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Plénum élargi du Comité exécutif de l'IC
(12‑23 juin 1923)

Grigori Zinoviev:
Rapport du Comité exécutif
(Extraits)

12 juin 1923

 

 

Source:

Konferenz der Erweiterten Exekutive der Kommunistischen Internationale (Moskau, 12.‑23. Juni 1923) - Protokoll, Hamburg, C. Hoym Nachf. L. Cahnbley., 1923, p. 30‑43 [1] [2].

Le document en allemand 

 

 

 

 

 

 

Établi: novembre 2016

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Documents de l'Internationale communiste ‑ Sommaire

 

 

 

 

 

 

[...]

Il y avait chez nous un nihilisme semblable dans la question nationale même dans les rangs de nos Partis communistes. Récemment encore nous étions obligés, au 12e Congrès de notre Parti[3], de fixer les lignes directrices dans ce domaine. Fréquemment on rencontre de bons communistes qui disent: Déjà Marx a dit, le prolétaire n'a pas de patrie, à quoi bon alors de soulever la question nationale de notre côté, que la bourgeoisie s'occupe de ça. La différence entre la bourgeoisie et nous ne réside pas en ce que la bourgeoisie a une question nationale et pas nous, mais en ce que la bourgeoisie n'est pas en mesure de résoudre la question nationale de manière satisfaisante dans le cadre de l'ordre social capitaliste, alors que nous pouvons la résoudre dans le cadre de notre ordre social. Tant que nous vivons au sein de l'ordre social bourgeois, nous devons prôner notre solution de la question nationale, et nous le ferons. C'est pourquoi je pense que nous devons maintenant nous attaquer résolument à ce nihilisme dans la question nationale, qui se présente sous couverture d'internationalisme et de radicalité, et qui en réalité met en oeuvre la ligne de la 2e Internationale. Dans tous les états avec plusieurs nationalités, dans tous les pays où pour une raison quelconque la question des nationalités joue actuellement un rôle important, nous devons orienter nos Partis vers la reconnaissance du fait que c'est une des questions les plus importantes de l'actualité. [...]

Par là il n'est pas dit que nous devons commencer à accueillir dans nos rangs des nationalités et que nous admettons une quelconque érosion de la composition sociale de nos organisations prolétariennes. Nos Partis doivent absolument rester des partis ouvriers, mais ces partis ouvriers doivent quand même être capables de répondre correctement à la question nationale, dans tous les pays où elle est l'un des points les plus sensibles. Cela est encore plus vrai pour la question de la paysannerie. À cet égard, la quantité de ce que nous avons raté est particulièrement élevé et donc la quantité de ce à quoi nous devons remédier. Dans ce domaine il s'avère de façon particulièrement marquée, qu'au sein de la 3e Internationale nous avons encore un vestige de la 2e Internationale. [...]

De tout cela, camarades, je tire la conclusion que le meilleur moyen de se défaire le plus rapidement possible de ces vestiges, consiste à élargir maintenant le mot d'ordre du gouvernement ouvrier vers le mot d'ordre "gouvernement ouvrier et paysan". [...]

Je ne cache pas que cette question n'a pas encore été débattue en notre sein. Dans notre Parti ce problème n'a pratiquement pas encore été discuté, la question est nouvelle, extraordinairement importante et compliquée. Je n'oublie pas un instant l'expérience que nous avons accumulée en relation avec l'élaboration de la tactique du front uni, à propos de laquelle nous avons gâché plusieurs mois avec des malentendus, seulement parce que notre Parti n'était pas suffisamment préparé. Je craignais un peu que la même chose allait se répéter avec le mot d'ordre du gouvernement ouvrier et paysan. Peut‑être ce mot d'ordre ne sera pas adopté immédiatement. Je dis d'avance, camarades, que nous sommes tout à fait d'accord avec l'idée de repousser la formulation d'une résolution définitive, au cas où la discussion montre que nos Partis sont encore insuffisamment préparés pour s'approprier ce mot d'ordre. Alors il reviendra aux différentes sections d'examiner soigneusement la question. Puis nous prendrons la décision dans quelques mois. Personnellement je crois néanmoins, que l'exemple de la tactique du front uni n'a pas été inutile pour notre Parti. Malgré tout, nos sections ont à peu près appris à manoeuvrer et ont compris que pour des Partis communistes qui agissent dans un milieu bourgeois et social-traître, la tactique de manoeuvrer est absolument nécessaire. S'il s'avère que c'est le cas, s'il s'avère en outre que nous disposons de compréhension mutuelle suffisante dans cette question, alors naturellement je proposerais que le mieux serait d'adopter ce mot d'ordre dès la réunion actuelle du plénum élargi. La situation change sous nos yeux. Les affaires échappent aux social-démocrates, le Parti social-démocrate perd son “âme”, ces propres travailleurs social-démocrates. Nous avons battu en brèche le front contre-révolutionnaire des dirigeants d'Amsterdam[4]. La crise interne dans les rangs des Partis social-démocrates les plus forts s'accentue continuellement. De l'autre côté nos Partis communistes se renforcent. Dans un tel état des choses nous ne devons pas perdre du temps.

Cependant nous devons nous rendre compte clairement de la relation du mot d'ordre du gouvernement ouvrier et paysan vis‑à‑vis de la formule ancienne de la dictature du prolétariat. On trouvera parmi nous des camarades qui sans doute poseront la question: si nous avançons le mot d'ordre du gouvernement ouvrier et paysan, ne lâchons-nous pas notre formule de la dictature du prolétariat, restons-nous comme jusqu'ici un parti ouvrier ou devenons-nous un parti ouvrier et paysan? Celui qui a compris un tant soit peu de la tactique du front uni, celui qui commence à comprendre ce qu'est une stratégie du prolétariat, doit comprendre que le mot d'ordre "gouvernement ouvrier et paysan" est la voie vers la dictature du prolétariat, et nullement la négation de la dictature du prolétariat. Un gouvernement des ouvriers et paysans, au sens précis, rigoureusement scientifique du mot, ne peut guère être réalisé. Le gouvernement soviétique est effectivement un gouvernement ouvrier. Le pouvoir est exercé par la classe ouvrière et son Parti. Le gouvernail de l'état se trouve entre les mains du prolétariat. Mais le prolétariat et son Parti comprennent qu'il faut se rapprocher de la paysannerie et faire appel à lui pour une participation à la direction de l'état. Bref, le prolétariat veut diriger le pays intelligemment, c'est justement pourquoi le prolétariat en Russie a été capable d'amener la paysannerie à la coordination correspondante et d'établir une relation, dans le cadre de laquelle le paysan soutient les ouvriers. Ainsi l'expérience d'une des plus grandes révolutions, la révolution russe, a prouvé que cela est possible. Pour nos Partis communistes il s'agit de bénéficier des expériences de la Révolution russe et de les adapter concrètement aux circonstances concrètes de chacun des pays. Si donc nous posons le mot d'ordre gouvernement ouvrier et paysan, alors cela ne signifie nullement que nous renoncions à la dictature du prolétariat. De celle-ci nous ne pouvons nous écarter d'un seul pas. Il n'y a aucune voie vers la libération de l'humanité du joug du capitalisme, autre que la dictature du prolétariat, et il ne peut y en avoir d'autre. La seule classe révolutionnaire réellement et jusqu'au bout est la classe ouvrière. Mais cette classe, c'est‑à‑dire son Parti, peut agir ou bien intelligemment, ou alors bêtement. Ainsi nous atteindrons l'objectif beaucoup plus rapidement et n'aurons que peu de victimes. À l'égard de couches significatives de la paysannerie et de la petite bourgeoisie en général, nous les neutraliserons en partie et les attirerons en partie à nos côtés. Mais si nous agissons maladroitement, si nous concevons les grandes tâches de classe de la libération du prolétariat dans un sens corporatiste, alors nous‑mêmes repoussons le moment de la victoire.

Nous croyons qu'il est temps de généraliser le mot d'ordre du gouvernement ouvrier et paysan. Déjà durant le 4e Congrès nous avions le sentiment que le développement va dans ce sens. Pour quelques pays de l'Europe centrale nous avions déjà formulé la tâche presque en ce sens. Maintenant il s'avère clairement que c'est question est d'importance pour tous les pays, qu'elle devient une question vraiment internationale. Et juste en ce moment actuel, ou le congrès de Hambourg[5] a manifesté avec une telle évidence son impuissance politique totale, nous devons nous dépêcher de présenter publiquement le mot d'ordre du gouvernement ouvrier et paysan. Les messieurs du genre Vandervelde[6] vont essayer de gagner les paysans, ce qu'ils réussiront cependant uniquement au cas où nous faisions preuve de myopie totale. Si par contre nous procédons comme nous devons, alors nous deviendrons le Parti qui amènera à la classe ouvrière comme force dirigeante, comme porteuse des intérêts de la nation, des couches significatives de la paysannerie.

De même dans la lutte contre le fascisme ce mot d'ordre jouera un rôle non négligeable. Prenons l'Italie, le pays classique du fascisme. Prêtons quelque peu attention à la chronologie. Le fascisme est né justement dans ces régions paysannes où la paysannerie s'était soulevée dans la lutte pour la terre. Initialement le fascisme était une réaction des propriétaires fonciers contre ce gouvernement paysan. Maintenant que le fascisme est venu au pouvoir, il se jette d'une force brutale directement sur ces régions paysannes. Les lois introduites par Mussolini sont en partie de caractère directement moyenâgeux, telles qu'une loi qui interdit de quitter la maison après 8 heures. Maintenant les bandes fascistes sévissent justement dans ces districts paysans. Ces bandes attrapent les paysans qui ont commis un “délit” et les obligent à boire l'urine des soldats fascistes. Ce sont des faits qui m'ont été rapportés par nos camarades italiens. N'est‑il pas clair que dans ces circonstances la rage et la haine des paysans contre les fascistes augmente d'heure en heure? Et que faisons‑nous, qu'entreprenons‑nous face à cet état de fait? Absolument rien! Je n'en fais pas spécialement un reproche à nos camarades italiens. Je sais que c'est une maladie de presque toutes nos sections. À savoir: le travail insuffisant parmi la paysannerie. C'est cela que nous observons aussi en Italie. Ni les réformistes, ni les communistes, ni les maximalistes n'ont bougé le petit doigt pour dresser les paysans contre les fascistes. N'est‑il pas clair que dans l'Italie fasciste actuel le mot d'ordre du gouvernement ouvrier et paysan est appropriée plus que tout? Et ce mot d'ordre doit être posé.

Certainement, messieurs les social-démocrates se précipiteront tout de suite sur nous avec des insultes, et commenceront à détecter que ce mot d'ordre dans notre bouche n'est rien d'autre que de la démagogie. Mais les ouvriers qui veulent battre la bourgeoisie, le concevront différemment. Ils verront que nous cherchons, et trouvons, des alliés dans la lutte contre la bourgeoisie. Les paysans travailleurs, eux aussi, se comporteront différemment à cet égard et nous rendrons possible, plutôt que de neutraliser des couches significatives des paysans travailleurs, de les gagner à nous. Dans chaque pays où il y a des paysans ‑ et où n'y en a‑t‑il pas ‑ nous devons appliquer ce mot d'ordre, évidemment en correspondance avec les circonstances concrètes. Naturellement nous avons en vue avant tout les paysans qui n'emploient pas de travail salarié.

Et encore une chose. Au 4e Congrès nous vous avons expliqué pourquoi à notre avis la Nouvelle politique économique du gouvernement soviétique est un phénomène international et pas du tout un épisode de la révolution russe. Nous vous avons prouvé que presque chaque pays après la révolution devra traverser une étape plus ou moins longue de cette politique. Nous étions tous d'accord sur le fait que la Nouvelle politique économique de la Russie soviétique n'est pas un phénomène russe et que le prolétariat victorieux dans un quelconque pays devra mettre sur le tapis au moment opportun la question de la réunion correspondante de la classe ouvrière et de la paysannerie. S'il en est ainsi ‑ et sans doute il en est ainsi ‑, alors la conclusion logique de cela nous semble être également le gouvernement ouvrier et paysan. Si nous passons en revue la situation dans toute une série de pays, à vrai dire nous ne voyons pas un seul pays pour lequel ce mot d'ordre ne serait pas approprié. Maintenant nous disons aux couches retardataires des travailleurs et de la paysannerie: Nous voulons détruire l'état des riches et voulons créer un état des travailleurs. Décidons‑nous à y ajouter encore: C'est pourquoi nous proposons la formation d'un gouvernement ouvrier et paysan. Si nous prenons une telle résolution, le fait que le Parti social-démocrate nous devance ne serait-ce que dans l'arène parlementaire, deviendra impossible.

Naturellement il ne suffit pas, d'adopter uniquement des résolutions vides dans cette question. Il faut se rendre compte clairement, que ce mot d'ordre aussi est pleine de lourdes dangers, de même que la tactique du front uni en général.

Les dangers liés au mot d'ordre du gouvernement ouvrier et paysan consistent en ce que quelques‑unes de nos sections non consolidées et formées insuffisamment au sens marxiste pourraient tomber dans le travers de l'interpréter dans l'esprit des social-révolutionnaires de gauche. Ce Parti prétendait être un parti des travailleurs, des paysans et de l'intelligentzia. Nous disons et dirons que nous sommes un parti de la classe ouvrière. Mais une fois que la classe ouvrière aura vaincu et se sera maintenu quelques années au pouvoir, elle pourra aussi réussir à gagner non seulement une grand part de la paysannerie, mais aussi une partie significative de l'intelligentzia. Dans le cas d'un développement favorable des choses en Russie soviétique nous aurons fatalement après un certain nombre d'années une situation, où derrière le Parti se tient non seulement la classe ouvrière entière, mais aussi la paysannerie et l'intelligentzia. Messieurs les social-démocrates ont simplement oublié la signification d'un seul mot grec: ‑ chronos ‑ le temps. Oui, après que le prolétariat dirigeant s'est soulevé le premier à la lutte, s'est organisé le premier et a gagné à soi la partie révolutionnaire de la paysannerie et a renversé la bourgeoisie, après tout cela il a pu au cours d'un certain nombre d'années aussi conquérir le soutien intégral des paysans et de l'intelligentzia. Mais seulement après. Or pour jouer le rôle du pilier de la révolution, le rôle du détenteur du pouvoir, le prolétariat doit avoir son Parti autonome, dilué par aucun ruisseau petit-bourgeois, coulé d'une seule pièce. Toutefois maintenant en Russie, après quelques années de sabotage, non seulement la paysannerie mais aussi une partie significative de l'intelligentzia commencent à soutenir sincèrement le pouvoir soviétique. La classe ouvrière et son parti ont, au cours de quelques années de travail héroïque à l'époque de la plus grande des révolutions, prouvé qu'ils sont capables de défendre leur pays, qu'ils ont conquis par la lutte la pleine indépendance de la Russie, qu'ils promeuvent l'économie, soutiennent la science, apprécient l'intelligentzia etc. Dans un tel état des choses, l'intelligentzia a commencé à se placer de notre côté. Or ce n'est que la preuve que le Parti doit rester un parti ouvrier et qu'en aucun cas il doit adopter la formule social-révolutionnaire petit-bourgeois "Parti du travail, des paysans et de l'intelligentzia". Les dangers qui résultent de la formulation du mot d'ordre "gouvernement ouvrier et paysan" consistent en ce que nos Partis relativement moins consolidés se laisseront tenter éventuellement à estomper le caractère de classe de notre Parti. Contre cela, il faut prendre immédiatement des mesures préventives. Tout comme avant nous restons des marxistes “dur comme le roc”, des “dogmatiques” irréconciliables. Tout comme avant nous restons un parti ouvrier, les deux jambes plantées sur la position de classe; les frontières du Parti doivent être tracées de façon tranchée, clairement et distinctement. La composition sociale de notre Parti doit être prolétarienne, mais nos Partis ouvriers doivent opérer intelligemment, adroitement, et doivent pouvoir lutter avec succès contre l'esprit de secte. À tout prix nous devons devenir des Partis de masse. La tâche n'est absolument pas facile. C'est que dans la société bourgeoise les choses ne se présentent pas de sorte que d'un côté il y aurait un petit groupe de la bourgeoisie, de l'autre le prolétariat. Si c'était vraiment si simple, la victoire ne serait pas aussi difficile. En réalité nous savons qu'entre le petit groupe de la bourgeoisie d'un côté et le prolétariat des villes de l'autre, nous avons des couches nombreuses, des millions et dizaines de millions de paysans, des petits gens, employés, petits bourgeois, l'intelligentzia, etc. Si nous voulons la victoire intégrale sur la bourgeoisie, nous devons préparer notre victoire sérieusement. Si nous nous berçons dans l'idée que la révolution prolétarienne internationale vaincra dans un laps de temps relativement court ‑ et nous sommes entièrement convaincus de cela ‑ alors nous devons être capables de conquérir en notre faveur les éléments des couches moyennes, en les neutralisant partiellement et en les gagnant partiellement. À toutes les couches de la population qui ne sont pas intéressées directement à la domination du capitalisme, nous devons pouvoir indiquer la voie vers l'affranchissement du joug du capitalisme. Donc pas une seule minute nous devons rester sourds aux dangers qui sont liés à la formulation du mot d'ordre "gouvernement ouvrier et paysan". Nous avons déjà appris un peu de maîtriser les difficultés de la tactique de manoeuvrer. La mise en oeuvre de la tactique du front uni l'a prouvé. Pour apprendre à nager, nos Partis se sont jetés à l'eau et quelques Partis ont déjà appris à nager. Pour l'essentiel c'est la campagne en lien avec la tactique du front uni qui peut être considérée comme notre première campagne mise en oeuvre à l'échelle internationale. Les difficultés n'étaient pas minces, malgré tout nous les avons presque surmontées, maintenant le moment est venu d'élargir notre rayon d'action, le moment où il s'agit de modifier la psychologie de notre Parti. Nos Partis doivent se considérer enfin, non pas comme formation corporatiste qui ont seulement la charge de mener à bien des tâches spécifiquement "ouvriers", mais comme Partis, qui avec tout le sérieux préparent la victoire sur la bourgeoisie. Si nous prenons toutes les mesures préventives, autant du point de vue théorique que du point de vue organisationnel-politique, alors nous pouvons être convaincus que la formulation du mot d'ordre gouvernement ouvrier et paysan nous amène que des avantages; en Tchécoslovaquie, en France, en Angleterre, en Scandinavie, en Amérique et en Allemagne, en un mot partout.

Déjà au 3e Congrès nous avons résumé nos tâches par trois mots: Aller au masses!. Au 2e Congrès nous avons défini et développé plus précisément notre tactique du front uni. Comme l'ont prouvé les six mois passés, cela nous a aidés à nous introduire dans les larges couches de la classe ouvrière.

Maintenant nous nous trouvons devant une tâche encore plus grande: d'éveiller dans nos Partis la volonté de pouvoir, de faire d'eux des Partis qui, à chaque pas de leur travail, se considèrent comme Partis qui demain terrasseront la bourgeoisie. Nos Partis sont l'avant-garde de la classe ouvrière. Remplie elle-même de la volonté de pouvoir, l'avant-garde transférera cette volonté aux larges couches des millions de travailleurs et une fois que la volonté de pouvoir saisit les millions et millions de prolétaires, la victoire ne sera pas si difficile.

[Fin du Rapport]

 

 

 

 

 

Notes



[1].       [321ignition] Les annotations sont formulées par nous en tenant compte d'éventuelles notes figurant dans la source.

[2].       Ne disposant pas d'une source en français, nous avons traduit le texte de l'allemand.

[3].       PCR(b).

[4].       Fédération syndicale internationale (dite “Internationale syndicale d'Amsterdam”).

En 1901 se tient à Copenhague une réunion entre représentants des centrales syndicales de Norvège, Suède, Finlande, Danemark, Allemagne, France et Belgique. Une autre rencontre suit en 1903, et se constitue un secrétariat international avec Carl Legien (cf. note 5 )  comme secrétaire. En 1913 est adoptée la désignation “Fédération syndicale internationale” (FSI). La 1e guerre mondiale induit le clivage correspondant aux alliances belligérantes. En 1919 la FSI est reconstituée. Une première réunion se tient en février 1919 à Bern, en juillet-aout le siège est établi à Amsterdam. La FSI est reconnue par la nouvelle Organisation internationale du travail. L'admission à la FSI des syndicats de l'Union soviétique est refusée. La Fédération américaine du travail (AFL) adhère finalement à la FSI en 1937.

[5].       Il s'agit du congrès de fondation de l'Internationale ouvrière socialiste (1923).

En 1864 est constituée à Londres l'“Association internationale des travailleurs”, à laquelle Karl Marx et Friedrich Engels participent activement; elle est dissoute par décision de son assemblée générale tenue à Philadelphie en 1876. En 1889 se tient un congrès ouvrier international à Paris. La coordination ainsi établie entre partis d'orientation marxiste est désignée couramment comme “Deuxième Internationale”. Dans un premier temps, aucune structure organisationnelle particulière n'est mise en place, en dehors de la convocation de congrès. En 1900 est constitué un Bureau socialiste international, ainsi qu'un comité exécutif chargé des affaires courantes, avec siège à Bruxelles.

Les 14 et 15 février 1915 se tient à Londres une conférence des partis socialistes des pays alliés. Le nombre de délégués s'élève à 46. La France est représentée de la façon suivante: pour le Parti socialiste Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) Alexandre Desrousseaux dit Bracke, Adéodat Compère-Morel, Marcel Cachin, Jean Longuet, Marcel Sembat, Pierre Renaudel, Edouard Vaillant, Louis Dubreuilh, Ernest Poisson, Braemer; pour la Confédération générale du travail Léon Jouhaux, Alexandre Luquet, Moulinier, Albert Bourderon et Alphonse Merrheim. La Grande Bretagne est représentée entre autres par Arthur Henderson, Ramsay Macdonald, Keir Hardie, William Anderson, Bruce Glasier; la Belgique est représentée notamment par Émile Vandervelde et Camille Huysmans; pour la Russie participent entre autres Ivan M. Maisky du Parti ouvrier social-démocrate - menchévik), Viktor M. Černov et Ilja A. Rubanovič du Parti des socialistes-révolutionnaires, etc.

Après la 1e guerre mondiale se tient d'abord en février 1919 une conférence à Bern, puis en aout 1920 à Genève la 2e Internationale est reconstituée avec la participation d'un nombre réduit de partis. Elle établit son siège à Londres.

Un certain nombre d'autres partis constituent en février 1921 à Vienne en Autriche la “Communauté internationale de travail de partis socialistes”. Friedrich Adler et Otto Bauer jouent un rôle important. Officiellement l'organisation est désignée aussi comme “Internationale de Vienne”, mais elle est couramment nommée “Internationale 2 ½”.

En mai 1923 durant un congrès tenu à Hambourg cette Internationale et la 2e Internationale créent en commun l'“Internationale ouvrière socialiste”.

[6].       Émile Vandervelde.

En 1885, à Bruxelles, est constitué le Parti ouvrier belge (POB). Vandervelde adhère au POB peu après sa fondation, et à partir de 1894 il en devient un des principaux dirigeants. (Il assure la présidence de 1933, date de la création de la fonction, jusqu'à sa mort en 1938). Il est président du Bureau de la 2e Internationale de 1900 à 1914. Il adopte des positions en faveur de la défense nationale. Il est nommé ministre d'État le 4 aout 1914, ministre sans portefeuille en janvier 1916, ministre de l'Intendance de 1917 à 1918. En tant que ministre d'État, il signe deux brochures publiées en 1916 par le Comité de propagande socialiste pour la défense nationale: "La Guerre" et "Le Devoir", cette dernière étant préfacée par Marcel Cachin de la SFIO française. Il est ministre de la Justice de 1918 à 1921, ministre des Affaires étrangères de 1925 à 1927, ministre de la Santé publique de 1936 à 1937. Il est président de l'Internationale ouvrière socialiste de 1929 à 1936.