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12e Plenum du Comité exécutif
de l'Internationale communiste
(27 aout - 15 septembre 1932)

Résolution :
Les leçons des grèves économiques
et de la lutte des chômeurs

Septembre 1932

 

 

Source:

Thèses, décisions, résolutions de la XIIe Assemblée plénière du Comité exécutif de l'Internationale communiste (Septembre 1932); Paris, Bureau d'éditions, 1933; p. 19‑30 [1].

 

 

 

 

 

 

Établi: novembre 2017

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Documents de l'Internationale communiste ‑ Sommaire

 

 

 

 

 

 

Résolution adoptée par la 12e session plénière du C.E. de l'I.C. sur le rapport du camarade Thälmann,
et les co-rapports des camarades Lenski et Gottwald.

1. La poussée révolutionnaire croissante et le caractère des luttes grévistes et de la lutte des chômeurs

La poussée révolutionnaire croissante s'exprime dans le domaine de la lutte économique du prolétariat par le développement des mouvements de grèves massifs (Espagne, Chine, Pologne, Tchécoslovaquie, Japon, France, Belgique, Bulgarie, Angleterre, Indes, États‑Unis et autres pays), par le ralliement à la lutte économique de nouvelles couches du prolétariat des pays où la crise économique s'est développée plus tard (mineurs du Borinage en Belgique, ouvriers textile de Twente en Hollande, ouvriers papetiers d'Odalène en Suède, monteurs de Zurich en Suisse), par une rapide transformation de petits mouvements économiques en grèves économiques et politiques de masse (Brux, Borinage, etc.), par l'accroissement du poids spécifique des partis communistes et du mouvement syndical révolutionnaire dans les grèves et dans la lutte des chômeurs, par la formation d'un nouveau noyau d'ouvriers sans parti actifs, luttant héroïquement contre l'offensive du capital, en dépit de la bureaucratie syndicale réformiste et contre elle.

L'avant-garde communiste et le mouvement syndical révolutionnaire n'ont cependant pas réussi, depuis la 11e session plénière du C.E. de l'I.C., à dresser la majorité de la classe ouvrière dans la lutte contre les attaques incessantes du capital. Les causes du développement insuffisant des luttes économiques du prolétariat résident dans le fait que jusqu'à présent on s'est encore insuffisamment orienté sur la direction indépendante des luttes économiques sur la base de la tactique du front unique par en bas, résident dans la sous‑estimation des luttes partielles, dans la faible liaison avec les masses dans les entreprises et avec les chômeurs, dans l'affaiblissement des positions révolutionnaires à l'intérieur des syndicats réformistes, dans l'incapacité de démasquer les manœuvres de la bureaucratie syndicale réformiste, dans la capitulation avouée ou masquée par la phraséologie dé "gauche" devant la bureaucratie réformiste.

Partant de l'expérience de tous les grands mouvements grévistes qui ont eu lieu depuis la 11e session plénière du C.E. de l'I.C. et tenant compte de certaines nouvelles difficultés objectives, de même que des nouvelles possibilités croissantes, les P.C. doivent, en se trouvant constamment au sein des masses, mais en marchant toujours à leur tête, organiser la lutte du prolétariat pour les plus petites revendications journalières des ouvriers, ils doivent être prêts à prendre rapidement en main la direction de toutes les formes des mouvements spontanés contre l'offensive du capital et à élever le niveau politique de ces mouvements, tout en élargissant par tous les moyens les luttes partielles du prolétariat et en les orientant dans le sens des grèves politiques de masse.

La lutte économique du prolétariat acquiert dans la majorité écrasante des pays capitalistes un caractère toujours plus révolutionnaire, se combinant toujours plus souvent avec divers éléments et formes des actions politiques, elle est, à l'étape actuelle, dans la plupart des pays capitalistes, le principal chaînon pour amener les masses aux prochaines grandes batailles révolutionnaires. Développer et intensifier par tous les moyens la lutte du prolétariat contre la diminution des salaires et l'aggravation des conditions de travail, tendre toutes les forces des partis communistes et des organisations syndicales révolutionnaires pour assurer une direction indépendante des luttes grévistes et du mouvement des chômeurs, élever la capacité de combat des masses et amener celles‑ci, sur la base de leur propre expérience, de la lutte pour les revendications partielles courantes à la lutte pour les tâches générales de classe du prolétariat, ‑ c'est là un des objectifs les plus importants de toutes les sections de l'Internationale communiste, surtout dans les conditions de la fin de la stabilisation capitaliste.

2. La lutte contre l'offensive du capital et la tactique du front unique

L'expérience de différents mouvements grévistes importants qui ont eu lieu depuis la 11e session plénière du C.E. de l'I.C. (Brux, Borinage, grève des traminots de Varsovie, des ouvriers des téléphones de Changhaï, des ouvriers du métropolitain de Tokio, des ouvriers du textile de Twente et autres), montrent que les partis communistes et les organisations syndicales révolutionnaires ont remporté des succès dans la conduite de la lutte économique du prolétariat lorsqu'à toutes les étapes de la lutte ils ont suivi avec esprit de suite la tactique du front unique à la base, en lançant en temps opportun des revendications et des mots d'ordre de grève près des masses et compréhensibles pour elles, en organisant les masses sur la base d'une large démocratie prolétarienne, en faisant participer toutes les couches des ouvriers en lutte à la direction de la grève, en démasquant résolument les manoeuvres de la bureaucratie syndicale réformiste et l'attitude conciliante et "confiante" à leur égard.

Le C.E. de l'I.C. constate en même temps que dans la majorité des sections de l'I.C. il y a eu de grosses lacunes et de graves erreurs opportunistes dans l'application de la tactique du front unique à la base, ce dont la social-démocratie et la bureaucratie syndicale réformiste ont profité pour exécuter des manoeuvres trompeuses. Ces lacunes provenaient tant de la sous‑estimation et de l'application insuffisante de la tactique du front unique (en particulier envers les ouvriers social-démocrates) que de la capitulation opportuniste devant la bureaucratie syndicale réformiste (l'unité à tout prix); elles ont été en fait les causes les plus importantes des progrès insuffisants des partis communistes et du mouvement syndical révolutionnaire dans la conduite indépendante de la lutte économique du prolétariat.

Les partis communistes et les organisations syndicales révolutionnaires, s'appuyant sur les aspirations spontanées croissantes des ouvriers à l'unité dans la lutte contre l'offensive du capital, doivent, tout en organisant ces aspirations, préparer soigneusement la lutte économique du prolétariat dans les plus larges couches ouvrières, en assurant le contact étroit avec les nouveaux militants ouvriers venus de la base, en réalisant de la sorte la conduite révolutionnaire de la lutte et en arrachant les ouvriers social- démocrates à leurs chefs traîtres.

3. Les méthodes de direction pour la lutte des chômeurs

La 12e session plénière du C.E. de l'I.C. attire particulièrement l'attention de toutes les sections de l'I.C. sur l'importance politique énorme et toujours croissante du mouvement des chômeurs qui s'oriente toujours plus directement contre l'État capitaliste (lutte pour le pain, pour les secours de chômage, pour les assurances sociales, contre le travail forcé, etc...). La lutte des chômeurs a été jusqu'à présent encore moins préparée et organisée par l'avant-garde communiste, que la lutte gréviste du prolétariat. Les partis communistes et les organisations syndicales révolutionnaires n'ont pas réussi jusqu'à présent à organiser de sérieuses actions de masse des ouvriers se trouvant dans les entreprises pour la défense des intérêts des chômeurs, alors que l'on parvient toujours plus fréquemment à faire participer les chômeurs au soutien actif des ouvriers grévistes.

Le plus grave défaut du travail de masse des partis communistes parmi les chômeurs a été l'attention insuffisante portée à l'organisation de la lutte pour les revendications partielles des chômeurs. En même temps, la 12e  session plénière constate que les programmes de revendications pour les chômeurs élaborés par différents partis communistes sont très faiblement popularisés. La lutte active pour ces programmes signifie la réalisation du front unique aussi bien entre les chômeurs eux‑mêmes qu'entre les chômeurs et les ouvriers occupés. La 12e session plénière du C.E. de l'I.C. constate que les décisions de la 11e session plénière et de la Conférence de Prague sur les méthodes de travail parmi les chômeurs et leurs formes d'organisations n'ont pas été appliquées et que le mouvement des chômeurs est resté sans la direction révolutionnaire nécessaire, ce dont les social-démocrates et les fascistes ont profité jusqu'à un certain point. Lorsque les communistes et les partisans des organisations syndicales révolutionnaires ont apprécié convenablement la portée politique du travail parmi les chômeurs et ont largement popularisé le programme de revendications des chômeurs, en le combinant habilement avec la défense concrète des intérêts courants des chômeurs, ils ont réussi dans la plupart des cas à remporter des succès matériels et à étendre leur influence politique.

Les partis communistes, tout en expliquant systématiquement aux masses ouvrières que le chômage est le compagnon inévitable du régime capitaliste et ne peut être détruit que par la dictature du prolétariat, doivent veiller particulièrement à mobiliser et à organiser par tous les moyens les grandes masses des chômeurs en vue de leur lutte pour les revendications quotidiennes et les assurances sociales, sans que les syndicats rouges et l'opposition syndicale révolutionnaire ne se substituent à la vaste organisation des chômeurs.

Les partis communistes doivent coordonner la défense des intérêts des chômeurs avec la lutte des chômeurs partiels, en lançant pour eux, en plus du mot d'ordre général du paiement du salaire pour la semaine complète, la revendication d'allocation spéciale, de réduction des loyers et du prix des services communaux, etc... En mettant à profit l'expérience de différents partis communistes (Pabianitz, "Hortensia" et la manufacture d'Ozkorkov en Pologne, Kleisterley et Reichenberg en Tchécoslovaquie, Renault en France, etc...), les partis communistes et les organisations syndicales révolutionnaires doivent prendre la tête de la lutte contre les licenciements, contre les travaux supplémentaires et la rationalisation capitaliste, en employant les formes de lutte les plus variées, y compris l'occupation des fabriques. Tout en luttant résolument contre les licenciements, les communistes doivent, lorsque les licenciements ont lieu néanmoins, exiger des patrons une compensation matérielle pour les ouvriers congédiés. Les partis communistes et les organisations syndicales révolutionnaires doivent, enfin, mener une lutte énergique contre les licenciements en masse de la jeunesse et des ouvrières mariées et porter sérieuse ment l'attention au renforcement du travail parmi les chômeuses et la jeunesse en chômage.

4. Le travail au sein des syndicats réformistes

Une des principales causes de la mobilisation insuffisante des masses par les partis communistes et les organisations syndicales révolutionnaires pour la lutte contre l'offensive du capital, est le faible travail, chose inadmissible, à l'intérieur des syndicats réformistes.

La lutte quotidienne et conséquente des communistes et des partisans du mouvement syndical révolutionnaire pour le front unique des ouvriers pose catégoriquement devant toutes les sections de l'I.C. et de l'I.S.R. la question du travail à l'intérieur des syndicats réformistes et des méthodes de ce travail. L'influence de la bureaucratie syndicale réformiste, surtout dans les pays où il existe de forts et vieux syndicats réformistes, est un des freins les plus sérieux au développement de la lutte de classe. On peut détruire cette influence non pas en poussant des hauts cris sur la destruction des syndicats, ce que les communistes ne visent pas, non pas en quittant les syndicats, mais en menant un travail opiniâtre au sein des syndicats réformistes, en luttant pour chaque membre du syndicat réformiste, pour chaque poste électif dans le syndicat, pour évincer les bureaucrates syndicaux réformistes et conquérir les organisations locales des différents syndicats, ainsi que la direction des Unions locales des syndicats réformistes.

La 12e session plénière du C.E. de l'I.C. invite toutes les sections de l'I.C. à poursuivre d'une façon bolchéviste, conséquente et énergique, la lutte contre la capitulation devant la bureaucratie syndicale réformiste, comme étant le principal danger, et contre les éléments opportunistes au sein des partis communistes et du mouvement syndical révolutionnaire qui sont jusqu'à présent les adversaires des syndicats rouges existants et de l'opposition syndicale révolutionnaire, et de l'organisation et de la conduite par ces derniers des grèves économiques indépendante. Ces éléments opportunistes soutiennent, par contre, le mot d'ordre: "Obliger les bureaucrates syndicaux à lutter" (Zwingt die Bonzen). Le C.E. de l'I.C. propose à toutes les sections de l'I.C. d'expliquer aux membres des partis et aux ouvriers révolutionnaires sans parti qu'on ne peut démasquer avec succès les bureaucrates syndicaux, libérer de leur influence la masse des adhérents aux syndicats de masse réformistes, catholiques, nationalistes, kuomintaniens, jaunes et autres syndicats semblables, que si les partisans de l'I.S.R., tout en effectuant un travail constant et minutieux, tout en expliquant et en présentant leurs propositions, interviennent dans toutes les réunions, assemblées, conférences et congrès sur toutes les questions de l'organisation et de la tactique de la lutte économique, en critiquant et en démasquant la direction de ces syndicats parce qu'ils mènent les pourparlers dans les coulisses avec le patronat, parce qu'ils acceptent volontairement l'aggravation des conditions de travail, font échouer la lutte des masses, étouffent l'initiative de la masse des adhérents et des membres du rang et quand ils ne peuvent faire échouer la lutte ils la commencent avec retard et capitulent devant les bourgeois à l'insu des ouvriers.

Les sections de l'I.C. doivent mener une lutte implacable contre les éléments sectaires de "gauche" au sein des partis communistes et du mouvement syndical révolutionnaire, qui utilisent la lutte de l'I.C. contre le mot d'ordre opportuniste "Poussez les bureaucrates syndicaux" pour renoncer en fait au travail révolutionnaire au sein des syndicats réformistes. La 12e session plénière du C.E. de l'I.C. invite toutes les sections de l'I.C. à lutter énergiquement contre la renonciation sectaire de "gauche" à combattre pour les fonctions électives dans les syndicats réformistes, ce qui est le devoir de chaque communiste conformément aux décisions de la 10e session plénière du C.E. de l'I.C.

Dans les pays où il y a des organisations syndicales fascistes de masse ou d'autres organisations réactionnaires de masse semblables (Italie, Chine) et surtout là où les syndicats fascistes jouissent du monopole, les communistes doivent travailler activement et d'une façon organisée à l'intérieur de ces organisations, en profitant de toutes les possibilités légales et semi‑légales pour entraîner la masse des adhérents de ces organisations dans la lutte de classe, pour discréditer ces organisations aux yeux des masses, pour renforcer les positions du mouvement syndical révolutionnaire dans les masses.

5. Les succès et les défauts dans le travail des syndicats rouges

La croissance de la poussée révolutionnaire, la maturation de la crise dans les syndicats réformistes et les grandes batailles révolutionnaires qui approchent créent toutes les prémices pour améliorer sérieusement le travail de masse des syndicats rouges et renforcer leur rôle dans l'organisation et la conduite de la lutte économique du prolétariat.

La 12e session plénière du C.E. de l'I.C. constate que malgré quelques succès sérieux (Tchécoslovaquie, Pologne, Espagne, Bulgarie, Japon), la plupart des syndicats rouges n'ont pas su profiter de l'indignation croissante des masses contre l'offensive du capital et de l'accentuation de la lutte de classes pour se mettre à la tête des luttes grévistes et du mouvement des chômeurs.

En France, non seulement la C.G.T.U. n'a pas su justement, en période de crise, élargir son influence dans les luttes grévistes et organiser un vaste mouvement des chômeurs, mais elle a même, en certains endroits, subi un recul par rapport à ses positions antérieures. En Tchécoslovaquie, les syndicats rouges ont obtenu des succès importants dans l'organisation et la conduite de la lutte gréviste et du mouvement des chômeurs; néanmoins, ils n'ont pas su encore obtenir un changement radical dans différentes branches d'industrie les plus importantes (industrie des métaux, entreprises de guerre) et sont encore faibles dans les entreprises. En Espagne, où au cours du développement de la révolution, se sont formés des syndicats rouges indépendants, groupés au sein de la C.G.T.U., le rythme de leur transformation en organisations de masse, de même que la lutte pour liquider les illusions réformistes et anarcho-syndicalistes dans les masses, sont loin d'être encore suffisants. En Allemagne, des syndicats rouges (des métaux, des mineurs) n'ont pas su organiser la lutte contre l'offensive du capital et se sont arrêtés dans leur développement. Aux États‑Unis, les syndicats rouges qui s'étaient résolument lancés dans différentes grèves importantes (Pennsylvanie, Kentucky, etc...) n'ont pas su les mener jusqu'au bout et élargir leurs positions politique et organique. En Chine, malgré l'énorme ampleur du mouvement ouvrier révolutionnaire, le rôle des syndicats rouges en tant qu'organisateurs et guides de la lutte économique du prolétariat, s'est relâché, mais reprend ces derniers temps. Au Japon, les syndicats rouges et l'O.S.R. qui avaient mené une politique révolutionnaire juste dans la lutte contre la guerre impérialiste et qui s'étaient accrus dans la dernière période, n'ont pas su encore pénétrer profondément dans les masses ouvrières surtout dans la grande industrie, dans l'industrie de guerre et dans les transports.

Les principales lacunes et faiblesses des syndicats rouges dans la direction de la lutte économique du prolétariat, découlent essentiellement de l'absence d'une orientation pratique ferme vers la conduite indépendante des luttes économiques, du contact très insuffisant avec les masses, des fortes survivances des méthodes de travail social-démocrates et anarcho-syndicalistes dans certains pays. Ces lacunes et faiblesses se sont exprimées par une incapacité de se servir des revendications économiques concrètes et des mots d'ordre politiques qui mettent les masses en mouvement, par l'incapacité de fixer, dans la plupart des cas, le moment précis où il faut déclencher la lutte, par l'étroitesse de la base d'organisation des syndicats rouges, par l'absence, encore jusqu'à présent, d'une sérieuse base d'organisation dans les usines, par le développement extrêmement faible de la démocratie à l'intérieur des syndicats et, en connexion avec cela, par l'étroitesse et la faiblesse politique des cadres.

6. Les succès et les lacunes dans le travail de l'O.S.R.

L'opposition syndicale révolutionnaire, qui est l'organisation englobant les ouvriers organisés comme les ouvriers inorganisés retarde encore beaucoup sur la poussée révolutionnaire croissante des masses ouvrières, dans le domaine politique comme dans celui de l'organisation, quoique, depuis la 11e session plénière du C.E. de l'I.C., elle ait obtenu des succès sérieux dans différents pays. La tâche essentielle de toutes les oppositions syndicales révolutionnaires consiste à unir sur la plate‑forme de la lutte de classe les ouvriers organisés et inorganisés, dans la direction indépendante des luttes économiques, dans le travail à mener au sein des syndicats réformistes, catholiques et autres, à isoler la bureaucratie syndicale traître de la masse des adhérents et à créer une organisation de masse liant le parti communiste avec la classe ouvrière.

La principale faiblesse de l'O.S.R. consiste en ce qu'elle n'a pas su, à quelques exceptions près, créer ses groupes dans les entreprises, en ce qu'elle a mal travaillé à l'intérieur des syndicats, en ce qu'elle n'a pas créé ses organisations à tous les échelons des syndicats réformistes, catholiques, etc... et n'a pas su, dans la plu part des cas, prendre la tête de la lutte des ouvriers organisés et inorganisés contre l'offensive du capital.

Dans les pays où les partis communistes sont numériquement faibles, où il y a des syndicats réformistes de masse et où il n'existe pas de syndicats révolutionnaires de masse, il importe de renforcer et de développer le travail de l'O.S.R. soit en recrutant des inorganisés dans les syndicats, soit en transférant des membres de l'O.S.R. dans les syndicats correspondants.

Dans les pays où il existe des syndicats rouges parallèles (France, Tchécoslovaquie, Japon, États‑Unis, etc...) l'O.S.R. doit être composée en règle générale d'ouvriers organisés, étant donné qu'il faut gagner les ouvriers inorganisés aux syndicats révolutionnaires.

L'opposition syndicale révolutionnaire doit devenir dans la poussée révolutionnaire croissante et le mouvement des masses contre la bureaucratie syndicale réformiste, le levier et la base d'organisation pour constituer des syndicats rouges indépendants.

7. La croissance de la poussée révolutionnaire et la lutte contre les déviations

Le développement de la lutte économique du prolétariat dans les conditions de la fin de la stabilisation capitaliste exige impérieusement de l'avant-garde communiste une lutte claire et précise contre l'opportunisme qui devient d'autant plus dangereux que l'essor de la lutte révolutionnaire du prolétariat est plus grand.

L'adaptation à l'idéologie et à la politique de la social-démocratie, la capitulation devant la bureaucratie syndicale réformiste dans la question de la conduite indépendante de la lutte économique du prolétariat, la croyance aux manœuvres de "gauche" de la bureaucratie syndicale réformiste (en particulier au mot d'ordre de la grève générale "démonstrative"), le refus de lier les revendications économiques partielles avec les mots d'ordre généraux de la classe ouvrière, la tactique du "bloc" avec la bureaucratie syndicale réformiste au lieu de la politique du front unique à la base, la renonciation à créer l'O.S.R. sous prétexte de défendre l'unité du mouvement syndical, enfin le renoncement au rôle dirigeant des partis communistes dans les organisations syndicales révolutionnaires et le fait qu'on ne montre pas clairement le visage du parti dans les luttes économiques constituent le principal danger à l'étape actuelle du développement de la lutte révolutionnaire du prolétariat.

La condition indispensable du succès de la lutte contre ce principal danger de l'opportunisme de droite est la lutte énergique contre les déviations opportunistes de "gauche" qui se mamfestent par la théorie "gauchiste" selon laquelle toute la masse des ouvriers membres des syndicats réformistes est réactionnaire, par la sous‑estimation gauchiste et sectaire de la tactique du front unique, par l'assertion que les syndicats réformistes sont "l'école du capitalisme", par l'attitude sectaire envers le travail à l'intérieur des syndicats réformistes, qui consiste à réduire tout le travail dans les syndicats réformistes à une œuvre de destruction de l'appareil, par le mépris bureaucratique des méthodes de la démocratie prolétarienne.

8. Les tâches des P.C. dans la lutte économique du prolétariat

La 12e session plénière du C.E. de l'I.C. juge nécessaire de procéder à un tournant radical et immédiat, en fait et non en paroles, dans toute l'activité révolutionnaire des communistes pour mobiliser les masses dans la lutte économique, pour organiser et conduire les grèves et le mouvement des chômeurs, et en particulier dans tout le travail syndical, tant dans les syndicats révolutionnaires et l'O.S.R. qu'à l'intérieur des syndicats réformistes. La principale condition à l'étape actuelle pour développer la lutte économique et pour la conduire d'une façon indépendante, c'est l'application bolchéviste et juste de la tactique du front unique à la base exigeant un tournant radical dans le travail de masse des P.C.

Il faut pour cela:

a) Assurer le contact de toutes les organisations du parti et organisations syndicales révolutionnaires avec la majorité des ouvriers dans les entreprises et les chômeurs, formuler à temps les mots d'ordre de la lutte, fixer en temps opportun les formes et méthodes de cette lutte grâce à une connaissance vraiment concrète de la situation économique, des besoins et de l'état d'esprit des ouvriers d'usines et des chômeurs;

b) Veiller à une large application de la tactique du front unique à la base et en particulier s'appliquer à aborder convenablement les ouvriers réformistes, à dissiper par un travail patient leurs illusions et préjugés réformistes, à élever peu à peu leur conscience de classe et à les entraîner dans les organisations révolutionnaires en les amenant de plus en plus vers les luttes révolutionnaires décisives;

c) Assurer la démocratie prolétarienne à toutes les étapes de la lutte économique (élection aux comités de grève et autres organismes de lutte) en faisant participer les grandes masses des ouvriers en lutte et les chômeurs à la discussion et à la solution de toutes les questions de la lutte. En combattant le sabotage des grèves par la bureaucratie syndicale réformiste sous prétexte de referendum, les communistes doivent participer activement aux referendums, y lancer leurs mots d'ordre, et en même temps, pré parer et organiser eux-mêmes la lutte gréviste;

d) S'efforcer par tous les moyens à ce que les grèves des ouvriers et les actions de chômeurs aboutissent à des succès matériels, en raffermissant ainsi la confiance des masses en l'avant‑garde révolutionnaire et en contribuant par là même à radicaliser les masses;

e) Mener la lutte gréviste contre les attaques du patronat et de l'État bourgeois aux contrats collectifs, en contrebattant résolument les opportunistes de droite qui capitulent sous prétexte de défendre les contrats collectifs devant la bureaucratie syndicale réformiste, en contrebattant résolument la sous-estimation "gauchiste" et sectaire de l'importance des contrats collectifs;

f) Lutter, non pas en paroles mais en fait, pour le front uni que des chômeurs et des ouvriers d'usines sur la base d'une lutte commune pour les assurances sociales, contre le travail forcé, contre l'aggravation des assurances sociales, les renvois en masse, pour la participation des chômeurs à la lutte gréviste du prolétariat. Tout en créant et en renforçant les larges organisations des chômeurs, tout en menant une lutte énergique contre les tentatives de remplacer les organisations de masse des chômeurs par des organismes syndicaux bureaucratiques créés par la bureaucratie syndicale réformiste dans le but de scinder le mouvement des chômeurs (Allemagne, Angleterre), les communistes doivent en même temps participer activement à toutes les organisations de chômeurs créées par les social-démocrates, les fascistes et par les autres organisations contre‑révolutionnaires;

g) Transformer l'O.S.R. et les syndicats rouges en des organisations de masse de combat de la classe ouvrière, jouissant de la confiance des masses et capables de diriger la lutte économique de la classe ouvrière; reconstruire l'O.S.R. et les syndicats sur la base des entreprises, organisant leur travail sur la base d'une démocratie syndicale conséquente, menant une large campagne de recrutement au cours des luttes économiques et utilisant la lutte économique pour un élargissement du noyau actif de base;

h) S'appliquer à restaurer immédiatement et à élargir les positions révolutionnaires à l'intérieur des syndicats réformistes. Assurer la préparation de chaque grève, de chaque action des ouvriers et des chômeurs à l'intérieur des syndicats réformistes également;

i) Assurer la direction, sous tous les rapports, de toutes les organisations d'usines et de toutes les organisations de masse des chômeurs (comités d'usines, comités de chômeurs, etc.) par les syndicats rouges et l'O.S.R. mais sans se substituer à elles et sans procédés autoritaires, les transformer en organismes permanents de front unique des ouvriers organisés et inorganisés, en particulier renforcer la confiance de la masse des ouvriers d'usines envers les comités d'usines en montrant par des faits aux ouvriers la différence qui existe entre les comités d'usines révolutionnaires et les comités d'usines réformistes;

j) Assurer la concentration de l'activité et les forces des organisations du parti pour le développement de la lutte gréviste et du mouvement des chômeurs, en particulier dans les industries les plus importantes (métallurgie, transports et usines de guerre) où le retard est jusqu'à présent le plus grand. Assurer la création rapide et le renforcement et le travail régulier dos fractions communistes dans toutes les organisations syndicales et aussi dans l'O.S.R., dans tous les comités de chômeurs et comités d'usines, sans quoi il est impossible de fixer une ligne politique juste, de contrôler son application, de donner convenablement des instructions nécessaires (mais sans se substituer aux organisations et sans leur commander), ni en général de renforcer le rôle des organisations communistes et des organisations syndicales révolutionnaires, en tant que forces directrices dans les grèves, dans le mouvement des chômeurs et en général dans la lutte de classe du prolétariat.

La 12e session plénière du C.E. de l'I.C. rappelle à toutes les sections de l'Internationale communiste que les partis communistes défenseurs des intérêts de la classe ouvrière tout entière portent la responsabilité de l'organisation de la lutte économique du prolétariat contre l'offensive du capital. Les partis communistes et les organisations syndicales révolutionnaires sont tenus d'effectuer le tournant le plus rapide dans l'organisation de la lutte économique du prolétariat. Ils doivent porter le centre de gravité de tout leur travail à l'intérieur des usines. Il importe de faire un travail à l'intérieur des syndicats réformistes et de renforcer l'O.S.R. et les syndicats rouges. C'est seulement en opérant le revirement le plus rapide dans l'organisation de la résistance à l'offensive du capital contre le niveau de vie des ouvriers et des chômeurs, c'est seulement en mettant le travail des P.C. au niveau des tâches politiques et d'organisation révolutionnaires que le développement de la crise et la poussée révolutionnaire à la fin de la stabilisation capitaliste imposent à la classe ouvrière, que les P.C. seront à même de développer les luttes grévistes de masse et les mouvements des chômeurs et d'en faire un des principaux moyens pour conquérir les masses et les amener aux batailles décisives pour la dictature du prolétariat.

 

 

 

 

 

Notes



[1].     [321ignition] Les annotations sont formulées par nous en tenant compte d'éventuelles notes figurant dans la source.