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Sionisme et extrême droite: Argumenter juste pour ne pas viser de travers

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Écrit:
Janvier 2009

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Sionisme et national-socialisme

 

 

 

 

 

 

Aux yeux de certains, affirmer des concordances fondamentales entre sionisme et national-socialisme serait l'expression d'une volonté d'affubler à tort Israël d'une image d'incarnation du mal. En réalité, l'importance de traiter la question provient du fait que, comme toujours en matière de lutte de classe, il faut analyser avec précision la nature et les caractéristiques de l'ennemi, afin de le combattre efficacement.

La mise en évidence des éléments qui rapprochent sionisme et national-socialisme, c'est le sujet du texte "Sionisme et national-socialisme". Précisons ici que cela n'a rien à voir avec des discours alléguant toutes sortes de complots instigués par les sionistes conjointement avec d'autres forces. Un exemple: selon Israël Shamir, journaliste juif né en Russie et immigré en Israël, "les États-Unis, sous l'impulsion des Juifs américains, ont décidé de commencer la troisième guerre mondiale" qui "vise à établir un grand empire judéo-américain, pour subjuguer le monde […]"[1]. On rencontre parfois le même type d'interprétation aberrante en ce qui concerne les rapports entre sionistes et national-socialistes entre 1933 et 1945. En réalité, les tractations entre les deux parties n'étaient nullement basées sur un quelconque projet global commun, mais constituaient des marchandages autour d'enjeux pratiques partiels pouvant donner lieu à des faveurs mutuelles.

Les appréciations confuses pullulent. Parfois elles sont la manifestation d'errements de la part de personnes de bonne foi, souvent elles émanent d'efforts intentionnels de jeter le discrédit sur les mouvements antiimpérialistes.

Le deuxième cas s'applique aux “négationnistes” qui nient que les camps d'extermination aient existés ou minimisent le nombre de victimes. Mais le même piège dans l'argumentation existe sous l'angle inverse, par exemple quand certains discours visent à montrer la supériorité du nombre de Noirs ayant péri durant la période de la traite d'esclaves. Notamment, en ce qui concerne la Palestine, il est contraire à la vérité d'affirmer que le sort subi par le peuple palestinien aujourd'hui soit pire que l'extermination de Juifs par les national-socialistes. Il est par ailleurs inexact de parler de génocide au sujet de la politique d'Israël vis-à-vis du peuple palestinien. Certes, il n'est nullement exclu par principe que des forces sionistes fassent ce choix et tentent de le mettre en oeuvre, du moins en ce qui concerne la population se trouvant dans la Palestine historique. Cependant, les actions militaires sionistes contre les Palestiniens ‑ les attentats sous le mandat britannique, les guerres successives depuis 1948, la répression des insurrections en Cisjordanie, le blocus et l'invasion de Gaza ‑ constituent certes des massacres, parfois à grande échelle, mais n'ont pas pour objectif, ni explicitement ni implicitement, d'exterminer la population dans sa totalité. Là encore, il importe de ne pas présenter la réalité de façon déformée, sous peine de subir les distorsions consécutives dans l'orientation politique qui pourrait en être déduite.

Dieudonné M'bala M'bala est un exemple typique de la nocivité d'une certaine attitude qui se veut subversive. Il patauge dans les accointances avec l'extrême droite. Mais ce qui caractérise surtout ce personnage c'est le rôle qu'il joue en tant que figure emblématique des positions de rejet du “système”. Il le dit dans une interview en octobre 2008[2]: "Profondément j'emmerde ce système! J'en ai rien à foutre." À l'approche des élections présidentielles de 2007, le rappeur Axiom fait effectivement le constat: "Pour la première fois j'entends des jeunes des quartiers populaires dire: “En cas de second tour Sarkozy-Le Pen, je vais voter Le Pen”. Pour eux, le choix c'est subir avec Sarkozy ou faire péter le système avec Le Pen." Or, dans l'optique en question, le terme “système” n'évoque nullement le système capitaliste, mais certains épiphénomènes qui peuvent être l'apanage plus ou moins marqué de n'importe quel système social, principalement la corruption.

Le "combat contre le système" figurait en bonne place parmi les slogans mis en avant par les national-socialistes et leurs alliés. Citons par exemple des paroles de Franz von Papen. Celui-ci avait été chancelier du Reich[3] du 1er juin au 17 novembre 1932. Contraint de démissionner en absence d'un soutien parlementaire suffisant, il avait été succédé par Kurt von Schleicher, mais il favorisera activement la chute, rapide, de ce gouvernement et en janvier 1933 il sera chargé par le président du Reich Paul von Hindenburg d'entamer des négociations avec Adolf Hitler. Résultat: le 30 janvier est formé un gouvernement avec Hitler comme chancelier et von Papen comme vice-chancelier. Voici quelques paroles de von Papen, prononcées le 12 septembre 1932[4]:

Le gouvernement du Reich [...] se trouverait totalement en porte-à-faux, au cas où il admettrait que selon la loi démocratique de la pendule de majorités parlementaires, pourrait lui succéder à nouveau une coalition de partis de composition quelconque [...]. Serait-il pour en arriver là que des millions de gens, durant des années, ont mené le combat contre le “système”, à savoir le système de la domination de partis, qui a politisé la fonction publique, avili les charges de l'état et de l'administration publique en les transformant en sinécures, qui a laissé sombrer dans la fange d'intérêts égoïstes la grandeur de l'idée portant l'état? [...] Le gouvernement du Reich est de l'avis que, soumis au jugement porté par l'Histoire ainsi qu'aux yeux de la Nation allemande, le système de la démocratie formelle se trouve à bout, et qu'il ne peut être ressuscité.

Puisqu'il est question d'“humoristes”, rappelons que nombreux sont ceux qui, face aux combats politiques justes, déclenchent des contrefeux camouflés en plaisanteries gentillets. Par exemple, Coluche qui lance: "Le capitalisme, c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le communisme, c'est le contraire."

 

 

 

 

 

Notes



[1]. Israël Shamir: "Notre devoir est de dire ce que l'on croit juste" (Interview de Silvia Cattori), 2003.

http://www.jerusalemites.org/articles/french/jan2004/26.htm

Voir: "Le soi-disant “empire judéo-américain”: une mystification de plus".

[2]. Sur le site www.fluctuat.net.

[3]. En 1871 fut fondé un état national allemand rassemblant les provinces incluses, notamment le royaume de Prusse, sous le nom de "Deutsches Reich" ("Empire allemand"). Cette désignation fut maintenue après l'instauration de la république fédérale en 1919.

[4]. http://www.bundesarchiv.de/aktenreichskanzlei/1919-1933/0000/vpa/vpa2p/kap1_1/para2_6.html