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Eugène Varga

L'aggravation des antagonismes intérieurs
dans la société capitaliste : Le chômage organique
[Extraits]

 

 

Le texte reproduit ci-dessous a été publié par le CEMOPI.

 

 

 

 

 

 

Source[1]:

Bulletin international
Nouvelle série n° 10 (92), Premier Trimestre 1999
édité par le CEMOPI
(Centre d'étude sur le mouvement ouvrier et paysan international),
France

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Le chômage, phénomène organique au-delà des formes circonstancielles -
Sommaire

 

 

 

 

 

 

Nous avons compris tout à fait clairement que la tâche de tout entrepreneur est d'éliminer le travail
R. G. Tugwell[2]

 

Le chômage en masse chronique au cours de la période d'après-guerre est un fait bien connu. Nous étions disposés à ne le considérer que comme la conséquence des troubles profonds apportés dans l'équilibre de l'économie mondiale (industrialisation des pays d'outre-mer, appauvrissement de l'Europe, crise agraire). Certes, tous ces facteurs constituent des causes partielles du chômage. Mais une étude approfondie du développement du capitalisme au cours de ces dernières années montre que la cause principale du chômage en masse chronique ne réside pas dans les facteurs ci-dessus, mais est due à l'aggravation des antagonismes intérieurs du capitalisme. Le caractère fondamental de cet antagonisme est le suivant:

La plus-value que les capitalistes se partagent entre eux, au prorata de l'importance de leur capital, est produite par les ouvriers exploités par le capital industriel. Par capital industriel, nous entendons, dans le sens de Marx, le capital qui traverse dans son cycle la sphère de production, prend et rejette tour à tour les formes G ‑ W ‑ ... P ... W ‑ G'[3], par conséquent du capital productif placé dans l'agriculture, l'industrie, les mines et les transports. Certes, le capital commercial, le capital-argent, le capital de prêt exploitent également les ouvriers qu'ils emploient, mais ces ouvriers ne créent pas directement de la plus-value. Le salaire qu'ils touchent fait partie des "faux frais" du mode de production capitaliste. Chaque profit, chaque revenu sans travail, de quelque façon qu'on se le procure, est une partie de la plus-value créée par le capital industriel. La somme du profit total est égale à la somme de la plus-value. C'est pourquoi, en supposant un certain taux de profit, plus le nombre d'ouvriers exploités est grand, plus est considérable la masse de la plus-value, et, par conséquent, la masse du profit.

La contradiction intérieure du mode de production capitaliste consiste en ce que, quoique le profit total soit égal à la plus- value totale, chaque entreprise capitaliste, considérée isolément, travaille constamment à réduire le nombre des ouvriers occupés par elle, à remplacer le travail humain par des machines et à réduire la somme de la plus-value.

Pour le capitaliste isolé, qui ne comprend pas le mécanisme véritable de l'économie capitaliste, mais voit tout à travers les lunettes de la concurrence, les dépenses imposées par le paiement des salaires sont un élément du coût de production qui ne se différencie en rien des autres éléments du coût de production : combustible, matières premières, machines, etc. C'est pourquoi, dès qu'il a la possibilité de réduire le coût de production, les ouvriers sont remplacés par des machines et jetés sur le pavé, et la plus-value est réduite. Ainsi l'intérêt des entreprises capitalistes consistant à s'assurer, par la réduction de leur coût de production individuel au moyen de la réduction de la somme des salaires, une plus grande participation au profit total, est en contradiction avec l'intérêt de la classe capitaliste dans une mise en valeur la plus haute possible de l'ensemble du capital)[4].

Sur cette base, se développent trois principales tendances du capitalisme:

1. La tendance à l'élévation de la composition organique du capital;

2. La tendance à la baisse du taux du profit[5];

3. La tendance à la diminution du nombre des ouvriers.

Nous ne nous occuperons ici que de cette dernière tendance. Marx déclare à ce sujet:

L'accumulation du capital, qui n'apparaît originairement que comme une extension quantitative, se poursuit, comme nous l'avons vu, au moyen d'une transformation qualitative continuelle de sa composition, d'un accroissement perpétuel de sa partie constante, aux dépens de sa partie variable. [...]

Étant donné que la demande de travail n'est pas déterminée par les dimensions de l'ensemble du capital, mais par celles de sa partie variable, elle diminue par conséquent relativement au fur et à mesure que s'accroît le capital total, au lieu d'augmenter en même temps que lui. Elle diminue relativement à l'importance du capital total, et progressivement avec l'accroissement de ce capital. [...]

Certes, en même temps que s'accroît le capital total, s'accroît également sa partie variable, ou la force de travail qui lui est incorporée, mais dans une proportion diminuant constamment... Avec l'accumulation du capital produite par elle-même, la population ouvrière crée, par conséquent, dans des proportions croissantes les moyens qui la rendent relativement superflue. C'est là une loi propre au mode de production capitaliste. [...]

Plus sont considérables la richesse sociale, les dimensions et l'allure de son accroissement, et par conséquent la grandeur absolue du prolétariat et la force productive de son travail, et plus est considérable l'armée de réserve industrielle. La force de travail disponible est créée par les mêmes causes que la force d'expansion du capital. La grandeur relative de l'armée de réserve industrielle s'accroît, par conséquent, avec l'augmentation de la richesse sociale[6].

Jusqu'à la guerre mondiale, il sembla que cette tendance, qui découle nécessairement du mécanisme du mode de production capitaliste, ne se manifestait pas dans le capitalisme de cette époque. Certes, le nombre des ouvriers occupés dans J'industrie augmentait rapidement. L'armée de réserve industrielle était incorporée dans J'industrie aux époques de bonne conjoncture[7], et l'on se plaignait du manque de forces de travail. D'où la théorie vulgaire, que Ricardo avait déjà réfutée, selon laquelle les ouvriers jetés sur le pavé doivent nécessairement trouver de nouvelles occasions de travail[8].

Au cours des années d'après-guerre, depuis la stabilisation du capitalisme, on assiste à une diminution du nombre des ouvriers occupés par le capital industriel. La tendance à la constitution d'une armée de réserve industrielle s'est complètement réalisée. L'élimination des ouvriers par les machines n'est plus compensée par l'extension de la production[9],

C'est là un fait si important que nous devons le prouver minutieusement à l'aide de chiffres et d'arguments. Pour réfuter une objection probable, disons tout de suite qu'il ne s'agit nullement ici d'un phénomène provoqué par le cycle industriel. Il ne s'agit pas du fait que le nombre des ouvriers occupés dans l'industrie a diminué, parce que le volume de la production a diminué à la suite d'une crise, mais d'un licenciement d'ouvriers dans une période de bonne conjoncture, avec un volume de production accru et dans les pays capitalistes dirigeants ..

Nous commençons par les États-Unis. Le tableau suivant montre le développement des forces de travail et de la production depuis 1899[10].

 

 

Forces de travail
(en 1000)

Index pour 1925
(1899
= 100)

 

1899

1925

Ouvriers

Production
totale

Production
par ouvrier

Agriculture[11]

10 500

10 500

100

145

145

Mines

600

1 065

177

480

271

Industrie

5 200

9 772

188

278

148

Chemins de fer

929

1 846

198

293

148

Ensemble

17 229

23 183

135

247

183

 

Ce tableau montre le développement typique de l'époque précédente du capitalisme dans les pays dirigeants: stagnation du nombre des ouvriers occupés dans l'agriculture, augmentation considérable des ouvriers occupés dans l'industrie, les transports et les mines. Mais à une augmentation de la production de 147 %, ne correspond qu'une augmentation de 35 % du nombre des ouvriers occupés. La production par ouvrier a augmenté de 83 %. On constate un besoin relatif de forces de travail, étant donné que l'augmentation du rendement par ouvrier est inférieure à l'augmentation du volume de la production. C'est pourquoi on a besoin de forces de travail supplémentaires.

Si nous considérons la période d'après-guerre, nous avons un tableau tout différent.

 

Développement des forces de travail de la production depuis 1919[12]

 

 

Forces de travail
(en 1000)

Index pour 1925
(1919
= 100)

 

1919

1925

Ouvriers

Production
totale

Production
par ouvrier

Agriculture

11 300

10 500

93

108

118

Mines

1 065

1 065

100

133

133

Industrie

10 689

9 772

91 ½

128 ½

140

Chemins de fer[13]

1 915

1 744

91

104 ½

115

Ensemble

24 969

23 081

93

120

129

 

Nous constatons, par conséquent, une diminution des forces de travail de 7 %, mais une augmentation de la production de 20 % et de production par ouvrier de 29 %. Nous avons, numériquement, une diminution de près de 2 millions d'hommes. L'augmentation du rendement par ouvrier dépasse l'augmentation de la production. C'est pourquoi une certaine quantité de forces de travail sont éliminées définitivement du processus de la production.

Ce même processus s'est poursuivi manifestement en 1926 et en 1927. Les statistiques ne vont que jusqu'en 1925. Mais l'index du Federal Reserve Board et du Département du Travail nous permettent de les remplacer:

 

 

1919

1920

1921

1922

1923

1924

1925

1926

1927

Production[14]

83

87

67

85

101

95

104

108

106

Forces de travail[15]

 

 

85,1

88,4

100

90,3

91,2

91,9

88,2

[16]

 

Enfin, nous voulons encore montrer, par l'exemple d'un certain nombre de branches d'industries, comment le progrès technique réalisé au cours des dernières années et la rationalisation créent un chômage permanent.

Le tableau suivant indique les transformations qui ont été réalisées de 1923 à 1927 dans l'industrie américaine, et notamment:

a) La modification (pourcentage) du volume de la production.

b) La modification (pourcentage) du nombre des ouvriers.

c) La modification (pourcentage) de la demande de forces de travail en rapport avec le volume de la production (addition des deux premières rubriques).

 

 

Modifications (pourcentage)

Demande relative
de forces de travail
par rapport
au volume
de la production

 

Volume de la production

Nombre
des ouvriers

Pétrole raffiné

+ 84

- 5

89

Tabac

+ 53

- 13

66

Viande

+ 20

- 19

39

Chemins de fer (1922-1926)

+ 30

- 1

31

Automobiles

+ 69

+ 48

21

Bandages

+ 69

+ 48

21

Lignite

+ 4

- 15

19

Électricité (1922-1927)

+ 70

+ 52

18

Acier

+ 8

- 9

17

Agriculture (1920-1925)

+ 10

- 5

15

Produits de coton

+ 3

- 13

16

Production du bois

- 6

- 21

16

Confection pour hommes

+ 1

- 7

8

 

Ce tableau montre qu'au cours d'une période de cinq années, le rendement a augmenté dans les principales branches de la production d'environ 20 %. À quel point cette augmentation est considérable, c'est ce que prouve le fait que Sombart n'évalue qu'à 100 % l'accroissement de la productivité du travail dans l'industrie pour toute la période de haut développement capitaliste, c'est-à-dire pour les cent années qui précédèrent la guerre. C'est là, par conséquent, au cours des cinq dernières années, un progrès tel qu'il fut réalisé autrefois en vingt ans (Le haut capitalisme, p. 243).

Le résultat de ce développement est un chômage permanent s'accroissant d'année en année. Ce chômage est encore aggravé par le fait de l'augmentation naturelle du nombre des forces de travail et par l'immigration. Les tableaux en appendice montrent le développement de ce chômage organique.

Les chiffres pour l'Angleterre montrent un développement analogue.

Le nombre des ouvriers occupés dans l'industrie et les transports s'élevait (en milliers)[17]:

 

 

Début de
1923

Début de
1928

 

Assurés

9 701

8 992

- 809

Chômeurs

1 333

1 094

-

Ouvriers occupés

8 368

7 898

- 470

Index de la production[18]

88,7

96,3

+ 7,6

 

Nous voyons, par conséquent, que le nombre des ouvriers occupés dans l'industrie et les transports a augmenté d'un demi-million, soit d'environ 6 %. La production a augmenté de 7,6 %. La tendance à la constitution d'un chômage permanent est claire, surtout si nous tenons compte que deux cent mille nouveaux ouvriers grandissent tous les ans, et que l'agriculture libère chaque année quelques dizaines de milliers d'ouvriers[19]. Pour d'autres pays, le matériel statistique dont nous disposons ne suffit pas pour prouver la création d'un chômage permanent. Mais le fait du chômage en masse chronique dans la plupart des pays d'Europe, montre que, là aussi, les mêmes causes produisent les mêmes effets.

Que deviennent les ouvriers jetés sur le pavé?

Les chiffres pour l'Amérique et l'Angleterre montrent qu'une partie des ouvriers licenciés par le capital industriel et dont le nombre est augmenté par l'accroissement naturel de la classe ouvrière trouvent quelque part du travail, sinon le nombre des chômeurs devrait être encore plus considérable. Pour les États-Unis, nous avons le calcul suivant de Corey[20]. Entre 1919 et 1926, on constate, d'après les données du Bureau national de recherches économiques, une augmentation de 4.312.000 ouvriers. Les progrès techniques réalisés par l'industrie ayant libéré 2.125.000 ouvriers, 6 millions et demi de personnes auraient dû trouver du travail en dehors de l'agriculture, de l'industrie, des transports et des mines. L'auteur estime qu'entre 1910 et 1920, dans les branches d'activité n'appartenant pas à la sphère du capital industriel, sur ces 6 millions et demi de personnes, une partie ont trouvé du travail dans les branches suivantes:

 

Commerce

1 000 000

Employés et fonctionnaires non occupés par la capital industriel

1 000 000

Professions libérales

650 000

Commerce et service des automobiles

700 000

Services publics

250 000

Divers

350 000

En tout

3 950 000

 

En outre, 650.000 nouveaux ouvriers trouvèrent du travail dans le bâtiment, lequel fait partie du capital industriel. Nous constatons donc une diminution des forces de travail créatrices de plus-value au service du capital industriel d'environ 1.500.000 personnes, et une augmentation des forces de travail dans la sphère de la circulation et dans différentes branches d'activité d'environ 4 millions de personnes. Naturellement, la capacité d'absorption de la sphère de circulation est limitée, et tout ce développement est anormal*. La rationalisation du commerce et de toutes les branches d'activité administratives tend également à une réduction des forces de travail.

La contradiction entre le progrès technique, l'accroissement formidable de la richesse sociale et l'augmentation considérable du chômage chronique, constituent le principal élément d'instabilité au sein du capitalisme le plus stable, dont l'importance sociale est formidable.

 

* Considérée socialement, la productivité du travail s'accroît au fur et à mesure qu'on l'économise. Cette économie implique non seulement l'économie des moyens de production, mais l'élimination de tout travail superflu. Tandis que le monde de production capitaliste réalise des économies dans les entreprises individuelles, son système anarchique de concurrence créée un gaspillage effréné des moyens de production sociale.

K. MARX, Le Capital, 1, p. 493.

 

 

 

 

 

 

Notes



[1]. Eugène Varga, L'Économie de la période de déclin du capitalisme après la stabilisation, Paris, 1928, Bureau d'Éditions, 175 p. Cette étude de Varga est antérieure au VIe Congrès de la IIIe Internationale. On a reproduit ici le chapitre III, pp. 26‑36. Les notes sont de l'auteur. On peut relever certaines erreurs dans les tableaux mais nous nous sommes conformés à l'édition en langue française. Eugène Varga, économiste hongrois, a participé à la Révolution hongroise avec Bela Kun. Spécialiste de l'économie au sein de la IIIe Internationale. Critiqué à l'issue de la Deuxième Guerre mondiale il fit une autocritique. Après le XXe Congrès du PCUS en 1956 Varga revient sur certaines de ses thèses. Publication en France en 1970, présenté par Roger Garaudy, de ce qui a été présenté comme son "testament", des notes pour un livre inachevé (Le testament de Varga, Paris, 1970, Grasset) où s'exprime une vive critique de Staline. Ses écrits, ceux publiés notamment dans le cadre de l'Internationale Communiste, constituent quoi qu'il en soit, vu les importantes fonctions qu'il a exercées, un instrument de première importance. [BI]

[2]"We have developed a fairly definite idea that an employer's business is to eliminate work." R. G. Tugwell, Industry's coming of age, New York 1927, p. 87.

[3]. G: argent, W: marchandise, P: production. [321ignition]

[4]. La diminution du prix des marchandises dédommage le capitaliste en tant que consommateur, mais ne change rien à la tendance à la diminution du taux du profit.

[5]. Dans la mesure où la diminution des prix des marchandises porte également sur les éléments du capital constant, elle s'oppose à la tendance à la baisse du taux du profit.

[6]Le Capital, tome 1, chap. 23: la loi générale de l'accumulation capitaliste.

[Note 321ignition: Telle que présentée par Varga, la citation est basée sur l'édition du Capital en allemand. L'édition française (traduction de Joseph Roy, Paris, Lachâtre, 1872‑1875) comporte des différences, de sorte que l'on ne retrouve pas textuellement les passages cités; le chapitre "Loi générale de l'accumulation capitaliste" porte d'ailleurs le numéro 25. Voici les extraits équivalents de l'édition française (Paris, Éditions sociales, 1975):

"La demande de travail absolue qu'occasionne un capital est en raison non de sa grandeur absolue, mais de celle de sa partie variable, qui seule s'échange contre la force ouvrière. La demande de travail relative qu'occasionne un capital, c'est-à-dire la proportion entre sa propre grandeur et la quantité de travail qu'il absorbe, est déterminée par la grandeur proportionnelle de sa fraction variable. [...]

"Nous venons de démontrer que l'accumulation qui fait grossir le capital social réduit simultanément la grandeur proportionnelle de sa partie variable et diminue ainsi la demande de travail relative. [...] Tant qu'un capital ne change pas de grandeur, tout décroissement proportionnel de sa partie variable en est du même coup un décroissement absolu. Pour qu'il en soit autrement, il faut que le décroissement proportionnel soit contrebalancé par une augmentation survenue dans la somme totale de la valeur-capital avancée. La partie variable qui fonctionne comme fonds de salaire diminue donc en raison directe du décroissement de sa grandeur proportionnelle et en raison inverse de l'accroissement simultané du capital tout entier. [...]

"En produisant l'accumulation du capital, et à mesure qu'elle y réussit, la classe salariée produit donc elle-même les instruments de sa mise en retraite ou de sa métamorphose en surpopulation relative. Voilà la loi de population qui distingue l'époque capitaliste [...]

"La réserve industrielle est d'autant plus nombreuse que la richesse sociale, le capital en fonction, l'étendue et l'énergie de son accumulation, partant aussi le nombre absolu de la classe ouvrière et la puissance productive de son travail, sont plus considérables. Les mêmes causes qui développent la force expansive du capital amenant la mise en disponibilité de la force ouvrière, la réserve industrielle doit augmenter avec les ressorts de la richesse."]

[7]. En Allemagne, au cours des années 1907‑1913, c'est-à-dire dans une période qui comprend la grave crise de 1907‑1908, le nombre moyen des chômeurs parmi les ouvriers organisés syndicalement était de 2,3 %. Par contre, d'après l'Annuaire statistique de 1927, p. 336, le pourcentage fut le suivant au cours des années 1923‑1927:

 

1923

1924

1925

1926

1927

9,6

13,6

6.7

18

8,8

 

[8] Un exemple entre cent: le professeur Monbert écrit dans le Bergwerkszeitung du 23 octobre 1927: "Il ne faut pas nous laisser induire en erreur par le fait que la rationalisation a momentanément libéré une grande quantité de forces de travail. C'était également le cas, il y a un siècle, à l'époque où les machines entrèrent en concurrence avec la force de travail humaine. Ce qui importe, c'est la tendance générale, et le fait que toutes les améliorations techniques et économiques doivent inévitablement accroître à la longue les possibilités de travail dans un pays donné."

[9]. Il n'y avait autrefois de compensation que pour les pays impérialistes. Le chômage en masse fut, au moyen de l'exportation des produits industriels, transporté aux colonies, où des millions et des millions d'artisans hindous, chinois, etc. devinrent superflus, et furent exposés à la famine.

[10]. Ces chiffres ne contiennent pas seulement les ouvriers salariés, mais aussi les fermiers. Mais cela ne change rien à la tendance générale du développement.

[11]Commerce Yearbook, 1926, t. I, p. 16. Il manque les chiffres pour le bâtiment où l'on a occupé un nombre plus grand d'ouvriers.

[12]Commerce Yearbook, 1926, t. I, p. 19.

[13]. Seulement les chemins de fer de première classe. C'est ce qui explique la différence avec le tableau précédent.

[14]. Nouvel index du Federal Reserve Board. Production quotidienne moyenne des années 1923‑1924‑1925 = 100.

[15]. Index du Board of Labour 1923 = 100; Stat. Abstract, 1926, p. 337.

[16]. Calculé par nous.

[17]. Le nombre des assurés est tiré de la Labour Gazette. On a retiré du chiffre total les personnes occupées dans la sphère de la circulation et dans l'administration (commerce, banques, administrations, hôtels, etc.), ainsi que les chômeurs.

[18]London and Cambridge Economist Service (1913 = 100).

[19]. Le grand nombre des ouvriers occupés au cours des années d'après-guerre fut la conséquence de la situation créée pendant la guerre et la période de démobilisation. La diminution n'est donc pas seulement le résultat d'une nouvelle rationalisation technique, mais aussi le retour à l'ancien état de choses "normal".

[20]Analist du 9 mars 1928.