Analyses

Accueil

 

Agitprop

English

Art

Français

Références

Español

Présentation

Plan site

 

 

 

 

 

Français   >   Références   >

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comité exécutif de l'Internationale communiste

Thèses sur l'unité du front prolétarien

et sur l'attitude à adopter envers les ouvriers adhérant aux
Internationales deux, deux et demi, à celle d'Amsterdam, ainsi qu'envers
les ouvriers appuyant les organisations anarcho-syndicalistes

(Extraits)

18 décembre 1921

 

 

Source:

L'Internationale communiste au travail, Paris, Librairie de l'Humanité, 1923, p. 115 [1] [2].

 

 

 

 

 

 

 

Version imprimable
L'IC et la question de la tactique ‑ Sommaire

 

 

 

 

 

 

1. Le mouvement international traverse en ce moment une période de transition qui pose devant l'Internationale communiste et devant ses sections de nouveaux et importants problèmes tactiques.

Cette période est principalement caractérisée par les faits suivants: La crise économique mondiale s'aggrave. Le chômage s'accroît. Dans presque tous les pays, le Capital international a déclenché contre la classe ouvrière une offensive systématique, dont le but avoué est tout d'abord de réduire les salaires et d'avilir les conditions d'existence des travailleurs. La faillite de la paix de Versailles devient de plus en plus évidente pour les masses laborieuses elles-mêmes. Il est clair que si le prolétariat international n'arrive pas à détruire le régime bourgeois, une ou même plusieurs guerres impérialistes ne sauraient tarder à éclater. C'est ce qu'a démontré avec éloquence la Conférence de Washington[3].

2. [4] Les illusions réformistes qui, par suite de diverses circonstances, avaient bénéficié d'un regain de faveur dans les grandes masses ouvrières, font place, en présence des dures réalités, à un état d'esprit tout différent. Les illusions démocratiques et réformistes qui, après la guerre impérialiste, avaient repris du terrain parmi une catégorie de travailleurs privilégiés, ainsi que parmi les ouvriers les plus arriérés au point de vue politique, se dissipent avant même d'avoir pu s'épanouir. Les résultats des travaux de la Conférence de Washington leur porteront le coup de grâce.

Si l'on pouvait, il y a six mois, parler avec un semblant de raison d'une certaine évolution à droite des masses ouvrières d'Europe et d'Amérique, l'on ne saurait nier en ce moment le début d'une nouvelle orientation à gauche.

3. D'autre part, l'offensive capitaliste a suscité dans les masses ouvrières une tendance spontanée à l'unité, que rien ne saurait contenir et qui va de pair avec l'accroissement de la confiance dont les communistes bénéficient auprès du prolétariat.

Maintenant seulement, des milieux ouvriers de plus en plus importants commencent à apprécier la vaillance de l'avant-garde communiste qui engagea la lutte, pour la défense des intérêts prolétariens, à une époque où les grandes masses demeuraient encore indifférentes, voire hostiles, au communisme. Les ouvriers comprennent de plus en plus que les communistes ont réellement défendu, souvent au prix des plus grands sacrifices et dans les circonstances les plus pénibles, les intérêts économiques et politiques des travailleurs. De nouveau, le respect et la confiance vont à l'avant-garde intransigeante que constituent les communistes; reconnaissant enfin la vanité des espérances réformistes, les travailleurs les plus arriérés se convainquent qu'il n'est, contre la spoliation capitaliste, de salut que dans la lutte.

4. Les Partis Communistes peuvent et doivent recueillir maintenant le fruit des luttes qu'ils ont naguère soutenues dans les circonstances les plus défavorables au milieu de l'indifférence des masses. Mais, portés par une confiance croissante vers les éléments les plus irréductibles, les plus combatifs de leur classe ‑ vers les communistes ‑ les travailleurs témoignent plus que jamais d'un irrésistible désir d'unité. Éveillées désormais à une vie plus active, les couches les moins expérimentées de la classe ouvrière rêvent de la fusion de tous les partis ouvriers, sinon de toutes les organisations prolétariennes. Elles espèrent accroître ainsi leur capacité de résistance à la poussée capitaliste. Des ouvriers qui, jusqu'à présent, s'étaient à peu près désintéressés des luttes politiques, veulent vérifier désormais, par leur expérience personnelle, la valeur du programme politique du réformisme. Les ouvriers qui adhèrent aux vieux partis social-démocrates et qui constituent une fraction importante du prolétariat n'admettent plus les campagnes des calomnies des social-démocrates et des centristes contre l'avant-garde communiste; bien plus, ils commencent à réclamer une entente avec cette dernière. Cependant ils ne sont pas encore complètement émancipés des croyances réformistes, et nombreux sont ceux qui accordent leur appui aux Internationales Socialistes[5] et à celle d'Amsterdam[6]. Sans doute leurs aspirations ne sont-elles pas toujours nettement formulées, mais il est certain qu'elles tendent impérieusement à la création d'un front prolétarien unique, à la formation, par les partis de la IIe Internationale et les syndicats d'Amsterdam alliés aux communistes, d'un bloc puissant contre lequel viendrait se briser l'offensive patronale. En ce sens, ces aspirations représentent le progrès même. La foi au réformisme est à peu près éteinte. Dans la situation actuelle du mouvement ouvrier, toute action sérieuse, même si elle a son point de départ dans des revendications partielles, amènera fatalement les masses à poser les questions fondamentales de la révolution. L'avant-garde communiste ne pourra que gagner à l'expérience des nouvelles couches ouvrières, qui se convaincront par elles-mêmes de l'inanité des illusions réformistes et des effets déplorables de la politique de conciliation.

5. Lorsque commença la protestation organisée et consciente des travailleurs contre la trahison des leaders de la IIe Internationale, ceux-ci disposaient de l'ensemble du mécanisme des organisations ouvrières. Ils invoquèrent l'unité et la discipline ouvrière pour bâillonner impitoyablement les révolutionnaires protestataires et briser toutes les résistances qui les eussent empêchés de mettre au service des impérialistes nationaux la totalité des forces prolétariennes. La gauche révolutionnaire fut ainsi forcée de conquérir, coûte que coûte, sa liberté de propagande, afin de faire connaître aux masses ouvrières la trahison infâme qu'avaient commise ‑ et que continuent de commettre ‑ des partis et des syndicats créés par les masses elles-mêmes.

6. Après s'être assuré une complète liberté de propagande, les partis communistes s'efforcent aujourd'hui, dans tous les pays, de réaliser une unité aussi complète que possible des masses ouvrières sur le terrain de l'action pratique. Les gens d'Amsterdam et ceux de la IIe Internationale, eux aussi, prônent l'unité, mais tous leurs actes sont la négation de leurs paroles. N'ayant pas réussi à étouffer dans les organisations les protestations, les critiques et les aspirations des révolutionnaires, les réformistes, avides de compromis, cherchent maintenant à sortir de l'impasse où ils se sont engagés, en semant la désorganisation et la division parmi les travailleurs et en sabotant leur lutte. Démasquer en ce moment leur récidive de trahison est un des devoirs les plus importants des partis communistes.

7. La profonde évolution intérieure provoquée dans la classe ouvrière d'Europe et d'Amérique par la nouvelle situation économique du prolétariat[7], oblige même les dirigeants et les diplomates des Internationales socialistes et de l'Internationale d'Amsterdam à mettre au premier plan le problème de l'unité ouvrière. Alors que, chez les travailleurs récemment arrivés à une vie politique consciente et encore inexpérimentés, le mot d'ordre du Front Unique est l'expression sincère du désir d'opposer à l'offensive patronale toutes les forces de la classe ouvrière, ce mot d'ordre n'est, de la part des leaders réformistes, qu'une nouvelle tentative de duper les ouvriers pour les ramener dans l'ornière de la collaboration de classe. L'imminence d'une nouvelle guerre impérialiste, la course aux armements, les nouveaux traités secrets des puissances impérialistes, non seulement ne détermineront pas les dirigeants de la IIe Internationale, de l'Internationale 2 ½ [8] et de l'Internationale d'Amsterdam à sonner l'alarme et aider effectivement à l'union internationale de la classe ouvrière, mais ils susciteront infailliblement parmi eux les mêmes dissensions que dans la bourgeoisie internationale. C'est là un fait d'autant plus inévitable que la solidarité des "socialistes" réformistes avec "leurs" bourgeoisies nationales respectives, constitue la pierre angulaire du réformisme.

Telles sont les conditions générales dans lesquelles l'Internationale communiste et ses sections ont à préciser leur attitude envers le mot d'ordre de l'unité du front ouvrier[9].

8. Tout bien pesé, le Comité exécutif de l'Internationale communiste estime que le mot d'ordre du 3e Congrès de l'Internationale communiste: "Aux masses!" ainsi que les intérêts généraux du mouvement communiste, exigent que l'Internationale communiste et ses sections soutiennent le mot d'ordre de l'unité du front prolétarien et prennent en main l'initiative de sa réalisation. La tactique des partis communistes s'inspirera des conditions particulières à chaque pays.

9. En Allemagne [...]

10. En France [...]

11. En Angleterre [...]

12. En Italie [...]

13. En Tchécoslovaquie [...]

14. En Suède [...]

15. Aux Etats-Unis [...]

16. En Suisse [...]

17. Dans une série d'autres pays [...]

18. Le Comité exécutif stipule, comme condition rigoureusement obligatoire pour tous les Partis Communistes, la liberté, pour toute section passant une convention quelconque avec les partis de la IIe Internationale et de l'Internationale 2 ½, de continuer la propagande de nos idées et la critique des adversaires du communisme. Tout en se soumettant à la discipline de l'action, les communistes doivent absolument se réserver le droit et la possibilité d'exprimer, non seulement avant et après, mais encore pendant l'action, leur opinion sur la politique de toutes les organisations ouvrières sans exception. En aucun et sous aucun prétexte, cette clause ne saurait souffrir d'infraction. En préconisant l'unité de toutes les organisations ouvrières dans chaque action contre le front capitaliste, les communistes ne peuvent renoncer à la propagande de leurs points de vue qui, seuls, constituent l'expression logique des intérêts de l'ensemble de la classe ouvrière.

19. Le Comité exécutif de l'Internationale communiste croit utile de rappeler à tous les partis frères les expériences des bolchéviks russes, dont le parti est le seul qui ait jusqu'à présent réussi à vaincre la bourgeoisie et à s'emparer du pouvoir. Pendant les quinze années qui s'étendent entre la naissance du bolchevisme et sa victoire (1903‑1917), celui-ci n'a jamais cessé de combattre le réformisme, ou, ce qui revient au même, le menchevisme. Mais pendant ce même laps de temps, les bolchéviks ont, à plusieurs reprises, passé des accords avec les mencheviks. La première scission formelle eut lieu au printemps de 1905. Mais sous l'influence irrésistible d'un mouvement ouvrier de vaste envergure, les bolchéviks formèrent, la même année, un front commun avec les mencheviks. La seconde scission formelle eut lieu en janvier 1912. Mais de 1905 à 1912, la scission alterna avec des unions et des accords temporaires (en 1906, 1907 et 1910). Unions et accords ne se produisirent pas seulement à la suite des péripéties de la lutte entre fractions, mais surtout sous la pression des grandes masses ouvrières éveillées à la vie politique et qui voulaient voir par elles-mêmes si les voies du menchevisme s'écartaient véritablement de la révolution. Peu avant la guerre impérialiste, le nouveau mouvement révolutionnaire qui suivit la grève de la Léna engendra dans les masses prolétariennes une puissante aspiration à l'unité, que les dirigeants du menchevisme s'évertuèrent à exploiter à leur profit, comme le font aujourd'hui les leaders des Internationales "socialistes" et ceux de l'Internationale d'Amsterdam. À cette époque, les bolchéviks ne se refusèrent pas au front unique. Loin de là: pour contrebalancer la diplomatie des chefs mencheviks, ils adoptèrent le mot d'ordre de "l'unité par la base", c'est-à-dire de l'unité des masses ouvrières dans l'action révolutionnaire pratique contre la bourgeoisie. L'expérience montra que c'était là la seule vraie tactique. Modifiée selon les temps et les lieux, cette tactique gagna au communisme l'immense majorité des meilleurs éléments prolétariens mencheviks.

20. Adoptant le mot d'ordre de l'unité du front prolétarien et admettant des accords entre ses diverses sections et les partis et syndicats de la IIe Internationale et de l'Internationale 2 ½, l'Internationale communiste ne saurait évidemment renoncer elle-même à passer des accords analogues sur l'échelle internationale. Dans la question du secours aux affamés de Russie, l'Exécutif a proposé un accord à l'Internationale Syndicale d'Amsterdam. Il a renouvelé ses propositions en vue d'une action commune contre la terreur blanche en Espagne et en Yougoslavie. Il soumet actuellement aux Internationales socialistes et à l'Internationale d'Amsterdam une nouvelle proposition au sujet des travaux de la Conférence de Washington, laquelle ne peut que précipiter l'explosion d'une nouvelle guerre impérialiste. Mais les dirigeants de ces trois organisations internationales ont montré que, dès qu'il s'agit d'en venir aux actes, ils renoncent entièrement à leur mot d'ordre d'unité ouvrière. Par suite, la tâche précise de l'Internationale communiste et de ses sections sera de dévoiler aux masses l'hypocrisie des dirigeants ouvriers qui préfèrent l'union avec la bourgeoisie à l'unité des travailleurs révolutionnaires et, en restant dans le Bureau International du Travail auprès de la Société des Nations, participent par là même à la Conférence impérialiste de Washington, au lieu de mener une campagne contre elle. Mais le refus opposé à nos propositions ne nous fera pas renoncer à la tactique que nous préconisons, tactique profondément conforme à l'esprit des masses ouvrières et qu'il faut savoir développer méthodiquement, sans relâche. Si nos propositions d'action commune sont repoussées, il faudra en informer le monde ouvrier afin qu'il sache quels sont les destructeurs réels de l'unité du front prolétarien. Si nos propositions sont acceptées, notre devoir est d'accentuer et d'approfondir les luttes engagées. Dans les deux cas, il importera de faire en sorte que les pourparlers des communistes avec les autres organisations éveillent et attirent l'attention des masses laborieuses. Car il faut absolument intéresser ces dernières à toutes les péripéties du combat pour l'unité du front révolutionnaire de tous les travailleurs.

21. En fixant ce plan d'action, l'Exécutif tient à attirer l'attention des partis frères sur les périls qui peuvent en résulter. Tous les partis communistes sont loin d'être suffisamment affermis et organisés et d'avoir vaincu définitivement les idéologies centriste et semi-centriste. Des excès peuvent se produire et amener la transformation des partis et groupes communistes en blocs hétérogènes informes. Pour appliquer avec succès la tactique préconisée, il importe que le parti soit fortement organisé et que sa direction se distingue par la clarté parfaite de ses idées.

22. Au sein même de l'Internationale communiste, dans les groupements que l'on considère à tort ou à raison comme droitiers ou semi-centristes, il existe indubitablement deux courants. Le premier, réellement émancipé de l'idéologie et des méthodes de la IIe Internationale, n'a pourtant pas su se défaire d'un sentiment de respect à l'égard de l'ancien pouvoir organisateur et voudrait, consciemment ou non, rechercher les bases d'une entente idéale avec la IIe Internationale et, partant, avec la société bourgeoise. Le second, qui combat le radicalisme formel et les erreurs d'une prétendue "gauche", voudrait donner à la tactique du jeune parti communiste plus de souplesse et d'aptitude à la manœuvre afin de lui permettre de pénétrer plus facilement les masses ouvrières.

L'évolution rapide des partis communistes a parfois poussé ces deux courants à se rejoindre, voire à n'en former qu'un. Une application attentive des méthodes indiquées plus haut, dont le but est de donner à l'agitation communiste un appui dans les actions des masses unifiées, contribuera efficacement à l'affermissement révolutionnaire de nos partis, tant en faisant l'éducation expérimentale des éléments impatients et sectaires qu'en les débarrassant du poids mort du réformisme.

23. Par unité du front prolétarien, il faut entendre l'unité de tous les travailleurs désireux de combattre le capitalisme, y compris par conséquent les ouvriers qui suivent encore les anarchistes et les syndicalistes. Dans divers pays, ces éléments peuvent utilement s'associer aux actions révolutionnaires. Dès ses débuts, l'Internationale communiste a toujours préconisé une attitude amicale à l'égard de ces éléments ouvriers qui surmontent progressivement leurs préjugés et adhèrent peu à peu au communisme. Les communistes devront dorénavant leur accorder d'autant plus d'attention que le front unique contre le capitalisme est en voie de réalisation.

24. Dans le but de fixer définitivement le travail ultérieur dans les conditions indiquées, l'Exécutif décide de convoquer prochainement une assemblée extraordinaire à laquelle tous les partis affiliés seront représentés par un nombre de délégués double du nombre ordinaire.

25. Le Comité exécutif consacrera la plus grande attention à toutes les démarches pratiques effectuées dans la voie qu'il vient d'indiquer et demande aux différents partis de l'informer par le menu de toutes leurs tentatives dans ce sens et de tous les résultats obtenus.

 

 

 

 

 



[1]. Sauf indication contraire, les annotations sont ajoutées par nous [321ignition].

[2]. Le 1er décembre 1921 le Bureau politique du Comité central du PCR(b) adopta un projet de résolution se prononçant en faveur d'actions de l'IC avec la participation de travailleurs adhérents aux organisations de la 2e Internationale. Sur cette base, le 18 décembre le Comité exécutif de l'IC de même que la 11e Conférence panrusse du PCR(b) réunie du 19 au 22 décembre, approuvèrent les Thèses sur l'unité du Front prolétarien. Une révision rédactionnelle aboutit à la finalisation du texte le 25 décembre. Les Thèses furent ensuite publiées portant la date du 28 décembre, et accompagnées d'un Appel "Pour l'unité du Front prolétarien - Aux prolétaires de tous les pays", adopté le 1er janvier 1922 en commun par les Exécutifs de l'IC et de l'ISR. Le 1er Plénum élargi du CE de l'IC, tenu du 21 février au 4 mars 1922 ratifia les Thèses; les représentants italiens, espagnols ainsi que la majorité des français votèrent contre.

[Sources:

Geschichte der Kommunistischen Partei der Sowjetunion, Band 4: Die Kommunistische Partei im Kampf für den Aufbau des Sozialismus in der UdSSR, Erstes Buch: 1921 bis 1929. Hrsg.: Institut für Marxismus-Leninismus beim ZK der KPdSU, Moscou, Verlag Progress, 1973.

Beiträge zur Geschichte der Arbeiterbewegung, Band 14, Institut für Marxismus-Leninismus beim ZK der SED, Dietz Verlag, 1972.

Studien zur Geschichte der Kommunistischen Internationale: Sammelband, Berlin, Dietz, 1974.]

Les thèses telles qu'élaborées par le Comité exécutif sont reproduites in: La Correspondance Internationale, n° 4, 14 janvier 1922, p. 25 (précédées de l'Appel, p. 17). La date indiquée est le 28 décembre 1921.

Une version datée du 18 décembre 1921 est publiée in: Bulletin communiste, n° 2, 12 janvier 1922 (l'Appel étant reproduit dans le n° 3, 19 janvier 1922).

Les thèses telles qu'approuvées par le 4e Congrès de l'IC sont reproduites in: L'internationale communiste au travail, Paris, Librairie de l'Humanité, 1923.

D'une version à l'autre, apparaissent quelques différences de rédaction. Cependant en consultant les versions correspondantes en langue allemande, on constate que celles-ci ne varient pas entre la première publication en décembre 1921 et leur intégration dans le Compte-rendu du 4e Congrès de l'IC. Selon les cas il peut s'agir de retouches de la traduction en français, ou alors de défauts dans la traduction en allemand qui n'aurait pas pris en compte des modifications effectuées postérieurement à la première publication. Nous signalerons quelques discordances.

En allemand, les Thèses portent le titre "Leitsätze über die Einheitsfront der Arbeiter und über das Verhältnis zu den Arbeitern, die der 2., der 2½ und der Amsterdamer Internationale angehören, sowie zu den Arbeitern, die die anarcho-syndikalistischen Organisationen unterstützen."

[3]. Du 12 novembre 1921 au 6 février 1922 se tient à Washington une réunion à laquelle participent les USA, la Grande-Bretagne, le Japon, la France, l'Italie, la Belgique, les Pays-Bas, le Portugal et la Chine. Elle a un double but: régler les questions d'Extrême-Orient et du Pacifique, limiter les armements navals. Le problème du Pacifique est réglé par un traité à quatre (USA, Grande-Bretagne, Japon et France), signé le 13 décembre 1921 et qui remplace le traité anglo-japonais de 1902: les signataires promettent d'observer le statu quo dans les possessions insulaires. La question chinoise fait l'objet d'un traité à neuf (les quatre précédents, plus l'Italie, la Belgique, les Pays-Bas, le Portugal et la Chine), par lequel les contractants s'engagent à respecter la souveraineté chinoise et le principe de la "porte ouverte". Le traité à cinq (Angleterre, USA, Japon, France, Italie), du 6 février 1922, impose une limitation des armements navals, selon le nombre de navires chiffré pour chacun des pays signataires. Ces dispositions, qui consacrent l'égalité des flottes anglaise et américaine, resteront en vigueur jusqu'à la conférence de Londres en 1936, où l'Italie et le Japon reprendront leur liberté en matière d'armements navals.

[4]. Dans la version allemande des Thèses, ce paragraphe fait partie de la section numérotée "1"; par la suite, la numérotation se trouve décalée en conséquence.

[5]. En 1889 se tient un congrès ouvrier international à Paris. La coordination ainsi établie entre partis d'orientation marxiste est désigné couramment comme "Deuxième Internationale". Dans un premier temps, aucune structure organisationnelle particulière n'est mise en place, en dehors de la convocation de congrès. En 1900 est constitué un Bureau socialiste international, ainsi qu'un comité exécutif chargé des affaires courantes, avec siège à Bruxelles.

Les 14 et 15 février 1915, se tient à Londres une conférence des partis socialistes des pays alliés. Les délégués sont au nombre de 46. La France est représentée par Alexandre Desrousseaux dit Bracke, Adéodat Compère-Morel, Marcel Cachin, Jean Longuet, Marcel Sembat, Pierre Renaudel, Edouard Vaillant, Louis Dubreuilh, Ernest Poisson, Braemer pour le Parti socialiste unifié (SFIO); Léon Jouhaux, Alexandre Luquet, Moulinier, Albert Bourderon et Alphonse Merrheim, pour la Confédération générale du travail. La Grande Bretagne est représentée entre autres par Arthur Henderson, Ramsay Macdonald, Keir Hardie, William Anderson, Bruce Glasier; la Belgique notamment par Émile Vandervelde et Camille Huysmans; pour la Russie participent entre autres par Ivan M. Maisky, (du parti social-démocrate menchévik), Viktor M. Černov et Ilja A. Rubanovič, (du parti socialiste révolutionnaire), etc.

Après la Première guerre mondiale, se tient d'abord en février 1919 une conférence à Bern, puis en aout 1920 la 2e Internationale est reconstituée à Genève avec la participation d'un nombre réduit de partis. Elle établit son siège à Londres. Un certain nombre d'autres partis constituent en février 1921 à Vienne en Autriche la “Communauté internationale de travail de partis socialistes”. Friedrich Adler et Otto Bauer jouent un rôle important. Officiellement l'organisation est désignée aussi comme Internationale de Vienne, mais elle est couramment nommée "l'Internationale 2 ½". En mai 1923 durant un congrès tenu à Hambourg cette Internationale et la 2e Internationale créent en commun l'“Internationale ouvrière socialiste”.

[6]. Fédération syndicale internationale (Internationale syndicale d'Amsterdam).

En 1901 se tient à Copenhague une réunion entre représentants des centrales syndicales de Norvège, Suède, Finlande, Danemark, Allemagne, France et Belgique. Une autre rencontre suit en 1903, et est constitué un secrétariat international avec Carl Legien comme secrétaire. En 1913 est adoptée la désignation Fédération syndicale internationale. La Première guerre mondiale introduit le clivage correspondant aux alliances belligérantes. En 1919 la FSI est reconstituée. Une première réunion se tient en février 1919 à Bern, en juillet-aout le siège est établi à Amsterdam. La FSI est reconnue par l'Organisation internationale du travail, nouvellement créée. L'admission à la FSI des syndicats de l'Union soviétique est refusée. L'AFL américaine adhère finalement en 1937.

[7]. La partie "provoquée dans la classe ouvrière d'Europe et d'Amérique par la nouvelle situation économique du prolétariat" figurait déjà dans la version en français des Thèses de décembre 1921 sous une formulation similaire. La version en allemand de décembre 1921 contient la partie de phrase équivalente "[Tiefe innere Prozesse,] die im Zusammenhang mit der neuen wirtschaftlichen Arbeiterklasse in Europa und Amerika in der letzten Zeit begonnen haben", mais celle-ci ne figure plus dans la version en allemand intégrée au compte-rendu du 4e Congrès de l'IC.

[8]. Cf. note 5.

[9]. Dans la version en français des Thèses du 28 décembre 1921 il est écrit " mot d'ordre de l'unité du front ouvrier". Dans la version en allemand intégrée au compte-rendu du 4e Congrès de l'IC, de même que dans celle du 28 décembre 1921, il est écrit "Parole der sozialistischen Einheitsfront".