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12e Plenum du Comité exécutif
de l'Internationale communiste
(27 aout - 15 septembre 1932)

Thèses :
La situation internationale et les tâches de l'IC

Septembre 1932

 

 

Source:

Thèses, décisions, résolutions de la XIIe Assemblée plénière du Comité exécutif de l'Internationale communiste (Septembre 1932). Paris, Bureau d'éditions, 1933, p. 5‑18 [1].

 

 

 

 

 

 

Établi: novembre 2016

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Documents de l'Internationale communiste ‑ Sommaire

 

 

 

 

 

 

Thèses sur le rapport du camarade Kuusinen, adoptées par la XIIe session plénière du C.E. de l'I.C.

I. La fin de la stabilisation capitaliste et la croissance de l'U.R.S.S.

L'accentuation de la crise générale du capitalisme s'opère par d'énormes bonds portant cette crise à un nouveau degré. Toute une série de faits des plus importants de ces derniers temps caractérisent les changements fondamentaux de la situation mondiale:

1. Dans le rapport des forces entre le monde socialiste et le monde capitaliste, il y a un changement considérable, dû en premier lieu à l'accroissement du poids spécifique de l'U.R.S.S. qui, à un rythme gigantesque, réalise son grand programme d'industrialisation socialiste, de collectivisation et de révolution culturelle. Le pays s'est définitivement consolidé dans ses positions du socialisme; le second plan quinquennal fixe comme but, la liquidation définitive des classes, la transformation de toute la population travailleuse du pays en édificateurs conscients et actifs de la société socialiste sans classes. Les succès de l'édification socialiste assurent de plus en plus l'indépendance économique du pays des soviets vis-à-vis du monde capitaliste; sa puissance mondiale, son influence révolutionnaire sur les travailleurs et les exploités de tous les pays, son importance comme base de la révolution socialiste mondiale sont augmentées.

2. Pendant ce temps, dans le monde capitaliste continuent:

a) L'accentuation de la crise économique (la réduction de la production a atteint de telles proportions que plus de la moitié de la classe ouvrière des pays capitalistes est entièrement ou partiellement en chômage, l'expropriation et la paupérisation de la paysannerie ont atteint des proportions inouïes);

b) La croissance de la poussée révolutionnaire dans les pays impérialistes, comme dans les pays coloniaux (grèves violentes et opiniâtres, manifestations révolutionnaires, collisions acharnées des ouvriers avec la police et les fascistes, mouvements combatifs des masses paysannes, etc.), accentuation de la lutte des peuples coloniaux contre les impérialistes;

c) L'aggravation continue des antagonismes entre les États impérialistes (guerre commerciale, course accélérée aux armements entre les impérialistes, ébranlement du système de Versailles, guerre du Japon contre la Chine, grave tension des rapports entre le Japon et les États‑Unis, entre l'Angleterre et les États‑Unis, entre l'Italie et la France, entre l'Allemagne et la France, etc.;

d) L'intensification de la préparation de la guerre contre-révolutionnaire contre l'U.R.S.S.

3. La domination du capital monopoliste, qui a subordonné maintenant presque toute l'économie de la société capitaliste, dans les conditions de la crise générale du capitalisme, rend extrêmement difficile la liquidation de la crise économique par les moyens ordinaires du capitalisme du temps de la libre concurrence. Plus la couche supérieure de l'oligarchie financière réussit à accaparer une part plus grosse des bénéfices, malgré la diminution de la masse globale de ceux-ci, aux dépens des autres, et à rançonner les travailleurs, plus les barrières douanières qu'elle dresse sont élevées, plus aussi se rétrécissent les marchés intérieurs et extérieurs et s'accentue la crise. Il n'en résulte nullement que le capitalisme s'effondrera automatiquement. Il en résulte que la poussée révolutionnaire devra, nécessairement continuer à croître et que les contradictions fondamentales que la bourgeoisie cherche à résoudre par la force, tant à l'intérieur du pays qu'à l'échelle internationale, continueront à s'accentuer.

4. Tous ces faits, pris ensemble, confirment entièrement la justesse de l'appréciation des tendances de développement donnée par les décisions des 10e et 11e sessions plénières du C.E. de l'I.C. Ils font ressortir dans le développement de la crise générale du capitalisme un revirement nettement marqué, une sorte de déchaînement des forces antagonistes, qui, par endroits est impétueux, à d'autres se ralentit. Sur certains points essentiels déterminés, extrêmement importants, les forces antagonistes s'apprêtent déjà à la collision. La stabilisation relative du capitalisme a pris fin. Mais il n'y a pas encore de situation révolutionnaire immédiate dans les pays capitalistes les .plus importants et décisifs. À l'heure actuelle, s'accomplit précisément la transition vers un nouveau cycle de grandes collisions de classes et entre les États, vers un nouveau cycle de guerres et de révolutions.

Cette transition dans les rapports internationaux s'accélère particulièrement par l'agression militaire du Japon et de la France et s'accomplit à l'intérieur des divers pays, sous la forme d'un processus inégal. L'Espagne est en révolution. En Chine, il y a une situation révolutionnaire, et sur une grande partie du territoire, la révolution soviétique a triomphé. En Allemagne, il y a une accentuation extrême de l'antagonisme de classes. D'une part, croissance du fascisme, d'autre part, croissance de la lutte de masse révolutionnaire, accroissement accélérée des prémisses de la crise révolutionnaire. Certains autres pays se trouvent au seuil d'une crise révolutionnaire (Pologne), ou bien, par suite de l'extrême aggravation des contradictions intérieures et extérieures, peuvent se trouver, à bref délai, dans les conditions d'une crise révolutionnaire (Japon). Aux Indes et dans les pays de l'Amérique Latine, le développement de la crise révolutionnaire est entrave tout d'abord par le faible degré d'organisation du prolétariat et par la maturité insuffisante des partis communistes. Dans tous les pays capitalistes, les forces de la révolution prolétarienne internationale s'accroissent sans cesse, mais dans des pays du capitalisme mondial aussi importants que les États‑Unis, l'Angleterre et la France, la poussée du mouvement révolutionnaire, tout en se développant, retarde encore fortement pour le moment sur la tension extrême de toute la situation internationale.

II. La menace d'une nouvelle guerre mondiale; la guerre du Japon contre la Chine; la nouvelle phase de la préparation de l'intervention armée contre l'U.R.S.S.

1. La lutte acharnée des impérialistes pour les débouchés et les colonies, la guerre douanière, la course aux armements ont déjà conduit à ce que la nouvelle guerre impérialiste mondiale est devenue un danger immédiat. L'impérialisme français qui développe une activité fébrile dans la lutte pour son hégémonie sur le continent européen, cherche à consolider ses vieilles alliances politiques et militaires et à en conclure de nouvelles (Fédération du Danube). Mais il se heurte à la résistance de l'Allemagne, des États‑Unis, de l'Italie. L'Allemagne exige les mêmes droits que les autres puissances impérialistes (annulation des réparations, égalité dans l'armement et la révision des frontières orientales, etc.), alors que la Pologne se prépare à s'emparer de Dantzig[2] et de la Prusse orientale. De la sorte, l'Allemagne est l'un des centres les plus importants des conflits impérialistes mondiaux, les plus aigus et les plus violents.

2. La conquête de la Mandchourie par le Japon et l'agression contre Changhaï ont détruit l'entente antérieure entre les États‑Unis, le Japon et l'Angleterre concernant les sphères d'influence en Chine. L'impérialisme japonais allié à la France et avec l'appui de fait de l'Angleterre transforme la Mandchourie en sa colonie, en mettant à l'ordre du jour la question de la lutte armée pour le partage de la Chine et de l'intervention armée contre l'U.R.S.S. La Société des nations, obéissant aux ordres de la France et de l'Angleterre, a pris parti pour le Japon. Les États‑Unis, poursuivant leurs buts impérialistes en Extrême-Orient, menacent ouvertement d'une nouvelle course aux armements. L'ensemble des contradictions du Pacifique est le principal foyer de la nouvelle guerre impérialiste mondiale.

3. Dans le but de préparer la guerre contre-révolutionnaire contre l'U.R.S.S., et sous le couvert des déclarations pacifistes de la S.d.N. et de la IIe Internationale, les impérialistes d'Europe et des États‑Unis arment le Japon, l'armée japonaise se concentre en Mandchourie, les détachements de gardes-blancs se forment et s'arment en Extrême-Orient, un corps expéditionnaire s'organise en France, l'armée se prépare fiévreusement en Pologne, en Roumanie, en Lettonie, en Esthonie, en Finlande; les troupes d'élite fascistes se renforcent et redoublent d'activité, les provocations ne cessent pas, etc. Seule la ferme politique de paix de l'Union soviétique, la crainte de la bourgeoisie de voire transformer la guerre impérialiste en guerre civile, sa crainte devant la perspective de soulèvements coloniaux retiennent encore pour le moment le glissement à la guerre et à l'intervention armée.

Dans cette situation où la guerre criminelle, particulièrement accélérée par le fascisme, est devenue imminente, les partis communistes doivent opposer de vraies luttes contre la préparation de la guerre aux déclarations abstraites et hypocritement pacifistes de la social-démocratie. La C.E. de l'I.C. fait un devoir à tous les partis communistes d'appliquer avec une particulière persévérance et une particulière vigueur les décisions de l'I.C. en ce qui concerne la lutte contre la guerre impérialiste et l'intervention armée.

III. La dictature de la bourgeoisie, le nationalisme, le fascisme et le social-fascisme

1. La dictature de la bourgeoisie continue à se modifier dans le sens d'un renforcement de la réaction politique et de la fascisation de l'État, tout en faisant ressortir un rétrécissement de la base du pouvoir bourgeois, des fissures et une désagrégation de cette base. Les dissensions dans le camp de la bourgeoisie prennent souvent la forme d'une scission en camps ennemis (Allemagne, Finlande, Yougoslavie) et, dans certains cas, d'assassinats d'hommes politiques bourgeois (Japon). En règle générale, il devient toujours plus difficile à la bourgeoisie de régler les conflits qui surgissent en son sein.

Dans la plupart des pays capitalistes, la grande bourgeoisie organise les formations fascistes de guerre civile, érige en système de banditisme politique, la terreur blanche, la torture des détenus politiques, la provocation, les faux, la fusillade des grévistes et des manifestants, la dissolution et la destruction des organisations ouvrières. Ce faisant, la bourgeoisie ne renonce nullement à utiliser le parlementarisme et les services des partis social-démocrates dans le but de tromper les masses.

En Allemagne, le gouvernement Papen-Schleicher[3], étant donné l'aggravation des antagonismes extérieurs et la tension extrême des rapports de classes à l'intérieur, a instauré[4], avec l'aidé de la Reichswehr[5], des "Casques d'acier"[6] et des nationaux-socialistes, une des formes de la dictature fasciste à laquelle la social-démocratie et le Centre ont frayé la voie. Le développement ultérieur ou bien l'effondrement de cette dictature dépendent de la lutte révolutionnaire de la classe ouvrière contre le fascisme sous toutes ses formes.

Dans les pays où la dictature fasciste fut instaurée avant la crise économique mondiale, un processus de désagrégation du fascisme s'ébauche sous l'influence de la poussée révolutionnaire croissante des masses (Pologne, Yougoslavie, Italie).

2. Les dévastations causées par la crise économique mondiale actuelle, la désagrégation des liens économiques du capitalisme mondial et l'accentuation de la lutte pour les débouchés favorisent le déchaînement du nationalisme et du chauvinisme parmi les nations dominantes. En Allemagne, la vague des passions et des sentiments chauvins a surgi de la haine accumulée contre les conditions humiliantes et spoliatrices du traité de Versailles, de la volonté impuissante de revanche jointe à la peur devant la perspective du déclin continu et de la chute du capitalisme allemand. En France, le chauvinisme se couvre du mot d'ordre de la sécurité des frontières; en Angleterre, de l'“unité de l'Empire”; au Japon, du panasiatisme; en Italie, du surpeuplement. Il faut mener partout une lutte opiniâtre contre la dangereuse idéologie du chauvinisme, une lutte pour l'internationalisme en tenant compte du caractère et des formes particulières du chauvinisme dans chaque pays.

3. Le fascisme de même que le social-fascisme (la social-démocratie) sont pour le maintien et le renforcement du capitalisme et de la dictature de la bourgeoisie, mais ils en déduisent des conclusions différentes quant à leur tactique. Étant donné que la situation de la bourgeoisie au pouvoir de chaque pays est en ce moment extrêmement contradictoire et que la bourgeoisie est très souvent obligée de louvoyer entre le déclenchement vigoureux de la lutte contre ses ennemis intérieurs et extérieurs et une ligne plus prudente. Cette situation contradictoire se répercute dans les positions différentes du fascisme et du social-fascisme. Les social-fascistes préfèrent l'application modérée et “légale” de la violence bourgeoise de classe parce qu'ils ne veulent pas réduire la base de la dictature bourgeoise, ils défendent sa façade “démocratique” et cherchent à conserver le plus possible ses formes parlementaires, sans lesquelles ils ne peuvent remplir effectivement leur fonction spéciale qui est de tromper les masses ouvrières. En 'même temps, les social-fascistes, en retenant les ouvriers de l'action révolutionnaire contre l'offensive du capital et contre le fascisme croissant, jouent le rôle d'un bouclier derrière lequel les fascistes ont la possibilité d'organiser leurs forces, et frayent la voie à la dictature fasciste.

4. À mesure que la politique économique du capital monopoliste s'adapte jusqu'à un certain point aux conditions particulières et aux difficultés de la crise, la social-démocratie adapte aussi son idéologie aux besoins de cette politique de crise de l'oligarchie financière. Les chefs social-démocrates remettent de nouveau au jour leurs mots d'ordre vétustes de nationalisation des diverses branches d'industrie. En réalité, il n'y a pas un accroissement de l'étatisation des entreprises privées, dans les pays capitalistes; au contraire, les entreprises de l'État et les entreprises municipales sont en voie de passer aux mains du capital privé. Là où se produit la soi-disant immixtion de l'État, par des subsides et autres mesures gouvernementales, ce n'est pas le contrôle de l'État qui se réalise sur les monopoles privés, mais le contrôle direct des monopolistes privés sur l'État. Les chefs de la IIe Internationale non seulement dissimulent, mais aussi soutiennent directement (au nom “du socialisme”!) cette politique de l'oligarchie financière et créent de nouvelles théories pour la justifier. Ils sont même en train d'élaborer pour la bourgeoisie des projets archi-réactionnaires de travaux forcés, en les masquant par des plans charlatanesque d'instauration du socialisme sous le capitalisme[7].

5. L'influence de masse des social-fascistes a diminué dans presque tous les pays, mais ils mettent d'autant plus d'ardeur et de diversité dans leurs manoeuvres (ils prennent la direction des grèves pour les décapiter, dans certains cas ils proclament même de grèves générales démonstratives, ils mènent une prétendue lutte contre le fascisme, pour la paix, pour la défense de l'U.R.S.S., etc.). Les groupes social-démocrates de “gauche” font prouve dans ces manœuvres d'un zèle particulier, tout en développant simultanément une campagne acharnée contre les partis communistes et l'U.R.S.S. C'est seulement en tenant compte d'une manière concrète de la grande diversité des formes de la politique de manœuvres des social-fascistes, que les communistes pourront vraiment démasquer et isoler les social-fascistes. C'est seulement en orientant principalement nos attaques contre la social-démocratie, principal soutien social de la bourgeoisie, que l'on peut battre et terrasser avec succès le principal ennemi de classe du prolétariat, la bourgeoisie. C'est seulement en faisant une distinction bien nette entre les chefs social-démocrates et les ouvriers social-démocrates, que les communistes pourront, au nom du front unique révolutionnaire à la base, briser la cloison qui, bien souvent, les sépare des ouvriers social-démocrates.

IV. Le développement de la poussée révolutionnaire et la préparation de la lutte pour la dictature du prolétariat

1. Depuis la XIe session plénière du C.E. de l'I.C.[8], l'accroissement de la poussée révolutionnaire s'est manifesté particulièrement dans les pays suivants:

En Chine, essor massif de la lutte anti-impérialiste, développement du mouvement soviétique, grands succès de l'héroïque Armée rouge chinoise. En Espagne, essor impétueux du mouvement de masse avec tendance à l'insurrection populaire. En Pologne, vague de grèves massives, nombreuses actions combatives des paysans et recrudescence du mouvement national-révolutionnaire aux confins du pays. En Allemagne, accroissement de l'influence de masse du parti communiste, passage des ouvriers social-démocrates, en dépit de leurs chefs, à la résistance à la terreur des bandes fascistes. En Angleterre, grève des marins de la marine de guerre[9], manifestations ouvrières violentes en automne 1931 [10], mouvement de grève dans le Lancashire[11]. En Tchécoslovaquie, grève générale des mineurs dans le nord de la Bohême[12], mouvements révolutionnaires des ouvriers et des paysans dans l'Ukraine des Carpathes[13]. En France, grande grève dans le Nord[14], échecs de manœuvres militaires aériennes. Aux États‑Unis, grandes grèves ouvrières, mouvement des chômeurs, marche des vétérans de la guerre à Washington, actions combatives des fermiers. En Belgique, grève générale des mineurs[15] qui prend une grande portée internationale.

Dans la plupart des pays, les grèves s'accompagnent de collisions violentes avec la police et les bandes de briseurs de grève. Au Japon, actions combatives des ouvriers, des paysans, des soldats et des étudiants qui brisent les cadres de la terreur militaire et policière. Dans l'Inde, l'effervescence révolutionnaire s'étend dans les villes et dans les campagnes, grèves de masse opiniâtres. Dans toute une série de pays, la lutte du prolétariat se combine à des luttes révolutionnaires de masse des paysans.

2. Les partis communistes se sont raffermis au cours de la période écoulée. En Allemagne, grands succès du parti aux dernières élections au Reichstag[16], développement de la lutte antifasciste menée par le parti sur la base du front unique par en bas. L'influence des partis communistes dans les masses grandit en Chine, en Pologne, en Bulgarie. En France, malgré les fortes pertes subies par le parti aux élections parlementaires et un certain affaiblissement numérique de la C.G.T.U., il se produit une forte poussée du mouvement révolutionnaire contre la guerre. Dans certains pays, le développement s'opère inégalement dans les différents domaines (Tchécoslovaquie, Espagne, Finlande). Malgré l'influence insuffisante des P.C. sur les masses dans différents pays, les communistes de tous les pays capitalistes se sont révélés dans de nombreux combats et de nombreuses épreuves, dans les conditions de la terreur impitoyable, comme les vrais combattants révolutionnaires et courageux du prolétariat.

3. La fin de la stabilisation capitaliste, l'accroissement rapide des prémices de la crise révolutionnaire dans nombre de pays capitalistes et toute la situation internationale nouvelle posent avec acuité la question de l'accomplissement de la tâche essentielle des partis communistes en ce moment: la préparation de la classe ouvrière et des masses exploitées, au cours des luttes économiques et politiques, pour les combats qui viennent pour le pouvoir, pour la dictature du prolétariat. C'est précisément parce qu'on dispose de peu de temps jusqu'à la maturité de la crise révolutionnaire qu'il faut, sans perdre un instant, renforcer et activer le travail bolchéviste de masse pour conquérir la majorité de la classe ouvrière et élever son activité révolutionnaire. Les adversaires du mouvement révolutionnaire n'ont pas encore perdu l'appui d'une énorme partie des ouvriers organisés et inorganisés, et cette circonstance leur permet de freiner la radicalisation du prolétariat, ce qui est le principal danger pour la préparation de sa victoire. De là, la nécessité d'assurer efficacement la conquête de la majorité de la classe ouvrière, tâche que les Xe et XIe sessions plénières du C.E. de l'I.C.[17] ont mise au premier plan.

4. La bonne réalisation de cette tâche exige que chaque parti communiste établisse, étende et raffermisse la liaison vivante et constante avec la majorité des ouvriers partout où se trouve la masse ouvrière. Pour cela, il faut avant tout:

a) Organiser réellement un travail bolchéviste constant parmi les masses ouvrières non communistes, dans les usines, à l'intérieur des syndicats réformistes et autres et parmi les chômeurs, démasquer systématiquement la trahison des chefs social-démocrates et réformistes, reconquérir las ouvriers qui se sont laissé influencer par le fascisme;

b) Défendre les intérêts quotidiens des ouvriers, savoir réagir à chaque attaque de l'ennemi de classe, en lançant chaque fois des MOTS D'ORDRE CONCRETS, susceptibles de mobiliser réellement les masses dans la lutte; réaliser systématiquement la ligne du front unique à la base; organiser convenablement l'alliance du prolétariat avec les petits paysans; gagner à la lutte les employés et les masses exploitées de la petite bourgeoisie des villes sous la direction du prolétariat;

c) Renforcer le parti communiste lui-même en formant des cadres étroitement liés à la massé et jouissant de sa confiance.

5. Il importe de supprimer dans la pratique de nos partis certaines faiblesses et fautes qui se répètent et gênent le développement de leur travail de masse. Voici quelles sont les principales de ces faiblesses et fautes; la majeure partie de nos militants sont coupés des ouvriers réformistes et autres ouvriers non communistes; on observe une résistance de fait au travail dans les syndicats réformistes; notre agitation, notre presse et surtout nos mots d'ordre sont abstraits, comme taillés sur le même poncif; on ne sait pas défendre d'une façon pratique les intérêts les plus immédiats des ouvriers et profiter des faits d'actualité, surtout ceux qui émeuvent particulièrement les ouvriers, pour organiser des actions entraînant vraiment les grandes musses, en appliquant des formes différentes de lutte répondant à la situation; absence d'application hardie des formes et méthodes de la démocratie prolétarienne pour constituer le front unique à la base et, d'autre part, tendance opportuniste à estomper les divergences de principe dans l'application de la tactique du front unique; incapacité de combiner convenablement la lutte contre le patron, contre le pouvoir et les fascistes avec la lutte pour reconquérir les ouvriers influencés par les agents social-fascistes de la bourgeoisie; défauts et erreurs dans la tactique et la stratégie de grèves; incapacité de développer le mouvement des grandes masses en partant d'actions relativement élémentaires pour aboutir à des formes de lutte de plus en plus élevées, à de grandes grèves économiques et politiques et à d'autres actions révolutionnaires.

6. La 12e session plénière souligne l'importance, la nécessité et l'urgence qu'il y a à remédier à ces défauts et erreurs dans la pratique des partis communistes. Il importe de se séparer résolument aussi bien du “suivisme” opportunisme de droite qui se manifeste bien souvent par des tendances de capitulation, par l'incrédulité en la possibilité de révolutionner les masses ouvrières réformistes, que du subjectivisme opportuniste “de gauche” qui veut remplacer l'éducation bolchéviste et la mobilisation des masses, travail difficile mais nécessaire, par des phrases creuses sur le déploiement des batailles révolutionnaire, au lieu de développer réellement ces batailles en organisant et en conquérant la direction de la lutte journalière des ouvriers et des paysans. La juste politique bolchéviste de masse consiste en une lutte intransigeante contre l'opportunisme de droite, principal danger, et contre les déviations gauchistes de la ligne de l'Internationale Communiste.

La situation actuelle est grosse d'explosions soudaines et de brusques revirements des événements. Ceci fait un devoir à chaque parti communiste d'être prêt, si la situation devient rapidement révolutionnaire, à changer promptement les formes et les méthodes de lutte, et, au cas où le contact avec les masses serait insuffisant, à parvenir au cours même de la lutte à créer et à renforcer la liaison avec la majorité des ouvriers,

V. Les tâches immédiates des sections de l'Internationale communiste

1. En ce moment, la tâche commune de l'Internationale communiste et de ses sections dans tous les pays capitalistes est la lutte concrète: 1) contre l'offensive du capital; 2) contre le fascisme et la réaction; 3) contre la guerre impérialiste menaçante et l'intervention armée contre l'Union soviétique.

Le succès de cette lutte contre l'offensive de la bourgeoisie est intimement lié à la conquête de la majorité de la classe ouvrière, au travail pour saper et détruire dans les masses l'influence de la social-démocratie. Le chaînon initial que doivent saisir les partis communistes afin de résoudre cette tâche est la lutte pour les intérêts économiques et politiques de tous les jours des grandes masses, contre la misère croissante, contre l'absence de tous droits, contre la violence et la terreur. Ceci est particulièrement important dans les conditions de la fin de la stabilisation capitaliste, du fort rétrécissement de la base matérielle du réformisme et de la trahison cynique des intérêts des ouvriers par la social-démocratie, au moment où la lutte pour les besoins les plus élémentaires des masses se heurte aux bases mêmes de l'existence du capitalisme. C'est seulement en s'appuyant sur les intérêts journaliers des masses, que les partis communistes peuvent défendre et consolider les positions de la classe ouvrière, peuvent la mener à des formes de lutte toujours plus élevés et à des batailles décisives pour la dictature prolétarienne.

Lorsque existent des conditions adéquates, la préparation et la réalisation d'une grève politique de masse constitue un des chaînons actuels des plus importants dans la lutte révolutionnaire du prolétariat. Il est nécessaire de mener une propagande systématique en faveur de la dictature du prolétariat et de populariser l'exemple de l'U.R.S.S. où le prolétariat édifie victorieusement la société socialiste sans classes.

2. Les tâches particulières des partis communistes les plus importantes sont les suivantes:

Le P.C. allemand. Il faut mobiliser les millions de travailleurs pour la défense de leurs intérêts vitaux, contre leur pillage féroce par le capital monopoliste, contre le fascisme, contre les décrets-lois[18], contre le nationalisme et le chauvinisme, en luttant pour l'internationalisme prolétarien, en développant les grèves économiques et politiques, les manifestations et en amenant les masses à la grève politique générale; gagner les masses principales de la social-démocratie, liquider résolument les faiblesses du mouvement syndical. Le principal mot d'ordre que le P.C.A. doit opposer à celui de la dictature fasciste (le "troisième Empire") de même qu'au mot d'ordre du parti social-démocrate ("la deuxième République") doit être la République Ouvrière et Paysanne, c'est-à-dire de l'Allemagne socialiste, soviétique, assurant aussi la possibilité du rattachement volontaire des peuples d'Autriche et des autres régions allemandes.

Le P.C. français doit se tourner vers la défense des intérêts quotidiens des masses ouvrières et paysannes (contre la réduction des salaires, pour les assurances sociales, pour les secours immédiats aux chômeurs, contre le fardeau des impôts, etc.), en liant cette défense à la lutte contre le traité de Versailles, contre l'oppression de l'Alsace-Lorraine et des colonies, contre la politique de guerre de l'impérialisme français. Il faut orienter[19] dans ce sens ce parti, les syndicats unitaires et la Fédération des Jeunesses communistes; il faut liquider par une action de masse tenace le sectarisme des jeunes cadres, il faut les éduquer sur la base de larges élections et de la confiance de la masse envers eux, il faut lutter avec patience et sans relâche pour débarrasser les ouvriers syndicalistes et socialistes de leurs illusions réformistes, parlementaires et pacifistes.

Le P.C. polonais doit élargir le front de grèves économiques et politiques; il doit détruire l'influence du P.S.P. sur les masses; il doit diriger les actions de paysans dans toute la Pologne, surmonter les faiblesses du parti dans les grandes entreprises, parmi les cheminots, dans l'armée. Si les conditions le permettent, le parti doit prendre l'initiative de la grève générale. Il doit mobiliser les grandes masses de la ville et de la campagne contre la criminelle politique de guerre antisoviétique. Il doit mener une lutte idéologique opiniâtre contre les préjugés nationalistes des ouvriers, paysans et petits-bourgeois polonais.

Le P.C. tchécoslovaque doit continuer à développer les luttes économiques et politiques sur la base du front unique par en bas, en combinant cette lutte avec des révélations sur le rôle du gouvernement tchécoslovaque, sous-ordre de l'impérialisme français. Il doit intensifier la lutte contre la social-démocratie, liquider systématiquement toutes les tendances de passivité et de suivisme, il doit conquérir la direction des batailles et consolider organiquement l'influence de masse du parti communiste et des syndicats rouges, influence conquise au cours des luttes.

Le P.C. italien doit sortir de l'illégalité profonde où il se trouve en développant une lutte massive contre la dictature fasciste sur la base de la défense des intérêts immédiats des travailleurs, en utilisant les réunions fascistes, en organisant de sa propre autorité des réunions dans les entreprises, en pénétrant dans les syndicats, les organisations culturelles et coopératives fascistes, en préparant et en menant des grèves et manifestations; il faut intensifier par tous les moyens le travail illégal de masse.

Le P.C. espagnol doit, tout en s'orientant sur la dictature du prolétariat et de la paysannerie sous forme de Soviets, créer des points d'appui d'organisation du mouvement de masse des travailleurs, sous forme de comités d'usine, de comités de chômeurs, de comités paysans, de comités de soldats élus, tout en surmontant l'isolement sectaire et les habitudes anarchistes de travail.

Le P.C. anglais doit procéder à un tournant décisif vers le travail dans les syndicats réformistes et dans les entreprises, en dressant les masses ouvrières, sur la base du front unique par en bas, à la lutte: 1) contre la nouvelle offensive de la bourgeoisie sur les salaires et les allocations de chômage; 2) contre la politique gouvernementale de soutien et d'encouragement de l'agressivité antisoviétique de l'impérialisme japonais et français; 3) pour l'indépendance des colonies britanniques et de l'Irlande.

Le P.C. des États‑Unis doit mobiliser les masses, en mettant au premier plan la lutte: 1) pour les assurances sociales, contre la réduction des salaires, pour l'aide immédiate aux chômeurs; 2) pour l'aide au fermiers ruinés; 3) pour l'égalité des nègres et le droit du Black-Belt (région noire) de disposer de lui-même; 4) pour la défense du peuple chinois et de l'Union Soviétique. Il est indispensable de réaliser la décision sur le tournant dans le travail du parti et la ligue d'unité syndicale.

Le P.C. japonais a pour tâche de transformer sa lutte contre la guerre et contre la conquête de territoires chinois en un véritable mouvement de masse des ouvriers et des paysans, en la liant étroitement avec la lutte pour les besoins vitaux des masses. Il faut organiser des comités ouvriers et paysans d'auto-défense et des actions communes de différents villages contre le recouvrement des dettes des paysans par la force et la reprise de la terre aux fermiers; il faut expliquer aux masses la nécessité de la lutte révolutionnaire pour la confiscation sans indemnité des terres des propriétaires fonciers au profit des paysans.

Le P.C. chinois doit: 1) mobiliser les masses sous le mot d'ordre de la lutte nationale-révolutionnaire contre les impérialistes japonais et autres, pour l'indépendance et l'unité de la Chine; 2) développer et réunir les régions soviétiques, renforcer l'Armée rouge; 3) lutter pour le renversement du pouvoir du Kuomintang[20]; 4) s'orienter résolument vers la transformation des syndicats rouges en organisations de masse et gagner les ouvriers adhérents aux syndicats kuomintaniens; 5) développer le mouvement de partisans en lançant en Mandchourie les mots d'ordre: création de comités paysans, boycottage des impôts et des ordonnances du gouvernement, de confiscation des biens des agents des impérialistes, organisation d'un pouvoir populaire élu; 6) populariser les succès des régions soviétiques et le mot d'ordre de l'alliance fraternelle des ouvriers et des paysans de Chine avec l'U.R.S.S.

Le P.C. hindou doit se renforcer politiquement et organiquement, il doit former des cadres bolchevistes, mener une lutte opiniâtre au sein des syndicats réformistes, créer[21] le large front antiimpérialiste, libérer les masses de l'influence du congrès national, préparer (du point de vue agitation et organisation) la grève générale, soutenir, sous tous les rapports, le mouvement paysan pour le non-paiement des impôts, du fermage et des dettes, populariser les mots d'ordre fondamentaux et les tâches essentielles de la révolution agraire.

3. Dans le domaine de l'organisation, les principales tâches des sections de l'I.C. sont. a) minutieuse conspiration des cellules communistes dans les entreprises, jointe à un travail de masse audacieux et plein d'abnégation; b) création immédiate de cellules dans l'armée et les organisations militarisées de la bourgeoisie, dans les usines de guerre, les chemins de fer, les ports; c) lutte énergique contre les provocations sous tous les aspects et sous toutes les formes; d) prendre en temps voulu des mesures assurant en cas de nécessité le passage des partis communistes dans l'illégalité; e) transformation des journaux en véritables organes de masse, traitant toutes les questions qui touchent de près les grandes masses en un langage simple et compréhensible aux ouvriers; f) en ce qui concerne la direction de toutes les branches du travail du parti, il faut liquider résolument le centralisme excessif, le système de commandement tout pur, l'extension exagérée des appareils centraux et l'affaiblissement des organismes locaux et de basa du parti.

Le CE. de l'I.C. insiste pour que les J.C. se transforment en une véritable organisation de masse et fait un devoir à tous les partis communistes d'assurer l'amélioration du travail politique de masse parmi la jeunesse et le renforcement de la direction communiste sur le travail des J.C. De même, l'I.C. insiste pour que les fédérations sportives, le S.R.I. [22], se transforment en véritables organisations de masse. Il importe de mettre résolument fin à la sous-estimation du travail au sein des masses féminines prolétariennes, ceci étant une tâche particulièrement importante en ce moment; il importe de développer la mobilisation des ouvrières sur la base des assemblées de déléguées, ce travail devant être considéré comme un travail commun à tout le parti, Dans l'éducation des nouveaux adhérents au parti et des nouveaux cadres, il importe d'employer le système des écoles d'enseignement communiste, de même que d'entraîner ceux-là dans l'action révolutionnaire quotidienne au sein même des grandes masses.

La démocratie intérieure du parti, l'autocritique bolchéviste, la discussion des questions politiques les plus importantes dans les organisations de base du parti, la direction concrète de leur travail doivent devenir la base de toute l'activité du parti. C'est là une condition indispensable pour établir et renforcer une discipline bolchéviste de fer dans les rangs des partis.

Lutte implacable contre toutes les déformations du marxisme-léninisme, pour la pureté de la théorie communiste dans l'esprit les indications données par la lettre du camarade Staline[23]. Propagande des principes du communisme, de la dictature du prolétariat et du pouvoir soviétique.

*  *

*

La crise a ébranlé le système capitaliste dans ses fondements. En U.R.S.S., le socialisme remporte des victoires historiques mondiales. Les forces de la révolution socialiste croissent et se dressent dans le monde entier. Mais, en même temps, la contre-révolution mondiale mène une offensive toujours plus acharnée. Les gouvernements impérialistes sont prêts à jeter les peuples dans la plus criminelle de toutes les guerres de brigandage.

À ce défi lancé par la bourgeoisie mondiale, les sections de l'I.C. doivent riposter en intensifiant énergiquement et sous tous les rapports leur travail bolchéviste; elles doivent accélérer le revolutionnement des larges masses, développer et prendre la tête des luttes de classe des travailleurs sur la base du front unique par en bas, en amenant la classe ouvrière à la grève politique de masse, conquérir la majorité de la classe ouvrière, orienter tout le mouvement des masses exploitées et des peuples opprimés[24] vers la révolution socialiste mondiale.

 

 

 

 

 

Notes



[1].       [321ignition] Les annotations sont formulées par nous en tenant compte d'éventuelles notes figurant dans la source.

[2].       Dantzig (aujourd'hui Gdansk).

Incorporée à l'État prussien en 1815, la ville de Dantzig devient avec le traité de Versailles (1919), le centre de la "ville libre de Dantzig", territoire doté d'un statut international sous mandat de la Société des Nations. La Prusse orientale est alors séparée du reste de l'Allemagne par ce qu'on appelle le "couloir" ou "corridor" de Dantzig. L'accord de Varsovie du 24 octobre 1921 limite la souveraineté du territoire au profit de la Pologne. Après la prise du pouvoir par les national-socialistes, le gouvernement polonais entame des entretiens exploratoires avec Hitler, notamment au sujet de Dantzig. En avril 1933, les national-socialistes obtiennent la majorité à la Diète de Dantzig. Le 5 aout 1933, un accord est conclu entre la Pologne et les autorités de Dantzig. Les négociations bilatérales consécutives se caractérisent par l'exclusion de représentants de la Société des Nations, tandis que le régime national-socialiste met en sourdine les prises de positions hostiles à la Pologne à ce sujet. Parallèlement, des représentants de l'Allemagne explorent auprès de la Grande-Bretagne des possibilités du rattachement direct de Dantzig à l'Allemagne en échange d'une compensation territoriale de la Pologne à l'Est, ce qui suscite des protestations de la part de l'URSS. Le 9 octobre, un groupe d'experts allemands se rend à Varsovie pour conduire des entretiens visant à mettre fin à la guerre commerciale entre l'Allemagne et la Pologne. Le 14 octobre Hitler annonce la sortie de l'Allemagne de la Société des Nations et de la Conférence de Genève sur le désarmement. Pour contrebalancer cette accentuation de l'isolement internationale de l'Allemagne, celle-ci poursuit les pas vers une amélioration des relations avec la Pologne. Le 26 janvier 1934 les deux pays adoptent une déclaration commune de non-agression mutuelle. Le 28 avril 1939, Hitler dénonce cette déclaration. Il exige la réintégration de Dantzig à l'Allemagne; s'en suivra le 1er septembre 1939 l'invasion de la Pologne.

[3].       Du gouvernement Hermann Müller (SPD) au gouvernement Adolf Hitler (NSDAP).

En 1919, après la prise de fonction de Friedrich Ebert (SPD) comme président du Reich, Hermann Müller conjointement avec Otto Wels est élu comme président du SPD. En mars 1920, après la mise en échec du putsch Lüttwitz-Kapp, Müller devient chancelier du Reich à la tête d'un gouvernement de coalition incluant SPD, Parti démocratique allemand (Deutsche Demokratische Partei, DDP) et Parti du centre (Zentrumspartei, Zentrum); cependant les résultats des élections de juin 1920 conduisent à sa démission. Au Congrès du SPD de 1921 il obtient l'approbation d'une résolution qui autorise le parti à former au niveau national de même que celui régional des coalitions avec le Parti populaire allemand (Deutsche Volkspartei, DVP). En juin 1928 il forme un gouvernement de coalition incluant SPD, DVP, Zentrum et DDP, qui restera en place jusqu'en mars 1930.

Le 31 mars 1930, le gouvernement de coalition formé en juin 1928 est remplacé par un gouvernement avec à sa tête Heinrich Brüning (Zentrum), lequel se situe délibérément en dehors d'une coalition parlementaire figée. Le 18 juillet, à l'Assemblée nationale (Reichstag), Brüning présente un décret signé d'avance par le président Paul von Hindenburg, qui dissout le Parlement. À partir d'octobre 1930, ont lieu de multiples rencontres des principaux acteurs politiques et économiques avec Adolf Hitler et d'autres représentants du NSDAP, dans le but de trouver d'une manière ou d'une autre une formule l'associant au gouvernement. Le 1er juin 1932 est constitué un gouvernement dirigé par Franz von Papen (Zentrum); Kurt von Schleicher (sans parti) est ministre de la Défense [Reichswehrminister]. Le gouvernement déclare explicitement ne pas être une émanation des partis.

Le 20 juillet, il destitue le gouvernement de Prusse ‑ dirigé par le SPD auquel étaient associés le Zentrum, le DDP, le Parti d'État allemand (Deutsche Staatspartei, DStP) ‑ et le chancelier du Reich assume la fonction de commissaire du Reich pour la Prusse. Le 31 ont lieu de nouvelles élections à l'Assemblée nationale. Le NSDAP obtient 230 sièges sur un total de 608, le SPD 133, le KPD 89, le Zentrum 75. Le 6 novembre sont organisées encore des élections. Cette fois le NSDAP obtient 196 sièges sur un total de 584, le SPD 121, le KPD 100, le Zentrum 70. Le 3 décembre, Schleicher remplace Papen et constitue un nouveau gouvernement. Il tente de trouver une solution au fait que le régime souffre du manque d'une base de masse. Dans ce but il s'efforce à établir une alliance incluant les national-socialistes, et aussi les syndicats et les social-démocrates. Il échoue dans sa démarche, et n'obtenant pas du président Hindenburg la dissolution, une fois de plus, de l'Assemblée nationale, il démissionne le 28 janvier 1933. Le 30 janvier 1933 Hindenburg nomme Hitler chancelier.

[4].       L'Humanité, dans son édition du 6 octobre 1932, reproduit le présent document dans une version qui comporte quelques différences par rapport à la source que nous avons utilisée. Nous signalons certains cas, sans faire une comparaison systématique. (Cf. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k404416r).

L'Humanité, 6 octobre 1932: "tente [...] d'instaurer" au lieu de "a instauré".

[5].       Reichswehr.

C'est la désignation officielle pour les forces armées allemandes, composées de l'armée de terre et de la marine. Les dispositions du Traité de Versailles interdisent la création d'une armée de l'air. Néanmoins des efforts sont entrepris pour établir les conditions en vue d'une reconstitution de forces aériennes. Le Traité de Rapallo conclu en avril 1922 avec l'Union soviétique permet une coopération en ce sens. En 1930 sont formées trois escadrilles d'avions camouflées comme civiles. Le régime national-socialiste, en avril 1933, crée le ministère de l'aviation, puis en 1935 proclame la souveraineté de défense de l'Allemagne, et le développement de l'armée de l'air se déroule de façon ouverte.

[6].       L'organisation “Stahlhelm, Bund der Frontsoldaten” (Casque d'acier, Ligue des soldats du front).

L'organisation Casque d'acier est créée en décembre 1918 à Magdeburg par l'officier de réserve Franz Seldte. En 1930 elle est avec environ 500.000 membres la plus puissante formation de défense d'Allemagne. En octobre 1931 le Casque d'acier, le NSDAP et le Parti populaire national-allemand (Deutschnationale Volkspartei, DNVP) forment le “Harzburger Front” (Front de Harzburg”). En 1934 le Casque d'acier est intégré dans la SA (Sturmabteilung, c'est-à-dire Section d'assaut) en tant que “NS-Frontkämpferbund” (Ligue des combattants du Front - National-socialiste), puis l'organisation est dissoute en 1935.

[7].       Le SPD et la “transformation de l'économie”.

La situation de crise dans laquelle est précipité le capitalisme mondial à partir d'octobre 1929, pousse la social-démocratie à élaborer des propositions de mesures économiques qui lui permettraient de continuer à jouer son rôle de soutien au pouvoir bourgeois. En Allemagne, des analyses et des projets sont formulés par le SPD ainsi que les syndicats associés: Fédération syndicale générale allemande (Allgemeiner Deutscher Gewerkschaftsbund, ADGB) et Union générale libre d'employés (Allgemeiner freier Angestelltenbund, AfA-Bund). Les approches impliquent quelques divergences entre le parti et les syndicats. Le 13 avril 1932 l'ADGB se réunit en congrès extraordinaire, puis le 2 juillet il publie un document "Umbau der Wirtschaft - Die Forderungen der Gewerkschaften" ("La transformation de l'économie - Les revendications des syndicats") par lequel il prétend s'engager dans la voie vers l'établissement progressive d'une économie socialiste.

La réorganisation de l'économie est à présent devenue une question existentielle pour le peuple. Il s'agit de préparer la voie pour l'ordre économique socialiste. [...] La crise monstrueuse fait que la tâche obligatoire de notre époque consiste à entamer, avec la lutte pour la résolution de la situation de crise critique, des mesures planifiées contre le retour de catastrophes semblables. La transformation de l'économie actuelle dépourvue de planification en une économie collective planifiée est indispensable. Dans l'économie planifiée visant à couvrir les besoins qu'il faut tâcher à atteindre, la société doit avoir le pouvoir de disposer des moyens de production. [...] Les industries clé doivent être soustraites au pouvoir arbitraire des monopoles privés et transférées à la propriété collective. Les richesses du sous-sol et les industries de matières premières vitales, en outre l'économie d'énergie dans l'ensemble ainsi que l'appareil de transport tout entier ‑ qui forment les bases de la vie économique moderne ‑, doivent être exploités de manière planifiée par la société au profit de tous.

[Die Neuordnung der Wirtschaft ist nunmehr zur Existenzfrage des Volkes geworden. Es gilt, der sozialistischen Wirtschaftsordnung den Weg zu bereiten. [...] Die ungeheure Krise macht es zur zwingenden Aufgabe unserer Zeit, mit dem Kampfe um die Überwindung der herrschenden Krisennot planvolle Maßnahmen gegen die Wiederkehr gleichartiger Katastrophen einzuleiten. Der Umbau der jetzigen planlosen Wirtschaft in eine planvolle Gemeinwirtschaft ist unerläßlich. In der anzustrebenden planmäßigen Bedarfsdeckungswirtschaft muß die Gesellschaft die Verfügungsgewalt über die Produktionsmittel haben. [...] Die Schlüsselindustrien sind der Willkürherrschaft der Privatmonopole zu entziehen und in Gemeinbesitz zu überführen. Die Bodenschätze und die lebenswichtigen Rohstoffindustrien, ferner die gesamte Energiewirtschaft sowie der gesamte Verkehrsapparat, die die Grundlagen des modernen Wirtschaftslebens bilden, müssen von der Gesellschaft zum Nutzen der Allgemeinheit planmäßig bewirtschaftet werden.]

[Umbau der Wirtschaft. Die Forderungen der Gewerkschaften, Berlin 1932.]

En aout 1932 le SPD déploie une large campagne de propagande en ce sens.

La situation économique et politique actuelle a créé des conditions nouvelles et plus favorables qu'elles n'aient jamais existées auparavant, pour une transition plus rapide du capitalisme au socialisme. [...] Or le système capitaliste s'est retrouvé dans une impasse. Antérieurement, le capitalisme était en mesure de se relever lui-même par sa propre force, après des crises économiques. [...] Il n'y a plus que deux voies de sortie: ou bien rétrécissement de l'économie dans son ensemble, ce qui enfoncera les masses travailleuses pour un temps prolongé dans une misère démesurée, ou édification d'une économie planifiée socialiste, ce qui entrainera un nouvel essor des classes travailleuses. [...] À ce moment d'importance historique la social-démocratie soumet ses projets de loi sur la transformation de l'économie capitaliste guidée par le profit et dépourvue de planification en une économie socialiste planifiée visant à couvrir les besoins. Des projets de loi qui en même temps coincident avec le programme des syndicats libre pour la transformation de l'économie, de juillet 1932.

[Die gegenwärtige wirtschaftliche und politische Situation hat neue und günstigere Voraussetzungen für einen schnelleren Übergang vom Kapitalismus zum Sozialismus geschaffen, als sie jemals früher bestanden haben. [...] Das kapitalistische System aber ist in eine Sackgasse geraten. Früher war der Kapitalismus in der Lage, sich nach Wirtschaftskrisen aus eigener Kraft wieder aufzurichten. [...] Es gibt nur noch zwei Auswege: entweder Schrumpfung der Gesamtwirtschaft und damit maßlose Verelendung der werktätigen Massen auf lange Zeit hinaus oder Aufbau einer sozialistischen Planwirtschaft und damit ein neuer Aufstieg der arbeitenden Klassen. [...] In diesem Zeitpunkt von historischer Bedeutung legt die Sozialdemokratie ihre Gesetzentwürfe zur Umgestaltung der planlosen kapitalistischen Profitwirtschaft in eine planvolle sozialistische Bedarfsdeckungswirtschaft vor. Gesetzentwürfe, die sich zugleich mit dem Programm der freien Gewerkschaften zum Umbau der Wirtschaft vom Juli 1932 decken.]

[Umbau der Wirtschaft - Sicherstellung der Existenz der Notleidenden, in: Sozialdemokratische Partei-Korrespondenz. Mitteilungsblatt des Vorstandes der SPD, 27. Jg., 1932, Nr. 8/9 (aout/septembre 1932), p. 445‑454.]

Le 30 aout le SPD soumet à l'Assemblée nationale (Reichstag) une série de projets de loi concrétisant l'objectif de la "transformation de l'économie". Ces textes sont soumis à nouveau le 6 décembre 1932.

Projet d'une loi sur la transformation de l'économie

§ 1.    Pour ouvrir la voie permettant de nous délivrer de la détresse que représente l'ordre économique capitaliste, et de réaliser la transition de l'économie dépourvue de planification, guidée par le profit, vers l'économie collective planifiée, les mesures suivantes sont mises en oeuvre.

§ 2.    La transformation de l'économie s'applique à

1.       l'uniformisation de l'économie publique;

2.       la création d'une instance de planification (§ 3);

3.       l'étatisation des grandes banques et des sociétés d'assurances ainsi que la création d'un office du secteur bancaire sur la base de la loi du...

4.       l'étatisation des industries clé et des entreprises subventionnées sur la base de la loi du...

5.       la création d'un office de cartel et de monopole sur la base de la loi du...

6.       la création et la transformation de monopoles d'état sur la base de la loi du...

7.       l'expropriation de la grande propriété foncière sur la base de la loi du...

8.       l'uniformisation du secteur économique de l'électricité sur la base de la loi du...

§ 3.    L'office de planification a pour tâche:

1.       d'agir en commun avec l'office du secteur bancaire et l'office de cartel et de monopole, en vue d'une coopération planifiée de tous les membres de l'économie nationale;

2.       d'assurer la direction unifiée de l'économie;

3.       de préparer l'étatisation de branches additionnelles de l'économie;

4.       de favoriser toute autre mesure qui serve à la transformation de l'économie.

§ 4.    Concernant la transformation de l'économie, la composition de toutes les institutions publiques et la direction des branches économiques étatisées, les salariés [Arbeitnehmer] doivent être associés de manière appropriée.

[Entwurf eines Gesetzes über den Umbau der Wirtschaft

§ 1.    Um die Befreiung aus der Not der kapitalistischen Wirtschaftsordnung und den Übergang von der planlosen Gewinnwirtschaft zur planmäßigen Gemeinwirtschaft anzubahnen, werden folgende Umbaumaßnahmen durchgeführt.

§ 2.    Der Umbau der Wirtschaft erstreckt sich auf

1.       die Vereinheitlichung der öffentlichen Wirtschaft;

2.       die Schaffung einer Planstelle (§ 3);

3.       die Verstaatlichung der Großbanken und der Versicherungen sowie die Schaffung eines Bankenamts auf Grund des Gesetzes vom...

4.       die Verstaatlichung der Schlüsselindustrien und der subventionierten Unternehmungen auf Grund des Gesetzes vom...

5.       die Schaffung eines Kartell- und Monopolamts auf Grund des Gesetzes vom...

6.       die Schaffung und den Umbau von Staatsmonopolen auf Grund des Gesetzes vom...

7.       die Enteignung des Großgrundbesitzes auf Grund des Gesetzes vom...

8.       die Vereinheitlichung der Elektrizitätswirtschaft auf Grund des Gesetzes vom...

§ 3.    Die Planstelle hat die Aufgabe:

1.       in Gemeinschaft mit dem Bankenamt und dem Kartell- und Monopolamt auf ein planmäßiges Zusammenarbeiten aller Glieder der Volkswirtschaft hinzuwirken;

2.       die einheitliche Führung der Wirtschaft zu sichern;

3.       die Verstaatlichung weiterer Wirtschaftszweige vorzubereiten;

4.       alle sonstigen Maßnahmen zu fördern, die dem Umbau der Wirtschaft dienen.

§ 4.    Bei dem Umbau der Wirtschaft, bei der Zusammensetzung aller öffentlichen Einrichtungen und bei der Führung der verstaatlichten Wirtschaftszweige sind die Arbeitnehmer angemessen zu beteiligen.]

[Verhandlungen des Deutschen Reichstages, Bd. 454, Anträge Nr. 8‑28; Bd. 455, Anträge Nr. 106‑108.]

Dans un article intitulé "Percée vers le socialisme" ["Vorstoß zum Sozialismus"], Fritz Tarnow, dirigeant de l'ADGB, insiste sur l'optique dans laquelle les social-démocrates présentent ces propositions.

Les propositions [du SPD au Reichstag] ne doivent nullement être considérées comme affichage d'objectifs lointains, ce sont des revendications d'actualité, c'est-à-dire, la situation économique présente aujourd'hui est considérée comme mure pour la transformation économique socialiste à grande échelle [...] De nombreux signes annonciateurs existent pour indiquer que le moment est arrivé où le passage vers de formes d'économie socialiste est devenu une nécessité dans le processus de développement historique.

[Die Anträge [der SPD im Reichstag] dürfen keineswegs als die Plakatierung von Fernzielen angesehen werden, es sind Gegenwartsforderungen, das heißt, die heute vorhandene ökonomische Situation wird als reif für sozialistische Wirtschaftsumgestaltung in breiter Front angesehen [...] Viele Anzeichen sprechen dafür, daß der Zeitpunkt gekommen ist, an dem der Übergang zu sozialistischen Wirtschaftsformen eine entwicklungsgeschichtliche Notwendigkeit geworden ist.]

[Vorwärts, organe du SPD, n° 393, 21 aout 1932.]

Cette orientation diffère des positions réformistes traditionnelles centrées sur le concept de la démocratie économique et sociale. La prétention d'accorder aux travailleurs une place de premier plan dans la régulation du système économique capitaliste est abandonnée; c'est au contraire l'état bourgeois qui devrait pleinement concentrer en lui la maitrise des mécanismes d'intervention. Les syndicats montrent ainsi leur disposition à limiter leur autonomie et à s'en remettre à l'état censé incarner “l'intérêt commun”. On voit ici les prémisses des actes ultérieurs de capitulation pure et simple, qui aboutiront à la destruction complète des syndicats après la prise du pouvoir par les national-socialistes.

[8].       Le 11e Plenum du Comité exécutif de l'Internationale communiste se tient du 26 mars au 11 avril 1931.

[9].       En 1931, le gouvernement britannique décide de procéder à des réductions de salaires dans le secteur public, mesures qui s'appliquent également aux forces armées.

Le recrutement de la marine de guerre touche particulièrement les centres industriels connaissant un fort taux de chômage. Début septembre, des informations au sujet des mesures gouvernementales circulent parmi les marins de la flotte d'Atlantique, qui effectue des manoeuvres dans la Mer du Nord. Quand, le 11 septembre, un groupe de dix navires accoste dans le Cromarty Firth en Ecosse du Nord, les marins en permission dans la ville d'Invergordon obtiennent confirmation des rumeurs. Le 12 au soir, un groupe de marins tient une réunion et vote la grève. Le 14, quatre autres navires accostent, des réunions sont organisées. La grève débute le 15. Des manoeuvres au large des côtes sont ordonnées, mais seulement quatre navires sortent, dont d'ailleurs trois finalement reviennent faute de membres de l'équipage prêts à exécuter les ordres. Les grévistes sont rejoints par des membres de la force de police de la marine ainsi que quelques officiers subalternes. Environ 1000 personnes participent. Des négociations ont lieu, le jour même les grévistes obtiennent des concessions, qui sont entérinées par le gouvernement et l'amirauté. Suite au conflit, des grévistes sont emprisonnés, frappés de mesures de représailles. Les bureaux du Daily Worker, journal du Parti communiste de Grande-Bretagne (Communist Party of Great-Britain, CPGB) sont perquisitionnés, plusieurs responsables arrêtés.

[10].     En Grande-Bretagne, durant la période d'automne 1931 à automne 1932, se produisent de multiples mouvements de protestation impulsés par le Mouvement national de travailleurs sans-emploi (National Unemployed Workers' Movement, NUWM).

Le NUWM avait été constitué en 1921, l'un de ses principaux dirigeants étant Walter Hannington, membre par ailleurs du Parti communiste de Grande-Bretagne (Communist Party of Great-Britain, CPGB). En 1922 le NUWM avait organisé une “marche de la faim” au niveau national, au cours de laquelle environ 2000 personnes partant de diverses régions du pays convergeaient à Londres pour une manifestation commune. Une action similaire avait été organisée en automne 1927, à partir de la région de la vallée de la Rhondda en pays de Galles, en réaction à des restrictions imposées en matière d'allocations versées aux mineurs sans emploi.

Le 5 septembre 1931 le NUWM organise une marche de mineurs sans emploi, dans le sud du pays de Galles. Sous le mot d'ordre "Struggle or Starve" ("Lutte ou meurs de faim") plus d'une centaine de personnes se dirigent vers Bristol où l'organisation syndicale nationale, le Trades Union Congress (TUC), tient une réunion. Une délégation des manifestants demande à être reçue par Walter Citrine, secrétaire général du TUC. Celui-ci ne donne pas suite, et l'accès aux lieux où se tient la réunion, au centre-ville, est bloqué par la police. Les manifestants tentent de forcer le passage, des affrontements ont lieu, plusieurs sont blessés, il y a des nombreux arrestations.

Durant tout l'automne de l'année, le NUWM organise une série d'actions en direction des centres d'assistance aux sans‑emploi, ainsi que des mairies, y compris à Londres. Le 1er octobre, des heurts ont lieu autour de la mairie de Salford (ville située aux environs de Manchester), lorsque plusieurs milliers de personnes forcent le passage à travers le cordon de police pour protester contre des mesures de réduction des allocations chômage. Une délégation de douze personnes tente d'être reçue, tous sont arrêtés. Le lendemain, 2000 manifestants se rassemblent devant la mairie pour protester contre les arrestations. Par la suite, neuf parmi les arrêtés sont condamnés à des peines allant jusqu'à cinq mois de travaux forcés. Le 7 octobre, le NUWM organise une manifestation à Manchester, elle est dispersée brutalement. Vingt-six personnes sont arrêtées, leur procès se déroule en même temps que celui consécutif aux évènements de Salford. D'autres manifestations ont lieu à travers le pays durant la même période: à Dundee en Écosse, plus de 50.000 manifestants, trente arrestations; à Londres un rassemblement de plus de 50.000 manifestants passe outre l'interdiction de manifestations autour de la Chambre des communes (House of Commons), douze sont arrêtés; à Glasgow le 1er octobre une manifestation d'environ 50.000 personnes, des affrontements avec la police ont lieu, une autre manifestation rassemble environ 150.000 participants le 8 octobre.

En janvier 1932 des manifestations de sans-emploi à Rochdale, ville de la région de Manchester, et à Glasgow en Écosse, conduisent à des affrontements avec la police. Le 15 janvier à Keighley, ville de la région de Leeds, une manifestation de sans-emploi est réprimée par des forces de police et de l'armée, douze manifestants sont arrêtés. Le 18 à Glasgow a lieu le procès de treize personnes qui avaient été arrêtées suite à une manifestation, des milliers de manifestants se rassemblent en soutien aux accusés, des affrontements avec la police se produisent, cependant les accusés sont acquittés. En février une marche est organisée à travers l'Écosse, 1500 manifestants arrivent à Edinburg où des affrontements ont lieu avec la police.

Le 9 février à Bristol, le NUWM organise une manifestation qui rassemble 3000 personnes. La police intervient et disperse la manifestation pour l'empêcher d'atteindre le siège du Conseil de la ville. Le 23 une nouvelle manifestation, bien qu'interdite, rassemble environ 10.000 personnes. La police attaque le cortège, les affrontements s'étendent vers les zones voisines. Le NUWM convoque un meeting de masse dans la soirée, les protestations contre la police se poursuivent. Le soir du 9 juin le NUWM organise un rassemblement; la police attaque de façon préméditée des groupes d'environ 600 participants sur leur chemin de retour, il y a soixante-dix blessés parmi les travailleurs. Par la suite la police change de tactique et procède à des arrestations de dirigeants du NUWM; à la fin de 1932 la plupart se trouvent en prison.

Le 3 mars 1932 une manifestation à lieu à Dundee, puis une autre le 14 à Newcastle dans la région de Tyne and Wear, cette dernière rassemble environ 100.000 personnes. En juillet, durant une manifestation à Castleford, ville de la région de Leeds, un manifestant meurt suite à des blessures causées par la police, des dirigeants locaux du NUWM sont emprisonnés.

Le 13 septembre 1932 à Birkenhead, ville portuaire sur l'estuaire de Mersey du côté opposé à Liverpool, survient une action de protestation devant les locaux du Comité d'assistance publique. Le rassemblement est attaqué par la police, après deux jours d'affrontements violents, trente-sept manifestants sont hospitalisés. Ensuite, pendant trois jours la police assiège les quartiers ouvriers. Plus d'une centaine d'autres personnes sont hospitalisés. Les dirigeants du NUWM sont arrêtés. Le 19, se forme un rassemblement de 20.000 personnes devant les locaux du Comité d'assistance publique, ils sont rejoints par des ouvriers des chantiers navals Cammell Laird. Trois jours après, des affrontements ont lieu à Liverpool entre la police et 20.000 sans-emploi. Une semaine plus tard, des affrontements se produisent à West Ham, quartier de Londres, entre un nombre similaire de sans‑emploi et la police, heurts qui sont à nouveau ravivés après une accalmie de quelques jours. Puis c'est au tour des sans‑emploi de North Shields situé dans la région de Tyne and Wear où la police attaque une manifestation de 3000 participants marchant vers le Comité d'assistance publique. Huit personnes sont arrêtées, dont sept sont condamnées à des peines de prison allant jusqu'à un an.

En Irlande, à Belfast, sous l'impulsion du Revolutionary Workers Group (Groupe de travailleurs révolutionnaires, RWG; celui-ci avait été formé en 1929 et tiendra les 3‑4 juin 1933 le congrès constitutif du Parti communiste d'Irlande) se constitue en juillet 1932 un comité de travailleurs relevant de l'assistance publique (Outdoor Relief Workers' Committee, cf. la note plus loin ). Les manifestations qu'organise ce comité prennent progressivement de l'ampleur. Le 29 septembre un meeting rassemblant 2000 travailleurs relevant de l'assistance publique décide de démarrer une grève le 3 octobre. Ce jour venu, se déroule une manifestation de 20 000 participants, environ 2000 travailleurs relevant de l'assistance publique cessent le travail et établissent des piquets de grève. Le 4 octobre les grévistes demandent d'être accueillis par l'administration chargée de l'assistance publique, puis le 5 ils manifestent une fois encore devant la maison du travail (workhouse, cf. la note plus loin ). Le RWG appelle à la grève générale, la grève de loyers et des classes pour les enfants. Ces demandes sont approuvées au cours de réunions de masse, mais l'organe syndical officiel, le Belfast Trades Council, les écarte. Une nouvelle manifestation est appelée pour le 11 octobre. Le gouvernement l'interdit sur la base d'une législation de pouvoirs spéciaux en vigueur (Special Powers Act). Les travailleurs se lancent néanmoins dans l'action. S'en suit une journée de batailles de rue, la police fait intervenir des effectifs par milliers. Deux travailleurs sont tués par des tirs, plus d'une centaine blessés, dont un meurt le jour suivant. La police fait irruption dans les maisons, attaque violemment les habitants. Les actions de répression se concentrent principalement sur le quartier du Catholic Falls Road. Le 12 octobre est établi le couvre-feu. Deux communistes sont arrêtés. Les autorités entament des négociations avec le Belfast Trades Council, le 14 l'administration chargée de l'assistance publique annonce un relèvement général des allocations. Le travail reprend le 17 et le couvre-feu est levé le 18.

À partir d'avril 1932 le NUWM se focalise sur l'organisation d'une marche nationale sur la base d'une pétition exigeant l'abandon des mesures restrictives concernant les allocations de chômage. Le premier contingent de la marche part de l'Écosse le 26 septembre. Dix-huit contingents en tout rassemblés à différents lieux du pays se dirigent vers Londres afin de présenter au parlement la pétition portant un million de signatures. Avant même l'arrivée de la marche, des affrontements se produisent à Londres le 18 octobre, lorsqu'une délégation du NUWM rencontre les dirigeants du Conseil du comté pour leur soumettre les revendications. Plus de quarante manifestants sont arrêtés, il y a des blessés. Durant la traversée du pays, les marcheurs subissent à diverses occasions des violences policières. Environ 2500 marcheurs se retrouvent à Londres le 26 octobre. Le lendemain ils organisent un rassemblement à Hyde Park qui réunit près de 100.000 manifestants. Des affrontements avec la police se produisent, douze manifestants sont arrêtés, environ soixante blessés. Le 30 octobre une autre manifestation a lieu à Trafalgar Square, avec un nombre de participants d'environ 150 000. Le 1er novembre le NUWM s'apprête à apporter la pétition à la Chambre des communes, mais la police déclenche une opération de répression préventive, investit les locaux du NUWM, saisit un grand nombre de documents et arrête Walter Hannington. La pétition est également saisie. Des affrontements se poursuivent jusque dans la nuit. Quarante personnes sont arrêtées, environ cinquante blessées. Le 5 novembre les marcheurs sont reconduits hors la ville. De nombreuses condamnations sont prononcées, notamment Hannington est condamné à trois mois d'emprisonnement, dix autres à des peines d'emprisonnements allant jusqu'à six mois.

Des actions de sans‑emploi ont encore lieu dans les années consécutives. En février 1933 le TUC, préoccupé par l'influence du NUWM, organise une manifestation à ce sujet à Londres. Le 30 aout 1933, une marche de sans‑emploi est organisée dans la région de Monmouthshire (dans le sud du pays de Galles, atteignant l'estuaire de la rivière Severn); 500 marcheurs, soutenus par environ 20.000 manifestants, soumettent une pétition au conseil du comté, à Newport. En 1934 entre une vigueur une modification des dispositifs d'allocations-chômage. En février, une marche nationale de protestation est organisée à ce sujet par le NUWM ensemble avec diverses organisations de Front uni. La marche culmine en la tenue d'un congrès à Londres le 24 février puis un deuxième le 4 mars. Pour la première fois depuis 1927, l'action est soutenue par de nombreux unités de base de la Fédération de mineurs du pays de Galles du Sud (South Wales Miners' Federation, SWMF). En 1935 des manifestations se produisent, dont une au pays de Galles rassemblant environ 300.000 participants, une à Glasgow rassemblant environ 160.000 participants, ainsi qu'à Sheffield des affrontements opposant à la police quelques dizaines de milliers de travailleurs se dirigeant vers la Mairie.

En 1936, suite à une autre modification de la règlementation, des manifestations ont lieu au pays de Galles, dans la région de Rhondda: 60.000 manifestants à Rhondda le 20 juillet; puis le 27, 100.000 à Rhondda et 50.000 à Aberdare. En octobre 1936, une marche réunit 500 manifestants dans le sud du pays de Galles, avec le soutien officiel du SWMF et le Labour Party.

          Note au sujet de la "loi sur les pauvres" ("Poor Law"):

En Angleterre, en 1601, la "Poor Law" met en place un dispositif d'assistance aux plus pauvres. Les principes de la loi sont: l'obligation d'assistance aux impotents, inaptes au travail; le travail contraint pour tous ceux considérés comme capables de travailler ("relief work"); une organisation uniforme, mais gérée localement dans le cadre des paroisses, un financement assuré par l'impôt. Des "maisons de travail" ("workhouses") accueillent et font travailler les pauvres et les vagabonds aptes au travail ("indoor relief work"). En 1782 et 1795, la loi sur les pauvres est transformée dans le sens d'une véritable assistance: la taxe des pauvres est utilisée pour compléter les salaires les plus bas en vue d'atteindre un revenu minimum; des secours sont donnés aux indigents les plus nécessiteux, sans les contraindre au travail. Cependant en 1834, est adopté un acte qui rétablit et accentue les contraintes de la législation antérieure. En particulier, les secours doivent être conditionnés au travail dans la maison de travail.

Pour l'Irlande une loi inspirée par celle de l'Angleterre est adoptée en 1838. Sous la pression de la famine de masse et de la surpopulation touchant de nombreuses maisons du travail, la loi est modifiée en 1847 de sorte à autoriser l'assistance en dehors des maisons de travail sous certaines conditions, principalement la maladie et le handicap physique, ainsi qu'au cas où la maison du travail n'est pas en mesure d'accueillir de personnes supplémentaires ("outdoor relief work"). Cette loi reste la principale forme d'assistance en Irlande jusqu'aux années 1920, en Irlande du Nord jusqu'après la deuxième guerre mondiale.

[11].     Depuis la fin du 18e siècle l'industrie du coton occupe une place importante dans l'industrie de l'Angleterre.

Elle est en expansion encore dans les années avant la Première guerre mondiale. C'est à l'époque la branche d'industrie qui occupe le plus de main d'oeuvre, elle emploie plus d'un demi-million de personnes, dont plus de la moitié sont des femmes. Parmi les différentes professions, le groupe principal sont les tisserands; bien que non reconnu comme qualifié, ce travail nécessite une pratique de douze ans pour devenir tisseur pleinement confirmé. En 1914 le syndicat des tisserands (Weavers' Association) compte 200.000 membres et est le second plus grand syndicat du pays. Il se trouve fortement concentré sur la région de Lancashire. En son sein, la filature et le tissage sont deux processus nettement distincts. Au sud de la région se trouvent les centres de filature, notamment à Oldham et Bolton; au nord-ouest se trouvent les centres de tissage, notamment Blackburn et Burnley.

Vers 1928 les employeurs tendent à vouloir procéder à des réductions de salaire pour tous les travailleurs du coton. Parallèlement, un groupe de propriétaires d'usines à Burnley tente d'expérimenter un nouveau système, en soumettant 4 % des métiers à tisser dans 12 usines à un fonctionnement sur la base de huit métiers par tisserand au lieu de quatre. Les tisserands concernés sont payés plus, mais l'organisation implique le licenciement de quatre tisserands par usine. La mise en oeuvre démarre en avril 1929, après un accord conclu avec le syndicat des tisserands. Après quelques mois, l'hostilité au nouveau système se développe parmi les tisserands. Au début de 1931 les employeurs répondent avec un lockout qui frappe plus de 100.000 tisserands, il dure sept semaines, mais le syndicat refuse fermement de céder. Finalement, les employeurs, connaissant également des divisions en leur sein, renoncent, le 14 février. Cependant certaines usines suivent leur propre chemin séparément et introduisent différents variantes du système “plus de métiers”. Dans certains cas, sans modifier le nombre de métiers affectés à un tisserand, les employeurs baissent cependant le taux de salaire selon le taux par métier qui résulterait du système “plus de métiers”.

En mai 1931 le taux de chômage dans la région de coton a augmenté de 33 % par rapport à la fin de 1930, dans certaines zones il approche 50 %. Des heurts se produisent lorsque les employeurs amènent des travailleurs non-syndiqués prêts à accepter des salaires au-dessous des taux correspondants aux accords avec le syndicat. Dans certains cas, des rassemblements de deux à trois mille travailleurs sont organisés pour empêcher la manoeuvre, la police intervient violemment en faveur des employeurs. En juin 1932 les employeurs suspendent l'application des accords existants en matière de salaire et conditions de travail. Le syndicat décide la grève. C'est d'abord fin juillet à Burnley que la grève démarre, mais fin aout le syndicat appelle à l'extension sur l'ensemble de la région, ce qui est fait le 27 aout. Un accord est signé le 24 septembre, les travailleurs du coton acceptent une réduction des salaires, la question du “plus de métiers” reste en suspens.

[12].     Le territoire de la Bohème (à l'époque partie de la Tchécoslovaquie, aujourd'hui de la République tchèque) comprend une région riche en dépôts de charbon, principalement dans le bassin autour des villes Usti nad Labem, Teplice, Duchcov, Most, Chomutov, Žatec (dont la dénomination en allemand est respectivement Aussig, Teplitz, Dux, Brüx, Komotau et Saaz).

Dans cette région minière, durant le premier trimestre de 1932 le nombre de licenciements s'accroit fortement. Mi‑mars dans le puits "Koh‑i‑noor" se produit un accident causant plusieurs morts tandis qu'au même moment de nouveaux licenciements touchant le puits "Humboldt II" sont annoncés. Le 24 mars, contre la volonté des dirigeants syndicaux officiels, les mineurs déclenchent une grève. Le 25 on compte 12.000 grévistes paralysant 27 puits. Les pouvoirs publics participent à des démarches de médiation, le 31 mars est annoncée l'annulation des licenciements au puits "Humboldt II", le comité dirigeant la grève se prononce en faveur de l'arrêt du mouvement, mais à Brüx le comité local ne suit pas cette position. Des affrontements ont lieu entre police et grévistes. Les directions syndicales officielles interdisent désormais à leurs membres de participer aux comités de grève. Le 4 avril, les grévistes révoquent le comité de grève initialement désigné et forment un nouveau comité. Le 13, des affrontements violents se produisent à Brüx et Komotau, causant plusieurs morts et environ 200 arrestations. Le dimanche 18, le comité de grève de Brüx confirme sa position de rejet de propositions formulées dans le cadre de la médiation. Il ne reconnait pas l'appel à l'arrêt de la grève, lancé par les syndicats social-démocrates et national-socialistes (Union, Svaz, Narodni Sdruzcni), mais déclare que, si les travailleurs reprennent le travail lundi, il se ralliera à l'arrêt de la grève. Le lendemain, de façon minoritaire, quelques puits reprennent le travail, mais le gros des principaux puits poursuit le mouvement. Néanmoins la grève se termine le 20.

[13].     Ukraine des Carpates (appelée aussi Ruthénie subcarpatique).

En 1921, à l'issue des modifications de frontières appliquées après la Première guerre mondiale, la Pologne intègre notamment deux régions: la Galicie, ayant appartenue précédemment à l'empire Austro-hongrois, et la Volhynie qui est limitrophe à la Galicie au nord, ayant appartenue précédemment à l'empire russe (les deux constituent aujourd'hui la partie la plus occidentale de l'Ukraine). Par ailleurs une région limitrophe de la Galicie, au sud, l'Ukraine des Carpates (appelée aussi Ruthénie subcarpatique), ayant appartenue précédemment à la Hongrie dans le cadre de l'empire Austro-hongrois (tout comme d'ailleurs la Slovaquie), est intégrée dans sa quasi-totalité à la Tchécoslovaquie, dont elle forme la partie la plus orientale.

En juillet 1932 dans le district de Lesko (qui portait jusqu'en 1931 le nom ukrainien Lisko) situé en Galicie de l'Ouest se produit un soulèvement déclenché face à la volonté des autorités d'étendre les différentes formes de travaux obligatoires non rémunérés (Szarwarki). Le soulèvement mobilise 10.000 paysans de 19 villages, durant deux semaines. Environ cent paysans sont tués, cinq condamnés à mort. Suite à une campagne du Secours rouge international les exécutions ne sont pas effectuées. En nombre croissant les paysans fuient dans les forêts et forment des groupes de partisans. Cette aggravation des conflits se propage vers une grande partie de la Galicie de l'Est et de la Volhynie où, partout, la population souffre des effets d'une pénurie de vivres. Pour réprimer les mouvements le pouvoir déploie trois régiments d'infanterie, quatre escadrons de cavalerie, des chars, véhicules blindés, avions, ainsi que des forces de police dont l'effectif s'élève à 15.000. Douze paysans sont exécutés.

[14].     Un puissant mouvement de grève a lieu dans l'industrie textile du nord de la France, du 18 mai au 28 juillet 1931.

Le contexte est marqué par un conflit qui s'était déroulé auparavant entre juillet et septembre 1930. Le 1er juillet 1930 entre en application la loi instituant les Assurances Sociales. Les salariés gagnant moins de 18.000 Francs par an y sont seuls assujettis. Ils sont classés en 5 catégories de salaires auxquelles correspondent des cotisations fixes variant de 1,50 à 10,00 F par semaine. L'employeur doit prélever la cotisation à compter de la première paie suivant le 1er juillet 1930. Les ouvriers demandent la prise en charge de leur cotisation par l'employeur, ou à défaut, une hausse de salaires de 0,25 F de l'heure. Dans l'industrie du textile de la région Roubaix-Tourcoing, quelques entreprises indépendantes du Consortium de l'industrie textile de Roubaix-Tourcoing (cf. la note plus loin ) acceptent de prendre en charge la cotisation ouvrière. Mais le Conseil d'Administration du Consortium s'y refuse et annonce le 1er juillet à Roubaix-Tourcoing et dans la Vallée de la Lys une "prime de fidélité" ayant pour but de masquer l'effet de la cotisation ouvrière sur le salaire, sans pour autant accepter officiellement sa prise en charge. La prime, payable après un an de présence dans l'entreprise à la condition que le travail n'ait pas été interrompu au cours de l'année, quelles que soient la cause et la durée de l'interruption, est critiquée par les syndicats qui demandent la prise en charge de la cotisation ouvrière. Des mouvements de grève s'observent çà et là à partir du 16 juillet; les entreprises n'adhérant pas au Consortium ‑ qui paient les cotisations ouvrières aux Assurances Sociales ‑ continuent à travailler. Devant l'inflexible rigueur du Consortium, le 4 aout la grève s'étend, à l'appel de la C.G.T, à l'ensemble des usines du Consortium. Elle se termine le 15 septembre sur l'arbitrage de Pierre Laval, ministre du Travail et de la Prévoyance sociale: la prime de "fidélité" est supprimée, elle est remplacée par une prime de "présence", versée à l'issue de la première année, et cette prime est ensuite incorporée au salaire et payée en même temps que celui-ci. La pression des industriels, désireux d'en terminer, est telle que l'administrateur-délégué du Consortium, Désiré Ley, doit s'incliner. Le 11 septembre, la Commission intersyndicale de l'industrie textile de Roubaix-Tourcoing (cf. la note plus loin ) accepte les propositions du ministre du Travail. D'un autre côté, les syndicats CGT et chrétiens acceptent que les ouvriers supportent la retenue de leur cotisation aux Assurances Sociales. Les communistes et la CGTU sont hostiles à la loi sur les Assurances et refusent les retenues sur salaire tout en rejetant la "prime de présence".

Puis, le 14 avril 1931, le Consortium annonce aux délégués de la CGT et des syndicats chrétiens qu'à partir du 20 avril suivant, tous les salaires seront réduits de 10 %; l'échéance est finalement repoussé au 11 mai. Quelques jours avant l'échéance, Adolphe Landry, ministre du Travail et de la Prévoyance sociale dans le cabinet formé le 27 janvier 1931 sous la présidence du Conseil de Pierre Laval, se saisit du litige et obtient un nouveau sursis jusqu'au 18 mai. Le 16, des assemblées des syndicats CGT et chrétiens décident d'appeler à la grève pour le 18. Au même moment, le Consortium annonce par voie d'affiches qu'il n'applique pas la baisse de salaires, mais qu'il supprime la prime de présence, ce qui équivaut à une diminution des salaires de 4 à 5 %. Cependant la Commission intersyndicale précise le sens de cette position en indiquant que la question de la diminution de salaires, en dehors de la suppression de la prime de présence, ne serait pas posée à nouveau avant un délai minimum de trois mois ‑ ce qui signifie qu'elle sera effectivement posée ultérieurement. Les dirigeants des syndicats chrétiens sollicitent la médiation du ministre du travail. Dès le premier jour de la grève, on compte 93.000 grévistes à Roubaix-Tourcoing, le 20, on compte au total 112.000 grévistes sur les 128.000 ouvriers du secteur textile (43.000 sur 47.000 à Tourcoing). Le 6 juin, un industriel qui n'adhère pas au Consortium offre à ses ouvriers de reprendre le travail aux mêmes conditions qu'avant la grève (la question de la prime de présence ne se posant pas puisque les cotisations ouvrières aux Assurances Sociales étaient prises en charge par cet employeur), une réduction de salaires limitée à 3 % n'étant appliquée que le 1er septembre 1931. Un certain nombre de firmes, qui se constituent en Groupement Patronal Interprofessionnel, distinct du Consortium, font leur cette initiative. Le 26 juin le ministre du travail et le président du Conseil entament des nouvelles médiations avec les représentants patronaux et ouvriers, il en ressort le 30 juin la proposition de supprimer la prime de présence tandis que les ouvriers recevraient une augmentation de 2 %. Par une note du 2 juillet, la Commission intersyndicale déclare les pourparlers clos. Le 3 juillet, un accord est conclu entre les industriels indépendants et les syndicats CGT et chrétiens: prime de présence supprimée, prime de compensation de 3 % jusqu'au 15 septembre, puis ramenée à 1 % et intégrée dans le salaire. Le 20 juillet, 46.000 ouvriers ont repris le travail, dont 90 % au moins dans les firmes du Groupement Patronal Interprofessionnel. Le Consortium, qui ne veut pas céder, trouve un allié dans le gouvernement belge qui insiste vivement pour que les travailleurs frontaliers impliqués dans le mouvement cessent la grève. Le 21 juillet, il reste 64.000 grévistes, contre 62.000 ouvriers au travail; le 22, 43.000, contre 83 000; le 23, 31.000, contre 95.000. Le weekend des 25‑26 juillet, la CGT et les syndicats chrétiens annoncent la reprise du travail pour lundi. La CGTU tente de de poursuivre le mouvement mais au bout du compte constate que la grève est terminée le 28 juillet.

          Note au sujet du Consortium de l'industrie textile de Roubaix-Tourcoing et de la Commission intersyndicale de l'industrie textile de Roubaix-Tourcoing:

Durant la Première guerre mondiale, le syndicalisme purement patronal, inconnu en 1914 du fait de la doctrine du syndicat mixte qui avait la préférence des industriels catholiques, s'organise. Les membres de l'Association catholique des patrons du Nord tiennent en commun des réunions bi-mensuelles à Tourcoing et à Roubaix. Elles commencent le 8 juin 1915 à Tourcoing, le 29 septembre suivant à Roubaix. Louis Tiberghien-Motte, de la firme Tiberghien frères, constate que "l'apostolat à l'usine est moins efficace que nous l'avions espéré" et que l'ouvrier "ne veut plus confier la défense de ses intérêts au patron". Mais le roubaisien Eugène Mathon, très hostile aux syndicats ouvriers, qu'ils soient "confessionnels ou indépendants", et persuadé que le "meilleur moyen" de maintenir la paix sociale est "de traiter les ouvriers avec bienveillance et justice", entraine à sa suite la majorité du patronat textile. La guerre terminée, Mathon met sur pied deux organismes patronaux: le "Consortium de l'industrie textile de Roubaix-Tourcoing", qui a pour objet la gestion des oeuvres sociales, notamment des allocations familiales instituées bénévolement au profit du personnel des entreprises adhérentes, et la "Commission intersyndicale de l'industrie textile de Roubaix-Tourcoing", chargée de régler les questions de salaires et de répondre aux revendications ouvrières. Il en confie la direction à Désiré Ley, un ancien ouvrier né à Roubaix en 1883 de parents alsaciens. Les deux hommes ont en commun un paternalisme absolu du patronat, seul maitre de la création des oeuvres sociales et de leur fonctionnement. Ainsi les conditions d'octroi du "sursalaire familial", premier nom des allocations familiales, sont déterminées par l'intérêt patronal: un seul jour d'absence au cours d'un mois suffit à en faire perdre le bénéfice. C'est une arme antigrève très efficace, ce que Louis Blain, l'un des chefs des syndicats chrétiens, souligne dès 1922. Désiré Ley instaure une véritable dictature, qui s'impose même aux chefs d'entreprises, puisqu'il leur est interdit de négocier ou de traiter directement avec leur personnel. Ley refuse tout contact avec les syndicats unitaires et finit par rompre toutes relations d'abord en 1924 avec les syndicats chrétiens, accusés à Rome de connivence avec le socialisme, puis en 1928 avec la CGT.

[15].     Région minière de la Belgique.

Le gisement houiller belge se répartit en cinq bassins principaux: le Bassin de la Campine (35 % de la production) s'étendant dans les environs de Beringen, Helchteren-Zolder, Houthaelen, Genk, Eisden...; le Bassin de Charleroi-Namur (24 %) à l'ouest et à l'est de Charleroi avec Anderlues, Thuin, Lobbes, Monceau sur Sambre, Fontaine l'Evêque, Marchienne au Pont, Montignies, Gosselies, Jumet, Ransart, Couillet, Marcinelle, Gilly, Châtelineau, Tamines, Aiseau, Auvelais, Andenne...; le Bassin de Liège (15 %) depuis Wanze jusqu'à la frontière Est avec Jehay-Bodegnée, Loncin, Horion-Hozémont, Velroux d'une part, tout le bassin industriel de Liège depuis Chockier jusque Herstal, Jupille, Wandre et Milmort et la plus grande partie du plateau de Herve avec Micheroux, Blegny, Romsée, Battice...; le Bassin du Borinage (14 %) s'étendant à l'Ouest de Mons jusqu'à la frontière française et se développant notamment sous les localités de Blaton, Quiévrain, Quaregnon, Jemappes, Hensies, Saint Ghislain, Hornu, Frameries, Pâturages, Flénu, Nimy...; le Bassin du Centre (12 %) à l'Est de Mons, avec Havré, Maurage, Obourg, Strépy, Houdeng, La Louvière, Haine Saint Paul, Haine Saint Pierre, Manage, Morlanwez, Trazegnies, Binche...

À la fin du mois de mai 1932, alors que se profile une baisse conventionnelle des salaires de 5 %, les patrons charbonniers annoncent leur intention de procéder également à une modification des salaires. Sitôt appliquée la baisse conventionnelle du 19 juin, quelques grèves spontanées éclatent dans le Borinage. Elles n'ont pas toutes pour objet la baisse salariale mais concernent aussi les méthodes de travail. Plusieurs milliers de mineurs borains sont en grève, notamment dans le bassin du Couchant de Mons, et cela, malgré les exhortations de la Centrale des mineurs à reprendre le travail en respectant la convention signée.

C'est dans ce contexte tendu que, le 27 juin, le Conseil des ministres donne son accord sur un projet d'arrêté royal limitant le montant et les conditions d'octroi du chômage. Alors que l'organisation syndicale était parvenue à obtenir un retour au travail, deux charbonnages du Couchant de Mons ‑ les Charbonnages belges et les Charbonnages du Levant de Flénu ‑ refusent de reprendre les ouvriers, prétextant l'introduction de nouvelles méthodes de travail. La centrale des mineurs du Borinage annonce alors une grève générale pour le 6 juillet. Elle réclame la répartition du travail disponible et la stabilisation des salaires jusqu'à la fin du mois d'octobre. Immédiatement, des incidents se produisent, notamment à Cuesmes où les femmes empêchent les ouvriers réquisitionnés par le gouvernement pour le service de l'exhaure d'aller travailler. Le 7 juillet, les mineurs de Bray, dans le Centre, débrayent à leur tour en solidarité avec leurs collègues du Borinage. Un rassemblement se forme sur la place Mansart à La Louvière et un appel est lancé de propager la grève, par tous les moyens, à toutes les industries du Centre jusqu'à Charleroi. Les puits de Fontaine-Lévêque, Anderlues, Bascoup... ferment les uns après les autres. Des métallurgistes, des céramistes, des verriers... rejoignent le mouvement en signe de solidarité. Le 8 juillet, près de 20.000 travailleurs du Centre sont en grève. Les grévistes arrêtent la circulation des tramways et des trains de la ligne Binche-Charleroi. Devant l'ampleur du mouvement, le ministère de l'Intérieur décide de faire intervenir l'armée et notamment les unités motorisées des brigades mobiles. Le château du directeur des usines de la Providence est incendié le 10 juillet. En plusieurs endroits, les grévistes dépavent les rues, s'attaquent aux trams, construisent des barricades. Les gendarmes tirent et laissent deux morts. Les auto-mitraillettes devront protéger la Maison du Peuple de Charleroi, assaillie par les grévistes huant Émile Vandervelde, dirigeant du Parti ouvrier belge (POB), qui tente vainement de prendre la parole.

À l'initiative du député démocrate-chrétien Jean Bodart, les responsables des syndicats chrétiens et socialistes de Charleroi acceptent de se rencontrer en vue d'adopter une position commune. Ils se déclarent en accord avec les revendications mais condamnent la violence et invitent les ouvriers à suivre la discipline syndicale. De son côté, la Commission syndicale, en accord avec le Parti ouvrier belge (POB) décrète enfin, le 11 juillet, la grève générale et dépose une série de revendications parmi lesquelles le maintien des indemnités de chômage et l'assistance aux non‑assurés, l'arrêt des diminutions de salaire, le partage du travail disponible, le retrait du projet de loin d'impôt sur le pain et la mise à l'étude de la semaine de 40 h. Elle charge ses parlementaires de porter la discussion à la Chambre des députés.

Du côté des forces de l'ordre, on procède un peu partout à des arrestations de communistes. Le Drapeau rouge, organe du parti communiste est interdit.

Dès le lendemain, les commissions paritaires des différents secteurs se réunissent et parviennent à conclure des accords portant principalement sur la stabilisation provisoire des salaires. Estimant ces résultats suffisants, le POB et la Commission syndicale votent, le 16 juillet, la reprise du travail à l'unanimité.

Mais si le travail reprend en sidérurgie et dans les autres secteurs, il n'en est pas de même chez les mineurs. Les fédérations du Centre, du Borinage et de Charleroi estiment que l'accord proposé par la Commission nationale mixte des mines (CNMM) ne répond pas à toutes leurs revendications, notamment celles qui concernent le partage du travail disponible et la stabilisation définitives des salaires. Le 21 juillet, de nouvelles revendications sont déposées: le retrait du facteur charbon du calcul de la convention sur les salaires (dont le prix en chute tire les salaires vers le bas) et le relèvement des bas salaires. Les mineurs du Centre et du Borinage veulent, en outre, une augmentation de 5 %. La grève se poursuit donc et durera encore six semaines.

Isolés, les mineurs ne parviennent pas à obtenir de la Commission syndicale qu'une grève générale de solidarité appuie leurs revendications. Durant l'été, les négociations au sein de la CNMM échouent en raison de la résistance des mineurs dont la situation s'aggrave pourtant. À la mi‑aout, sur les quelques 139.000 mineurs de Wallonie, il y a encore 109.000 grévistes.

À la fin de l'été, alors que la situation de nombreuses familles de mineurs est critique, un nouvel élément va permettre de débloquer la situation. Tout au long de l'été, le gouvernement a négocié avec l'Allemagne de nouveaux accords de contingentement du charbon. Suite à la signature de ceux‑ci, le ministre du Travail peut déposer, début septembre, une nouvelle proposition aux mineurs. Elle comporte la révision des bas salaires et la stabilisation de ceux‑ci jusqu'au 1er novembre, la création d'une commission chargée de réviser la convention paritaire sur les salaires, la garantie du réembauchage de l'ensemble des mineurs dans le Borinage et une augmentation de tous les salaires de 1 %. Le 9 septembre, les mineurs reprennent le travail.

[16].     En Allemagne, le 31 juillet 1932, se tiennent des élections à l'Assemblée nationale (Reichstag).

Voici le nombre de députés pour les principaux partis (sur un total de 608): NSDAP 230, SPD 133, KPD 89, Zentrum 75, DNVP 37, BVP 22, DVP 7.

[17].     Le 10e Plenum du Comité exécutif de l'Internationale communiste se tient du 3 au 19 juillet 1929.

[18].     Décrets-lois en Allemagne.

En Allemagne, le 31 mars 1930, est formé un gouvernement avec à sa tête Heinrich Brüning (Zentrum). S'ouvre alors la période des dénommés “gouvernements présidiaux” [“Präsidialkabinette”]. (Cf. note 3 .) Le 18 juillet 1930, le gouvernement fait en sorte que les mesures qu'il propose, faute d'être approuvées par l'Assemblée nationale, soient édictées par voie de décrets d'urgence [Notverordnung] du président du Reich (il s'agit d'un dispositif prévu par l'article 48 de la constitution) Paul von Hindenburg. Mais suite à des motions présentées séparément par le SPD et le KPD, l'Assemblée nationale annule immédiatement ces décrets par 236 voix contre 222, ce qui impose au président l'obligation de signer lui‑même un décret d'annulation. Or Brüning présente alors des décrets signés d'avance par Hindenburg, un qui dissout le Parlement, et un qui annonce la tenue d'élections à l'Assemblée nationale à la date du 14 septembre. Le 26 juillet le président édicte le décret pour la résorption d'états de détresse personnels, économiques et sociaux [zur Behebung personeller, wirtschaftlicher und sozialer Notstände]. C'est une version accentuée des décrets refusés par l'Assemblée nationale le 18 juillet. Se tiennent donc des élections le 14 septembre. À ces élections, le SPD obtient 143 sièges sur un total de 577, le NSDAP 107, le KPD 77, le Zentrum 68. Le gouvernement dirigé par Brüning reste en place.

Parmi la série des décrets d'urgences:

1er décembre 1930: décret du président pour la consolidation de l'économie et des finances [zur Sicherung von Wirtschaft und Finanzen]. 5 juin 1931: deuxième décret du président pour la consolidation de l'économie et des finances.

28 mars 1931: décret du président pour la lutte contre des actes de violence politiques [zur Bekämpfung politischer Ausschreitungen]. 17 juillet: deuxième décret du président pour la lutte contre des actes de violence politiques. 10 aout: décret de modification du deuxième décret....

6 octobre 1931: troisième décret du président pour la consolidation de l'économie et des finances et pour la lutte contre des actes de violence politiques [zur Sicherung von Wirtschaft und Finanzen und zur Bekämpfung politischer Ausschreitungen] (après ceux du 5 juin 1931 et du 17 juillet 1931). 8 décembre: quatrième décret du président pour la consolidation de l'économie et des finances et pour la protection de la paix intérieure [zur Sicherung von Wirtschaft und Finanzen und zum Schutze des inneren Friedens] (après ceux du 5 juin 1931, 17 juillet 1931 et 6 octobre 1931).

17 mars 1932: décret du président du Reich pour la protection de la paix intérieure [zum Schutze des inneren Friedens]. 13 avril: décret du président pour la consolidation de l'autorité de l'état [zur Sicherung der Staatsautorität]. 3 mai: deuxième décret du président pour la consolidation de l'autorité de l'état, après celui du 13 avril.

Le 1er juin 1932, Franz von Papen succède à Brüning comme chancelier du Reich. Le 14 juin est édicté le décret du président contre des actes de violence politiques [gegen politische Ausschreitungen]. Il remplace en grande partie les décrets antérieurs dans le même domaine. Le 28 juin est édicté le deuxième décret du président du Reich contre des actes de violence politiques. Le 29 juillet le président édicte le décret pour la consolidation de la paix intérieure [zur Sicherung des inneren Friedens].

[19].     L'Humanité, 6 octobre 1932: "orienter de nouveau".

[20].     Guomindang ou Kuomintang ("Parti nationaliste")

Au cours de l'année 1911, l'Alliance révolutionnaire (Zhongguo geming Tongmenghui, c'est‑à‑dire Ligue révolutionnaire unie de Chine, ou simplement Tongmenghui), fondée par Sun Yìxian (Sun Yat‑sen) en 1905, intervient activement pour développer l'agitation, qui se dirige contre le régime impérial et amène l'effondrement de celui‑ci. Le 29 décembre, des représentants des diverses provinces choisissent Sun Yìxian comme président de la République. En février 1912 Yuan Shikai, chargé par la Cour de réprimer les révoltes, obtient l'abdication du jeune empereur Puyi; une Assemblée réunie à Nanjing (Nanking) désigne Yuan Shikai comme président de la République. La Tongmenghui est transformée en Guomindang, qui formule comme programme les “Trois Principes du peuple”: nationalisme, démocratie, bienêtre *. Cependant en 1913 des soulèvements provoquent la dissolution du Guomindang par le régime. En 1914 le Japon s'empare des concessions allemandes en Chine (Qingdao, dans la province Shandong) et en 1915 impose à la Chine son protectorat. Yuan Shikai décède en 1916, la Chine entre alors dans une longue période de luttes entre les chefs républicains et les généraux. En Chine du Nord les dujun ("seigneurs de la guerre") rivaux, Zhang Zuolin, gouverneur de Mandchourie, Cao Kun, gouverneur du Zhili (correspondant approximativement à la province actuelle Hebei), etc., s'opposent dans des conflits armées qui se poursuivront jusqu'en 1927.

En 1921 est créé à Shanghai le Parti communiste chinois (PCC), qui adhère à l'Internationale communiste l'année suivante. En 1922 Sun Yìxian est porté à Guangzhou (Canton) à la présidence de la République. Il se donne pour objectif la reconquête de toute la Chine du Sud et la prise de Beijing (Pékin), face aux deux factions ennemis, dont l'une soutenue par le Japon, l'autre par la Grande‑Bretagne. À partir de 1923‑1924 il obtient le soutien de l'U.R.S.S. et le Guomindang accepte le principe d'un front uni impliquant l'intégration des communistes en son sein. Après la mort de Sun Yìxian en 1925, s'opère une scission au sein du Guomindang entre, d'une part, une fraction autour de Wang Jingwei et Song Qingling (veuve de Sun Yìxian) et, d'autre part, celle dirigée par Jiang Jieshi (Chiang Kai‑shek). En 1926 Jiang Jieshi l'emporte et exclut les communistes des organes dirigeants. Il organise une “expédition vers le Nord” dans l'objectif de reconquérir les provinces tenues par les divers gouverneurs. Le 12 avril 1927 un soulèvement des travailleurs de Shanghai, animé par le PCC, est réprimé par l'armée de Jiang Jieshi, le massacre fait des milliers de victimes. Nanjing devient le siège du gouvernement du Guomintang de Jiang Jieshi. Les communistes sont privés de leurs bases urbaines, Mao Zedong, Zhou Enlai et Zhu De rassemblent des troupes pour former une armée populaire de libération qui se regroupe dans les montagnes du Hunan puis du Jiangxi. En 1928 Jiang Jieshi marche vers le nord et entre en juin à Beijing, qui est déclaré capitale.

En novembre 1931 est créé une République soviétique chinoise (capitale Ruijin au Jiangxi). En septembre de la même année les Japonais occupent la Mandchourie qui l'année suivante devient le Mandchoukouo, État prétendument indépendant, placé sous l'autorité de Puyi, dernier empereur mandchou.

          * “Trois Principes du peuple” (en chinois “Sanmin zhuyi”, “min” signifie peuple, citoyen): nation (minzu), démocratie (minquan), bienêtre (minsheng).

[21].     L'Humanité, 6 octobre 1932: "développer" au lieu de "créer".

[22].     Le Secours rouge international (SRI) est créé en 1922 en lien avec l'Internationale communiste.

Son premier président est Julian Marchlewski, auquel succède en 1925 Clara Zetkin. En 1932 se tient le premier congrès international du SRI, avec des représentants de 71 sections nationales.

[23].     Staline, "Sur quelques questions de l'histoire du bolchévisme" (Lettre à la rédaction de la revue Prolétarskaia Révolutsia), Cahiers du Bolchévisme, 7e année, n° 2, 15 janvier 1932, p. 81.

(Cf. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k12710w.item).

[24].     L'Humanité, 6 octobre 1932: "mouvement de masse des classes exploitées et des peuples opprimés" au lieu de "mouvement des masses exploitées et des peuples opprimés".