Le 4 février, à Chauri Chaura (dans la province dénommée United Provinces), se produisent des affrontements, un poste de police est attaqué, 21 policiers et gardiens sont tués. Le 10, Gandhi annonce sa décision de stopper immédiatement le mouvement de désobéissance civile. Le 12 il entame un jeûne de cinq jours de sa part à titre de pénitence.
Le 15 février 1930, le comité de travail du Parti du Congrès réuni à Ahmedabad autorise Gandhi et ceux qui croient en la non‑violence de lancer un mouvement de désobéissance. Le 27, Gandhi dans un article du périodique qu'il édite, Young India, exhorte ses partisans notamment en les termes suivants:
Cette fois, lors de mon arrestation il doit y avoir non pas une non‑violence muette, passive, mais une non‑violence du type le plus active devra être déployée, de sorte que pas un seul adepte de la non‑violence, en tant qu'article de foi aux fins de réaliser le but de l'Inde, devra se trouver libre ou vivant, au bout de l'effort de ne plus se soumettre à l'esclavage existant.
[This time on my arrest there is to be no mute, passive non‑violence, but non‑violence of the activest type should be set in motion, so that not a single believer in non‑violence as an article of faith for the purpose of achieving India's goal should find himself free or alive at the end of the effort to submit any longer to the existing slavery.]
Le 12 mars, accompagné de 78 volontaires il part de Sabarmati pour une marche qui atteint la côte à Dandi, le 6 avril. Le 5 mai il est arrêté à Karadi.
La période consécutive, 1930‑1931, est marquée par une accentuation de la lutte des masses indiennes contre l'occupation coloniale. (Cf. notes 26 ►, 27 ►, 28 ►, 29 ►, 30 ►.) Quant à Gandhi, il finit par se persuader de la vanité des remontrances qu'il adressait à maintes reprises à ceux qui recourent à la violence, spontanément ou de manière organisée; il ne renonce pas pour autant à ses positions orientées obstinément vers la collaboration de classe, guidées par les intérêts de la bourgeoisie indienne.
[26]. Inde, Solapur 1930.
Solapur (autre orthographe: Sholapur) est une ville située dans l'état de Maharashtra, dont la capitale est Mumbai.
Bombay (aujourd'hui Mumbai), constituait dans les années 1850 le point de départ du développement, en Inde, de l'industrie textile de coton. Vers 1920, d'autres centres prenaient de l'importance dans ce qui était à l'époque la Bombay Presidency, une unité administrative de l'Inde coloniale qui couvrait la majeure partie de l'état actuel de Maharashtra ainsi que des parties des états de Gujarat et Karnataka, et aussi des parties du Pakistan. Les principaux centres de l'industrie textile dans cette région étaient alors Bombay City, Ahmedabad et Solapur. Dans leur ensemble, les fabriques de textile de coton de la Bombay Presidency, vers la fin des années 1930, comptaient pour trois quarts des emplois de cette branche dans le subcontinent de l'Inde. À Solapur vers 1920 existaient 5 fabriques, et la branche employait plus de 31.000 personnes. À partir de 1928 la politique propagée par le Parti du Congrès (constitué en 1885 comme mouvement politique dénommé Congrès national indien), consistant à faire la promotion du khaddar, c'est-à-dire des textiles fabriques à la main, avait une influence négative sur le secteur industriel.
Le 12 mars 1930 Mohandas Gandhi (cf. note 25 ►) entame une campagne de désobéissance civile focalisée sur le non‑paiement de la taxe imposée sur le sel par l'administration coloniale. Le 5 mai, il est arrêté et emprisonné. Des mouvements de protestation ont lieu un peu partout. C'est à Solapur que la réaction prend des dimensions particulièrement massives et violentes. Le 7 mai, les travailleurs du textile se mettent en grève. Des lieux liés au pouvoir colonial britannique, tels que les commerce d'alcool, les gares, les postes de police, bâtiments municipaux, tribunaux, sont attaqués, dévastés. Les activistes établissent un gouvernement parallèle virtuel qui ne peut être défait qu'après le 16 mai moyennant l'instauration de la loi martiale. Au cours des affrontements, il y a des dizaines de morts, de centaines de blessés, des centaines de personnes sont arrêtées. Le 12 janvier 1931, quatre militants sont condamnés à mort et exécutés pour leur participation à ces évènements.
[27]. Inde, régions de population Pashtan, 1929‑1930.
Peshawar est une ville située aujourd'hui dans la partie septentrionale du Pakistan, près de la frontière avec l'Afghanistan.
Elle se trouve dans une région dont les habitants appartiennent au groupe ethnique des Pashtan (ou Pashtou ou encore Pachtou ou Pachtoun), établis surtout dans les parties méridionale et orientale de l'Afghanistan ainsi que dans la province du Nord‑Ouest du Pakistan. Cette population a été convertie à la religion musulmane dès le 10e siècle.
En 1848, la Grande‑Bretagne occupa des territoires frontaliers au nord‑ouest de l'Inde britannique. D'abord divisé entre une partie sous contrôle direct britannique et une autre occupée par des populations tribales vivant de façon relativement indépendante, ces territoires furent réunis en 1902 au sein de la “North-West Frontier Province” (NWFP). Aujourd'hui, ils forment la province du Pakistan dénommée Khyber Pakhtunkhwa .
En 1929, Abdul Ghaffar Khan, originaire de Peshawar, constitue une organisation dénommée Khudai Khidmatgar (Serviteurs de Dieu), basée sur une orientation socio-réformiste ayant pour objectif de résoudre les problèmes traversant la population pashtan dans le contexte de l'occupation britannique. Le Khudai Khidmatgar se caractérise notamment par une approche basée sur la non‑violence. Les membres portent une uniforme couleur rouge brique, à l'origine dû au fait qu'ils teignent les tissus avec des eaux provenant du tannage d'animaux, ce qui apporte cette couleur. Ils sont communément désignés comme les “chemises rouges” (Surkh Posh); il faut cependant préciser que ceci n'a aucun rapport avec l'invocation du rouge symbolisant le communisme. En décembre 1929, Ghaffar Khan assiste à la session du Parti du Congrès (constitué en 1885 comme mouvement politique dénommé Congrès national indien), et au cours des années 1930 il devient un des principaux dirigeants de ce Parti.
Le 12 mars 1930 Mohandas Gandhi (cf. note 25 ►) entame une campagne de désobéissance civile focalisée sur le non‑paiement de la taxe imposée sur le sel par l'administration coloniale. Les représentants du Parti du Congrès dans la NWFP, peu nombreux, font appel à Ghaffar Khan pour s'associer à ce mouvement. Le 23 avril, Ghaffar Khan est arrêté par l'administration britannique à Naki Thana, dans les environs de Peshawar; à Peshawar également, d'autres dirigeants du Khudai Khidmatgar sont arrêtés. La population réagit par une manifestation de protestation, à laquelle l'administration britannique répond par une répression énergique, de nombreux manifestants arrêtés se trouvant enfermés dans le poste de police de Kabuli Gate. Un rassemblement se forme autour du lieu, dans la zone du Kissa Khawani Bazaar, l'officier en charge appelle des renforts. Un peloton de Garhwalis * reçoit l'ordre d'ouvrir le feu, mais leur commandant refuse d'obéir (il sera remplacé aussitôt par une unité de Gurkha **), seul le contingent de soldats britanniques exécute l'ordre, les manifestants ripostent, la police intervient également utilisant des armes. Les affrontements s'amplifient, environ 200 habitants de Peshawar sont tués ou blessés, en tout le nombre de victimes atteint vraisemblablement 500. Le 25, les troupes britanniques se retirent de la ville, les jours suivants des représentants du Parti du Congrès assument le contrôle de la ville. L'administration britannique finit par reprendre en main la situation le 4 mai.
Au‑delà de ce type d'affrontements surgissant dans le contexte de la campagne de désobéissance civile impulsée par Gandhi, les populations tribales Pashtan de la région étaient de longue date fortement mobilisées dans la lutte pour l'indépendance vis‑à‑vis de la domination britannique. En réaction aux évènements de Peshawar, des forces armées Pashtan, notamment de la tribu des Afridi, regroupant jusqu'à environ vingt mille combattants, mènent durant plusieurs mois des attaques contre des postes militaires britanniques. À certaines occasions, des groupes du Khudai Khidmatgar les rejoignent dans ces actions.
Par ailleurs, les mouvements pour l'indépendance, dans la région, sont marqués partiellement par des positions communistes, à travers deux groupes: le Naujawan Bharat Sabha (Mouvement de la Jeunesse d'Inde) fondé en 1926 à l'initiative de Bhagat Singh, et le Kirti Kisan constitué en avril 1928 avec la participation notamment de Sohan Singh Josh. Ce dernier, en décembre 1928, préside la premier Conférence pan‑indienne de travailleurs et paysans, tenue à Kolkata (Calcutta).
*
Note concernant les unités de soldats autochtones:Dans le cadre de l'appareil d'état colonial, l'administration britannique avait recours à des unités de forces armées composées de soldats autochtones. Cependant, elle prit soin de maintenir ces troupes dans un état de morcèlement, en recrutant les différents régiments séparément sur des bases ethniques locales. Ainsi les régiments de Gurkhas, recrutés au Népal, étaient considérés comme particulièrement adaptés pour être appelés à intervenir dans les cas de conflits civils; ils n'avaient que peu de liens culturels avec l'Inde, et pas de motif pour se montrer partiaux dans ces situations. C'était vrai aussi pour les Garhwalis et les Kumaonis.
[28]. Birmanie, 1930.
En Birmanie éclate en 1930 une révolte paysanne à partir de villages du sud-est du district Tharrawaddy, à proximité de la ville de Tharrawaddy, et s'étend à travers le sud du pays. Elle est dirigée par Saya San, considéré comme le prétendant (minlaung) traditionnel au trône de Birmanie. De la littérature marxiste entre au pays, des cercles de lecture sont constitués, notamment le Nagani (Dragon rouge).
[29]. Inde, Berar, 1930.
Le Berar était le centre d'un sultanat existant en Inde central au 16e siècle. Au 18 siècle il est rattaché à l'état princier de Hyderabad. En 1853 un traité est conclu entre le Nizam (Prince) de Hyderabad et le gouvernement britannique, qui a pour effet notamment que certains districts sont attribués à la Compagnie des Indes orientales (East India Company). Par la suite le terme Berar se réfère à l'ensemble de ces districts (les "Hyderabad Assigned Districts"), bien que le périmètre correspond ni au Berar des nizams ni à l'ancienne province mongole. En 1903 la région passe sous l'administration du commissaire général pour les Provinces Centrales (Central Provinces) .
Durant l'année 1930, en lien avec la campagne de désobéissance civile initiée par Gandhi (cf. note 25 ►) le 12 mars, se développent au Berar des mouvements du même type, au sujet de la propriété britannique sur les domaines forestiers. Souvent, ils débordent le cadre voulu par Gandhi. Par exemple, à Betul le 19 septembre, la police arrête des personnes pour les emmener à Bordehi; en chemin le groupe est approchée par plusieurs centaines de villageois armés de bâtons, qui s'emparent des documents officiels et les détruisent; des renforts de police arrivent et procèdent à d'autres arrestations; poursuivant sa route, le groupe est à nouveau confronté à une foule qui tente de libérer les prisonniers; après avoir été dispersés, les manifestants reviennent bientôt à la charge en nombre encore plus grand, attaquant la police par des jets de pierre. Des affrontements violents similaires se produisent dans de nombreux districts. Parfois la police use des armes à feux face à des manifestants pacifiques, causant des morts.
[30]. Kanpur, janvier 1931.
Kanpur est une ville située dans l'état d'Uttar Pradesh, dont la capitale est Lucknow. Le 12 mars 1930 Gandhi (cf. note 25 ►) entame une campagne de désobéissance civile focalisée sur le non-paiement de la taxe imposée sur le sel par l'administration coloniale. Ces actions tendent à provoquer le mécontentement des commerçants de confession musulmane, touchées par les piquets bloquant les magasins qui ne se joignent pas au mouvement. À partir de 1928, à Kanpur, s'était développé un effort organisationnel des musulmans visant à affirmer leurs intérêts face au Parti du Congrès (constitué en 1885 comme mouvement politique dénommé Congrès national indien), considéré comme représentant de la population hindu. Les activités à cet égard incluent des défilés durant lesquels les participants sont munis de lances, poignards, haches; le 16 janvier 1931 l'administration britannique interdit le port d'armes. Le 23 mars, Baghat Singh, un militant né d'une famille de tradition Sikh, est exécuté à Lahore; il avait été condamné à mort en relation avec l'assassinat, le 17 décembre 1928, d'un policier britannique. Le 24, une campagne de protestation contre l'exécution est organisée au niveau national sous l'impulsion notamment du Parti du Congrès, et dans ce cadre une manifestation à lieu à Kanpur. Sous l'effet de tensions préexistantes, les évènements prennent un caractère de rébellion visant les Britanniques et leurs institutions. On compte environ 150 morts. Des situations similaires se produisent à Benares (aujourd'hui nommé Varanasi), Agra et Mirzapur.
[32]. Le Congrès national indien a été constitué comme mouvement politique en 1885 et devient ultérieurement un parti proprement dit (Parti du Congrès). À partir de 1919 Gandhi intervient comme un des principaux dirigeants.
[33]. L'Humanité, 5 mai 1931: "défense de la patrie".
[34]. En 1929 le Labour Party (Parti travailliste) gagne les élections, Ramsay MacDonald, président du Labour Party depuis 1911, est désigné comme premier ministre.
[35]. Coal Mines Act (Loi sur les mines de charbon).
En Grande-Bretagne, le temps de travail des mineurs travaillant sous terre était règlementé par des lois successives: en 1908 le “Eight Hours Act”, en 1919 le “Seven Hours Act”, en juillet 1926 un Coal Mines Act qui rétablit la journée de huit heures. En mai 1929 se tiennent des élections. Parmi les engagements formulés par le Labour Party (Parti travailliste) figure la réduction du temps de travail pour les mineurs. Mais tandis que le programme du parti, en 1928, prévoyait un retour à loi de 1919 en tant que telle, à l'approche des élections les formulations deviennent moins précises: "Des mesures seraient prises immédiatement pour diminuer le temps de travail". Le Labour Party obtient la majorité dans la Chambre des communes (House of Commons). Or en octobre de l'année, Philip Snowden, chancelier de l'Échiquier (ministre des Finances) dans le nouveau gouvernement, déclare: "Un retour immédiat à la journée de 7 heures imposerait un grave désastre à l'industrie, des puits seraient fermés et des mineurs jeté du travail."
En décembre 1930 entre en vigueur un Coal Mines Act qui fixe le temps de travail à 7 1/2 heures pour 6 jours par semaines, mais prévoit la possibilité d'une modulation en fixant un maximum de 90 heures par période de deux semaines; le temps de travail journalier peut donc dépasser les 7 1/2 heures. En outre il faut noter que les mesures préconisées par le gouvernement et mises en oeuvre dans le secteur de l'industrie minière impliquent de fortes réductions de salaire.
[36]. Stanley Baldwin.
En Grande-Bretagne, en 1908 Baldwin est élu au Parlement pour les Conservateurs. En 1922 il est nommé chancelier de l'Échiquier (ministre des Finances), en 1923 il devient Premier ministre. Il convoque des élections pour faire approuver le projet d'introduire des tarifs protectionnistes, mais ce sont les Travaillistes qui obtiennent la majorité, et Ramsay MacDonald forme un gouvernement avec le soutien des Libéraux. Cependant en 1924 les Conservateurs reviennent au gouvernement, Baldwin est à nouveau Premier ministre.
Le 30 juin 1925 les propriétaires des mines annoncent qu'ils réduiront les salaires des mineurs. Suite à l'opposition de la National Union of Mineworkers, soutenue par le Trades Union Congress (Congrès de Syndicats, TUC, l'unique organisation centralisée de syndicats, liée au Labour Party), le gouvernement Baldwin décide d'intervenir et accorde les fonds nécessaires pour maintenir le niveau des salaires, pendant une période de 9 mois. Il constitue une commission présidée par Herbert Samuel chargée d'examiner la situation de l'industrie minière. Celle-ci publie son rapport en mars 1926. Elle écarte l'idée d'une nationalisation, recommande l'arrêt des subventions et que les salaires des mineurs soient effectivement réduits. Au même moment les propriétaires des mines, au-delà des réductions de salaires, modifient de façon plus générale les conditions d'emploi, notamment par un prolongement de l'horaire journalier, et la fixation des taux de salaires par district; ils annoncent que si les mineurs n'acceptent pas ces décisions avant le 1er mai, ils procèderont à un lockout.
Le 1er mai, le TUC annonce un appel à une grève nationale de soutien aux mineurs, pour le 3, et entame des négociations dans l'espoir d'arriver à un accord avant. Le 7, Herbert Samuel prend contact avec le TUC. Sans se coordonner avec les mineurs, les représentants du TUC s'accordent avec Samuel sur les conditions dans lesquelles la grève pourrait être révoquée en échange d'une poursuite des négociations. Les mineurs rejettent l'arrangement, mais le 11 mai le Comité général du TUC l'entérine et déclare la fin de la grève. Cependant, le gouvernement ne reprend pas à son compte les termes de l'arrangement.
Le 21 juin, le gouvernement fait adopter une loi qui suspend le Coal Mines Act (“Seven Hours Act”) de 1919 pour une durée de 5 ans, ce qui autorise le retour à la journée de 8 heures. Ainsi en juillet les propriétaires des mines confirment les mesures annoncées. Les mineurs poursuivent la grève, mais sont contraints de reprendre progressivement le travail; un grand nombre est sanctionné et reste au chômage.
Par la suite, en 1927, le gouvernement adopte le Trade Disputes and Trade Unions Act [Loi sur les conflits de travail et les syndicats], qui prohibe les grèves générales ainsi que les grèves de solidarité, et interdit aux fonctionnaires publics d'adhérer aux syndicats affiliés au TUC.
En 1929 les Travaillistes gagnent les élections à leur tour, MacDonald est premier ministre; puis en 1931 ils subissent une défaite mais MacDonald se maintient à titre personnel en formant un gouvernement de coalition nationale qui inclut Baldwin. Finalement en 1935 MacDonald démissionne et Baldwin lui succède comme Premier ministre.
[37]. Entre 1921 et 1935 se déroule une série de cinq négociations ayant pour objet la limitation de la capacité de la marine des plus grandes puissances maritimes.
Les négociations sont initiées par la Conférence de Washington de 1921‑1922 avec la participation de la Grande-Bretagne, des USA, du Japon, de la France et de l'Italie. Le traité à cinq (Angleterre, USA, Japon, France, Italie), du 6 février 1922, impose une limitation des armements navals, selon le nombre de navires chiffré pour chacun des pays signataires. Ces dispositions, qui consacrent l'égalité des flottes anglaise et américaine, resteront en vigueur jusqu'à la conférence de Londres en 1936. En 1927 se tient une réunion à Genève, qui reste sans résultat. En 1930 une réunion se tient à Londres avec la participation de la Grande-Bretagne, des USA, du Japon, de la France et de l'Italie. L'enjeu concerne à la fois le rapport entre le nombre respectif de navires pour chacun des pays, que le tonnage des navires. Les accords obtenus sont prévus d'expirer en 1936. Après cette conférence, les tractations multilatérales se poursuivent, notamment entre la France et la Grande-Bretagne et parallèlement entre la France et l'Italie. La France et la Grande-Bretagne élaborent un projet de dispositions en la matière, au sujet duquel les gouvernements britannique et italien arrivent à un accord de principe le 28 février 1931, l'Italie soumettant néanmoins des contrepropositions. Le 1er mars est conclu un accord tripartite en la matière. En 1935 se tient une seconde conférence de Londres, que le Japon et l'Italie quittent, mais la Grande‑Bretagne, la France et les USA signent un accord concernant le tonnage.
[38]. Le 12 avril 1929 est constitué un “Comité de Mai des travailleurs berlinois” (“Maikomitee der Berliner Arbeiterschaft”).
Le 26, il publie un appel à manifester le 1er mai malgré l'interdiction des manifestations et rassemblements prononcée le 13 décembre 1928. Le 27, le préfet de police de Berlin Karl Zörgiebel (SPD) confirme dans une déclaration officielle cette interdiction, en menaçant ceux qui pourraient passer outre: "Je suis décidé à imposer l'autorité de l'état à Berlin par tous les moyens à ma disposition." ("Ich bin entschlossen, die Staatsautorität in Berlin mit allen mir zur Verfügung stehenden Mitteln durchzusetzen."] Des manifestations et rassemblements sont organisés le 1er mai, ils se prolongent jusque dans la nuit du 3 au 4 mai. La police procède à une répression violente en faisant l'usage d'armes et de voitures blindées. Le 3 au matin est instauré l'état d'exception dans les quartiers de Wedding et Neukölln. Cette mesure sera levée le 6. Le bilan des affrontements est de plus de 30 morts, et plus de 1200 personnes arrêtées.
À Berlin, les grèves de protestations en réaction à la répression mobilisent environ 25.000 travailleurs; ailleurs, dans la Ruhr, à Hambourg et dans d'autres villes, le nombre des participants s'élève à environ 50.000 travailleurs. Des manifestations sont organisées notamment à Bielefeld, Bottrop, Breslau, Düsseldorf, Essen, Gelsenkirchen, Hambourg, Cologne, Munich, München-Gladbach, Rheydt, Solingen.
Le 2 mai, le gouvernement de Prusse interdit l'organe du KPD, Rote Fahne; d'abord pour 3 semaines, puis après une bref reparution, de nouveau le 25 mai pour 4 semaines. Le 3, le gouvernement de Prusse décide la dissolution de la Ligue rouge de combattants du Front (RFB) (cf. note 39 ►), la mesure est exécutée le 6. Finalement, sur demande de Carl Severing, après la tenue le 10 mai d'une conférence nationale des ministres de l'intérieur régionaux, l'interdiction du RFB est prononcée au niveau national.
[39]. Roter Frontkämpferbund.
Le 31 mai 1924 se tient à Halle une réunion de la Centrale du KPD. Le 11 mai les unités de défense liées au DVFP et au NSDAP avaient mobilisé pour une “Journée allemande” dans cette ville. Les communistes avaient entrepris de perturber la marche, la police avait ouvert le feu, causant 8 morts et 16 blessés graves. La Centrale du KPD aboutit à la conclusion de constituer des unités de défense propres, capables de protéger le mouvement ouvrier contre des attaques de la part de la police ou de l'extrême droite. Il est décidé de créer une telle organisation sous le nom de “Ligue rouge de combattants du front” (“Roter Frontkämpferbund”, RFB). C'est ainsi que s'intitulèrent à Halle les unités d'intervention prolétariennes formées précédemment, interdites. Afin de mettre en oeuvre l'édification du RFB de façon progressive, sont choisies d'abord les régions de Halle-Merseburg et Grand-Thüringen. Le premier groupe du RFB est formé en juillet 1924 à Hildburghausen, en Thüringen, puis à Halle le même mois, ensuite en aout à Chemnitz et à Dresde, en septembre à Leipzig. Le 1er février 1925 se tient à Berlin la 1e conférence nationale du RFB. Elle désigne Ernst Thälmann comme président, avec Willi Leow comme adjoint. Le 21 mai se tient à Berlin la 2e Conférence nationale, puis le 3 juin 1927 la 3e. Une réunion pour établir le RFB en Bavière est convoquée à Nürnberg en juillet 1925, mais elle est interdite par les autorités. Ce n'est que le 2 avril 1928 que l'interdiction du groupe local de Dortmund sera levée et que des unités du RFB pourront être créées en Bavière. Le 3 mai 1929, en lien avec les manifestations organisées par le KPD pour la journée du Premier mai, le gouvernement de Prusse décide la dissolution du RFB, la mesure est exécutée le 6. Les jours suivants l'organisation est également interdite en Bavière, Saxe, Hambourg, Lippe-Detmold, Mecklenburg-Strelitz, d'autres gouvernements régionaux sont plus réticents. Finalement, sur demande de Carl Severing (SPD), ministre de l'intérieur de Prusse dans le cadre d'un gouvernement de coalition régional dirigé par Otto Braun (SPD), après la tenue le 10 mai d'une conférence nationale des ministres de l'intérieur régionaux, l'interdiction du RFB est prononcée au niveau national. Ainsi, le RFB sera contraint à se maintenir définitivement dans la clandestinité.
Remarque concernant la dénomination “Roter Frontkämpferbund”: Elle est fréquemment traduite par “Ligue des Combattants du Front Rouge”, ce qui prête à confusion, puisque rouge devient ainsi épithète de front, comme dans les expressions front uni, front antifasciste etc. Or le terme Frontkämpferbund se décompose en Bund et Frontkämpfer, et ce dernier terme est directement lié aux soldats qui combattaient au front pendant la guerre. Ainsi, dans Roter Frontkämpfer le qualificatif rouge se rapporte à combattant du front, et de la même façon dans Roter Frontkämpferbund le qualificatif rouge se rapporte à Ligue des combattants du front, ceci pour distinguer le RFB des organisations de combattants du front constitués par les forces politiques réactionnaires.
[40]. Le 18 mars 1930, alors qu'est en place un gouvernement de coalition incluant SPD, DVP, Zentrum et DDP avec Hermann Müller (SPD) comme chancelier (cf. note 15 ►), l'assemblée nationale approuve une nouvelle loi pour la protection de la république [zum Schutze der Republik], avec 265 voix contre 150.
Elle sera publiée le 25 mars. Cette loi vise à réprimer et punir la participation directe ou indirecte à des actes considérés comme menace pour la République: assassinat en général, en particulier attentat contre le président de la République ou un membre de gouvernement, participation à une association ou un comportement susceptible d'ébranler ou dénigrer la forme d'état républicaine constitutionnelle au niveau nationale ou régional, actes de violence contre des personnes en rapport avec leur activité politique, réunions et imprimés contrevenant à la loi en rapport avec les actes mentionnés. Cette loi cesse d'être en vigueur le 20 décembre 1932 sous l'effet du décret pour la préservation de la paix intérieure du 19 décembre 1932.
[41]. En Allemagne, en juin 1928 est formé un gouvernement de coalition dirigé par Hermann Müller (SPD) incluant DVP, Zentrum et DDP.
Le 10 aout, le gouvernement approuve la construction d'un navire de guerre de type dit "croiseur cuirassé A" ["Panzerkreuzer A"], prévue dans le budget de la défense depuis 1927. Le 16, le KPD décidé d'initier une procédure de plébiscite (Volksbegehren) contre cette mesure de réarmement. Le plébiscite se déroule du 3 au 16 octobre. 1,2 millions de voix sont récoltées, ce qui reste largement au-dessous du pourcentage nécessaire pour un référendum, qui serait la deuxième étape de ce dispositif d'intervention des électeurs dans la législation.
[42]. Procès de l'organisation contrerévolutionnaire des Menchéviks (mars 1931).
Au début de l'année 1928 se forme une organisation contrerévolutionnaire composée de menchéviks, dirigée par le dit “Bureau Fédéral Menchévik”. Elle renoue les liens anciens avec les dirigeants menchéviks émigrés à l'étranger (Dan, Abramowitch, Garwy) et établit une coopération avec le Parti industriel (cf. note 47 ►). Selon les informations recueillis lors du procès, des consultations ont lieu à Berlin entre des représentants du Bureau Fédéral Menchévik et Abramowitch, Dan, Daline, Hilferding et Braunstein.
Parmi les principaux accusés dans le cadre du procès de 1931 se trouvent Vladimir Groman, jusqu'en 1928 membre du Présidium du Gosplan, et A. M. Ginzburg, Professeur à l'Institut Économique Plekhanov, collaborateur du Soviet Suprême de l'Économie Nationale et rédacteur principal du premier plan quinquennal élaboré par cet organisme.
[43]. En Allemagne, le 14 septembre 1930, se tiennent des élections au parlement (Reichstag).
Voici le nombre de députés pour les principaux partis (sur un total de 577): SPD 143, NSDAP 107, KPD 77, Zentrum 68, DNVP 41, DVP 30.
[44]. Le 5e congrès de l'Internationale syndicale rouge se tient du 15 au 30 aout 1930.
[45]. En janvier 1931 est publié un appel en vue de l'organisation d'une journée de lutte contre le chômage, à la date du 25 février.
Les signataires sont les suivants:
Les C.C. des P.C. d'Allemagne, France, Grande-Bretagne, Tchécoslovaquie, Pologne.
Le Comité National de l'opposition syndicale révolutionnaire d'Allemagne.
Le Bureau confédéral de la C.G.T.U.
La Direction du mouvement minoritaire d'Angleterre.
La Direction des Syndicats rouges de Tchécoslovaquie.
[46]. En novembre 1919 dans le village finlandais de Lapua, de la région d'Ostrobotnie du Sud, des paysans attaquent une réunion de jeunes communistes.
En se référant à cette localité, une petite organisation se nommant jusque-là "Verrou de Finlande" se constitue en "mouvement Lappo" dirigé par Vihturi Kosola. Il s'agit d'une organisation anticommuniste, nationaliste et religieuse. En 1930 elle déclenche une tentative de coup d'état que le gouvernement désamorce en faisant adopter une loi visant à la dissolution et l'interdiction des groupes communistes, se conformant ainsi à une demande du mouvement Lappo.
[47]. “Parti industriel” (Prompartija)
Du 25 novembre au 8 décembre 1930 a lieu à Moscou le procès du “Parti industriel”. Vers 1923‑1924 se constitue en URSS un réseau contrerévolutionnaire dit “Centre des ingénieurs”, recrutant des adhérents parmi le personnel d'ingénieurs, de techniciens et de professeurs des diverses institutions, entreprises, instituts de recherches scientifiques et écoles supérieures. Vers la fin de 1927 et au début de 1928 a lieu la transformation du Centre des ingénieurs en “Parti industriel”, structuré plus rigoureusement.
Le Centre des ingénieurs, puis le Parti industriel entretiennent des relations avec le Torgprom (abrégé de “Torgovo promys'lennyj i finansovyj sojuz”, c'est-à-dire “Comité industriel, commercial et financier”), une association fondée en 1920 à Paris, qui regroupe d'anciens capitalistes russes, tels que Denissov, Riabouchinski, Tretiakov, Konovalov, Goukassov, Nobel, Mantachev.
[48]. L'Humanité, 5 mai 1931: le mot "bourgeoise" n'y figure pas.
[49]. L'Humanité, 5 mai 1931: " pour la liberté des organisations ouvrières révolutionnaires" n'y figure pas.
[50]. Dans l'original, la suite comporte des confusions typographiques:
"prendre à temps des mesures d'organisation pour le cas où les partis communistes devraient passer à un état de complète illégalité, renforcer l'action antimilitariste, renforcer l'action parmi la jeunesse ouvrière, prendre à temps des mesures d'organisation pour le cas où les partis communistes devraient passer à un état de complète illégalité. Ils doivent renforcer le travail antimilitariste, conquérir la majorité des masses paysannes travailleuses..."