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J. B. :
"Panislamisme et impérialisme"
(1931)

 

 

Le texte ci-dessous est reproduit d'après un dossier sur la Troisième Internationale, la Palestine et le Parti communiste de Palestine, publié par le CEMOPI.

 

 

 

 

 

 

Bulletin international
n° 55‑58, juillet-octobre 1982
édité par le CEMOPI
(Centre d'étude sur le mouvement ouvrier et paysan international),
France

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La Troisième Internationale, la Palestine et le Parti communiste de Palestine,
1920‑1932 - Sommaire

 

 

 

 

 

 

 

J. B. (Jérusalem)
Panislamisme et impérialisme[1]

Le congrès islamique de Jérusalem devait consolider les forces réactionnaires de l'Islam pour mieux tromper les masses musulmanes et appuyer l'impérialisme. Telle fut du moins l'intention de l'impérialisme britannique et de son India Office qui s'était proposé d'exploiter le fanatisme musulman dans l'intérêt de la politique de la Grande-Bretagne. Ce fut aussi l'intention des chefs réactionnaires des Musulmans des Indes et de Chaukat Ali en premier qui fut d'ailleurs l'initiateur et l'organisateur du congrès, aidé en cela par le Mufti de Jérusalem et par une série de chefs musulmans des pays arabes.

Les débats du congrès ainsi que ses résultats montrent pourtant que les intentions impérialistes n'ont pas été couronnées de succès. Il ne saurait être question d'une consolidation de l'Islam à la suite de ce congrès. Etant donné la lutte qui divise les différentes cliques féodales, les différentes intrigues impérialistes, la dispute qui sépare les différents groupements de chefs réactionnaires dans leur désir d'être choisis par les impérialistes pour leurs entreprises d'oppression, le désaccord est si grand entre eux, leurs luttes et leurs disputes sont si forts qu'il est absolument impossible de parler d'une consolidation quelconque. En Palestine même, d'ailleurs, a eu lieu parallèlement au congrès une manifestation des notabilités musulmanes mécontentes qui désavouèrent le congrès et lui nièrent tout droit de parler au nom des Musulmans. Il s'agit là du groupe réactionnaire autour du maire de Jérusalem, Nachachibi, qui fut le premier à collaborer avec les impérialistes britanniques et qui craint à l'heure actuelle la “concurrence” du groupe du Mufti allié à Chaukat Ali. [...]

Au congréa lui-même, il y eut très peu d'unité. On assistait constamment à l'explosion des contradictions et des rivalités qui séparent les différents groupements.

Les discussions et les décisions du congrès sont démunies de tout intérêt et ne touchent presque à aucun des problèmes vitaux des masses musulmanes. Même la lutte contre le sionisme qui devait pour ainsi dire constituer le “clou” du congrès, fut en réalité extrêmement banale. On peut s'en rendre compte par le fait que la résolution contre le système des Mandats dans les pays arabes n'a même pas été discutée à la suite de l'opposition de Chaukat Ali.

Par contre, le congrès a dévoilé son véritable caractère réactionnaire, non seulement par la mise en relief de son caractère clérical musulman, mais aussi par des résolutions dont le caractère montrait la qualité de valets de l'impérialisme de leurs rédacteurs. C'est ainsi qu'on a adopté à l'unanimité une adresse de félicitations (!) au roi Fuad. On y a condamné à maintes reprises “l'hérésie” en visant ainsi la Turquie. C'est dans la résolution protestant contre la prétendue oppression de 30 millions de Musulmans en URSS que le caractère contre-évolutionnaire du congrès s'est le mieux exprimé. Même les quelques discours de nuance radicale ne peuvent dissimuler le caractère réactionnaire du congrès. Les faits et gestes des nationalistes syriens (leur capitulation complète devant l'impérialisme français) sont là pour démentir complètement leurs phrases radicales.

Le congrès de Jérusalem n'a rien de commun avec les intérêts des masses travailleuses musulmans. Il ne veut pas les mobiliser, mais les désorganiser et les tromper. Le front unique contre l'impérialisme passe par-dessus les têtes des notabilités des Indes, de l'Egypte et des autres pays coloniaux et se rapporte non seulement aux masses musulmanes, mais à tous les travailleurs sans distinction de religion, de secte ou de race.

 

 

 

 



[1]. Correspondance internationale, 115, 1931. Extraits.