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4e Congrès de l'Internationale communiste
(5 novembre - 5 décembre 1922)

Résolution :
La tactique de l'Internationale communiste

5 décembre 1922

 

 

Source:

G. Zinoviev: L'Internationale communiste au travail. Paris, Librairie de l'Humanité, 1923, p. 99‑114 [1] [2].

Le document en allemand 

 

 

 

 

 

 

Établi: novembre 2016

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Documents de l'Internationale communiste ‑ Sommaire

 

 

 

 

 

 

1. Confirmation des Résolutions du 3° congrès

Le 4e Congrès constate avant tout que les résolutions du 3e Congrès mondial:

1. sur la crise économique mondiale et les tâches de l'I.C.[3];

2. sur la tactique de l'I.C.[4],

ont été complètement confirmées par le cours des événements et le développement du mouvement ouvrier dans l'intervalle entre les 3e et 4e Congrès.

2. La période de décadence du capitalisme

Après avoir analysé la situation économique mondiale, le 3e Congrès put constater avec la plus complète précision que le capitalisme, après avoir accompli sa mission de développer les forces productrices, est tombé dans la contradiction la plus irréductible non seulement avec les besoins de l'évolution historique actuelle, mais aussi avec les conditions d'existence humaine les plus élémentaires. Cette contradiction fondamentale se refléta particulièrement dans la dernière guerre impérialiste et fut encore aggravée par cette guerre qui ébranla, de la manière la plus profonde, le régime de la production et de la circulation. Le capitalisme, qui se survit ainsi à lui‑même, est entré dans la phase où l'action destructrice de ses forces déchaînées ruine et paralyse les conquêtes économiques créatrices déjà réalisées par le prolétariat dans les liens de l'esclavage capitaliste.

Le tableau général de la ruine de l'économie capitaliste n'est en rien atténué par les fluctuations inévitables qui sont propres au système capitaliste, dans son déclin comme dans son ascension. Les tentatives faites par les économistes nationaux bourgeois et socialdémocrates pour présenter l'amélioration constatée dans la seconde moitié de 1921 aux États-Unis et, dans une mesure bien moindre, au Japon et en Angleterre, en partie aussi en France et dans d'autres pays, comme un indice de rétablissement de- l'équilibre capitaliste reposent en partie sur la volonté d'altérer les faits et en partie sur le manque de perspicacité des valets du capital. Le 3e Congrès, même avant le commencement de la reprise industrielle actuelle, avait prévu cette reprise dans un avenir plus ou moins rapproché, et il l'avait définie dès lors de la façon la plus précise comme une vague superficielle sur le fond de la destruction croissante de l'économie capitaliste. On peut prévoir nettement dès à présent que si la reprise actuelle de l'industrie n'est pas susceptible, même dans un avenir éloigné, de rétablir l'équilibre capitaliste ou même de guérir les plaies béantes laissées par la guerre, la prochaine crise cyclique, dont l'action coïncidera avec la ligne principale de la destruction capitaliste, ne fera qu'aggraver toutes les manifestations de cette dernière, et par conséquent aussi, dans une mesure extraordinaire, la situation révolutionnaire.

Jusqu'à sa mort, le capitalisme sera en proie à ces fluctuations cycliques. Seules, la prise du pouvoir par le prolétariat et la révolution mondiale socialiste pourront sauver l'humanité de cette catastrophe permanente provoquée par la persistance du capitalisme moderne.

Ce que le capitalisme traverse aujourd'hui n'est autre que son agonie. L'écroulement du capitalisme est inévitable.

3. La situation politique internationale

La situation politique internationale reflète aussi la ruine progressante du capitalisme.

La question des réparations n'est toujours pas résolue. Tandis que les conférences des États de l'Entente se succèdent, la ruine économique de l'Allemagne se poursuit toujours et menace l'existence du capitalisme dans toute l'Europe Centrale. L'aggravation catastrophique de la situation économique de l'Allemagne contraindra l'Entente à renoncer aux réparations, ce qui accélérera la crise économique et politique de la France ou bien déterminera la formation d'un bloc industriel franco-allemand sur le continent; et. ce fait aggravera la situation économique de l'Angleterre et sa position sur le marché mondial ; il opposera politiquement l'Angleterre au Continent.

Dans le Proche-Orient, la politique de l'Entente a subi une faillite complète. Le traité de Sèvres a été déchiré par les baïonnettes turques. La guerre gréco-turque et les événements subséquents ont montré avec évidence l'instabilité de l'équilibre politique actuel. Le fantôme d'une nouvelle guerre mondiale impérialiste est apparu clairement. Après avoir, pour des motifs de concurrence avec l'Angleterre, aidé à détruire l'oeuvre commune de l'Entente dans le Proche‑Orient, la France impérialiste est de nouveau poussée par ses intérêts capitalistes dans le front commun du capitalisme contre les peuples de l'Orient. Par là, la France capitaliste prouve aux peuples du Proche‑Orient qu'ils ne sauraient mener leur lutte de défense contre l'oppression qu'aux côtés de la Russie des Soviets et avec l'appui du prolétariat révolutionnaire du monde entier.

En Extrême‑Orient, les États victorieux de l'Entente ont essayé de réviser à Washington la paix de Versailles, mais ils n'ont fait ainsi que se donner un répit en réduisant pour quelques années une catégorie seulement d'armements, à savoir le grand nombre des navires de guerre[5]. Ils n'ont pas obtenu une solution de la question. La lutte se poursuit toujours entre l'Amérique et le Japon, elle entretient la guerre civile en Chine. La côte du Pacifique reste, après comme avant Washington, un foyer de grands conflits.

L'exemple des mouvements de libération nationale aux Indes, en Égypte, en Irlande et en Turquie, montre que les pays coloniaux et semi-coloniaux constituent les foyers d'un mouvement révolutionnaire grandissant contre les puissances impérialistes et des réservoirs inépuisables de forces révolutionnaires qui, dans la situation actuelle, tournent objectivement contre toute l'existence de l'ordre bourgeois mondial.

La paix de Versailles est liquidée par les faits. Mais elle ne fait pas place à un accord général des États capitalistes, à une suppression de l'impérialisme; elle crée au contraire de nouveaux antagonismes, de nouveaux groupements impérialistes, de nouveaux armements[6]. La reconstruction de l'Europe est impossible dans la situation donnée. L'Amérique capitaliste ne veut faire aucun sacrifice pour la restauration de l'économie capitaliste européenne. L'Amérique capitaliste plane comme un vautour sur l'agonie du capitalisme européen dont elle sera l'héritier. L'Amérique réduira l'Europe capitaliste en esclavage si la classe ouvrière européenne ne s'empare du pouvoir politique et ne s'applique à réparer les ruines de la guerre mondiale et à commencer la construction d'une République Fédérative des Soviets d'Europe.

Les derniers événements qui se sont déroulés en Autriche sont éminemment caractéristiques de la situation politique de l'Europe. Sur l'ordre de l'impérialisme de l'Entente, salué avec joie par la bourgeoisie autrichienne, la fameuse démocratie, fierté des leaders de l'Internationale de Vienne, pour laquelle ces derniers ont constamment trahi les intérêts du prolétariat et qu'ils avaient confiée à la garde des monarchistes, des social-chrétiens et des nationalistes, qu'elle aidait à se rétablir au pouvoir, a été anéantie d'un trait de plume à Genève[7] et remplacée par la dictature ouverte d'un simple plénipotentiaire de l'Entente. Le Parlement bourgeois même est supprimé en fait et remplacé par un commis des banques[8] de l'Entente. Après un court semblant de résistance, les social-démocrates ont capitulé et aidé à l'exécution de ce honteux traité. Ils se sont même déclarés prêts à entrer de nouveau dans la coalition sous une forme à peine déguisée, pour empêcher une résistance du prolétariat.

Ces événements en Autriche, ainsi que le dernier coup d'État fasciste en Italie[9], démontrent d'une manière frappante l'instabilité de toute la situation et prouvent surabondamment que la démocratie n'est qu'un simulacre, qu'elle n'est en réalité que la dictature masquée de la bourgeoisie, que cette dernière remplace, le moment venu, par la réaction ouverte la plus brutale.

En même temps, la situation politique internationale de la Russie des Soviets, le seul pays où le prolétariat ait vaincu la bourgeoisie et maintenu son pouvoir pendant cinq années contre les assauts de ses ennemis, est renforcée dans une mesure considérable.

À Gênes et à La Haye, les capitalistes de l'Entente ont tenté de contraindre la République des Soviets de Russie à renoncer à la nationalisation de l'industrie et de la charger d'un fardeau de dettes qui la transformerait de fait en une colonie de l'Entente. L'État prolétarien de la Russie des Soviets fut cependant assez fort pour résister à ces prétentions. Dans le chaos du système capitaliste en cours de dissolution, la Russie des Soviets, de la Bérézina à Vladivostok, de la côte Mourmansk aux montagnes d'Arménie, est un facteur croissant de puissance en Europe, dans le Proche et l'Extrême‑Orient. Malgré les tentatives du monde capitaliste pour étouffer la Russie au moyen du blocus financier, celle‑ci sera en état d'aborder sa restauration économique. Dans ce but, elle utilisera aussi bien ses propres ressources économiques que la concurrence entre capitalistes, qui contraindra ceux‑ci à mener des négociations séparées avec la Russie des Soviets. Un sixième du globe est au pouvoir des Soviets. L'existence seule de la République des Soviets de Russie agit sur la société bourgeoise comme un élément permanent d'affaiblissement, comme le facteur le plus important de la Révolution mondiale[10]. Plus la Russie soviétiste se relève et se consolide économiquement, et plus ce facteur révolutionnaire prédominant accroîtra son influence dans la politique internationale.

4. L’offensive du Capital

Le prolétariat de tous les pays, excepté la Russie, n'ayant pas profité de l'état de faiblesse du capitalisme, déterminé par la guerre, pour lui porter des coups décisifs, la bourgeoisie put, grâce à l'aide des socialistes-réformistes, écraser les ouvriers révolutionnaires prêts au combat, consolider son pouvoir politique et économique et commencer une nouvelle offensive contre le prolétariat. Toutes les tentatives de la bourgeoisie pour remettre en marche la production et la réparation industrielles après l'orage de la guerre mondiale furent faites aux dépens du prolétariat. L'offensive universelle et systématique organisée par le capital contre toutes les conquêtes de la classe ouvrière entraîna tous les pays dans son tourbillon. Partout le capital réorganisé réduit impitoyablement le salaire réel des ouvriers, prolonge la journée de travail, rogne les modestes droits du prolétariat dans l'industrie, oblige, dans les pays à bas cours, les ouvriers, réduits à la mendicité, à payer les frais de la misère déterminée dans la vie économique par la dépréciation du change, etc.

L'offensive du capital, qui a pris au cours de ces dernières années des proportions gigantesques, oblige les ouvriers de tous les pays à mener des luttes défensives. Des milliers et des dizaines de milliers d'ouvriers ont accepté le combat, dans les branches les plus importantes de la production. Des groupes toujours nouveaux d'ouvriers entrent dans la lutte, venant des branches les plus déterminantes de la vie économique (cheminots, mineurs, métallurgistes, fonctionnaires de l'État et employés municipaux). La plupart de ces grèves n'ont eu jusqu'à présent aucun succès immédiat; mais cette lutte engendre dans des masses nouvelles et de plus en plus considérables d'ouvriers autrefois retardataires une haine infinie contre les capitalistes et le pouvoir d'État qui les protège. Cette lutte imposée au prolétariat ruine la politique de communauté de travail avec les entrepreneurs, menée par les social-réformistes et les bureaucrates syndicaux. Cette lutte montre même aux couches les plus arriérées du prolétariat le rapport évident entre l'économie et la politique. Chaque grande grève devient aujourd'hui un grand événement politique. À cette occasion, il est apparu que les partis de la 2e Internationale[11] et les chefs syndicaux d'Amsterdam[12], non seulement n'apportent aucune aide aux masses ouvrières engagées dans de durs combats défensifs, mais même les abandonnent et les trahissent au profit des entrepreneurs, des patrons et des gouvernements bourgeois.

C'est une des tâches des Partis Communistes de clouer au pilori cette trahison inouïe et continuelle et de l'illustrer dans les luttes quotidiennes des masses ouvrières. C'est le devoir des Partis Communistes de tous les pays d'étendre et d'approfondir les nombreuses grèves économiques qui éclatent partout et, si possible, de les transformer en grèves et en luttes politiques. C'est de même le devoir naturel des Partis Communistes de profiter des luttes défensives pour renforcer la conscience révolutionnaire et la volonté de combat des masses prolétariennes de façon que, lorsqu'elles seront assez fortes, elles puissent passer de la défensive à l'offensive.

L'aggravation systématique des antagonismes entre le prolétariat et la bourgeoisie par suite de l'existence de ces luttes est inévitable. La situation reste objectivement révolutionnaire et la moindre occasion peut aujourd'hui devenir le point de départ de grandes luttes révolutionnaires.

5. Le fascisme international

La politique offensive de la bourgeoisie contre le prolétariat, telle qu'elle se manifeste de la manière la plus éclatante dans le fascisme international, est dans le plus étroit rapport avec l'offensive du capital sur le terrain économique. Étant donné que la misère accélère l'évolution de l'esprit des masses dans un sens révolutionnaire, processus qui englobe les classes moyennes y compris les fonctionnaires et ébranle la sécurité de la bourgeoisie qui n'a plus dans la bureaucratie un instrument docile, les méthodes de contrainte légale ne suffisent plus à la bourgeoisie. C'est pourquoi elle s'applique partout à créer des gardes‑blanches spécialement destinées à combattre tous les efforts révolutionnaires du prolétariat et qui servent en effet de plus en plus à écraser les tentatives du prolétariat pour améliorer sa situation.

Le trait caractéristique du fascisme italien, du fascisme “classique”, qui a conquis pour un temps tout le pays, consiste en ce que les fascistes non seulement constituent des organisations de combat strictement contre-révolutionnaires et armées jusqu'aux dents, mais encore essaient par une démagogie sociale de se créer une base dans les masses, dans la classe paysanne, dans la petite bourgeoisie et même dans certaines parties du prolétariat, en utilisant adroitement pour leurs buts contre-révolutionnaires les déceptions provoquées par la soi-disant démocratie.

Le danger du fascisme existe maintenant dans beaucoup de pays: en Tchéco-Slovaquie, en Hongrie, dans presque tous les pays balkaniques, en Pologne, en Allemagne (Bavière), en Autriche, en Amérique et même dans des pays comme la Norvège. Sous une forme ou sous une autre, le fascisme n'est pas impossible non plus dans des pays comme la France et l'Angleterre.

Une des tâches les plus importantes des Partis Communistes est d'organiser la résistance au fascisme international, de se mettre à la tête de tout le prolétariat dans la lutte contre les bandes fascistes et d'appliquer énergiquement sur ce terrain aussi la tactique du front unique; les méthodes illégales sont ici absolument indispensables.

Mais la folle équipée fasciste est le dernier atout de la bourgeoisie. La domination ouverte des gardes‑blancs est dirigée d'une façon générale contre les bases mêmes de la démocratie bourgeoise. Les plus grandes masses du peuple travailleur se persuadent de plus en plus du fait que la domination de la bourgeoisie n'est possible que par une dictature non déguisée sur le prolétariat.

6. La possibilité de nouvelles illusions pacifistes

Ce qui caractérise la situation politique internationale au moment actuel, c'est le fascisme, l'état de siège et la vague montante de la terreur blanche contre le prolétariat. Mais cela n'exclut pas la possibilité que, dans un temps assez rapproché, dans des pays très importants, la réaction bourgeoise ouverte soit remplacée par une ère “démocratique-pacifique”.

En Angleterre (renforcement du Labour Party aux dernières élections[13]), en France (prochaine période inévitable du “bloc des gauches”[14]), cette phase de transition “démocratique-pacifiste” est vraisemblable et elle peut ranimer les espoirs pacifistes dans l'Allemagne bourgeoise et social-démocrate.

Entre la période actuelle de la domination de la réaction bourgeoise ouverte et la victoire complète du prolétariat révolutionnaire sur la bourgeoisie, il y a diverses étapes, et différents épisodes passagers sont possibles. L'Internationale Communiste et ses sections doivent envisager aussi ces éventualités, elles doivent savoir défendre les positions révolutionnaires dans toutes les situations.

7. La situation dans le mouvement ouvrier

Pendant que, par suite de l'offensive du capital, la classe ouvrière se voit obligée de prendre une attitude défensive, le rapprochement et finalement la fusion des partis du Centre (Indépendants) avec les socialistes traîtres déclarés (social-démocrates) s'accomplissent[15]. À l'époque de l'élan révolutionnaire, même les centristes, sous la pression de l'état d'esprit des masses, se déclarèrent pour la dictature du prolétariat et cherchèrent la voie menant à la 3e Internationale. Pendant la vague descendante de la révolution, qui n'est d'ailleurs que temporaire, ces centristes retombent dans le camp de la social-démocratie d'où au fond ils ne s'étaient jamais dégagés. Alors qu'aux époques de lutte révolutionnaire de masse, ils avaient adopté une attitude sans cesse hésitante et vacillante, ils refusent de participer maintenant aux luttes défensives et retournent au camp de la 2e Internationale, qui a toujours été, consciemment ou non, contre-révolutionnaire. Les partis centristes et l'Internationale 2 ½[16] sont en cours de décomposition. La meilleure partie des ouvriers révolutionnaires, qui se trouvait momentanément dans le camp du centrisme, passera avec le temps à l'Internationale Communiste. Par‑ci, par‑là, ce passage est déjà commencé (Italie). L'écrasante majorité des chefs centristes liés actuellement à Noske[17], Mussolini, etc., deviendront au contraire des contre-révolutionnaires endurcis.

Objectivement, la fusion des partis de la 2e Internationale et de l'Internationale 2 ½[18] peut être utile au mouvement ouvrier révolutionnaire. La fiction d'un parti révolutionnaire en dehors du camp communiste disparaît ainsi. Dans la classe ouvrière, deux groupes seulement lutteront désormais pour la conquête de la majorité: la 2e Internationale, qui représente l'influence de la bourgeoisie au sein du prolétariat, et la 3e Internationale, qui a levé le drapeau de la révolution socialiste et de la dictature du prolétariat.

8. La division dans les syndicats

La fusion des Internationales 2 et 2 ½ a indubitablement pour but de préparer une “atmosphère favorable” à une campagne systématique contre les communistes. La scission méthodique des syndicats par les chefs de l'Internationale d'Amsterdam est une partie de cette campagne. Les hommes d'Amsterdam reculent devant toute lutte contre l'offensive du capital et continuent plutôt leur politique de collaboration avec les patrons. Pour n'être pas gênés par les communistes dans cette alliance avec les entrepreneurs, ils cherchent à supprimer complètement et systématiquement l'influence des communistes dans les syndicats. Mais comme les communistes ont cependant, dans beaucoup de pays déjà, conquis la majorité dans les syndicats ou sont en train de la conquérir, les hommes d'Amsterdam ne reculent ni devant les exclusions en masse, ni devant la scission formelle des syndicats. Rien n'affaiblit autant les forces de la résistance prolétarienne contre l'offensive du capital que la division des syndicats. Les chefs réformistes des syndicats le savent bien. Mais comme ils s'aperçoivent que le terrain se dérobe sous eux et que leur faillite est inévitable et proche, ils s'empressent de diviser les syndicats, ces instruments irremplaçables de la lutte de classe prolétarienne, pour que les communistes ne recueillent plus que les débris et les éclats des anciennes organisations syndicales. Depuis août 1914, la classe ouvrière n'a pas vu pire trahison.

9. La conquête de la majorité

Dans ces conditions, l'indication fondamentale du 3e Congrès mondial: "Conquérir une influence communiste dans la majorité de la classe ouvrière et mener au combat la partie décisive de cette classe", subsiste dans toute sa force.

La conception suivant laquelle, dans l'équilibre instable actuel de la société bourgeoise, la plus grave crise peut subitement éclater par suite d'une grande grève, d'un soulèvement colonial, d'une nouvelle guerre, ou même d'une crise parlementaire, garde toute sa force aujourd'hui plus encore qu'à l'époque du 3e Congrès. Mais c'est précisément pour cela que le facteur "subjectif", c'est-à-dire le degré de conscience, de volonté, de combat et d'organisation de la classe ouvrière et de son avant-garde, acquiert une importance énorme.

La majorité de la classe ouvrière d'Amérique et d'Europe doit être gagnée; c'est la tâche essentielle de l'I.C. à présent comme auparavant.

Dans les pays coloniaux et semi‑coloniaux, l'I.C. a deux tâches:

1. créer un noyau de parti communiste qui défende les intérêts généraux du prolétariat, et

2. appuyer de toutes ses forces le mouvement national révolutionnaire dirigé contre l'impérialisme, devenir l'avant-garde de ce mouvement et mettre en relief et renforcer le mouvement social au sein du mouvement national.

10. Tactique du front unique[19]

La nécessité de la tactique du front unique ressort de tout ce qui précède. Le mot d'ordre du 3e Congrès: "Aux masses!" a maintenant plus de valeur que jamais. C'est à présent seulement que commence la lutte pour la formation du front unique prolétarien dans un grand nombre de pays. Maintenant seulement on commence à surmonter les difficultés de la tactique du front unique. La France en est le meilleur exemple: dans ce pays, le cours des événements a persuadé de la nécessité d'appliquer cette tactique même ceux qui naguère étaient nos adversaires par principe. L'I.C. exige que tous les partis et groupes communistes appliquent de la manière la plus stricte la tactique du front unique, car seule cette tactique indique dans la période actuelle aux communistes la voie la plus sûre[20] pour conquérir la majorité des travailleurs.

Les réformistes ont besoin à présent de la scission. Les communistes, par contre, sont intéressés à la concentration de toutes les forces de la classe ouvrière contre le capitalisme.

La tactique du front unique, c'est l'influence de l'avant-garde communiste dans les luttes quotidiennes de la masse ouvrière pour ses intérêts vitaux les plus essentiels. Les communistes sont prêts à négocier, dans ces luttes, même avec les chefs traîtres de la social-démocratie et d'Amsterdam.

Les tentatives de la 2e Internationale de représenter le front unique comme une fusion organique de tous les "partis ouvriers" doivent naturellement être repoussées de la manière la plus énergique. Les tentatives de la 2e Internationale pour absorber, sous prétexte de front unique, les organisations ouvrières de gauche (fusion des social-démocrates et des Indépendants en Allemagne) ne signifient rien d'autre que la possibilité pour les chefs social-démocrates de livrer à la bourgeoisie une nouvelle partie des masses ouvrières. L'existence de partis communistes indépendants et leur liberté complète d'agitation contre la bourgeoisie et la social-démocratie contre-révolutionnaires sont la conquête historique la plus importante du prolétariat et les communistes ne sauraient en aucun cas y renoncer. Seuls, les partis communistes luttent pour les intérêts de tout le prolétariat.

La tactique du front unique, ce ne sont pas non plus les combinaisons électorales de chefs poursuivant tel ou tel but parlementaire. La tactique du front unique, c'est la loi de la lutte commune des communistes avec tous les ouvriers appartenant à d'autres partis et groupes et avec tous les ouvriers sans parti, dans le but de défendre les intérêts les plus élémentaires de la classe ouvrière contre la bourgeoisie. Chaque lutte pour la moindre revendication du jour est une source[21] d'instruction et d'éducation révolutionnaires; car l'expérience de la lutte persuadera les travailleurs de la nécessité inévitable de la révolution et de la vérité du communisme.

L'obtention de résultats non seulement pour l'agitation mais aussi dans l'organisation, est une tâche particulièrement importante dans la mise en pratique du front unique. Il ne faut laisser échapper aucune occasion de créer, dans les masses ouvrières mêmes, des points d'appui d'organisation (conseils d'usines, commissions de contrôle composées d'ouvriers de tous les partis et sans parti, comités d'action, etc.).

Le plus important dans la tactique du front unique, c'est toujours le groupement des masses ouvrières dans l'agitation et dans l'organisation. Le véritable succès de la tactique du front unique vient "d'en bas", des profondeurs des masses ouvrières elles‑mêmes. Cependant, les communistes ne sauraient renoncer à négocier dans certaines circonstances aussi avec les chefs des partis ouvriers adverses.

Les masses devront toutefois être constamment et parfaitement instruites du cours de ces négociations. L'autonomie de l'agitation devra être conservée, même pendant ces négociations.

Il va de soi que la tactique du front unique devra être appliquée selon les conditions concrètes des différents pays sous des formes différentes. Mais là où, dans les pays capitalistes les plus importants, la situation objective est mûre pour la transformation sociale et où les partis social-démocrates, dirigés par des chefs contre-révolutionnaires, s'appliquent consciemment à diviser le prolétariat, la tactique du front unique sera déterminante pour toute une époque.

11. Le gouvernement ouvrier

Le gouvernement ouvrier (éventuellement le gouvernement ouvrier et paysan[22]) devra partout être employé comme un mot d'ordre de propagande générale. Mais, comme mot d'ordre de politique actuelle, le gouvernement ouvrier présente la plus grande importance dans les pays où la situation de la société bourgeoise est particulièrement peu sûre, où le rapport des forces entre les partis ouvriers et la bourgeoisie met la solution de la question du gouvernement ouvrier à l'ordre du jour comme une nécessité politique.

Dans ces pays, le mot d'ordre du "gouvernement ouvrier" est une conséquence inévitable de toute la tactique du front unique.

Les partis de la 2e Internationale cherchent, dans ces pays, à “sauver” la situation en prêchant et en réalisant la coalition des bourgeois et des social-démocrates. Les plus récentes tentatives faites par certains partis de la 2e Internationale (par exemple en Allemagne[23]), tout en refusant de participer ouvertement à un tel gouvernement de coalition, pour le réaliser en même temps sous une forme déguisée, ne sont rien moins qu'une manoeuvre tendant à calmer les masses protestant contre de semblables coalitions et qu'une duperie raffinée des masses ouvrières. À la coalition ouverte ou masquée bourgeoise et social-démocrate, les communistes opposent le front unique de tous les ouvriers et la coalition politique et économique de tous les partis ouvriers contre le pouvoir bourgeois pour le renversement définitif de ce dernier. Dans la lutte commune de tous les ouvriers contre la bourgeoisie, tout l'appareil d'État devra tomber dans les mains du gouvernement ouvrier et les positions de la classe ouvrière en seront renforcées.

Le programme le plus élémentaire d'un gouvernement ouvrier doit consister à armer le prolétariat, à désarmer les organisations bourgeoises contre-révolutionnaires, à instaurer le contrôle de la production, à faire tomber sur les riches le principal fardeau des impôts et à briser la résistance de la bourgeoisie contre-révolutionnaire.

Un gouvernement de ce genre n'est possible que s'il naît dans la lutte des masses même, s'il s'appuie sur des organes ouvriers aptes au combat et créés par les couches les plus vastes des masses ouvrières opprimées. Un gouvernement ouvrier résultant d'une combinaison parlementaire, par conséquent d'origine purement parlementaire, peut aussi fournir l'occasion de ranimer le mouvement ouvrier révolutionnaire. Mais il va de soi que la naissance d'un gouvernement véritablement ouvrier et le maintien d'un gouvernement faisant une politique révolutionnaire doivent mener à la lutte la plus acharnée et, éventuellement, à la guerre civile contre la bourgeoisie. La seule tentative du prolétariat de former un gouvernement ouvrier se heurtera dès le début à la résistance la plus violente de la bourgeoisie. Le mot d'ordre du gouvernement ouvrier est donc susceptible de concentrer et de déchaîner des luttes révolutionnaires.

Dans certaines circonstances, les communistes doivent se déclarer disposés à former un gouvernement avec des partis et des organisations ouvrières non communistes. Mais ils ne peuvent agir ainsi que si des garanties sont données que ces gouvernements ouvriers mèneront vraiment la lutte contre la bourgeoisie dans le sens indiqué plus haut. Dans ce cas, les conditions naturelles de la participation des communistes à un semblable gouvernement seraient les suivantes:

1° La participation au gouvernement ouvrier ne pourra avoir lieu qu'avec l'approbation de l'Internationale Communiste;

2° Les membres communistes du gouvernement ouvrier restent soumis au contrôle le plus strict de leur parti;

3° Les membres communistes du gouvernement ouvrier restent en contact étroit avec les organisations révolutionnaires des masses;

 4° Le parti communiste maintient absolument sa physionomie et l'indépendance complète de son agitation.

Malgré ses grands avantages, le mot d'ordre du gouvernement ouvrier a aussi ses dangers, de même que toute la tactique du front unique. Pour parer à ces dangers, les partis communistes ne doivent pas perdre de vue que, si tout gouvernement bourgeois est en même temps un gouvernement capitaliste, il n'est pas vrai que tout gouvernement ouvrier soit un gouvernement vraiment prolétarien, c'est‑à‑dire un instrument révolutionnaire de pouvoir du prolétariat.

L'Internationale Communiste doit envisager les éventualités suivantes:

1. Un gouvernement ouvrier libéral. Il y a déjà un gouvernement de ce genre en Australie[24]; il est également possible dans un délai assez rapproché en Angleterre[25];

2. Un gouvernement ouvrier social-démocrate (Allemagne[26]);

3. Un gouvernement des ouvriers et des paysans. Cette éventualité est à prévoir dans les Balkans, en Tchéco-Slovaquie, etc.;

4. Un gouvernement ouvrier avec la participation des communistes;

5. Un véritable gouvernement ouvrier prolétarien qui, dans sa forme la plus pure, ne peut être incarné que par un Parti Communiste.

Les deux premiers types de gouvernement ouvrier ne sont pas des gouvernements ouvriers révolutionnaires, mais des gouvernements camouflés de coalition entre la bourgeoisie et les leaders ouvriers contre-révolutionnaires. Ces "gouvernements ouvriers" sont tolérés dans les périodes critiques par la bourgeoisie affaiblie pour tromper le prolétariat sur le véritable caractère de classe de l'État, ou même pour détourner l'attaque révolutionnaire du prolétariat et gagner du temps, avec l'aide de leaders ouvriers corrompus. Les communistes ne devront pas participer à de pareils gouvernements. Au contraire, ils devront démasquer impitoyablement devant les masses le véritable caractère de ces faux "gouvernements ouvriers". Dans la période de déclin du capitalisme, où la tâche principale consiste à gagner à la révolution la majorité du prolétariat, ces gouvernements, objectivement, peuvent contribuer à précipiter le processus de décomposition du régime bourgeois.

Les communistes sont prêts à marcher aussi avec les ouvriers, social-démocrates, chrétiens, sans‑parti, syndicalistes, etc., qui n'ont pas encore reconnu la nécessité de la dictature du prolétariat. Les communistes sont également disposés, dans certaines conditions et sous certaines garanties, à appuyer un gouvernement ouvrier non communiste. Mais les communistes devront à tout prix expliquer à la classe ouvrière que sa libération ne pourra être assurée que par la dictature du prolétariat.

Les deux autres types de gouvernement ouvrier auxquels peuvent participer les communistes ne sont pas encore la dictature du prolétariat; ils ne constituent pas encore une forme de transition nécessaire vers la dictature, mais ils peuvent constituer un point de départ pour la conquête de cette dictature. La dictature complète du prolétariat ne peut être réalisée que par un gouvernement ouvrier composé de communistes.

12. Le mouvement des conseils de fabrique

Aucun Parti Communiste ne saurait être considéré comme un parti communiste de masses véritable, sérieux et solide, s'il n'a pas de forts noyaux communistes dans les entreprises, les usines, les mines, les chemins de fer, etc. Dans les circonstances actuelles, un mouvement ne saurait être considéré comme systématiquement organisé dans les masses prolétariennes s'il ne réussit à créer pour la classe ouvrière et ses organisations des comités d'usines comme base de ce mouvement. La lutte contre l'offensive du capital et pour le contrôle de la production est sans espoir si les communistes ne disposent de points d'appui solides dans toutes les entreprises et si le prolétariat ne sait créer ses propres organes prolétariens de combat dans les entreprises (comités de fabriques, conseils ouvriers).

Le Congrès estime que c'est une des tâches essentielles de tous les partis communistes de s'ancrer dans les industries bien plus qu'ils ne l'ont fait jusqu'à présent et d'appuyer le mouvement des conseils de fabriques ou de prendre l'initiative de ce mouvement.

13. L'Internationale Communiste, parti mondial

L'Internationale Communiste doit de plus en plus être organisée en un parti communiste mondial, chargé de la direction de la lutte dans tous les pays.

14. La discipline internationale

Pour appliquer internationalement et dans les divers pays la tactique du front unique, la discipline internationale la plus stricte est plus nécessaire que jamais dans l'Internationale Communiste et dans ses différentes sections.

Le 4e Congrès exige catégoriquement de toutes ses sections et de tous ses membres la plus stricte discipline dans l'application de la tactique, qui ne saurait être fertile que si elle est appliquée dans tous les pays, non seulement en paroles mais aussi en actes.

L'acceptation des 21 conditions implique l'application de toutes les décisions tactiques des Congrès mondiaux et de l'Exécutif, comme organe de l'I.C. dans l'intervalle des Congrès mondiaux.

Le Congrès charge l'Exécutif de déterminer et de surveiller de la manière la plus stricte l'application des décisions tactiques par tous les partis. Seule, la tactique révolutionnaire nettement tracée par l'I.C. assurera la victoire la plus prompte possible de la révolution prolétarienne internationale.

*  *

*

Le Congrès décide d'ajouter comme supplément à cette résolution le texte des thèses adoptées par l'Exécutif, en décembre 1921 [27], relativement au front unique, ces thèses exposant exactement et en détail la tactique du front unique.

 

 

 

 

 

Notes



[1].       [321ignition] Les annotations sont formulées par nous en tenant compte d'éventuelles notes figurant dans la source.

[2].       La présente résolution est, entre autre, reproduite dans Thèses, manifestes et résolutions adoptés par les Ier, IIe, IIIe et IVe Congrès de l'Internationale communiste, 1919‑1923, Paris, Librairie du travail, 1934 (réédité en fac-similé en 1970, Paris, François Maspero), p. 158‑159.

Ce recueil a été publié par la Ligue Communiste Internationaliste*. Dans l'avertissement de l'éditeur on lit: "Toute l'expérience de l'I.C. entre 1919 et 1923 contredit entièrement le cours politique suivi par elle depuis 1924." Le texte de la résolution tel qu'il figure dans le recueil contient diverses formulations qui diffèrent du texte pris comme source ici; pour la plupart les différences sont de nature stylistique, certaines apportent quand même des nuances de signification. Mais il faut relever surtout que la section "10. Tactique du front unique" a été tout simplement supprimée; de surcroît, un maquillage a été effectué en séparant en deux la section "9. La conquête de la majorité" pour introduire artificiellement une section "10. Dans les pays coloniaux".

* Après l'exclusion du PCUS de Trotsky et d'autres membres de la dite "Opposition de gauche" en 1927 et l'expulsion de Trotsky de l'URSS en 1929, ce groupe commence à s'organiser au niveau international. En aout 1933 est constituée la Ligue communiste internationale (bolchevik-léniniste).

[3].       Cf. le document .

[4].       Cf. le document (extraits) .

[5].       Conférence de Washington, novembre 1921 - février 1922.

Du 12 novembre 1921 au 6 février 1922 se tient à Washington une réunion à laquelle participent les USA, la Grande‑Bretagne, le Japon, la France, l'Italie, la Belgique, les Pays‑Bas, le Portugal et la Chine. Elle a un double but: régler les questions d'Extrême‑Orient et du Pacifique, limiter les armements navals. Le problème du Pacifique est réglé par un traité à quatre (USA, Grande‑Bretagne, Japon et France), signé le 13 décembre 1921 et qui remplace le traité anglo-japonais de 1902: les signataires promettent d'observer le statu quo dans les possessions insulaires. La question chinoise fait l'objet d'un traité à neuf (les quatre précédents, plus l'Italie, la Belgique, les Pays‑Bas, le Portugal et la Chine), par lequel les contractants s'engagent à respecter la souveraineté chinoise et le principe de la “porte ouverte”. Le traité à cinq (Grande‑Bretagne, USA, Japon, France, Italie), du 6 février 1922, impose une limitation des armements navals, selon le nombre de navires chiffré pour chacun des pays signataires. Ces dispositions, qui consacrent l'égalité des flottes anglaise et américaine, resteront en vigueur jusqu'à la conférence de Londres en 1936, où l'Italie et le Japon reprendront leur liberté en matière d'armements navals.

[6].       Dans Thèses, manifestes et résolutions... (1934) (cf. note 2 ): "elle crée au contraire de nouveaux antagonismes, de nouveaux armements" au lieu de " elle crée au contraire de nouveaux antagonismes, de nouveaux groupements impérialistes, de nouveaux armements".

[7].       Autriche, Protocole de Genève du 4 octobre 1922.

À l'initiative de la Société des Nations, le 4 octobre 1922 est signé un traité entre d'une part l'Autriche et d'autre part la Grande-Bretagne, la France, l'Italie et la République Tchécoslovaque. La SdN octroie à l'Autriche un emprunt d'environ 650 millions de couronnes or, qui permet de stopper l'inflation de l'après-guerre par l'introduction du Schilling. L'Autriche s'engage à ne pas aliéner son indépendance, ce qui vise notamment d'éventuelles négociations économiques ou financières. Les autres signataires s'engagent à respecter l'indépendance politique, l'intégrité territoriale et la souveraineté de l'Autriche.

[8].       Dans Thèses, manifestes et résolutions... (1934) (cf. note 2 ): "des banquiers" au lieu " des banques".

[9].       Le 28 octobre 1922 les fascistes italiens organisent la “marche sur Rome”, une démonstration de force qui a pour résultat, le 30, la formation d'un gouvernement dirigé par Benito Mussolini.

[10].     Dans Thèses, manifestes et résolutions... (1934) (cf. note 2 ): "comme un élément de la Révolution mondiale" au lieu de " comme un élément permanent d'affaiblissement, comme le facteur le plus important de la Révolution mondiale"

[11].     Internationale socialiste.

En 1864 est constituée à Londres l'“Association internationale des travailleurs”, à laquelle Karl Marx et Friedrich Engels participent activement; elle est dissoute par décision de son assemblée générale tenue à Philadelphie en 1876. En 1889 se tient un congrès ouvrier international à Paris. La coordination ainsi établie entre partis d'orientation marxiste est désignée couramment comme “Deuxième Internationale”. Dans un premier temps, aucune structure organisationnelle particulière n'est mise en place, en dehors de la convocation de congrès. En 1900 est constitué un Bureau socialiste international, ainsi qu'un comité exécutif chargé des affaires courantes, avec siège à Bruxelles.

Les 14 et 15 février 1915 se tient à Londres une conférence des partis socialistes des pays alliés. Le nombre de délégués s'élève à 46. La France est représentée de la façon suivante: pour le Parti socialiste Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) Alexandre Desrousseaux dit Bracke, Adéodat Compère-Morel, Marcel Cachin, Jean Longuet, Marcel Sembat, Pierre Renaudel, Edouard Vaillant, Louis Dubreuilh, Ernest Poisson, Braemer; pour la Confédération générale du travail Léon Jouhaux, Alexandre Luquet, Moulinier, Albert Bourderon et Alphonse Merrheim. La Grande Bretagne est représentée entre autres par Arthur Henderson, Ramsay Macdonald, Keir Hardie, William Anderson, Bruce Glasier; la Belgique est représentée notamment par Émile Vandervelde et Camille Huysmans; pour la Russie participent entre autres Ivan M. Maisky du Parti ouvrier social-démocrate - menchévik), Viktor M. Černov et Ilja A. Rubanovič du Parti des socialistes-révolutionnaires, etc.

Après la 1e guerre mondiale se tient d'abord en février 1919 une conférence à Bern, puis en aout 1920 à Genève la 2e Internationale est reconstituée avec la participation d'un nombre réduit de partis. Elle établit son siège à Londres.

Un certain nombre d'autres partis constituent en février 1921 à Vienne en Autriche la “Communauté internationale de travail de partis socialistes”. Friedrich Adler et Otto Bauer jouent un rôle important. Officiellement l'organisation est désignée aussi comme “Internationale de Vienne”, mais elle est couramment nommée “Internationale 2 ½”.

En mai 1923 durant un congrès tenu à Hambourg cette Internationale et la 2e Internationale créent en commun l'“Internationale ouvrière socialiste”.

[12].     Fédération syndicale internationale (dite “Internationale syndicale d'Amsterdam”).

En 1901 se tient à Copenhague une réunion entre représentants des centrales syndicales de Norvège, Suède, Finlande, Danemark, Allemagne, France et Belgique. Une autre rencontre suit en 1903, et se constitue un secrétariat international avec Carl Legien comme secrétaire. En 1913 est adoptée la désignation “Fédération syndicale internationale” (FSI). La 1e guerre mondiale induit le clivage correspondant aux alliances belligérantes. En 1919 la FSI est reconstituée. Une première réunion se tient en février 1919 à Bern, en juillet-aout le siège est établi à Amsterdam. La FSI est reconnue par la nouvelle Organisation internationale du travail. L'admission à la FSI des syndicats de l'Union soviétique est refusée. La Fédération américaine du travail (AFL) adhère finalement à la FSI en 1937.

[13].          Grande‑Bretagne, élections 1918.

En Grande‑Bretagne, de mai 1915 à décembre 1918 se succèdent deux gouvernements dirigés par les libéraux en coalition avec les conservateurs et aussi des travaillistes (Labour Party). Aux élections de 1918, un grand nombre de dirigeants travaillistes perdent leurs mandats. David Lloyd George (libéral) forme un nouveau gouvernement de coalition, sans les travaillistes. En octobre 1922, Lloyd George démissionne. Aux élections consécutives de décembre, le Parti travailliste obtient 142 sièges et devient ainsi le deuxième groupe à la Chambre des Communes, derrière le Parti conservateur qui compte 347 sièges.

Aux élections de décembre 1923, le Parti travailliste obtient 191 sièges, le Parti conservateur 258, le Parti libéral 158. En janvier 1924 Ramsay MacDonald, président du Parti travailliste, est désigné comme Premier ministre d'un gouvernement minoritaire; mais en octobre le gouvernement est confronté à une motion de censure qui obtient une majorité de voix, il démissionne. Aux élections organisées ce même mois, les conservateurs obtiennent 412 sièges, les travaillistes 151.

[14].          France, “Bloc des gauches” - “Bloc national” - “Cartel des gauches” 1924.

Le terme “Bloc des gauches” désigne la coalition des modérés, des radicaux et des socialistes qui gouverne la France de juin 1899 à janvier 1906. Entre novembre 1919 et mai 1924, domine une coalition de centre-droite dénommée “Bloc national”, à la tête de laquelle se trouve Alexandre Millerand, qui devient président du Conseil en janvier 1920, puis président de la République en septembre de la même année. Les désaccords entre la droite et les radicaux se multipliant, ces derniers se retirent du gouvernement pour se rallier à la SFIO en vue des élections de mai 1924. Celles-ci résultent en la victoire d'une coalition menée par Édouard Herriot, dénommée “Cartel des gauches”.

[15].     Parti social-démocrate indépendant d'Allemagne (Unabhängige Sozialdemokratische Partei Deutschlands, USPD).

En avril 1917 des anciens membres du Parti social-démocrate d'Allemagne (Sozialdemokratische Partei Deutschlands, SPD) tiennent un congrès pour constituer le “Parti social-démocrate indépendant d'Allemagne” (“Unabhängige Sozialdemokratische Partei Deutschlands”, USPD). En décembre 1920 a lieu une unification du KPD avec l'aile gauche de l'USPD, par la tenue d'un Congrès commun. Le reste de l'USPD rejoint en septembre 1922 le SPD au cours d'un Congrès commun.

[16].     Cf. note 11 .

[17].     Gustav Noske.

En 1884 Noske adhère au Parti ouvrier socialiste d'Allemagne (Sozialistische Arbeiterpartei Deutschlands, SAPD), qui en 1890 adopte le nom de Parti social-démocrate d'Allemagne (Sozialdemokratische Partei Deutschlands, SPD). De 1906 à 1918 il est député pour le SPD. En 1914 il publie un livre "Kolonialpolitik und Sozialdemokratie" ("Politique coloniale et social-démocratie"), qui juge favorablement la politique coloniale de l'Allemagne. Durant la Première guerre mondiale il soutient la position de défense nationale. En décembre 1918, il devient membre du Conseil des mandatés du peuple qui exerce la fonction de gouvernement provisoire. En janvier 1919 il dirige l'écrasement, imposé avec le concours de corps francs, de la tentative d'insurrection révolutionnaire. En février il est nommé ministre de la défense et met en oeuvre la reconstruction des forces armées. En mars 1920, au moment de la mise en échec du putsch Lüttwitz-Kapp, il est forcé de démissionner sous la pression des travailleurs en lutte. De 1920 à 1933 il occupe le poste de président [Oberpräsident] de la province Hannover.

[18].     Cf. note 11 .

[19].     Cette section "11. Tactique du front unique" ne figure pas dans Thèses, manifestes et résolutions... (1934) (cf. note 2 ).

[20].     Dans Thèses, manifestes et résolutions... (1934): "la voie sûre" au lieu de "la voie la plus sûre".

[21].     [321ignition] Dans le texte pris comme source, on lit "sorte". C'est manifestement une erreur d'impression, que nous avons rectifiée. Cf. la publication du texte en langue allemande: "eine Quelle revolutionärer Schulung".

[22].     [321ignition] Dans le texte pris comme source, on lit "le gouvernement ouvrier (éventuellement le gouvernement paysan)". C'est manifestement une erreur d'impression, que nous avons rectifiée. Cf. la publication du texte en langue allemande: "die Arbeiterregierung (evtl. Arbeiter- und Bauernregierung)".

[23].     Allemagne, SPD, gouvernements de coalition.

En 1919, après la prise de fonction de Friedrich Ebert (SPD) comme président du Reich, Hermann Müller conjointement avec Otto Wels est élu comme président du SPD. En mars 1920, après la mise en échec du putsch Lüttwitz-Kapp, Müller devient chancelier du Reich à la tête d'un gouvernement de coalition incluant SPD, Parti démocratique allemand (Deutsche Demokratische Partei, DDP) et Parti du centre (Zentrumspartei, Zentrum); cependant les résultats des élections de juin 1920 conduisent à sa démission. Au Congrès du SPD de 1921 il obtient l'approbation d'une résolution qui autorise le parti à participer au niveau national de même que celui régional à des coalitions incluant le Parti populaire allemand (Deutsche Volkspartei, DVP). À partir de là, le SPD participe à certains gouvernements de coalition, sans en occuper le poste de chancelier.

[24].     Australie, Parti travailliste 1904‑1923.

À parti de 1904, le Parti travailliste australien (Australian Labor Party, ALP) dirige durant différentes périodes des gouvernements au niveau national. En 1915 il arrive à occuper une position dominante à la fois au niveau national que celui des états fédéraux. En octobre de cette année est constitué un gouvernement dirigé par William Hughes de l'ALP. Hughes reste en poste jusqu'en février 1923; cependant entre‑temps, en novembre 1916 il est exclu de l'ALP et forme le National Labor Party, transformé ensuite en Nationalist Party.

Le texte dit ici "Il y a déjà un gouvernement de ce genre en Australie", tandis que le texte en langue allemande dit "Eine solche gab es in Australien" ("il y avait"), ce qui est plus exact.

[25].     Cf. note 13 .

[26].     Cf. note 23 .

[27].     Comité Exécutif de l'IC: Thèses sur le front ouvrier unique et sur l'attitude à adopter envers les ouvriers adhérant aux Internationales deux, deux et demi, à celle d'Amsterdam, ainsi qu'envers les ouvriers appuyant les organisations anarcho-syndicalistes (18 décembre 1921). (Cf. le document )