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Parti du Travail d'Albanie

La théorie et la pratique de la révolution

 

 

Source:

Éditorial du Zëri i Popullit, organe du Comité central du Parti du Travail d’Albanie, 7 juillet 1977.

Reproduit sous forme de brochure:

Éditions "8 Nëntori", Tirana, 1977.

 

 

 

 

 

 

 

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Textes du PTA ‑ Sommaire

 

 

 

 

 

 

Au 7e Congrès du PTA, le camarade Enver Hoxha, analysant la situation internationale actuelle et les processus révolutionnaires qui s'y développent, a déclaré que "le monde se trouve à une phase où la question de la révolution et de la libération nationale des peuples n'est pas seulement une aspiration et une perspective, mais un problème posé et à résoudre". (E. Hoxha, Rapport au 7e Congrès du PTA, p. 186.)

Cette importante thèse de principe se fonde sur l'analyse léniniste de l'impérialisme, sur la définition donnée par Lénine de l'essence de l'époque historique actuelle, elle s'inspire de la mission historique du prolétariat, qui consiste à se libérer lui-même et à libérer l'humanité de toute exploitation de l'homme par l'homme, du système capitaliste. Elle part d'une analyse marxiste-léniniste concrète des grandes contradictions de notre époque. La thèse du 7e Congrès du Parti est une nouvelle confirmation, dans les conditions actuelles, de la stratégie marxiste-léniniste de la révolution.

I

Dans ses oeuvres géniales sur l'impérialisme, V. I. Lénine a abouti à la conclusion que l'impérialisme est le capitalisme en déclin et en décomposition, qu'il est la phase finale du capitalisme et la veille de la révolution sociale du prolétariat. Analysant les phénomènes qui caractérisent l'impérialisme, il écrivait: "C'est ce qui fait que le capitalisme, au degré actuel de son évolution, devient l'ère de la révolution prolétarienne, socialiste", que "cette ère s'est ouverte", que "les conditions objectives mettent à l'ordre du jour de l'époque que nous vivons la préparation directe du prolétariat, dans tous les domaines, à la conquête du pouvoir politique pour l'application des mesures économiques et politiques qui constituent le fond même de la révolution socialiste". (V. Lénine, Oeuvres, éd. alb., t. 24, p. 506/)

Lénine, dans sa définition de l'époque actuelle, partait d'un critère de classe, il disait qu'il est important d'avoir bien présent à l'esprit "quelle classe se trouve au centre de telle ou telle époque, et détermine son contenu fondamental, l'orientation principale de son développement, les particularités essentielles de son cadre historique, etc.". (V. Lénine, Oeuvres, éd. alb., t. 21, p. 147.) En définissant la nouvelle époque historique dans son contenu fondamental, comme l'époque de l'impérialisme et des révolutions prolétariennes, il restait fidèle de façon conséquente aux enseignements de Marx sur la mission historique du prolétariat, en tant que nouvelle force sociale appelée à renverser par la voie révolutionnaire la société capitaliste d'oppression et d'exploitation, et à construire la société nouvelle, la société communiste, sans classes.

Le "Manifeste du parti communiste" de Marx et Engels et leur appel "Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!" ont été lancés pour annoncer que la contradiction fondamentale de la société humaine était désormais celle entre le travail et le capital, et que le prolétariat était appelé à la résoudre par la révolution. Lénine, dans son analyse de l'impérialisme, montra que les contradictions de la société capitaliste avaient atteint leur paroxysme et que le monde était entré dans l'époque des révolutions prolétariennes et du triomphe du socialisme.

La Grande Révolution socialiste d'Octobre a démontré dans la pratique les conclusions géniales de Marx et de Lénine. Même après la mort de Lénine, le mouvement communiste international s'en est tenu fermement à ses enseignements sur l'époque actuelle, il s'en est tenu à sa stratégie révolutionnaire. Le triomphe de la révolution socialiste dans un certain nombre d'autres pays a confirmé que la thèse léniniste sur l'époque actuelle, en tant qu'époque de passage du capitalisme au socialisme, traduit la loi fondamentale du développement de la société humaine actuelle. L'effondrement du système colonial, la conquête de l'indépendance politique par l'immense majorité des pays d'Asie, d'Afrique, etc., est une nouvelle confirmation de la théorie léniniste sur notre époque et sur la révolution. Le fait qu'en Union soviétique et dans certains pays anciennement socialistes les enseignements du marxisme-léninisme et de la révolution ont été trahis, ne change rien à la thèse léniniste sur le caractère de l'époque actuelle, car cela ne constitue qu'un détour dans la voie de la victoire inévitable du socialisme sur le capitalisme à l'échelle mondiale.

Le Parti du Travail d'Albanie s'en est tenu et s'en tient avec esprit de suite à ces conclusions marxistes-léninistes. Le camarade Enver Hoxha a dit: "Les traits fondamentaux de notre époque, en tant qu'époque de passage du capitalisme au socialisme, de lutte entre deux systèmes sociaux opposés, époque des révolutions prolétariennes et de libération nationale, de l'effondrement de l'impérialisme et de la liquidation du système colonial, époque du triomphe du socialisme et du communisme à l'échelle mondiale, s'approfondissent et deviennent toujours plus apparents." (E. Hoxha, Rapport au 5e Congrès du PTA, p. 5.)

Les marxistes-léninistes ont toujours fondé leur définition de l'époque actuelle et de la stratégie révolutionnaire sur l'analyse des grandes contradictions sociales qui caractérisent cette époque. Quelles sont ces contradictions? Après le triomphe de la révolution socialiste en Russie, Lénine et Staline ont fait état de quatre de ces contradictions: contradictions entre deux systèmes opposes ‑ socialiste et capitaliste; contradictions entre le travail et le capital dans les pays capitalistes; contradictions entre les peuples et nations opprimés et l'impérialisme; contradictions entre les puissances impérialistes. Ce sont ces contradictions qui constituent la base objective du développement des mouvements révolutionnaires actuels, lesquels forment dans leur ensemble le grand processus de la révolution mondiale à notre époque. L'évolution actuelle mondiale atteste, en général, que, depuis l'époque de Lénine, ces contradictions, loin de s'être émoussées et effacées, se sont au contraire exacerbées, et elles ressortent plus nettement que jamais. Aussi la connaissance et l'acceptation de ces contradictions sont-elles à la base de la définition d'une juste stratégie révolutionnaire.

À l'opposé, nier ces contradictions, les dissimuler, méconnaître l'une ou l'autre d'entre elles, déformer leur véritable contenu, comme le font les divers révisionnistes et opportunistes, sont autant d'attitudes qui suscitent la confusion et le désarroi dans le mouvement révolutionnaire, qui servent de base à l'élaboration et à la propagation d'une stratégie et de tactiques fausses, pseudo-révolutionnaires.

II

À l'époque actuelle, on parle beaucoup de la division du monde en ce qu'on appelle “premier monde”, “deuxième monde” et “tiers monde”, “pays non-alignés”, “pays en voie de développement”, “Nord et Sud”, etc. Chaque tenant de ces divisions présente sa “théorie” comme la stratégie la plus juste, qui répond soi-disant aux conditions réelles de la situation internationale actuelle. Ainsi, comme l'a souligné le camarade Enver Hoxha au 7e Congrès, "toutes ces appellations qui se réfèrent aux diverses forces politiques agissant aujourd'hui dans le monde, camouflent et ne font pas ressortir la caractère de classe de ces forces, les contradictions fondamentales de notre époque, le problème clé qui prime aujourd'hui tous les autres à l'échelle nationale et internationale, la lutte implacable que se livrent le monde bourgeois-impérialiste, d'une part, et le socialisme, le prolétariat mondial et ses alliés naturels, d'autre part". (E. Hoxha, Rapport au 7e Congrès du PTA, p. 203.)

Les marxistes-léninistes, quand ils parlent du monde et des divers pays, quand ils leur donnent des appellations, jugent selon les principes du matérialisme dialectique et historique. Ils jugent, en premier lieu, sur l'ordre socio-économique qui existe dans divers pays, ils jugent selon le critère de classe prolétarien. C'est précisément dans cette optique, que V. I. Lénine, en 1921, c'est-à-dire quand il n'existait dans le monde qu'un seul pays socialiste, la Russie soviétique, écrivait: "Actuellement il existe deux mondes: l'ancien, le capitalisme, qui s'est empêtré, qui ne cédera jamais, et le monde nouveau, grandissant, qui est encore très faible, mais qui grandira, car il est invincible." (V. I. Lénine, Oeuvres, éd. alb., t. 33, pp. 153‑154.) De son côté, J. V. Staline aussi, dans son écrit connu "Les deux camps", publié déjà en 1919, soulignait: "Le monde est divisé nettement et définitivement en deux camps: le camp de l'impérialisme et le camp du socialisme [...] La lutte entre ces deux camps constitue l'axe de toute la vie de notre époque, elle caractérise toute la politique actuelle intérieure et extérieure des représentants de l'ancien et du nouveau monde." (J. Staline, Oeuvres, éd. alb., t. 4, p. 226.)

Le point de vue de notre Parti est qu'aujourd'hui aussi il faut parler du monde socialiste comme en parlaient Lénine et Staline, que le critère léniniste reste toujours vrai comme est vrai et vivace le léninisme. L'argument des théoriciens des “trois mondes”, du “monde des non-alignés”, etc., qui ont exclu de leurs schémas l'existence du socialisme, en se fondant sur la restauration du capitalisme en Union soviétique et dans certains autres pays anciennement socialistes, c'est-à-dire sur la rupture du camp socialiste, ne tient pas debout. Cet argument est en opposition totale avec les enseignements léninistes et le critère de classe.

La trahison révisionniste, le retour de l'Union soviétique et d'une série de pays anciennement socialistes au capitalisme, la large propagation du révisionnisme moderne dans le mouvement communiste et ouvrier international et sa division, ont constitué un coup dur pour la cause de la révolution et du socialisme. Mais cela ne veut nullement dire que le socialisme a été liquidé comme système et qu'il convient de modifier le critère sur lequel est fondée la division du monde en deux systèmes opposés, ni que la contradiction entre le socialisme et le capitalisme n'existe plus aujourd'hui. Le socialisme existe et il progresse dans les pays réellement socialistes, qui restent fidèles au marxisme-léninisme, comme l'est la République Populaire Socialiste d'Albanie. Ainsi donc, le système socialiste, en tant que système qui s'oppose au système capitaliste, existe objectivement, de même qu'existent la contradiction et la lutte à mort entre lui et le capitalisme.

La prétendue “théorie des trois mondes”, en ignorant le socialisme en tant que système social, ignore la plus grande victoire historique du prolétariat international, elle ignore la contradiction fondamentale de l'époque, celle entre le socialisme et le capitalisme. Il est clair qu'une telle “théorie” qui écarte le socialisme, est antiléniniste, elle conduit à l'affaiblissement de la dictature du prolétariat dans les pays où se construit le socialisme, alors qu'elle appelle le prolétariat mondial à ne pas combattre, à ne pas se dresser pour la révolution socialiste. Et cela n'a rien de surprenant: l'éloignement par rapport aux critères de classe prolétariens dans l'appréciation des situations, conduit seulement à des conclusions contraires aux intérêts de la révolution et du prolétariat.

Lénine, en grand marxiste conséquent qu'il était, a souvent analysé dans ses oeuvres le monde capitaliste et le rapport des forces en son sein. Il l'a toujours fait en fonction de la révolution, pour définir les tâches qui incombaient au prolétariat, les tâches des partis communistes, les tâches du premier État socialiste à l'égard de la révolution prolétarienne mondiale, pour montrer qui étaient les véritables alliés de la révolution et qui étaient s ennemis.

Dans ses thèses et ses rapports au 2e Congrès de l'Internationale communiste en 1920, Lénine nous donne un brillant exemple à cet égard. "Il faut “démontrer” maintenant, soulignait-il, par l'action pratique des partis révolutionnaires, qu'ils possèdent suffisamment de conscience, d'organisation, de liens avec les masses exploitées, d'esprit de décision et de savoir-faire, pour exploiter cette crise au profit d'une révolution victorieuse. C'est avant tout pour préparer cette “démonstration” que nous sommes réunis en ce congrès de l'Internationale communiste." (V. Lénine, Oeuvres, éd. alb., t. 31., p. 280.)

Quant à la prétendue théorie des “trois mondes”, elle ne fixe aucune tâche pour la révolution, au contraire elle “l'oublie”. La contradiction fondamentale entre le prolétariat et la bourgeoisie dans le schéma des “trois mondes” n'existe pas. En outre, ce qui frappe aussi dans cette division du monde c'est qu'on ne considère pas ce qu'on appelle “le tiers monde” d'un point de vue de classe, qu'on ignore les classes et la lutte de classes, qu'on traite de façon globale les pays concernés par cette théorie, les régimes qui y sont au pouvoir et les diverses forces politiques qui y agissent. On y ignore la contradiction entre les peuples opprimés et les forces réactionnaires et pro-impérialistes de leurs propres pays.

Il est notoire que dans les pays exploités par l'impérialisme, dans les pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine, les peuples épris de liberté mènent une lutte acharnée pour leur libération, leur indépendance et leur souveraineté nationale, contre le colonialisme ancien et nouveau. C'est là une juste lutte révolutionnaire et libératrice, qui jouit du soutien sans réserve des marxistes-leninistes, des pays véritablement socialistes, du prolétariat mondial, de toutes les forces progressistes. Cette lutte est dirigée, comme elle ne peut manquer de l'être, contre plusieurs ennemis: contre les oppresseurs impérialistes et en premier lieu contre les deux superpuissances, les plus grands exploiteurs et gendarmes internationaux, les ennemis les plus dangereux de tous les peuples du monde; contre la bourgeoisie réactionnaire locale qui est liée par mille fils aux impérialistes étrangers, à telle ou telle superpuissance, aux monopoles internationaux et qui est l'ennemi de la liberté et de l'indépendance nationale; contre les survivances prononcées du féodalisme, qui s'appuient sur les impérialistes étrangers et qui s'unissent à la bourgeoisie réactionnaire contre la révolution populaire; contre les régimes réactionnaires et fascistes, représentants et défenseurs du pouvoir de ces trois ennemis.

Aussi est-il absurde de prétendre qu'il faut lutter seulement contre les ennemis extérieurs impérialistes, sans combattre et frapper, dans le même temps, les ennemis intérieurs, alliés et collaborateurs de l'impérialisme, autant de facteurs qui font obstacle à cette lutte. Jusqu'à ce jour, il n'y a jamais eu de lutte de libération, il ne s'est fait aucune révolution nationale-démocratique et anti-impérialiste qui n'ait eu à combattre des ennemis intérieurs, réactionnaires et traîtres, éléments vendus et antinationaux. On ne peut, comme le fait la théorie des "trois mondes", identifier toutes les couches de la bourgeoisie, sans exception, y compris la bourgeoisie compradore, à des forces anti-impérialistes, les tenir pour des facteurs fondamentaux qui font avancer la lutte contre l'impérialisme. S'en tenir à cette “théorie” veut dire détourner le mouvement révolutionnaire de la juste voie, abandonner la révolution à mi-chemin, la dissocier de la révolution prolétarienne dans les autres pays, engager la lutte des peuples et du prolétariat de ces pays dans une voie antimarxiste et révisionniste.

Le marxisme-léninisme nous enseigne que la question nationale doit toujours être considérée en fonction de la question de la révolution. À partir de ce principe, les marxistes-léninistes soutiennent tout mouvement qui s'oppose effectivement à l'impérialisme et qui sert la cause générale de la révolution prolétarienne mondiale. "En tant que communistes, soulignait Lénine, nous ne devrons soutenir et nous ne soutiendrons les mouvements bourgeois de libération des pays coloniaux que dans les cas où ces mouvements seront réellement révolutionnaires, ou leurs représentants ne s'opposeront pas à ce que nous formions et organisions dans un esprit révolutionnaire, la paysannerie et les larges masses d'exploités. Si ces conditions ne sont pas remplies, les communistes doivent dans ces pays lutter contre la bourgeoisie réformiste, à laquelle appartiennent également les héros de la IIe Internationale." (V. Lénine, Oeuvres, éd. alb., t. 31, pp. 266‑267.)

Par contre, les partisans de la thèse du “tiers monde” considèrent comme des mouvements de libération, voire comme une "force principale dans la lutte contre l'impérialisme", jusqu'aux marchandages du roi d'Arabie Saoudite ou du shah d'Iran avec les compagnies américaines de pétrole, ou leurs transactions avec le Pentagone sur des achats d'armes pour des milliards et des milliards de dollars. Selon cette logique, les cheiks du pétrole, qui déposent leurs pétrodollars dans les banques de Wall Street ou de la City, seraient des combattants contre l'impérialisme et des partisans de la lutte populaire dirigée contre la domination impérialiste, et les impérialistes américains, qui vendent des armes aux régimes réactionnaires et oppressifs de ces cheiks, donneraient ces armes aux “forces patriotiques” qui luttent pour chasser les impérialistes des “sables d'or” de l'Arabie et de la Perse!

Les faits démontrent qu'aujourd'hui, même la révolution libératrice anti-impérialiste et démocratique ne peut être développée de façon conséquente et menée jusqu'au bout que si elle est dirigée par le prolétariat avec son parti à sa tête et en alliance avec les larges masses paysannes et les autres forces anti-impérialistes et patriotiques. Dans son livre "Les deux tactiques", Lénine, dès 1905, argumentait de façon approfondie que, dans les conditions de l'impérialisme, les révolutions démocratiques et bourgeoises ont pour particularité que la force la plus intéressée à les faire avancer n'est pas la bourgeoisie, qui hésite et a tendance à s'unir aux forces réactionnaires féodales contre l'élan révolutionnaire des masses, mais bien le prolétariat, qui considère la révolution démocratique-bourgeoise comme une étape intermédiaire de passage à la révolution socialiste. On doit en dire autant des mouvements de libération nationale de notre époque. J. V. Staline soulignait qu'après la Révolution d'Octobre "s'est entamée l'ère des révolutions de libération dans les colonies et les pays dépendants, l'éveil du prolétariat de ces pays, l'ère de son hégémonie dans la révolution". (J. Staline, Oeuvres, éd. alb., t. 10, pp. 237‑238).

Ces enseignements léninistes prennent, dans les conditions actuelles, une valeur particulièrement importante. Aujourd'hui, dans le monde, deux tendances, sur lesquelles Lénine attirait l'attention, se sont accentuées et agissent avec une grande force: d'une part, la tendance des monopoles capitalistes à abolir les frontières nationales et à internationaliser la vie économique et politique, et, d'autre part, la tendance des divers pays à renforcer leur lutte pour leur indépendance nationale. Ainsi, concernant la première tendance, dans beaucoup de pays libérés du colonialisme, les liens de la bourgeoisie locale avec le capital impérialiste étranger sont maintenus, et vont même se renforçant et s'élargissant à travers de multiples formes d'action néocolonialistes comme les compagnies multinationales, les diverses intégrations économiques-financières, etc., etc. Cette bourgeoisie, qui détient des positions clés dans la vie économique et politique du pays et qui va grandissant, est une force pro-impérialiste et hostile au mouvement révolutionnaire de libération.

Quant à la seconde tendance, celle du renforcement de l'indépendance nationale contre l'impérialisme dans les anciennes colonies, elle est liée avant tout et principalement à la croissance du prolétariat dans ces pays. Des conditions toujours plus favorables sont donc créées pour le développement vaste et conséquent des révolutions anti-impérialistes et démocratiques, pour la direction de ces révolutions par le prolétariat et, par suite, pour leur passage à une phase supérieure, qui est la lutte peur le socialisme.

Les marxistes-léninistes ne confondent pas les ardentes aspirations des peuples et du prolétariat des pays du soi-disant “tiers monde” à la libération, à la révolution et au socialisme, avec les objectifs et la politique de la bourgeoisie compradore et oppressive de ces pays. Ils savent bien que dans les pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine, au sein des peuples, il existe des courants progressistes sains, qui, à coup sûr, feront avancer jusqu'à la victoire leur lutte révolutionnaire.

Cependant, considérer globalement le prétendu “tiers monde” comme la force principale dans la lutte contre l'impérialisme et la révolution, ainsi que le font les partisans de la théorie des “trois mondes”, sans faire aucune distinction entre les forces anti-impérialistes et révolutionnaires authentiques et les forces pro-impérialistes, réactionnaires et fascistes qui sont au pouvoir dans un certain nombre de pays en voie de développement, c'est s'éloigner de façon flagrante des enseignements du marxisme-léninisme et prêcher des vues typiquement opportunistes, en suscitant la confusion et le désarroi parmi les forces révolutionnaires. Fondamentalement, suivant la théorie des “trois mondes”, les peuples de ces pays ne devraient pas lutter, par exemple, contre les dictatures sanguinaires fascistes de Geisel au Brésil et de Pinochet au Chili, de Suharto en Indonésie, du Shah d'Iran ou du roi de Jordanie, etc., car ces dictatures-là seraient parties intégrantes de "la force motrice révolutionnaire qui fait avancer la roue de l'histoire universelle". Au contraire, selon cette théorie, les peuples et les révolutionnaires devraient s'unir aux forces et aux régimes réactionnaires du “tiers monde” et les soutenir, en d'autres termes, renoncer â la révolution.

L'impérialisme américain, les autres États capitalistes et le social-impérialisme soviétique ont attaché à leur char par mille fils les classes dominantes dans les pays du soi-disant “tiers monde”. Ces classes, étant naturellement dépendantes des monopoles étrangers, et voulant prolonger leur domination sur les larges masses travailleuses de leurs peuples, cherchent à donner l'impression qu'elles constituent un bloc démocratique d'États indépendants, qui s'est fixé pour but de faire pression sur l'impérialisme américain et le social-impérialisme soviétique et de soi-disant empêcher leur ingérence dans leurs affaires intérieures.

Lénine indiquait aux partis communistes "la nécessité d'expliquer et de dénoncer inlassablement aux larges masses laborieuses de tous les pays et plus particulièrement des pays arriérés, la duperie pratiquée systématiquement par les puissances impérialistes, qui, sous le couvert de la création d'États politiquement indépendants, créent en fait des États entièrement sous leur dépendance dans les domaines économique, financier et militaire". (V. Lénine, Oeuvres, éd. alb., t. 31, p. 159.)

Le Parti du Travail d'Albanie s'en est tenu et s'en tient fidèlement à ces principes immortels de Lénine.

"Dans leur appréciation de la politique suivie par les divers gouvernements et États, ‑ a indiqué le camarade Enver Hoxha au 7e Congrès du PTA ‑ les marxistes ont également pour critère leur caractère de classe, les attitudes que ces gouvernements et ces États observent à l'égard de l'impérialisme et du socialisme, à l'égard de leur peuple et de la réaction. C'est sur la base de ces enseignements que le mouvement révolutionnaire et le prolétariat édifient leur stratégie et leur tactique, qu'ils trouvent leurs véritables alliés dans la lutte contre l'impérialisme, la bourgeoisie et la réaction et s'unissent à eux. Les appellations de “tiers monde”, de “pays non-alignés” ou “en voie de développement” suscitent l'illusion dans de larges masses qui luttent pour la libération nationale et sociale, qu'elles pourraient trouver là comme un abri contre la menace des superpuissances. Mais ces appellations cachent la situation réelle de la majorité de ces pays, qui, d'une manière ou d'une autre, ont des liens de dépendance politiques, idéologiques et économiques, tant avec les superpuissances qu'avec les anciennes métropoles coloniales." (E. Hoxha, Rapport au 7e Congrès du PTA, p. 204.)

Les théories actuelles sur les prétendus “tiers monde”, “pays non-alignés”, etc., visent à freiner la révolution et à défendre le capitalisme, en sorte qu'il ne soit pas entravé dans l'exercice de son hégémonie, et qu'il puisse pratiquer certaines formes de domination un peu plus acceptables pour les peuples. Le prétendu “tiers monde” et le “monde des non-alignés”, indépendamment de leurs appellations différentes, se ressemblent comme deux gouttes d'eau, ils se guident sur la même politique et la même idéologie, ces deux groupes s'entremêlent au point qu'il est difficile de distinguer quels pays font partie du “tiers monde” et ce qui les distingue des “non alignés”, et quels pays font partie des “non alignés”, et ce qui les distingue de ceux du “tiers monde”.

On s'évertue aussi à créer un autre groupement, celui des pays appelés “en voie de développement”, parmi lesquels on range, en les mettant dans le même sac, les pays du “tiers monde” et les “non alignés”. Les auteurs de cette théorie, eux aussi, camouflent les contradictions de classe, ils prônent le maintien du statu quo, pour que l'impérialisme, le social-impérialisme et les autres puissances impérialistes ne subissent aucune atteinte, à condition de donner leur aumône aux “pays en voie de développement” pour la mise sur pied de leur économie. Selon eux, les grandes puissances devraient consentir certains “sacrifices”, accorder une aide aux affamés, afin que ceux-ci puissent vivre tant bien que mal et ne relèvent pas la tête. Ainsi trouvera-t-on, disent-ils, une voie intermédiaire, on instaurera un “ordre international nouveau”, dans lequel tous, riches et pauvres, exploiteurs et exploités, vivront “sans guerres”, “sans armements”, “en unité”, “dans la paix de classe”, dans la coexistence à la Khrouchtchev.

Précisément parce que ces trois “inventions” ont le même contenu et répondent aux mêmes desseins, les “leaderships” des “pays non-alignés”, du “tiers monde” et du “monde des pays en voie de développement” sont, comme on le constate, en parfaite harmonie entre eux. Tous ensemble, avec leurs théories et leurs thèses, ils dupent les masses, le prolétariat, les peuples, pour les détourner de la lutte révolutionnaire.

La théorie des “trois mondes”, non seulement ne tient pas compte de la contradiction entre les deux systèmes sociaux opposés, le socialisme et le capitalisme, ni de la grande contradiction entre le travail et le capital, mais elle n'analyse pas non plus l'autre grande contradiction, celle entre les peuples opprimés et l'impérialisme mondial, qu'elle réduit à la seule contradiction avec les deux superpuissances, voire même principalement avec une seule d'entre elles. Cette “théorie” ignore totalement la contradiction entre les nations et peuples opprimés, et les autres puissances impérialistes. De plus, les tenants de la théorie des “trois mondes” appellent à l'alliance du “tiers monde” avec ces pays impérialistes et avec l'impérialisme américain contre le social-impérialisme soviétique.

Un des arguments employés pour justifier la division du monde en trois c'est soi-disant qu'à l'époque actuelle le camp impérialiste qui existait après la Seconde Guerre mondiale, et où l'impérialisme américain dominait sans partage, s'est désagrégé et a cessé d'exister par suite du développement inégal des divers impérialismes. Les tenants de cette “théorie” prétendent qu'aujourd'hui on ne peut parler d'un seul monde impérialiste, car, d'une part, les pays impérialistes occidentaux se sont dressés contre la domination américaine et, d'autre part, on assiste à une rivalité acharnée et toujours croissante entre les deux superpuissances impérialistes ‑ les États-Unis et l'Union soviétique.

Déjà au stade de l'impérialisme, par suite du développement inégal des divers pays capitalistes, les contradictions interimpérialistes existent et s'approfondissent, des alliances, des blocs et des groupes interimpérialistes se forment et se rompent selon les circonstances et les conjonctures, c'est là l'abc du marxisme-léninisme. Ce phénomène typique de l'impérialisme, qui témoigne que celui-ci, en tant que dernier stade du capitalisme, va chaque jour davantage vers sa putréfaction, Lénine l'a défini comme une loi objective en l'étayant largement d'arguments. Mais cela veut-il dire que, comme résultat des contradictions, le monde impérialiste a cessé d'exister en tant que système social, qu'il s'est divisé en plusieurs mondes, et que la nature sociale-économique de tel ou tel impérialisme a changé? En aucune manière. Les faits actuels témoignent non pas de la décomposition du monde impérialiste, mais de l'existence d'un seul système impérialiste mondial, caractérisé aujourd'hui par deux grands blocs impérialistes: d'une part, le bloc impérialiste occidental, avec à sa tête l'impérialisme américain, et dont les instruments sont des organismes interimpérialistes comme l'OTAN, le Marché commun européen, etc., et, d'autre part, le bloc de l'Est, dominé par les sociaux-impérialistes soviétiques, dont les instruments de la politique expansionniste, hégémoniste et belliciste sont entre autres, le Traité de Varsovie et le Comecon.

Dans le schéma des “trois mondes”, le prétendu "deuxième monde" comprend des pays impérialistes, capitalistes et révisionnistes, qui, du point de vue de l'ordre social, ne présentent aucune différence essentielle ni avec les deux superpuissances, ni avec divers pays classés dans le “tiers monde”. Il est vrai que certaines contradictions opposent les pays de ce “monde” aux deux superpuissances, mais il s'agit de contradictions de caractère interimpérialiste, comme le sont les contradictions entre les deux superpuissances elles-mêmes. En premier lieu, ce sont des contradictions sur des marchés, des sphères d'influence, des zones d'exportation de capitaux et d'exploitation des richesses d'autres pays, entre, d'une part, des impérialismes comme l'ouest-allemand, le japonais, l'anglais, le français, le canadien, etc., et, d'autre part, l'une ou l'autre des deux superpuissances, ainsi qu'entre ces impérialismes eux-mêmes.

Assurément, ces contradictions affaiblissent le système impérialiste mondial et elles sont dans l'intérêt de la lutte du prolétariat et des peuples. Mais il est antimarxiste d'identifier les contradictions entre les diverses puissances impérialistes et les deux superpuissances avec la lutte des masses travailleuses et des peuples contre l'impérialisme, pour sa destruction.

En aucune manière il ne peut arriver que les pays de ce qu'on appelle “le deuxième monde”, c'est-à-dire la grande bourgeoisie monopoliste qui y domine, deviennent les alliés des peuples et ces nations opprimés dans leur lutte contre les deux superpuissances et l'impérialisme mondial. L'histoire d'après la Seconde Guerre mondiale atteste clairement que ces pays ont appuyé et qu'ils appuient la politique et les actions agressives de l'impérialisme américain, que ce soit en Corée ou au Vietnam, au Proche-Orient ou en Afrique, etc. Ce sont d'ardents défenseurs du néo-colonialisme et de l'ancien ordre de l'inégalité dans les relations économiques internationales. Les alliés du social-impérialisme soviétique dans le “deuxième monde” ont participé à ses cotes à l'invasion de la Tchécoslovaquie et ils soutiennent avec zèle sa politique expansionniste de pillage dans les diverses zones du monde. Les pays de ce qu'on appelle le “deuxième monde” sont le principal appui économique et militaire des alliances agressives et expansionnistes des deux superpuissances.

Les tenants de la théorie des “trois mondes” prétendent qu'elle offre de larges possibilités de mettre à profit les contradictions interimpérialistes. Certes, les contradictions dans le camp ennemi doivent être mises à profit, mais de quelle manière et à quelles fins? Ce qui est conforme aux principes c'est d'en tirer parti dans l'intérêt de la révolution, dans l'intérêt des peuples et de leur liberté, dans l'intérêt de la cause du socialisme. Ce qui est conforme aux principes c'est que la mise à profit des contradictions dans les rangs des ennemis conduise à la croissance et au renforcement du mouvement révolutionnaire et de libération et non pas à son affaiblissement et à son étiolement; qu'elle conduise à une mobilisation toujours plus active des forces révolutionnaires dans la lutte contre les ennemis, et surtout contre les principaux d'entre eux, sans permettre la création d'aucune sorte d'illusions à leur égard parmi les peuples.

Porter à l'absolu les contradictions interimpérialistes et sous-estimer la contradiction fondamentale, celle entre la révolution et la contre-révolution, centrer toute sa stratégie seulement sur la mise à profit des contradictions dans le camp ennemi et oublier l'essentiel - la montée de l'esprit révolutionnaire et le développement du mouvement révolutionnaire des travailleurs et des peuples, renoncer à préparer la révolution, tout cela est en opposition complète avec les enseignements du marxisme-léninisme. Il est antimarxiste, sous prétexte que l'on veut exploiter les contradictions, de prôner l'union avec les impérialismes soi-disant les plus faibles pour s'opposer au plus fort, de prendre fait et cause pour la bourgeoisie d'un pays pour s'opposer à celle d'un autre pays. Lénine soulignait que s'il faut mettre à profit les contradictions dans les rangs des ennemis, il faut le faire pour élever et non pas pour abaisser le niveau général de la conscience prolétarienne, de l'esprit révolutionnaire, de l'aptitude des masses à la lutte et à la victoire. (Voir Lénine, Oeuvres, éd. alb., t. 21, pp. 69‑70.)

Le Parti du Travail d'Albanie s'en est tenu et il s'en tient constamment avec esprit de suite à ces immortels enseignements léninistes. "En ces moments de grande crise de l'impérialisme et du révisionnisme moderne, ‑ a dit le camarade Enver Hoxha, ‑ nous devons intensifier notre lutte contre eux, mettre à profit comme il se doit et correctement en notre faveur, en faveur des États socialistes et des peuples qui se dressent pour la révolution, les profondes contradictions entre les ennemis, les démasquer sans répit et ne pas nous estimer satisfaits de ces prétendues concessions ou gestes de modération que les impérialistes et les révisionnistes sont contraints de faire par la force des choses, jusqu'à ce que le danger soit passé, pour tenter ensuite de prendre leur revanche. Voilà pourquoi ne laissons jamais nos armes se refroidir et frappons l'ennemi sans répit." (E. Hoxha, Rapports et discours, 1970‑71, pp. 460‑461.)

En cherchant à faire passer le prétendu “deuxième monde”, constitué pour la majeure partie de pays capitalistes et néo-colonialistes qui forment la principale base d'appui des deux superpuissances, pour un allié du “tiers monde” dans la prétendue lutte contre l'impérialisme américain et le social-impérialisme soviétique, la théorie des “trois mondes” dévoile clairement son caractère antirévolutionnaire et pseudo-anti-impérialiste.

C'est là une “théorie” antirévolutionnaire car on prône au prolétariat européen, japonais, canadien, etc., qui a pour devoir de combattre la bourgeoisie monopoliste et le système d'exploitation au pouvoir dans les pays du “deuxième monde”, la paix sociale, la collaboration avec la bourgeoisie, par conséquent, l'abandon de la révolution, car, soi-disant, l'exigent les intérêts de la défense de l'indépendance nationale et la lutte contre le social-impérialisme soviétique en particulier.

C'est là aussi une théorie pseudo-anti-impérialiste, car elle justifie et elle appuie la politique néo-colonialiste et exploiteuse des puissances impérialistes du “deuxième monde” et, soi-disant au nom de la lutte contre les superpuissances, elle appelle les peuples d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine à ne pas s'opposer à cette politique. Ainsi, en fait, est affaiblie et sabotée la lutte anti-impérialiste et anti-social-impérialiste, aussi bien des peuples de ce qu'on appelle le “tiers monde” que de ceux du prétendu “deuxième monde”.

III

La stratégie révolutionnaire est celle qui est centrée sur la révolution. "La stratégie et la tactique du léninisme, ‑ écrivait Staline, ‑ est la science de la direction de la lutte révolutionnaire du prolétariat." (J. Staline, Oeuvres, éd. alb., t. 6, p. 155.)

La stratégie léniniste considère la révolution prolétarienne mondiale comme un processus unique, composé de plusieurs grands courants révolutionnaires de notre époque, un processus dont l'élément fondamental est le prolétariat international.

Ce processus révolutionnaire se développe sans arrêt dans les pays qui avancent dans la voie du socialisme authentique, en tant que lutte inconciliable et acharnée entre deux voies ‑ la voie socialiste et la voie capitaliste, pour assurer la victoire complète et définitive de la première sur la seconde, pour barrer la route à tout danger de retour en arrière par la violence contre-révolutionnaire et l'agression impérialiste, ou par la dégénérescence pacifique bourgeoise-révisionniste. Les révolutionnaires et les peuples du monde entier suivent avec le plus vif intérêt cette lutte, en la considérant comme une question vitale pour la cause de la révolution et du socialisme dans le monde entier. Ils donnent aux pays socialistes leur soutien et leur appui sans réserve contre toute tentative de l'impérialisme envers ces pays socialistes, car ils voient en eux une base et un centre puissants de la révolution, ils voient en eux la réalisation dans la pratique des idéaux pour lesquels ils combattent eux-mêmes. Les idées de Lénine sur la nécessité et l'importance primordiale de l'appui et du soutien du prolétariat international à prêter au pays où la révolution socialiste a triomphé, sont immortelles. Mais cela sous-entend qu'il s'agit toujours d'un pays socialiste authentique qui applique avec la plus grande rigueur les enseignements révolutionnaires du marxisme-léninisme et s'en tient de façon conséquente à l'internationalisme prolétarien. Par contre s'il se transforme en pays capitaliste, en ne gardant qu un masque “socialiste” trompeur, alors un tel pays ne doit pas être appuyé.

Les révolutionnaires et les peuples sont conscients que les succès des pays socialistes et leur lutte frappent et affaiblissent l'impérialisme, la bourgeoisie et la réaction internationale, qu'ils constituent un soutien et un appui directs à la lutte révolutionnaire et de libération des travailleurs et des peuples.

Lénine et Staline ont toujours considéré que le prolétariat d'un pays socialiste a pour devoir révolutionnaire non seulement de faire tous les efforts pour développer le socialisme dans son pays, mais encore de soutenir sous tous les aspects le mouvement révolutionnaire et de libération dans les autres pays. "Lénine n'a jamais considéré la République des Soviets comme un but en soi ‑ écrivait Staline. Il la considérait toujours comme un maillon indispensable pour le renforcement du mouvement révolutionnaire dans les pays de l'Occident et de l'Est, comme un maillon indispensable pour faciliter la victoire des travailleurs du monde entier sur le capital. Lénine savait que c'était là la seule conception juste non seulement du point de vue international mais encore du point de vue de la sauvegarde de la République des Soviets elle-même." (J. Staline, Oeuvres, éd. alb., t. 6, p. 52.) C'est justement pour ces raisons qu'un pays socialiste authentique ne peut s'intégrer soi-même dans des groupements comme le prétendu “tiers monde” ou les soi-disant “pays non-alignés”, où toutes les frontières de classes ont été abolies et qui ne servent qu'à détourner les peuples de la voie de la lutte contre l'impérialisme et de la révolution.

Seules les forces révolutionnaires, éprises de liberté et progressistes, le mouvement révolutionnaire de la classe ouvrière et le mouvement anti-impérialiste des peuples et des nations opprimés peuvent être des alliés véritables et sûrs des pays socialistes. C'est pourquoi, prôner la division en “trois mondes”, ignorer les contradictions fondamentales de notre époque, appeler le prolétariat à s'allier à la bourgeoisie monopoliste, et les peuples opprimés à s'allier aux puissances impérialistes de ce qu'on appelle “le deuxième monde”, ne profite ni au prolétariat international, ni aux peuples, ni aux pays socialistes, c'est une attitude anti-léniniste. J. V. Staline soulignait: "Je ne peux pas imaginer un cas où les intérêts de notre République soviétique exigent de nos partis frères des déviations vers la droite [...] je ne peux pas imaginer que les intérêts de notre République, qui est la base du mouvement prolétarien révolutionnaire dans le monde entier, puissent ne pas exiger le maximum de révolutionnisme et d'activité politique des ouvriers d'Occident, mais la diminution de cette activité, l'extinction du révolutionnisme." (J. Staline, Oeuvres, éd. alb., t. 8, p. 111.)

Dans les métropoles capitalistes, le processus de la révolution prolétarienne mondiale prend corps aujourd'hui dans les luttes de classe toujours croissantes du prolétariat et des autres couches travailleuses et progressistes contre l'exploitation et l'oppression bourgeoises, contre les tentatives de la bourgeoisie pour faire retomber le fardeau de la crise actuelle du système capitaliste mondial sur le dos des travailleurs, contre la résurrection du fascisme sous telle ou telle forme, etc. Les larges masses de travailleurs, avec le prolétariat à leur tête, prennent et prendront chaque jour plus conscience du fait que la révolution socialiste et l'instauration de la dictature du prolétariat sont l'unique voie pour échapper aux crises et aux autres plaies du capitalisme, à l'exploitation bourgeoise, à la violence fasciste et aux luttes impérialistes. La vie et les faits démontrent que ni la bourgeoisie ni ses laquais déclarés ou masqués, depuis les sociaux-démocrates jusqu'aux révisionnistes modernes, ne peuvent arrêter la montée de la lutte révolutionnaire des masses. "La lutte actuelle du prolétariat mondial, ‑ a souligné le camarade Enver Hoxha au 7e Congrès du PTA, ‑ confirme encore la thèse fondamentale du marxisme-léninisme selon laquelle dans le monde bourgeois et révisionniste la classe ouvrière et sa lutte révolutionnaire ne peuvent être défaites ni par la violence, ni par la démagogie." (E. Hoxha, Rapport au 7e Congrès du PTA, pp. 186‑187.)

Dans les pays capitalistes développés, les conditions objectives deviennent chaque jour plus favorables à la révolution. La révolution prolétarienne y est un problème posé et à résoudre. À juste titre, les partis marxistes-léninistes, qui ont pris en main le drapeau de la révolution, trahi et abandonné par les révisionnistes, se sont fixé pour tâche de préparer le prolétariat et ses alliés pour les batailles révolutionnaires, pour le renversement de l'ordre bourgeois, et ils se sont astreints à un travail sérieux pour y parvenir. Cette lutte révolutionnaire, qui frappe le système capitaliste et impérialiste mondial dans ses bastions principaux, jouit et doit jouir du plein appui des pays socialistes authentiques et des peuples révolutionnaires et épris de liberté dans le monde entier. Or, aujourd'hui les révisionnistes modernes, les partisans de la théorie des “trois mondes” et les théoriciens du “non-alignement”, en gardant le silence sur la révolution et sa préparation, cherchent en fait à la saboter et à maintenir le statu quo de l'ordre capitaliste.

Tentant de détourner de la révolution l'attention du prolétariat, les auteurs de la théorie des “trois mondes” prônent que, dans le monde actuel, c'est la question de la sauvegarde de l'indépendance nationale contre le danger d'agression de la part des superpuissances, en particulier du social-impérialisme soviétique, considéré par eux comme l'ennemi principal, qui a émergé au premier plan. Définir quel est l'ennemi principal à l'échelle internationale à un moment donné revêt une grande importance pour le mouvement révolutionnaire. Considérant le cours des événements, et à la lumière d'une analyse de classe de la situation actuelle, notre Parti souligne que l'impérialisme américain et le social-impérialisme soviétique, ces deux superpuissances, sont aujourd'hui "les principaux et les plus dangereux ennemis des peuples", et qu'à ce titre "ils présentent le même danger". (Enver Hoxha, Rapport au 7e Congrès du PTA, p. 219.)

Le social-impérialisme soviétique est un impérialisme farouche, agressif, assoiffé d'expansion, qui suit une politique typiquement colonialiste et néo-colonialiste, qui s'appuie sur la force du capital et des armes. Ce nouvel impérialisme, en rivalité avec l'impérialisme américain, lutte pour s'assurer des positions stratégiques et pour planter ses griffes dans toutes les zones et tous les continents. Il se signale comme sapeur-pompier de la révolution et par son action de répression de la lutte de libération des peuples. Mais cela ne signifie pas que l'autre ennemi des peuples du monde entier, l'impérialisme américain, soit moins dangereux, contrairement à ce que prétendent les tenants de la théorie des “trois mondes”. Ceux-ci, déformant la vérité et trompant les peuples, soutiennent que l'impérialisme américain aurait cessé d'être belliciste, qu'il est soi-disant affaibli, en déclin, qu'il est un peu comme “une souris apeurée”, bref que l'impérialisme américain serait devenu pacifique. On va même jusqu'à justifier la présence militaire américaine dans divers pays, en Allemagne, en Belgique ou en Italie, au Japon ou ailleurs, en la tenant pour un facteur de défense. De pareilles vues sont très dangereuses pour la liberté des peuples, pour les destinées de la révolution. Ces thèses suscitent des illusions sur la nature agressive hégémonique et expansionniste aussi bien de l'impérialisme américain que de l'impérialisme soviétique.

La tâche qui se pose au prolétariat et à la révolution prolétarienne c'est de renverser tout impérialisme et, particulièrement, les deux superpuissances impérialistes. Tout impérialisme est toujours, de par sa nature, l'ennemi farouche de la révolution prolétarienne, c'est pourquoi toute différenciation des impérialismes quant au danger qu'ils présentent du point de vue stratégique de la révolution mondiale, est erronée. La pratique a démontré que les deux superpuissances sont, dans la même mesure et au même degré, l'ennemi principal du socialisme, de la liberté et de l'indépendance des nations, la plus grande force de défense des systèmes exploiteurs, un danger direct pour l'humanité de se voir jeter dans une troisième guerre mondiale. Ignorer cette grande vérité, sous-estimer le danger que représente l'une ou l'autre superpuissance et, qui pis est, appeler à s'unir à une superpuissance contre l'autre, serait lourd de conséquences désastreuses et de grands dangers pour l'avenir de la révolution et de la liberté des peuples.

Assurément, il peut arriver et il arrive qu'un pays ou un autre soit opprimé ou menacé directement par l'une des superpuissances, mais cela, en aucune manière et en aucun cas, ne signifie que l'autre superpuissance ne constitue pas un danger pour ce pays, et encore moins que l'autre superpuissance en soit devenue l'amie. Le principe selon lequel “les ennemis de mes ennemis sont mes amis” est inapplicable quand il s'agit des deux superpuissances impérialistes, de l'Union soviétique et des États-Unis d'Amérique. Ces deux superpuissances combattent par tous les moyens la révolution et le socialisme, elles mettent tout en oeuvre pour saboter et noyer dans le sang la révolution et le socialisme. Les deux superpuissances luttent pour étendre leur domination et leur exploitation sur divers peuples et divers pays. L'expérience montre qu'elles attaquent furieusement tantôt dans une zone tantôt dans une autre pour étendre leurs griffes sanglantes sur les peuples, qu'elles se battent rageusement pour se supplanter. À peine le peuple d'un pays parvient-il à secouer le joug d'une des deux superpuissances, que l'autre vient la remplacer aussitôt. Le Proche-Orient et l'Afrique fournissent à cet égard de probants témoignages.

L'autre grand courant de la révolution mondiale à notre époque est le mouvement de libération nationale des peuples, dirigé contre l'impérialisme, le néo-colonialisme et les survivances coloniales. Les marxistes-léninistes, le prolétariat mondial, sont pleinement solidaires du mouvement de libération nationale des peuples et ils lui accordent tout leur appui, en le considérant comme un facteur extrêmement important et irremplaçable du développement du processus révolutionnaire mondial. Le Parti du Travail d'Albanie a été et est toujours aux côtés des peuples qui luttent pour la liberté et l'indépendance nationale. "Nous sommes pour l'unité du prolétariat mondial et de toutes les véritables forces anti-impérialistes et éprises de progrès, qui anéantiront par leur lutte les plans agressifs des bellicistes impérialistes et sociaux-impérialistes. Le Parti du Travail d'Albanie et le peuple albanais, conséquents dans leur ligne marxiste-léniniste [...] à l'avenir également ne ménageront pas leurs forces et combattront côte à côte avec tous les autres peuples anti-impérialistes, anti-sociaux-impérialistes, avec tous les partis marxistes-léninistes, tous les révolutionnaires et le prolétariat mondial, et avec tous les hommes progressistes, pour faire échouer les plans et les manoeuvres des ennemis et faire triompher la cause de la liberté et de la sécurité des peuples. Notre pays se trouvera en toute circonstance aux côtés de tous les peuples, dont la liberté et l'indépendance sont menacées, et les droits foulés aux pieds." (E. Hoxha, Rapport au 7e Congrès du PTA, p. 228.) Cette ferme prise de position, le camarade Enver Hoxha, au nom du Parti et de l'État albanais, l'a exprimée encore dans son discours à l'Assemblée populaire à l'occasion de l'approbation de notre nouvelle Constitution. "La plupart des peuples du monde, ‑ a-t-il déclaré ‑, font aujourd'hui de gros efforts pour s'opposer par la force aux lois coloniales et à la domination néo-colonialiste, aux règles, aux pratiques, aux coutumes, aux accords inégaux, anciens et nouveaux, établis par la bourgeoisie, pour maintenir l'exploitation des peuples, les odieuses distinctions et discriminations dans les relations internationales [...] Les peuples progressistes et les États démocratiques qui ne pactisent pas avec cet état de choses et qui luttent pour l'établissement de leur souveraineté nationale sur leurs richesses, qui luttent pour le renforcement de leur indépendance politique et économique, pour l'égalité et la justice dans les relations internationales, jouissent de la solidarité et du soutien total du peuple et de l'État albanais." (Discours devant l'Assemblée populaire, 27 décembre 1976.)

Les marxistes-léninistes, depuis l'époque de Lénine, ont toujours considéré la lutte de libération nationale des nations et des peuples opprimés par l'impérialisme comme une alliée puissante et une grande réserve de la révolution mondiale du prolétariat.

Dans les pays qui ont conquis entièrement ou partiellement leur indépendance politique, la révolution se trouve à des étapes différentes de développement et elle n'est pas confrontée aux mêmes tâches. Il existe parmi eux des pays au seuil de la révolution prolétarienne, cependant que dans beaucoup d'autres les tâches à l'ordre du jour sont celles de la révolution nationale-démocratique anti-impérialiste. Mais, dans tous les cas, du moment qu'elle est dirigée aussi contre la bourgeoisie internationale, contre l'impérialisme, cette révolution est une alliée et une réserve de la révolution mondiale prolétarienne.

Cependant, cela signifie-t-il que ces pays doivent en rester à la phase nationale-démocratique de la révolution et que les révolutionnaires ne doivent pas parler de la révolution socialiste et s'y préparer, de peur de brûler les étapes et de se voir traités de blanquistes?! Lénine a parlé de la nécessité de la transformation de la révolution démocratique bourgeoise en révolution socialiste dans les pays coloniaux dès l'époque où les révolutions démocratiques bourgeoises dans ces pays n'étaient encore que dans l'embryon. Marx et Engels, tout en critiquant le blanquisme, n'ont jugé prématurées ni la Révolution de 1948 ni la Commune de Paris. Le marxisme-léninisme ne confond nullement l'impatience petite-bourgeoise, qui conduit à brûler les étapes, avec la nécessité du développement ininterrompu de la révolution.

Lénine soulignait qu'il faut faire avancer la révolution dans les pays coloniaux et dépendants. Depuis l'époque de Lénine, il s'est produit, dans ces pays, de grandes transformations que son génie avait prévues et qu'il traite dans ses thèses sur le processus révolutionnaire mondial. L'accomplissement de la révolution prolétarienne est une loi générale et la tendance essentielle de notre époque. Tous les pays, y compris même l'Indonésie et le Chili, le Brésil et le Zaïre, etc., doivent y arriver, indépendamment des étapes à travers lesquelles ils y parviendront. Ne pas tenir compte de cet objectif, prôner le maintien du statut quo et théoriser sur la nécessité de "ne pas brûler les étapes", oublier la lutte contre Suharto et Pinochet, Geisel et Mobutu, signifie n'être ni pour la lutte de libération nationale ni pour la révolution nationale-démocratique.

L'Europe aussi doit arriver et elle arrivera à la révolution prolétarienne. Qui oublie cette perspective, qui ne se prépare pas à cette fin, mais prêche que la révolution s'est maintenant déplacée en Asie et en Afrique et que le prolétariat européen doit s'unir à sa bourgeoisie “bienveillante et sensée” sous prétexte de défendre l'indépendance nationale, celui-là se tient sur des positions anti-léninistes et n'est ni pour la défense de la patrie ni pour la liberté de la nation. Qui oublie qu'il faut combattre aussi bien le Pacte de Varsovie que l'OTAN, qu'il faut combattre aussi bien le Comecon que le Marché commun, celui-là se rallie à eux et devient leur esclave.

Dans le Manifeste du Parti communiste, Marx et Engels ont écrit: "Un spectre hante l'Europe: le spectre du communisme. Toutes les puissances de la vieille Europe se sont unies en une sainte-alliance pour traquer ce spectre." Cette constatation de Marx et d'Engels est actuelle encore de nos jours. La défaite temporaire qu'a subie la révolution en raison de la trahison révisionniste, pas plus que le potentiel économique et la puissance militaire écrasante que l'impérialisme et le social-impérialisme opposent au mouvement révolutionnaire et aux idées du communisme, n'ont pu ni ne pourront jamais modifier le cours de l'histoire, ni vaincre la grande force du marxisme-léninisme.

Le marxisme-léninisme est l'idéologie révolutionnaire qui a pénétré profondément dans la conscience du prolétariat et elle exerce une influence toujours plus grande sur les larges masses des peuples qui demandent leur libération. L'influence de cette théorie est si forte, que les idéologues bourgeois ont toujours été contraints de faire les comptes avec elle et ils n'ont jamais cessé leurs efforts pour rechercher des formes et des manières de déformer le marxisme-léninisme, pour saper la révolution.

Les théories actuelles anti-léninistes des “trois mondes”, du “non alignement”, etc., ont également pour but de miner la révolution, d'éteindre la lutte contre l'impérialisme, américain en particulier, de diviser le mouvement marxiste-léniniste, l'unité du prolétariat qu'ont prônée Marx et Lénine, de créer toutes sortes de groupes d'éléments antimarxistes, pour combattre les véritables partis marxistes-léninistes, qui restent fidèles au marxisme-léninisme, à la révolution.

Les tentatives d'analyser les situations d'une façon soi-disant nouvelle, différente de celle de Lénine et de Staline, de modifier la stratégie révolutionnaire à laquelle s'en est toujours tenu le mouvement communiste marxiste-léniniste, conduisent à une fausse voie antimarxiste, à l'abandon de la lutte contre l'impérialisme et le révisionnisme. La fidélité au marxisme-léninisme, à la stratégie révolutionnaire du mouvement marxiste-léniniste, la lutte contre toutes les déviations opportunistes que répandent les révisionnistes modernes de diverses couleurs, la mobilisation révolutionnaire de la classe ouvrière et des peuples contre la bourgeoisie et l'impérialisme, la préparation sérieuse pour la révolution, sont la seule voie juste, la seule voie qui conduit à la victoire.