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4e Congrès de l'Internationale communiste
(5 novembre - 5 décembre 1922)

August Thalheimer :
Le Programme de l'Internationale et des partis communistes
(Extraits)

 

 

Source:

4. Kongreß der Kommunistischen Internationale (5. November - 5. Dezember 1922) - Protokoll, Verlag der Kommunistischen Internationale, Hamburg, Verlagsbuchhandlung Carl Hoym Nachf. L. Cahnbley, 1923, p. 432‑439 [1] [2].

Le document en allemand 

 

 

 

 

 

 

Établi: novembre 2016

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Documents de l'Internationale communiste ‑ Sommaire

 

 

 

 

 

 

[...]

Maintenant, j'en viens à la question qui, pour la rédaction du programme général et du programme des différents partis est la question décisive, celle à l'égard de laquelle j'ai des différences catégoriques avec le camarade Boukharine. C'est la question des revendications de transition, des revendications d'étape ou du programme minimum. Le camarade Boukharine soutient la position selon laquelle on devrait séparer du programme proprement dit ces revendications de transitions concrètes, ces revendications d'étape. Il établit pour cela une "chambre séparée" qui s'appelle programme d'action. Ici il est permis de commettre toutes sortes de péchés. (Interjection Boukharine: Mais l'entrée publique est autorisée.) L'entrée publique est autorisée. Bien, alors allons-y, ouvrons cette porte et voyons, quelles choses admissibles sur le plan programmatique s'y passent. (Interjection: Qu'est-ce que vous considérez comme choses admissibles?) C'est justement de cela qu'il s'agit. En Allemagne, nous avons aussi eu affaire aux oppositions formulées à l'inclusion dans le programme des revendications de transition avant la conquête du pouvoir. À cet égard, certains ont, comme le camarade Boukharine, subodoré un danger particulier d'opportunisme et c'est la raison pour laquelle nous devons examiner très rigoureusement la question: dans quelle mesure est-il possible de séparer les principes tactiques ‑ je n'entends pas par là les mots d'ordre concrets aux quotidien, ici il faut faire une distinction, mais les principes tactiques ‑ vis-à-vis des autres principes et objectifs. Et je prétends que, si on voit dans cette séparation entre tactique, principe et objectifs une garantie, alors on commet une lourde erreur et laisse une ouverture justement pour les dangers que l'on veut écarter. (Très juste! chez les Allemands.)

Il suffit qu'on considère l'histoire de la 2e Internationale, sa dissolution, pour s'apercevoir que justement cette séparation des principes tactiques vis-à-vis des objectifs forme le point de transition de son déviationnisme vers l'opportunisme. En quoi consiste le commencement en Allemagne? En les débats Bernstein-Kautsky sur la tactique. Le but final s'est maintenu. En outre, si nous résumons aujourd'hui la différence entre nous, communistes, et les socialistes de réforme, alors nous disons: Nous nous distinguons au sujet de l'objectif final, nous voulons le socialisme et le communisme, ils ne le veulent pas. Par quoi prouvons-nous cette affirmation? Nous la prouvons en ce que nous disons: la tactique, la voie, que ces gens empruntent, est une autre voie. C'est cela, n'est-ce pas, la preuve principale. Donc je dis, la différence spécifique entre eux et les socialistes de réforme ne réside pas en ce que nous séparerions les revendications de réforme, d'étape ou de quelque autre désignation, dans une "chambre séparée", que nous les ferions sortir de notre programme, mais elle consiste en ce que nous plaçons ces revendications de transition ou mots d'ordre de transition dans le rapport le plus rigoureux avec nos principes et objectifs. Naturellement, par ce rapport n'est pas donnée en soi une garantie, pas plus que n'est donnée une garantie que je trouve la bonne voie si j'ai une bonne carte. En effet il n'est pas dit que je sais lire la carte. Et il me semble que ce que le camarade Lénine disait récemment concernant la Russie, que la Russie devrait s'occuper principalement des éléments de lecture et écriture, cela s'applique aussi dans un sens quelque peu différent aux partis communistes de l'occident: apprendre à lire la réalité, (Interjection Radek: apprendre aussi à lutter!), c'est de cela qu'il s'agit. Je dis donc, le danger de l'opportunisme se trouve justement au côté inverse que là où le camarade Boukharine le subodore, il se trouve dans les voies qui, des points de départ donnés mènent au socialisme, à la dictature du prolétariat.

Par le fait de ne pas éclairer, sur de long parcours, cette voie, nombre d'erreurs sont possibles dans cette obscurité. Particulièrement intéressant me paraissait ce que Boukharine a dit au sujet la lettre du Parti communiste italien. Il écrit, elle est contre les revendications de transition, parce qu'il ne faut pas en faire un credo.

Il y a toute une série de telles revendications de transition et de règlent de transition, qui doivent devenir un credo, ce que nous devons demander aux différents partis.

Camarades! La question de ces revendications de transition et du programme minimum n'est pas nouvelle. Même dans le domaine russe elle a déjà été menée à terme, et je crois qu'il n'est pas sans intérêt de présenter justement les documents qui s'y réfèrent. C'était en automne 1917, quand ici en Russie fut traité la question du programme du parti russe. Alors surgit la question: Est-ce que le parti russe, dans une situation où il se trouve peu avant la conquête du pouvoir - et à l'époque cette situation était assez claire -, garde seulement le programme maximum et évacue le programme minimum? Je pense qu'il est important de citer les paroles du camarade Lénine. À l'époque le camarade Lénine dit ‑ vous excuserez si la citation relativement longue ‑:

Si notre programme ne pouvait être applicable à toutes les éventualités et à tous les moments de la lutte ‑ il ne serait qu’un vil chiffon de papier. Formulation globale de l’évolution historique du capitalisme, notre programme doit également décrire dans leurs traits fondamentaux toutes les phases transitoires de ce développement, et donc orienter à chaque instant l’attitude du prolétariat dans le sens d’une marche vers le socialisme. On peut donc conclure qu’il n’existe aucune circonstance où le prolétariat serait contraint d’abandonner son programme, ou d’être abandonné par lui.

Concrètement, cela veut dire qu’il n’y a aucun moment où le prolétariat, porté au pouvoir par les circonstances, ne puisse, ou ne soit tenu de prendre certaines mesures en vue de réaliser son programme, des mesures de transition vers le socialisme. Affirmer que le programme socialiste pourrait se révéler impuissant à une phase quelconque de la prise du pouvoir et incapable de donner des directives en vue de sa réalisation, revient à affirmer que le programme socialiste est, d’une manière générale et de tout temps, irréalisable[3].

[...]

Passons de la partie générale ou théorique du programme au programme minimum.

Nous rencontrons tout de suite ici la proposition "très radicale" en apparence et dénuée de fondement des camarades N. Boukharine et V. Smirnov tendant à écarter complètement le programme minimum. La division en programme maximum et en programme minimum est, disent-ils, "périmée", à quoi peut-elle servir puisqu'il s'agit du passage au socialisme. Pas de programme minimum, tout de suite un programme de mesures préparant le passage au socialisme.

Telle est la thèse de ces deux camarades, qui pourtant ne sont pas décidés, pour une raison ou pour une autre, à proposer un projet qui y correspondrait (bien que la mise à l'ordre du jour du prochain congrès de la révision du programme du parti les obligeât absolument à dresser un tel projet). Il est possible que les auteurs de cette proposition "radicale" en apparence soient eux-mêmes restés dans l'indécision... Quoi qu'il en soit, il faut examiner leur opinion.

La guerre et les difficultés qu'elle implique ont contraint tous les pays à passer du capitalisme de monopole au capitalisme des monopoles d'État. Telle est la situation objective. Mais, dans les conditions de la révolution, en période de révolution, le capitalisme monopoliste d'État se transforme immédiatement en socialisme. Il est impossible d'aller de l'avant, pendant la révolution, sans marcher au socialisme, ‑ telle est la situation objective créée par la guerre et par la révolution. Notre Conférence d'Avril a tenu compte de ce fait quand elle a fixé comme mots d'ordre: la "République des Soviets" (forme politique de la dictature du prolétariat) et la nationalisation des banques et des cartels (principale mesure du passage au socialisme). Jusqu'à présent les bolchéviks sont d'accord, ils sont unanimes. Mais les camarades V. Smirnov et N. Boukharine veulent aller plus loin, en rejetant complètement le programme minimum. Ce serait aller à l'encontre du sage conseil donné par le proverbe qui dit: "Ne chante pas victoire avant, mais après la bataille." (Interjections: tiens, tiens, Hilarité.)

Nous allons à la bataille, c'est-à-dire que nous luttons pour conquérir le pouvoir politique pour notre parti. Ce pouvoir serait la dictature du prolétariat et de la paysannerie pauvre. En prenant ce pouvoir, non seulement nous ne craignons pas de dépasser les limites du régime bourgeois, mais, au contraire, nous disons clairement, franchement, à haute et intelligible voix, que nous dépasserons ces limites, que nous marcherons sans crainte vers le socialisme et que notre chemin passe par la république des Soviets, par la nationalisation des banques et des cartels, par le contrôle ouvrier, par l'obligation générale du travail, par la nationalisation de la terre, par la confiscation du matériel des propriétaires fonciers, etc., etc. En ce sens nous avons établi un programme des mesures préparant le passage au socialisme.

Mais nous ne devons pas chanter victoire avant la bataille, nous ne devons pas rejeter le programme minimum, car ce serait pure fanfaronnade (Hört, hört!): nous ne voulons rien "exiger de la bourgeoisie", mais réaliser nous-mêmes, nous ne voulons pas nous occuper des détails dans le cadre du régime bourgeois.

Ce serait pure fanfaronnade, car il faut d'abord conquérir le pouvoir, et nous ne l'avons pas encore conquis. Il faut d'abord réaliser en fait les mesures qui préparent le passage au socialisme, conduire notre révolution à la victoire de la révolution socialiste mondiale, après quoi, "après la bataille" nous pourrons et nous devrons rejeter le programme minimum, désormais superflu.

Peut-on garantir aujourd'hui qu'il est désormais superflu? Non, naturellement, pour la simple raison que nous n'avons pas encore conquis le pouvoir, que nous n'avons pas réalisé le socialisme et que nous ne sommes pas même arrivés au début de la révolution socialiste mondiale.

Il faut marcher vers ce but fermement, hardiment, sans hésitations, mais il est ridicule de le déclarer atteint, quand manifestement il ne l'est pas. Rejeter dès maintenant le programme minimum équivaudrait à déclarer, à proclamer (ce qui serait pure fanfaronnade) "que nous avons déjà la victoire". Non, chers camarades; nous n'avons pas encore la victoire.

Et puis quelques explications supplémentaires qui développent cela, et je pense, donneront aussi des points de repère pour le débat ultérieur sur le programme. Le camarade Lénine poursuit:

Nous ne savons pas si nous l'aurons demain ou un peu plus tard. (Pour ma part, je suis enclin à penser qu'elle est pour demain, ‑ j'écris cela le 6 octobre 1917, ‑ et que nous pouvons avoir quelque retard pour la prise du pouvoir, mais, de toute façon, demain, c'est demain, ce n'est pas aujourd'hui.) Nous ne savons pas avec quelle rapidité en Occident la révolution suivra notre victoire. Nous ne savons pas s'il n'y aura pas encore des périodes de réaction et de victoire de la contre-révolution après notre victoire, ‑ ce n'est pas exclu ‑ et c'est pourquoi, après notre victoire, nous construirons une "triple ligne de tranchées" pour écarter cette possibilité.

Tout cela nous ne le savons ni ne pouvons le savoir. Personne ne peut le savoir. Il est donc ridicule de rejeter le programme minimum qui est indispensable, tant que nous vivons encore dans le cadre du régime bourgeois, tant que nous n'avons pas encore détruit ce cadre, tant que nous n'avons pas réalisé les conditions essentielles du passage au socialisme, tant que nous n'avons pas vaincu d'abord, puis anéanti l'ennemi (la bourgeoisie). Tout cela se fera et se fera peut-être beaucoup plus vite que beaucoup ne le croient (personnellement, je pense que cela doit commencer demain), mais ce n'est pas encore fait.

Prenez le programme minimum dans le domaine politique. Ce programme est celui qui convient dans une république bourgeoise. Nous ajoutons que nous ne nous enfermons pas dans ses limites et que nous luttons d'ores et déjà pour un type d'État plus élevé, la république des Soviets. Cela nous devons le faire. Nous devons marcher vers cette nouvelle république avec hardiesse et résolution, et c'est ainsi, j'en suis convaincu, que nous marcherons vers elle. Mais il est impossible de rejeter le programme minimum, car, premièrement, la république des Soviets n'existe pas encore; deuxièmement, la possibilité de "tentatives de restauration" n'est pas exclue; il faudra d'abord les affronter et les vaincre; troisièmement, il peut apparaître, au cours du passage de l'ordre ancien à l'ordre nouveau, des "types mixtes" provisoires (ainsi que l'a justement indiqué le Rabotchi Pout ces jours derniers), par exemple, la république des Soviets coexistant avec l'Assemblée constituante. Éliminons d'abord tout cela, et c'est alors seulement que nous pourrons rejeter le programme minimum.

Et à la fin il est dit:

Il en va de même dans le domaine économique. Nous sommes tous d'accord que la crainte de marcher au socialisme est une très grande lâcheté, une trahison de la cause du prolétariat. Nous sommes tous d'accord que parmi les premiers pas à faire dans cette voie, les mesures essentielles doivent être des mesures telles que la nationalisation des banques et des cartels. Commençons par prendre ces mesures et d'autres semblables, et nous verrons. Nous y verrons mieux, car l'expérience pratique, mille fois plus précieuse que les meilleurs programmes, aura infiniment élargi notre horizon. Il est possible, il est probable, il est même incontestable qu'ici non plus nous ne pourrons pas éviter les "types mixtes" de transition; par exemple, nous ne pourrons ni nationaliser d'un coup, ni même soumettre à un véritable contrôle ouvrier les petites exploitations qui emploient un ou deux ouvriers salariés. Leur rôle sera insignifiant; elles se trouveront pieds et poings liés par la nationalisation des banques et des trusts, c'est vrai; mais, tant qu'existeront, ne fût-ce que ces petites séquelles des rapports bourgeois, pourquoi rejeter le programme minimum? En tant que marxistes marchant hardiment vers la plus grande révolution du monde et tenant lucidement compte des faits, nous n'avons pas le droit de rejeter le programme minimum.

Si nous le rejetions maintenant, nous montrerions que nous avons perdu la tête avant même d'avoir atteint la victoire. Et nous ne devons perdre la tête ni avant, ni pendant, ni après la victoire; car, en perdant la tête, nous perdrions tout.

Camarades, voilà ce que Lénine a écrit le 6 octobre 1917 dans une situation où il disait: "la dictature prolétarienne, notre victoire, est une affaire de demain, mais nous n'en sommes pas encore là, nous en sommes à aujourd'hui". Et vu à l'échelle du globe, camarades, on peut dire à juste titre: la victoire de la révolution mondiale, ce n'est certainement pas aujourd'hui. Elle ne sera peut-être pas demain, pas demain dans le sens comme cela a été dit en 1917. Vu à l'échelle du globe, on doit dire: ce parcours des circonstances d'aujourd'hui jusqu'à la réalisation de la dictature du prolétariat à l'échelle du globe se mesure en années, peut-être en décennies, en décennies certainement, si nous n'incluons pas seulement les régions de grand capitalisme, mais aussi les régions coloniales, semi-agrariens etc. autour. Pour un tel parcours, qui se trouve devant nous, il faut établir des trajectoires précises et alors je me demande, de quelle sorte peuvent être ces indicateurs de chemin, ces règles de base? L'objection principale de la part du camarade Boukharine consistait en ce qu'il disait que nous ne pouvons pas inclure dans le programme général des revendications concrètes au quotidien, puisque ces revendications concrètes au quotidien ne sont qu'à court terme; elles peuvent se modifier de semaine en semaine, de mois en mois. Et deuxièmement: ces revendications concrètes au quotidien diffèrent beaucoup de pays en pays? Donc nous ne pouvons pas les concilier de manière uniforme. À cela je réponds: nous n'avons pas à introduire, ni dans le programme général, ni dans les programmes nationaux, les revendications concrètes au quotidien jusque dans tous leurs détails, mais nous avons à donner les règles tactiques de base, les principes tactiques de base, les méthodes, pour m'exprimer ainsi, desquelles peuvent être dérivées de façon univoque et sûre toutes ces différentes revendications concrètes.

Et, camarades, il n'existe pas seulement de tels problèmes de la transition qui soient variés selon différents pays et qui soient variés de semaine en semaine et de mois en mois, il existe aussi toute une série de telles questions de la transition, de telles questions de nature générale, qui doivent impérativement être fixés dans un programme communiste. Et je dis, un programme générale de l'Internationale communiste, qui sur ce large parcours présenterait ici une tache blanche, un tel programme général n'a que peu de valeur pratique pour les partis de l'occident. (Très juste! chez les Allemands.) Pour un temps proche, le l'accent principale porte justement sur ce parcours transitoire et son jalonnement. Je voudrais mentionner quelques-unes parmi ces questions concernant la transition, qui à mon avis doivent impérativement avoir leur place dans un tel programme communiste. J'y inclue la question du contrôle de production, la question du capitalisme d'État, des lignes directrices pour une politique de fiscalité et une politique budgétaire des différents partis. (Très juste!) En effet, ces questions se posent tous les jours aux partis, la question concrète change. (Boukharine: Ah!) Oui, mais il faut avoir des lignes directrices, dont peut être dérivé le comportement pratique. Par comparaison prenez le Programme d'Erfurt: Celui-ci contenait des principes pour la politique fiscale, qui naturellement aujourd'hui sont dépassés. Vous ne nierais quand même pas, camarade Boukharine, que les conditions fiscales et budgétaires des différents pays et aussi de l'Allemagne, étaient variées dans les différentes années, et pourtant un tel fil conducteur est important, utile et nécessaire.

Ensuite, camarades, un deuxième point important de la transition est le rapport vis-à-vis de la démocratie bourgeoisie. Je trouve dans le projet de programme du camarade Boukharine une analyse critique excellente avec la démocratie bourgeoise, mais considérez l'Internationale communiste comme un tout, la succession de ses partis, disons en commençant par l'Inde jusqu'en Russie soviétique, est-ce que c'est suffisant pour une Internationale communiste? (Boukharine: Non.) Non, et de loin! Vous devez avoir un fil conducteur. Premièrement pour l'attitude des communistes envers la démocratie dans les conditions où la démocratie bourgeoisie n'existe pas encore, c'est-à-dire nous avons des conditions où il faut encore lutter contre des formes d'état absolutistes et féodales. Deuxièmement vous devez avoir un fil conducteur pour l'attitude des communistes dans une situation, comme en Allemagne vis-à-vis de la question de la république contre des attaques monarchistes. Et troisièmement nous devons avoir un fil conducteur pour l'attitude des communistes dans une situation, comme nous l'avions par exemple en novembre 1918 en Allemagne, où il s'agissait de briser la démocratie et de passer à la dictature. Je dis, toutes ces phases de transition doivent être indiquées dans leurs bases, pas dans leurs détails. Et que cela est possible, le Manifeste communiste de 1848 le prouve. Parcourez ici la dernière section, qui traite des rapports des communistes avec les autres partis, avec la démocratie bourgeoisie, avec la petite bourgeoisie etc.; ici dans peu de phrases succinctes est indiqué l'attitude essentielle, et il doit en être ainsi aussi dans notre programme. Un programme ‑ je me réfère ici à la remarque de la camarade Luxemburg, qui me paraît tout à fait d'actualité ‑ doit donner une façon de manier toutes les phases de transition essentielles. Un programme qui, dans ces phases, nous laisse dépourvus, ou auquel nous pouvons avoir recours dans des situations déterminées et dans d'autres non, a peu de valeur politique.

Et je trouve aussi que le camarade Boukharine n'a pas été conséquent. S'il tire les conséquences de son rejet des revendications de transition, alors il devrait s'activer de façon tout à fait virulente contre le programme bulgare et aussi contre le nôtre, le programme allemand. Il doit encore rattraper cela, tout à fait résolument. [...]

 

 

 

 

 

Notes



[1].       [321ignition] Les annotations sont formulées par nous en tenant compte d'éventuelles notes figurant dans la source.

[2].       Ne disposant pas d'une source en français, nous avons traduit le texte de l'allemand.

[3].       En réalité, ces deux premiers paragraphes proviennent du texte "Réforme sociale ou révolution?" de Rosa Luxemburg (cf.: Sozialreform oder Revolution?, Leipzig, Buchdruckerei und Leipziger Volkszeitung, 1899, p. 54‑55). On peut supposer qu'il s'agit d'une erreur dont la responsabilité incombe à l'éditeur, en tenant compte du fait que le protocole du congrès est basé sur des transcriptions sténographiques. Le fait est que plus loin dans son intervention, Thalheimer mentionne R. Luxemburg expressément (ici) en un sens qui correspond directement au contenu des paragraphes cités.

Le reste des citations provient effectivement de Lénine ("Pour une révision du programme du Parti", Oeuvres, tome 26, Éditions Sociales, Paris, Éditions du Progrès, Moscou, 1967, p. 149181. Cf. le texte .)